
Nota. On p eu t, en employant l’un ou l’antre
de ces deux méthodes fe procurer ces deffins
dans la même fituation qu’ils font effectivement ,■
ou dans une fituation contraire , ce qui peut
avoir fon avantage lorfqu’on veut faire graver ce
que l’on a defliné , 8c qu’il faut qu’après l’im-
preflion ils fe trouvent fur l’eftampe dans leur
fituation naturelle.
On doit avoir attention , en fe fervant de cette
r chambre obfcure 3 à la placer de maniéré que
le foleil donne de côté fur les objets dont on
veut avoir l’image. Sans cette précaution , ils
feroient bien moins agréables ; la fituation des
ombres les faifant beaucoup valoir , & leur donnant
un effet bien plus pittorefque. Il eft cependant
des circonftances où il faut s’écarter de
cette réglé , télle que celles où l’on voudroit
peindre un foleil levant ou fe couchant 3 8cc.
Voye^auJJt Varticle CHAMBRE OBSCURE.
XJne pièce £ argent ayant été mife dans une ajjiette 3
en faire paroître deux , dont l ’une fo it beaucoup
plus grande que Vdutre.
R em p lir ie z d’ e au c la ir e un g o b e le t d e v e r r e 3
8c m e t t e z - y u n e p ie c e d e m o n n o ie :x ( pa r e x em p
le u n e p ie c e d e v in g t - q u a t r e - f o l s ) p o ïe z un e
ma in fo u s l’ a l ï ïe t t e & l’ a u tr e fu r le g o b e l e t , &
r e n v e r fe z le to u t p rom p t em e n t 3 afin q u e l ’ air
n ’ à y an t pas le tem p s d’ e n t r e r 3 l ’ e au n e puiflfe
s’ é ch a p p e r .
Effet.
-Si l’ on regarde la piece qui fe trouvera fur
l’afliette 3 elle paroîtra de la grandeur d’un écu ,
8c on la verra en outre dâfls ia même grandeur , .
un peu élevée au-deffus de cette première ;
ce qui fera croire à?ceux qui ne connoiffènt pas
les effets fingu-liérs de la refraétion , qu’ il y a
effectivement fous le gobelet un écu 8c une
piece de vingt quat-rè fols. Lorfqu’on fera affuré
qu’ on s’imagine qu’il y a deux pièces, on lèvera
le gobelet , & l’illufion ceffera.
Faire paroître en relief les ; objets gravés en creux
fur un cachet.
Ayez un cachet d’argent fur lequel foit gravé
un chiffre ; regardez - le attentivement avec un
verre convexe d-un poiice au plus de foyer ; vous
en verrez, d’abord la gravure enfoncée 8c telle
que vous l’appercevriez avec vos feuls yeux. Si
fans changer de fituation r vous continuez à la
regarder , elle vous paroîtra en relief , 8c elle
femblera être éclairée 8c ombrée du même côte
ou’elle étoit avant que vous eufliez .la fenfation
de cette dernière apparence. “
Si on continue à obferver ce chiffre avec la
même attention, ce qui paroiffoit de relief patoî-
■ tra alors enfoncé comme i l i ’étoit auparavant 3 &
ainfi de fuite.
Il arrivé aufli que fi l’on celle pendant quelques
inftans de regarder ce chiffre 3 & qu’ on recommence
la même expérience , au lieu de la voir
d’ abord enfoncée 3 elle paroît au contraire en
relief.
Si pendant qu’on eft tourné du côté que vient
le jour3 on le penche tout-à-coup en continuant
de le regarder j ce qui paroiffoit enfoncé femble
encore devenir en relief ; mais fi on continue
d obferver ce relief apparent 3 pendant qu’on fe
tourne comme il faut pour recevoir le jour du
côté droit 3 on voit l’ombre du côté que vient
le jour , ce qui ne furprend pas peu ; 8c au contraire
l’ombre fera à gauche, fi le jour donne fur
ce chiffre en venant du côté gauche.
Si au lieu d’ obferver tin cachet, on obferve une
pièce d’argent 3 cette illufion n’a plus Heu dans
quelque fituation qu’ on fe place 3 eu égard au jour
qui éclairé oet objet.
