gue , tantôt fur une carte large , en donnant les
cartes 3 félon le befoin , par deux ou par trois 3
pour avoir différens réfultats 3 félon la couleur demandée.
,
Sur cette obfervation j’aurois pu me trouver
embârrafle , fi je n'avôis imaginé quelques ac-
ceffaires -pour' donner à ce tour une tournure
neuve > mais je les étonnai par ma féponfe , en
leur difant : <* le vais vous démontrer, meflieurs ,
que je prévois ,votre penfée en arrangeant d'avancé
les cartes pour vous faire repic dans la
couleur que vous devez choifir- : & pour vous
prouver qu avant de donner les cartes je ne fais
pas fauter la coupe à différens endroits > félon le
befoin , comme on vient de le dire * fourniffez-.
moi Vous memes un jeu de cartes où il n'y ait
ni carte longue 3 ni carte large: Qu'une perfonne
de la compagnie donne le s . cartes pour moi ,
afin que je ne puifle pas faire fauter la coupe ; &*
enfin fi vous voulez, rendre cette coupe inutile ,
ne nommez la couleur choifie que lorfque les cartes
feront données. Si nonobftant ces trois précautions
de votre p a r t , vous vous trouvez repic-dans la
couleur demandée , il s’enfuivra qu’en arrangeant
les cartes , je connoififois d’avance cette couleur.
Gbfervez * je vous prie 3 meflieurs , qu'il eft im-
poflible que je me donne en même temps les quintes,
majeures des quatre couleurs , parce qu'il fau-
droit pour cela me donner vingt cartes .3 tandis
que je n'en reçois que quinze , y comprifes les
trois du talon ; cependant pour vous faire repic ,
j'aurai' quatorze d'as & quatorze de roi , avec
la quinte majeure de la couleur choifie } & comme
j'aurai cette quinte & ces quatorze fans faire fauter
la coupe, & faifant-donner les cartes par un autre
, dans un inftant où vous n'aurez pas encore
nommé la couleur ‘ choifie ; il s'enfuivra nécef-
fairément qu'en arrangeant les cartes d'avance j'a-
* Vois prévu la couleur demandée »,
Je fis ce tour avec toutes les circonftances ,
ou pour mieux dire , avec toutes les apparences
que je viens d'annoncer , & ces meflieurs étoient
fur le point de ^convenir que j'avois prévu leur
penfée lorfque je leur fis l’obfervation fuivante :
» Il ne m'a pas fu fli, meflieurs 3 de prévoir
la couleur que voiis deviez me demander } cette
prefcience de ma part auroir été.très-inutile , l i ,
en arrangeant les cartes , je n'avôis fu en même
temps le nombre que vous . deviez faire pafler
par-deflous en coupant le feu, parce que votre
coupe a produit un grand changement dans la
diftribûtion des cartes. O r , cette coupe , quant
au nombre des cartes qu'elle fait pafler par-def-
fous , eft un véritable effet du hazard, c'eft-à-
dire , qu'elle dépend des circonftances , qui vous
font abfolumént inconnues , puiÇqu'en coupant
vous agifliez auffl aveuglément qu'un enfant' qui
ÿbrte fa.main dans la roue de fortune pour tirer
les numéros d’une loterie : il s’enfuit de-là que
je peux prévoir les évènemens fortuits, ce que
vous appeliez , dans vos écoles de métaphyfique ,
connoître les futurs contingens ; c’eft-à-dire que
devinant d'avance les chances du hafard , je peux,
ruiner une' loterie. & faire des prophéties plus
certaines & moins équivoques que celles de No£
tradamus. Mes raifonnemens ne vous paroiflent
peut-être pas trop conformes aux règles de la logique
: mais convenez au moins. que fi je multi-
pliois les fyllôgifines obfcurs , les argumens c p-
tieux & les expériences trompeufes dans une
fociété moins éclairée que ç^lle-ci., il ne feroit
peut-être pas impoflible que la credule jaloufte &
l'aveugle cupidité vinjfent me confulterférieufement fur
Le préfent & fur l'avertir ».
Je leur dis enfuite que pour taire ce tour, il fal-
loit d’abord ranger les cartes de-la manière fuivante
:
Sept de coeur.
