
^rangers, on peut donc prendre pour règle , de
multiplier les naiffances par 27 j , & Ton aura
le nombre des habitans.
Il a paru il y a quelques années' , ceft-à-dire
en 1766, un’ouvrage rres-intéréffant en ce genre ,
intitule : Recherches fur la'population des généralités
d Auvergne, de Lyon, de Rouèn 3'& 'de quelques provinces
& villes du royaume 3 &c. ‘pat M. Meffance.
Par des denombremens 'faits tête par tête * des
habitans d e ’dix-fept "petites villes , bourgs ou
villages de la généralité d’Auvergne comparés
au nombre moyen ‘des na'iffaîicês dans les mêmes
lieUx , il montre que le nombre 'des naiffances eft à
celui des habitans comme r à 24 * ^ unfémblable
dénombrement ’de ’vingt-huit petites villes ,
bourgs ou villages de la'généralité d'e L yon, donne
ce rapport de r à 23' J :‘enfin ; pat celui de cent
cinq petites villes , 'bourgs & paroiffes de la généralité
de Rouen,il a trouvé que Ce rapport étoit
de ;!■ à 27 ~ & Or , comme Ces 'trois généralités
comprennent un pays très-montagneux,comme
1 Àùvérgne ; un qui Peft médiocrement, comme
la généralité de Lyon ; un qui eftprefque tout de
plaines ou collines cultivées, comme la généralité
de Rouen, 'on peut conclure que leur réunion re-
prefente - affez bien l’état moyen du royaume :
c’eft pourquoi, fondant enfemble les rapports ci-
deffus j ce qui donne celui de r à f , ce fera,
pour la totalité du royaume, ( les grandes villes
non comprifes, ) le rapport des naiffances àu
nombre des habitans , enforte que pour deux
naiffances on aura 51 habitans*
Mais comme, dans'les villes un peu confîdéra-
bles, il y a plufieurs claffes de citoyens qui paffent
leur vie dans le célibat, & qui ne contribuent que
peu ou point à la population,, il eft évident que
ce rapport entre les naiffances èc les habitans ef-':
feétifs doit y être plus confidérable.. M. Meffance
dit s*être afîuré , par plufieurs compataifons ,. que
le rapport le plus approchant de la vérité , dans
ce cas, eft de 1 à 28, & que c’eft celui qu’on doit
prendre pour déduire, par le nombre des naiffances
, le nombre des habitans d’une ville du fécond
ordre, comme Rouen, Lyon, &c_; ce qui quadre
affez-bien avec ce qu’a trouvé M. Halley pour la
ville de Breflaw.
. Enfin il eft très-vraifemblable .que., pour des
villes du premier rang , ou des capitales d’ états ,
comme Paris , Londres , Amfterdam , 8éc: ou
viennent fondre une foule,.d’étrangers attirés par
les plaifirs ou par les affaires , ou règne un luxe
confidérable qui multiplie les-célibataires volontaires;
il e ft, dis-je, plus que vràifemBlable qu’il
faut hauffer encore le rapport çi-dëffus , & le
porter au moins, à 3© ou 31.
M. Kerfeboom s’eft. efforcé d’ établir, dans fon 1
livre intitulé*. Effaide Calculpolitique, concernant
la quantité des habitans desproviiivesde Hollande
& de Wefifriefland, & c , imprimé à la Haye en
1748,01111 falloit multiplier par 35 le nombre
des naiffances en Hollande , pour avoir le nombre
de fes habitans. Si cela eft , on doit en conclure
que les mariages font moins féconds ou moins
nombreux en Hollande qu’en France , ce qui pour;
roit bien être fondé fur des raifons phyfiques.
Si l’ on applique ces calculs à la, détermination
de la population des grandes villes, on verra qu’on
eft, en général, dans l’erreur a lëu;r égards car ori
dit vulgairement que Paris contient un-million
d’habitans : mais, le nombre des naiffances n’y
excède pas, année commune , 19jé o ; ce qui,
multiplié 'par 30 , donne ySyoob habitans. SI
on employé pour multiplicateur le nombre 3 1 , on
aura 604590.. C ’eft sûrement tout au plus ce qu’il
y a d’habitans à Paris.
