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celle qu’ il i eu dans l’idée eft actuellement lut la
table , 8c priez-le de la nommer.
S9. Si Ton nomme le roi de pique 3 tournez-le
auîli-tôt, pour faire voir aux fpeétateurs étonnés
que vous avez deviné la carte penfée;
6°. S'il nomme une autre carte , que je fuppofe
être le roi de .carreau , répliquez-lui 'auüi-tôt
qu'il a changé d'idée / qu'il avoit pepfé primitivement
une autre carte 3 8c que fa mémoire eft
en défaut. -
7 ° . En lui difant ( fous diverfes expreffions
pour gagner du tems) qu'il apenfé une autre
carte , feuilletez rapidement le jeu , comme par
diftraétiôn , .jufqu'à ce que vous ayez trouvé
la carte qu'il vient de nommer. ( Le roi de
carreau ).
8°. Mettez cette carte fur le jeu 3 8c employez
aufti-tôt (en tâchant toujours de paroître diftrait)
le premier des quatre faux mélanges , pour faire
croire que vous n’avez aucune carte en vue.
5>9. Finiffez.ee mélange par laiffer le roi de carreau
fur le jeu .
io ° . Prenez le jeu de la main gauche, & le
roi de pique de la main droite , fig. 1 5 , pi. $ 3
8c dites j en filant la carte 3 c’eft-à-dire, en fub-
ftituant le roi de carreau au roi de pique , que
faudroit-il, Meflieurs , pour que mon tour ne fût
pas manqué ? Quelle carte devrois-je avoir dans
ma main droite ? On. ne manquera pas de nommer
le roi de carreau 3 8c vous faifirez l’inftant où on
le nommera pour le retourner.
Nota. i ° . Que ce tour produit toujours le même
e ffet, quand il eft bien exécuté y foit que le fpec-
tateur penfe bonnement le roi de pique qu'on lui
a montré 3 foit que par .rafinement il penfe une
autre carte.
' Nota. 20.,Qu’on peut faire penfer une carte
fpfcée,.fans employer le moyen dont nous avons
parlé au commencement de cette feétion ; pour
ce la , il faut faire paffer plufieurs cartes fous lés
yeux du fpeétateur , en les feuilletant avec affez
de rapidité pour qu'il en voie confufémentla couleur,
fans pouvoir en diftinguer la valeur 8c la
figure: prenez pour cet effet le jeu dans votre
main gauche > & faites paffer les cartes fupérieu-
res dans votre droite , en ne les. regardant vous-
même que par derrière pour en montrer la figure
a<ux’ fpeefateurs > de manière que celle que vous
montrez à chaque inftant couvre celle que vous
montriez un inftant auparavant, jufqu'a ce que
vous lo.ye^ parvenu à la dixième. (Je fuppofe que
c'eft la dixième que vous voulez faire penfer,
que vous la connoiffez d'avance , 8c que vous
Lavez mife fecrétement au rang qu'elle occupe ).
Cette carte doit être tranchante 8c remarquable ,
«elle que le roi de coeur 8c la dame de trefte. Il
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-f faut la laiffer un peu plus long-temps que les autres
fous les yeux du fpeétateur, én décrivant
toutefois un demi-cercle fans affectation, 8c pendant
ce temps-là, vous devez avoir vos' yeux fur
les fiens, pour favoir s'il prête fon attention :
quand le fpeétateur regarde ainfî toutes les cartes
jufqu'à la fin, vous pouvez être affuré qu'il a
penfé la dernière, 8c qu'il ne foupçonne même
pas que vous la connoiffiez , à caufe que vous
avez montré les cartes en ne les regardant vous-
même que par derrière , 8c qu'il ignore que vous
les ayez comptées, 8cc. Je dis qu'il ignore x
parce que je fuppofe que , pour faire penfer une
carte , vous vous adreffez à un homme qui n’eft
point expert dans l'art de faire les tours ; .ce dont
vous pouvez être bien affuré par l'admiration
qu'il a témoignée dans les tours précëdens. An
refte , quand on ne peut pas réuffir par ce moyen
à faire penfer une telle carte , parce que le fpec-
tateur en penfe quelquefois une fans regarder
celle qu'on lui montre j on a toujours , comme
nous l'avons dit, la reffource de la carte filée,
qui produit prefque le même effet.
X I.
Deviner d’avance celle.de quatre cartes qu’une
ï perfonne prendra librement.
' i°.l>i on vous obferve que dans le tour précédent
vous avez fait penfer une carte forcée, ou que
vous avez filé la carte, répondez que vous allez
faire un tour à peu-près pareil, fur lequel on ne
pourra pas vous faire la même objection j 8c observez
vous-même, fi on n'en parle p o in t, que
; vous allez faire un tour dans lequel vous ne toucherez
point lès cartes.
2°. Faites mêler le je u , après avoir enlevé
! une carte, que vous regarderez fans que perfonne
■ s’en apperçoive.
3°. Parlez à l’oreille d'un des fpeétateurs, 8c
nommez-lui tout fimplemeat la carte que vous
, venez d'enlever , en le priant de s en fou-
venir. _
40. Reprenez le jeu , en y pofantla carte enlev
é e , 8e employez le premier faux mélange pour
ne pas la perdre de vue.
yp. Après avoir mêlé pour faire croire que vous
n'avez aucune carte en vue , mettez la carte enlevée
fur la table avec trois autres.
69. Pofez ces quatre cartes, de manière qu'elles
forment à-peu-près un carré , 8c que leur figure
foit en-deffous pour qu’on ne puiffe par le*
connoître.
.*■ 70. Priez un des fpeaateurs d*en toucher une i
te s'il touche la catte que y o u s ayez pommée fe-
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frettement, dites que vous avez prévu 8c prédit
que cela feroit ainfi.