Sept de carreau.
Darne de coeur.
Dame de carreau.
Sept de pique.
Sept de trefle.
Dame de pique.
Dame de trefle.
Talon. ■
Valet de coeur.
Dix de coeur.
5Valet de carreau.
Dix de carreau.
Valet dé pique.
Dix dé piqué.
Valet de trefle.
Dix de trefle , carte infé-i-
rieitre.
Neuf de coeur , carte fu-
périeure.
Neuf de carreau.
As de coeur.
As de carreau.
Neuf de pique.
Neuf de trefle.
As de pique.
As de trefle. ;
Huit de coeur.
Huit de carreau.
Roi de coeur.
Roi de carreau?
Huit de pique. .
Huit de trefle.
Roi de pique:
Roi de trefle.
£ es cartes étant ainfi arrangées , continuai-je,
on les mêle en., apparence} mais fans les déranger;
en aucune maniéré. ( Ceci dépend d'une adrefle
particulière que la leôhire d'aucun livre ne fauroit
donner..) Par cette cïrcqnftance', le fpedfateur-
commence à croire que les cartes ne font pas
arrangées d’avance , quoiqu'on lui dife qu'elles le
font. Il cherche déjà dans fon efprit un autre1
moyen d'expliquer ce tour , ce qui lui fera bien
difficile , puifqu’ il commence par pofer un faux
principe. Apres avoir fait un mélange apparent,
on prëfente les cartes à quelqu'un pour faire couper
} aufli-tôt après on les préfente à une autre
perfonne de: la .compagnie en la priant de donner
les,,cartes elle-même ; c’eft en les pré.fentant à
cette fécondé perfonne , qu'on profite de- la cir-
conftance pour faire fauter la. coupe , ce que je
fais avec aflez de fubtilité.pour n'être pas apperçu,
de ceux même qui la foupçonnent , & ce qui
n'eft pas foupçonné de ceux qui regardent ce
moyen comme inutile, tant ils font per fuadés qu’on
vient de mêler, les cartes au hazard.
Au refte , on peut fe pafler de faire fauter la
coupe foi-même, fôit en faifant le petit p o n t,
foit en inférant une carte large daus le jeu fourni
par la compagnie. Le fpeôfateur coupe naturellement
dur le petit. pont , ou fur la carte
large qui doit être ici le dix de trefle ce qu'on
reconnoît facilement en faifant une égratignure
pu tout autre marque vifible fur le neuf de coe u r ,
qui , dans l'arrangement que nous fuppofons ,
doit f e , trouver defliis après la coupe. Si l'on
s ’apperçoit que le fpe&ateur , par hasard ou
par malice , ne coupe point fur la c&tte large
ou fur le petit pont , on. peut, faire couper deux
ou trois fois de fuite , foit en affeôfcant une dif-
tra&ion , foit en donnant pour prétexte qu’en
faifant couper fucceflivement par plufieurs per-
fonnes , on ne peut pas être 'foupçonné de connivence
avec le ptemier qui' a coupé.
Quand le fpedlateur a commencé de donner les
cartes j s'il les donne trois à trois , il faut le
prier , à voix baffe , de donner par deux, parce
qu’en donnant par trojs il feroit impoflible de
terminer heureulèment le tour dans l’arrangemerït
que nous fuppofons ici ; cependant aufli-tôt qu'il
a commencé de donner par deux , on lui dit
( tout haut pour que tout le monde l'entende,
mais avec un air d'indifférence qui ne fôit pas dans
lecas de le faire changer ) : Donneç monfteur, par
deux ou par trois , ce m'ejl parfaitement égal : au
refte , continue% par deux , puifque vous aveç commencé.