Nota. M. Gmelin qui a aufli obfervé de fon
côté ce phénomène., foupçonne avec raifon.que
çette illufion doit fon origine aux ombres des
corps; 8c effectivement , j’ai remarqué que fi
ayant une bougie à fa droite 3 on regarde, un
cachet, fa gravure paroît enfoncée ; fi on trçnf-
porte la bougie à fa gauche,, ori la Voit aufli-tôt
en relief 3 8c l’illufion eft très-fenfible ; cependant
il refte toujours à favoir pour quelle raifon, fans
changer de place 3 on la voit fucceffiyement en
creux 8c en relief 3 fans que l ’ombre change de
lieu. C ’eft peut-être dans notre vue même qu’il
faut chercher lé principe de ce phénomène;.ce
qui .paroît d’autant plus vraifemtilable que tous
ceux qui l’obferyent, ne voyent pas toujours ces
• effets tels qu’on vient de le rapporter' ( 1 ) . ,
Lanterne magique.
Cette ingénieufe invention (2) 3 connue de
tout le monde 3 8c devenue commune dans tous
(1) Un phénomène tel que celui-ci ne paroîtra
qu’une niaiferie à ceux qui ne font pas inftruits ;
mais lorfqu’un Phyficien voudra en expliquer la caufe
il y trouvera des difficultés qu’il aura beaucoup de
peines, à réfoudre. G’eft en cherchant la folution de
femblables obfervations , qui. ne paroiffoient d’abord
que des bagatelles, qu’on a fait d’importantes découvertes.
Lorfque le fameux Philofophe Ângloiss’occu-
poh à fouffier des bouteilles .avec l’eau de. fâvon,
•il ;n'oup apprenôit qu’un habile phyficien fait cirer
avantage des choies qui ne paroiflent qu’un fimple
amufement.
(?) On l’attribue au PerzKircher , qui a donné
toutes les parties des Sciences ..des ouvrages feavans &
idtru&ifs.
les
les pays, a caufé. beaucoup d'étonnement dans
fon origine ; on s’en amufe encore avec plaifir :
fon effet eft.de tranfporter en grand fur un'e toile
tendue & placée dans un lieu obfcur l’apparence i
colorée de divers petits, objets .peints for. des laines
de verte avec des couleurs ttanfpafentes.
ConftruBion. '
A B C D eft une boîte ou lanterne de fer-blanc ,
(Rg. 14 , pl- 6 3 Amufemens de Çat.optrique 3 ) ayant !
ordinairement fept à huit pouces de hauteur fur
fix de longueur 8c cinq de largeur : au-deffous-eft
une cheminéf^.E couverte d’un dôme F , .laquelle
donnant paffagei la fumée empêche en
même-tems que la lumière ne fe répande dans la
chambre.. g
Du côté A C .d e cette boîte eft une porte qui
if ouvre en-dehors , fur làqtieMe eft ajuuéun miroir.
concave de métal (1) G , ayant cinq pouces
de diamètre & faifant partie d’une fphère d’un
pied 8c demi ; ce miroir doit avoir à fon centre
une queue H qui entre dans une douille I fondée
au milieu de cette porte , - afi n qu’on puiffe l’avancer
ou le reculer félon qu’ il eft befoin.
Ail milieu & fur le. fond intérieur de cette
lanterne eft placée une lampe de fer-blanc L (2) , ’
dont le porté - mèche eft applati, afin qu’ il ne.
puiffe faire beaucoup d’obftacle aux rayons que lè
miroir reifvoie vers le côté B D ; il doit porter
deux ou trois mèches , dont la lumiè'ré foit à
la hauteur du centre du miroir 8c des . verres ci-
après. "
Au côté BD de cette lanterne qui fait face au
miroir 3 eft une "ouverture de trois pouces 8c
demi de largeur fur deux 8c demi de hauteur , 8c
en avant eftfoudée une pièce de fer-blanc à cou-
liffe M , au travers de laquelle on fait couler les
bandes dé ver re peintes ; cette même pièce porte
un tuyau N , ayant la forme d’un quarré long (3),
fur lequel s’ajuftent deux autres tuyaux O & P de
cinq pouces de longueur ; . ces' tuyaux entrent
l’un dans l’autre. On ajufte à l’extrémité du tuyau
P un verre convexe de trois pouces de long fur
(1) On peut faire ce miroir.de cuivre argenté , de
meme que ceux qu’on emploie pour les réverbérés ,
0atout ,fimpleme«t de fer- blanc bien-battu & poli.