§. V I.
De quelques autres rapports entre les hâbitans d’un
• pays.
Nous allons préfenter i c i , en abrégé, quelques
autres confédérations- fur la population. Le livre
que nous avons cité'dans le paragraphe précédent,
nous feryira'encore ici de principal-guide*
En confondant enfèmble les troisgénéralités ch
deffus, on a trouvé;
i 9 Que le nombre des habitans d’un pays eft à
Celui des familles, comme 1000 à 222 \ 5 enforte
que 2000 habitans donnent communément. 445
familles, & conféquemment pour chacune , fFuné
portant l’ autre , 4 têtes ■£■ ;. ou 9 perfonnes pour
deux familles. A cet égard ^celles de l’Auvergne
font les plus nombreufes, enfuite celles du Lyon-
nois; & celles delà généralité de Rouen le font
le moins. Par un calcul moyen, on trouve encoré
que, fur vingt-cinq familles, il y en a" -une dans
laquelle on compte fix enfaiis, ou plus.
. i Q Le nombre, des enfans. mâles jnaiffans exr
cède, comme on l’a d it, celui des filles naiffantes,
& cet excès fe foutient jüfqu’à un certain âge : par
exemple, le nombre des garçons de 14 ans & au-
deffous, eft aüffi plus grand que ’celui des filles du
même âge , & dans le rapport de 30 a 29 ; toutefois
le nombre total des femelles excède celui des
mâles dans le rapport d’environ 18 à 19. On voit
ici l’effet de la confommation confidérable d’hommes
qu’occafipnnent la guerre, la navigation, les
métiers de fatigue & la débauche.
3 9 On trouve qu’ il fe fait annueHemënf'tfois
fiarlïges fur 55? habitons qi® n i eri
pFoduifent un.-
.0 Le rapport des-hommes mariés ou veufs eft
au nombre des femmes mariées ou -veuŸes ^ a
I très-peu près comme 125 a 140, & le nombre
total de cét-të claffe de la fociete eft a la totalité
; r° Suivant MM. King Kerfeboom ; le-nombre
des veufs eft à celui des femmes veuves, à
peu près'comme I à 3 ; enforte qu’il y a trois veuves
pour un veuf. Cela fe-déduit ail moins des dé-
nombremens faits en Hollande & en Angleterre.
Maiseneft-il de même en France ? G’éft ce qu il
eût été à defirer que 1 auteur cite ci-deffus eut recherché:
Jè crois, au refte que’-Ce rapport approche
affezdë la vérité l’on ne s’eii étonnera
pas, ' fi l’ on confidère que la plupart des hommes fe
: marient tard, en comparàifén des filles. :
& En admettant le rapport ci-deffus entre les
Veufs & les veuves , il s’enfuivroit que ,- fur 63-1
habitans', il y a 118 mariages fubfiftariS, 7 a 8
veufs, & 21 ou 22 veuves1; lë:‘ refte eft- compofë
d’enfans, de -célibataires -, de .domeftiqûes;, de
paffagersi 'y
: . 7? On déduit encore de-ià, que 1870 mariages
fubfiftans donnent annuellement 357 enfans ; car
; une ville de ièôédliâbitans eohtiemiroit ce nom^
bre de couples mariés , & ddnhèroit>|357: naiffances
annuelles. Ain fi cinq couples mariés, de tout
âge, prodüifent annuellement une naiffahcê.
8° Le nombre des domeftiqûes eft àu total des
habitans , à-peu-près comme 136 à 1535 ;-ce qui
eft un peu plus que la onzième, partie , & moins
que la dixième. ■
Au refte, le nombre des domeftiqûes mâles- eft
àflèz'égalà celui dés1 femelles,,étaht dans le rapport
de 67 à 69 ; niais ’il eft très-vraifemblable que ,
dans les.'grandes villes ’, où règne beaucoup de
luxe , la proportion doit être differente.