Quand il aura fini , on ne manquera pas
de faire remarquer à la compagnie qu'on a donné
le choix de donner par trois ou par deux ,
& . que fi on avoir donné par trois , chacun
des joueurs auroit plufieurs cartes différentes de
celles, qu'il a , & c’eft ici une çirconftance de plus
qui fait croire à la compagnie que les cartes- n’é-
toient point arrangées d'avance , ou qu'ôh àvoit
prévu qu'il pkiroit au fpeôlateur de donner par
' deux:
Les douze cartes étant données à chacun des
joueurs , les huit cartes* du talon étant fur la
table , celui contre qui on joue veut aufli-tôt
s’emparer de fon jeu pour faire fon écart} mais
on lten empêche en mettant foi-même la main
fur. les cartes qu’il, veut prendre } & pour qu’il ne
s’obftine point à les prendre dans cet inftant, on
lui parle à peu près de cette manière : « Permettez
, monfieur, que je faffe le tour avec toutes
les' circonftances qui peuvent le rendre merveilleux
}. vous voyez ' ien que fi vous regardez actuellement
vos cartes , vous pourrez connoître les
Quand il a nommé la couleur s’il veut prendre
fon jeu on L'en empêche encore , fous prétexte-
d’embellir le tour , en lui permettant de changer
miennes, & qu’il ne vous fera pas difficile de
choifir, pour m'attraper une des trois couleurs
que je n’ ai point. Dites donc auparavant en quelle
couleur, yous voulez être, repic & capot ».
de couleur. Dans cet inftant on multiplie
les queftions-, les remarques & les offres } s il-
ne profite point de la permiflion qu'on lui donne de
changer de couleur,'on le loue de fa confiance,
en afliirant qu'on avoit- prévu qu'il ne 'change-'
roit pas} mais s'il en choifit une autre, on fe
vante d'avoir prévu fon changement & d avoir
arrangé le jeu précifément pour la couleur à laquelle
il vient’ de fe fixer : enfin , fi , en dernier
lieu , il fe tient à trefle, on prie la perfonne qui
a donné les vingt-quatre premières caites , de
vouloir bien diftribuer le talon } & le valet de
trefle qui fe trouve avec le dix fous le jeu , forme,
avec la tierce majeure qu'on a déjà reçue, la quinte
dont on a befoin. S'il prend coeur, on obtient un
effet pareil pour cette couleur, en diftribuant foi-
même le talon & en faifant pafler par-de flous ,
le valet & le dix de coeur qui fe trouvent deffus^
S'il prend carreau , on fait pafler par-deffous, les
quatre cartes fupérieures} &: s’il fe fixe à pique ,
on fait pafler par dçffus ,- les deux cartes qui-font
deflbus } par ce moyen on aura toujours la quinte
majeure. deJa couleur demandée} & pour qu’il 11e
s'apperçôive pas qu'avant de prendre les cinq du
talon il avoit carte blanche , ce qui l’empêcheroit
• d'être rëpic } quand on lui donne ces cinq cartes,
où il fe trouve trois v alets, on les entre-mêle
foi-même avec les douze autres , en les pouffant
vers lui comme pour le mettre à portée de les
prendre avec plus de commodité.
( VoyzipQ- 1 ‘article NOMBRE S ). ( DECREMPS ).
( PLANETAIRE ÉLE C TRIQUE , ( Vôyei
Électricité ) .
PLANETES. ( Voye^a l'article ASTRONOMIE).
-PLUIE ARTIFICIELLE. On :fe récrie depuis
longtems fur le peu de précaution q uel’o'n prend
dans la conftrudtion des falles de foeéfacles pour
Irénouveller l'air } que. l'on réflécniffe fur.l’état
de l’atmofphère de cés lieux où il y a autant de
monde raflemblé. La falle, en peu de temps ,
fe remplit d'exhalaifons, animales, toujours dan-
gereufes par la prompte corruption dont elles
font fufceptibles, quand même elles né fortiroient
que d'individus fort fains. Ces exhalaifons font
d’autant plus abondantes que les paflions quelles
qu'elles foierit,excitent une fèrmentation.plus fen-
fible dans le fang & les humeurs , & dès-lors
une plus grande diflipation de matières atténuées
qulfe répandent dans l’air , de forte qu'àprès une
heure on eft prefqu'affuré de ne référer plus que
des exhalaifons humaines,; ô n admet dans fes poumons
un air infecté , forti de mille poitrines , la
plupart fétides .& corrompues , & chargé de
tous les çorpufoules qu'il a enlevés, L’air- dé-U
M m m m m 2.