p i f ! Cette lampe doit être mobile , afin de pouvoir
i eloigner ou l’approcher des verres du miroir. '
,,S l) On préféré de leur donner cette forme , afin que
1 image fur la toile ait celle d’un tableau , ce qui eft
diS;rab 6 à !a % ur?' ’ circulaire qu’ton lui dbrine or-
mairement &qui empêche qu’on appeçcoive les figures
peintes en leur entier, avant qu’elles foieut arrivées au
centre. .
Amufemens des Sciences,
deux & demi de large (4) "ayant trois pouces de
foyer., & à l’extrémité de celui.P un autre verre
de même fprme 8c de cinq à fix pouces de foyer „
& on met un diaphragme de carton à l’autre
extrémité de ce même tuyau ; ces deux tuyaux
fervent à difpofer les verres dans un éloignement
convenable , eu égard,à celui de la toile fur la-*
quelle fe doivent repréfenteries objets;
Cettè, lanterné.' étant àinfi çonftruite , on. fe
munira d’ une quantité de bandés dé vërres blancs f
qu’ on enchaffera dans des petits cadres de bois qui
puiffent entrer aifement dans l ’ouverture qu’on a
ménagée vers le côté extérieur BD.
Manière de peindre fur le verre, le s objets qui doivent
être yus fur la toi l e . -
Deffmez fur un papier le fujet que vous .voulez*
peindre :, & attachez-|e par- fes extrémités fous
cë verre ; prenez enfüite un pinceau très-fin , 8c
vous fervant d’un vernis gras dans lequel vous
aurez détrempé un peu devoir dé fumée,,tracez-
'y bien légèrement les traits de^çe. deflin ;.yous
pouvez même ëff tracer'certaines"pattiés avéç les,
couleurs qui leur font convenables, pourvu; que
ce foient les ’• couleurs les plus foncées dé leurs
nuances : lorfque ce trait fera, bien-fec , yousc.o-
lorerèz 8c ombrerez vos figurés* avec les teintés
qui leur font propres (j). & vous aurez attention
de réfèrvet les grands clairs fans y mettre de cou^
leur, afin qu’ils faifent plus d’effet : gardez-vous
de peindre ce$ figurés: feulement dé quatre à cinq
couleurs, telles "que bleu, rouge, yerd 8c jaune >
coupez au contraire vos couleurs pour donner à»
vos'fujets un ton plus naturel, ’ fans quoi .ils ref»
fembleroient à des iihages communes 3 qui pour
être brillantes , n’en feroient affurément pas pour,
cela plus agréables.
J Effet.
Lorfqu’on aura allumé la lampe de cette Iafl£
terne magi'qué , &. qu’efi allongeant ou raccour-
ciffant fon tüyau mobilê l ’image des verres peints
fe trouvera bien nette 8c : bièn ' diftinde fur la
toile placée, vis-à-vis cette lanterne (6 ), on fera
.(4) €;ômmé'il eft difficile d’avqir de-la matière affez
cpàiilé pour travailler ces Verres, 011 peut .mettre ea
leur place deux verres plans d'un côté & convexes de
l’autre dont l&foyèr de chacun foie de fis pouces.
(j) Toutes les’ couleurs ne font pas propres pour pein+
dre ces verres , il faut employer celles qui ne dont pas
terreftrés., telles que le bleu dePrufle , la Jaque fine
le vert de gris calciné , la gomme-gutte, le biftre, &c.
: apres.les .avoirbrbyés avec le vernis gras le plus blanc.
(è) La toile fe place ordinairement à. dix ou douze
pieds de la lantèroe , plus elle en eft éloignée , plus
l’objet paroît grand; mais il eft plus net & plus v i f quaad
cette diliance eft moindre,
F f f '