8°. Pour prouver votre prédiétion, dans le cas
que nous venons de fuppofer , adreflèz les mots
fui vans à la perfonne à qui vous avez parlé à
l ’oreille 1 Je V o u s ai dit , Monfieur, quelle cane
en touckeroity nomme^-la tout haut. Il ia nommera ,
s'il ne l ’a pas oubliée | 8c fi dès cet inftant vous
priez celui qui l'a touchée de la retourner lui-
même , pour qu'on ne puiffe pas vous- foupçon-
ner de nier la carte, ou de l’efcamoter d'une
autre manière , tout le mpnde croira que vous
avez prédit que telle carte, feroit touchée, quoique
vous vous foyez contenté de la nommer tout
Jimplement.
c?. Si le fpeétateur commence par toucher une
carte différente de celle que vous avez nommée,
il faut le prier , pour que le tour ne pàroiffe pas
manqué, de mettre cette carte dans fa poche
fans la regarder , 8c l'inviter enfuite d'en toucher'
une fécondé pour la donner à fon voifin , pareillement
fans la regarder , 8c de mettre la troi-
lîème par terre, en laiffant la quatrième fur la
table;
10-. Si la carte qu'il laiffe fur la table eft celle
que vous avez nommée fecrettement, dites que
vous avez prévu ce fait : faites-la nommer tout
haut par la perfonne à qui vous avez parlé à
l'oreille, 8c dites à cette perfonne : Vous faveç ,
Monfieur y que je vous ai .dit d’avance la carte qui
devoit refier fur la table, nomme^-la maintenant 5
il la nommera , 8c alors tout le monde croira ,
comme l'expérience le prouve, que vous aviez
prévu que telle carte refteroit fur la table , quoique
vous n’ayez fait qu’en norrimer une , fans dire
£ ei!e refteroit fur la table ou non.
i i °. Par la même raifon, fi la carte nommée
d'avance a été mife par terre ou dans la poche
d’un des fpeétateurs, ôn doit fe vanter , félon le
befoin, d'avoir prévu ces différens faits', 8c faire
enfuite nommer cette carte par la perfonne à qui
©n avoir parlé fecrétement.
Nota. Que quand ce tour eft fini , il faut
chercher à diftraire le fpeétateur , en le priant
de remarquer que les quatre cartes dont on vient
de fe fervir font différentes les unes des autres,
& que certaines perfonnes font ce tour en employant
quatre rois de coe u r , pour pouvoir prédire,
fans crainte de fe tromper , celle des quatre
qui fera choifîe.
X I I.
Deviner d’avance le paquet de cartes qu’une
perfonne choifira.
Qu on vous parle ou non de la fupercherie
employée dans le tour précédent, dites que y o u s
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avez plufieurs moyens de prévoir la penfée d'autrui
, 8c que vous allez donner une nouve'Ie
preuve de vos talens : pour ce la , il faut, i ° . laiffer
fur le bord de la table deux paquets, que je
fuppofe de huit cartes chacun. ( Le nombre eft
indifférent, pourvu qu'il foit le même dans les
deux paquets). 2-. Remettre à une perfonne de
la compagnie toutes les autres cartes , excepté
deux ou trois qu'on enlèvera ^fecrétement dans
la main droite. 3e . Dire , en propres termes , à
une perfonne de la compagnie, 8c écrire même
fur un morceau de papier que le paquet qui va
être choifi par une telle perfonne fera çompofé
de huit cartes.*q.p. Prier cette perfonne de choifîr
un paquet, en l'affurant d’avance qu'on a prédit
quel feroit le paquet choifi. y s . Auffi-tôt quelle
a touché un paquet, prier la perfonne à qui on
a parlé fecrétement de dire de combien de carte*
il eft compofé. 69. Quand cette dernière perfonne
a répondu que le paquet doit être compofé
de huit cartes, faire voir que le billet écrit d'avance
porte le même nombre. 70. Prier ia perfonne qui
a choifi le paquet de compter les cartes, pour
voir par eiie-même la vérité de la prédiétion.
8°. Dans l'inftant où e le finit de compter les
cartes du paquet choifi, prendre foi-même le fécond
paquet , en y pofant de la main droite les
deux ou trois cartes retenues, 8c l'offrir poliment
à cette même perfonne, en la priant de s'affurer
par elle-même que dans le fécond paquet le nombre
des cartes eft différent. 9°. Lui obferver que
fi elle avoit pris cé dernier paquet de onze cartes
, le tour feroit manqué ; mais qu'on avoit
prévu, par un moyen qui lui refte à deviner , que
le premier , de huit cartes, feroit choifi librement
8c infai liblement.
X I I I .
Faire tirer des cartes par quatre fpeftateurs différens^
les nommer enfuite fans les avoir vues 3 & faire
qu’une de ces cartes fe inétamorphofe ficcejfivement
en chacune des autres.
i ° . Faites tirer une carte forcée , que je fup*
pofe être le roi de coeur.
2°. M êlez cette carte dans le jeu par le premier
faux mélange, 8c faites-la tirer par une fécondé
perfonne. Il doit vous être fa c ile , dans ce cas-ci,
de faire tirer une carte quelconque , parce que
le fpeétateur, prévenu en votre faveur par la
fubtilité que vous avez montrée dans les tours
précédens , doit regarder comme très - inutiles
tous les efforts qu'il pourroit faire pour vous déconcerter
; d’où il s’enfuit qu’il doit prendre tout
bonnement la carte que vous lui gliffez adroite-'
ment dans la main.
3P. Après avoir mêlé de nouveau cette carte ,
comme auparavant, faites-la prendre encore pas