9° Le nombre des. ec.cléfiaftiques des deux fexes,
c’ eft-à-dife tant féculiers que réguliers , y corn:
prenant auffi les religieufes , eft à^-peu-prês , au
nombre des habitans de ces trois .généralités ,i dans
le rapport dë 1 à: 112 ; Ce qui eft affez contraire à
l’ opinion commune , qui fupp ofé ce rapport beaucoup
plus fort.
;•* ; ïo 9 En répartiffant le terrain des trois généralités,
entre tous leurs hâbitans, on' trouve que la
ikûe quarrée de 2400 toifes 'en cqntiendroit 864 ï
M quarrée de ' 2400 toifes contient À460
ârpens dé i'8 'pièds la perche 'r ainfi chaque hofn-
, l’un portant l’autre, <urdit 7 af^en'S ; &
chàqifè ftüfïîltè , ô u fë u , étantcomp'ôfée, l’une por:
tân’t i’aiifré'i de 4 têtes \ j il emreviendroit à chaque
famille-33-Urpens%: Mais.'41-’-fa»t!-obfervèr que là
généralité'de Rouen 3 Confidérée foule-, eft 'beaucoup.
plus peuplée ;-car -on y trouvé 12A4 habitans
par lieue quarrée ; ce qui ne donné pour chaque
tere oue c aroens.
U 9 Les mêmes dénombremens ont fait recoü-
ftoîtrê depuis lé commencement de c e fiècie, un
aeéroiffément allez fonfible dans la jpqpulatioiu
On troüvë èn effet, généralement, lé nombre des
naiffancës; annuëlles augmenté•; & enfin, de la
compàràifon de celui qu’ on obferve acluellement
avec celui qui âvoit lieu au commencement du
fiècié i oti'eft fondé a coffcliire que le nombre ac^
tuel dès habitans1 eft accru, depuis le commencement
du fiècie, dans le rapport de 14:56 à 1
ce qui fait ihôins d’ un defuMièmeSë plus d’ un trei-
zièmè d’augmentation. On la'doit fans douté à une
agriculture- plus étendue, à un commerce plus
a d if , & à la ceffatiori ées; guerres qui ont fi long-^
temps défolé l’ intérieur de la France. La plaie
fàité aiïf'royaume ipàf -la 'révocation de l’édit - de
Nantes y pàtok fermée ,- au-delà ; mais ,■ fans
cet éfëBërdënt^ là France Jeroit probablement
plus peuplée-d’un -fixièine- 'qû’e l e iie 'l’ëtoît- aii
commencement du fiècie ; car l'expatriation ôcca-:
fionnée par, cette révocation va probablement à
un douzième.
§. V I I.
Quelques qûeftions - dépendantes des obfervations
précédentes.
Voici maintenant quelques-unes des qûeftions
que les confidérations ci-deffus fervent à réfoudre.'
On ne développera pas La fblution d e chacune ; on
fe bornera à Findique-r quelquefois , & on laiffera
en général au-leaeur ie plaifir de s’exercer ; d’après
les principes expofes ci-deffus,.
1. ce L’âge d’ un homme étant donné par exemple,'^
© ans , quelle probabilité y a-t-il qu’il fera
en vie après un nombre d ’années déterminé , par
exemple 15 ? «
Cherchez dans la table du §. II. l’ âge donné de
la perfonnO'j favoir 30 ans , & lè nombre qui fe
trouve:irêo/té y;qui eft; 11405 ; prenez,-enfuite dans
la- même table lé nombre qui fe trouve à côté de
45 , qui eft 7008 ; faites enfin de.ee défniér nomr
bre le numétàteur d’une fraction dont le
premier, fer a le -dénominateur ; ce fera lé nombre
qui exprimera la probàbilïté qu’ il y a qu’une per-
foftrie dfe '3'ôfans arrivé à 45:, •
La démônft'r'àtibn de cette règle fe préfente
d’elîe--mêffie^à.: quiconque entend la théorie de's
pVohabilités.' ' ‘