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hauteur de la différence de ces fupports, fans quoi
la ligne Fƒ , non-feulement n’atteindroic pas l'horizontale
, mais refteroit inclinée dans le fens contraire
à celui qu’elle devroit avoir.
La machine étant donc arrivée à la fituation
DL ( fig . 3 , n° 3 & 4 ) , & le mercure ayant re-
pafle dans le réceptacle du côté C , il eft évident
que le même mécanifme que deffus la relevera,
en la faifant tourner autour du point C , & la
renverlera de l'autre cô té , où les deux appuis
tournants fur l’axe C , lui préfenreront une bafe ,
ce qui la remettra dans la pofition de la ( fig . 3 3
n °£ ) ainfi de fuite : c'eft pourquoi ce mouve-
- ment fera perpétuel, tant qu'il fe trouvera des
marches comme la première.
Afin que les fupports ou jambes & bras de la
Î>etite figure fe prefentent convenablement pour
a foutenir à mefure qu’elle tourne , il faut quelques
attentions particulières.
i*. Il eft néceffaire que les grands fupports ou
jambes, lorfqu’elles font arrivées au point où la
figure , après s’être renverfée, repofe fur elles, il
fa u t , dis-je, qu’elles rencontrent un arrêt qui ne
leur permette pas de tourner davantage , ou a la
figure détourner; ce qui fe fait au moyen de deux
petites chevilles qui rencontrent une prolongation
des cuiffes.
20. Il faut que, tandis que la figure fe relève fur.
fes jambes, les bras faffent fur leur eflieu une demi-
révolution , pour fepréfenterperpendiculairement
à l'horizon & d’une manière ferme, lorfque la fi-
. gure eft renvèrfée en arrière. On y parvient, en
garniffant les bras de la figure de deux petites poulies
concentriques à l’axe du gouvernent de ces
bras , à l’entour desquelles s’enroulent deux filets
de foie qui fe réunifient fous le ventre de la f i gure
, & vont s'attacher à une petite traverfe qui
joint les cuiffes vers leur milieu ; ce qui contribue
à leur Habilité. On allonge ou l’on raccourcit ces
file ts , jufqu’à ce que cette demi - révolution des
bras s'acçompliffe exa&ement, & que la figure
pofée fur les quatre fupports , la face en haut ou
en bas, ne vacille point ; ce qu'elle feroit fi ces
fupports n'étoieflt pas liés enfemble de cette manière
, & fi les grands ne rencontroient pas un arrêt
qui les empêche de s’incliner davantage.
On trouve de ces petites figures à Paris chez les
tablettiers, & autres marchands qui débitent des
bijoux d’étrennes.
Difpofer t r o i s b â t o n s f u r u n p l a n h o r i z o n t a l , d e forte
q u e c h a c u n s ' a p p u i e f u r c e p l a n p a r / ’ u n e d e f e s e x -
trc mités 3 O q u e l e s t r o i s a u t r e s f e f a u t i e n n e n t m u -
t u e L l e m e n t .
Geci n'eft qu*un petit jeu de mécanique , mais
qu'on ferait peut- être étonné de ne pas .trouver
ici.
m e c
Prenez le premier bâton AB., ( fig. 4 , pl. g ) ’
& appuyez le bout A fur la table, en tenant l'autre
é le v e , le bâton étant incliné à angle fort aigu j
appliquez defïus le fécond bâton CD , enforte que
le bout C foit celui qui pôle fur la table ; enfin dif.
pofêz le bâton E F , enforte qu’ il pofe par fou
bout E fur la table , qu’ il paffe au-deffous du béton
AB du côte du bout élevé B , & s'appuie fur
le bâton CD ; ces trois bâtons fe trouveront par-là
engagés de telle manière que leurs bouts D , B , F,
relieront néceffairement en l’air, en fe fupportaut
circulairement les uns les autres.
Confiruire ùn tonfieau contenant trois liqueurs, quon
pourra tirer a volonté par la même broche y fans ft
mêler. 1
Il faut que le tonneau foit divifé en trois parties 1
ou cellules A , B , C , ( fig. 5 , pl. 8 ) , qui contiennent
les trois liqueurs différentes, par exemple
, du vin rouge , au vin blanc , & de l’eau, que
l’ on fera entrer chacun dans fa cellule par le même
bondon, en cette forte.
| En conftruifant’ le tonneau, on aura ajufté dans
j le bondon un entonnoir D , avec,trois tuyaux E,
F , G , qui aboutiffent chacun à fâ cellule; ajoutez
à cet entonnoir un autre entonnoir percé de
trois trous qui puiffent répondre, quand on voudra,
aux ouvertures de dnaque tuyau. Si l’on fait
répondre, en tournant l’entonnoir H, chaque trou
fuccefiivement à l'ouverture de fon tuyau corref-
pondant, la liqueur que Fon verfera dans l’entonnoir
H , entrera dans ce' tuyau. De cette manière,
on remplira chaque cellule de fa liqueur, fans que
l’une fe puiffe mêler avec l’autre, parce que quand j
un tuyau eft ouvert, les deux autres fe trouvent
bouchée.
Mais,pour tirer aufli fans confufion chaque liqueur
par le bas du tonneau , il doit y avoir trois tuyaux
K , L , M , qui répondent chacun à une cellule,
& une efpèce de robinet IN , percé de trois trous,
qui doivent répondre chacun à fon tuyau,afin qu’en
tournant la broche I , jufqu’à ce que l’ un de ces
trous réponde vis-à-vis d’ un tuyau , la liqueur de
la cellule par où paffe ce tuyau, forte toute feule
par le même tuyau.
Examen du Mouvement Perpétuel.
Le mouvement perpétuel eft l’écueil de la mécanique
, comme la quadrature du cercle, la tri-
fe&ion de l’angle , &c. font ceux de la géométrie*
& , comme ceux qui prétendent avoir trouve
la folution de ces derniers problèmes font ordinal'
rement des gens à peine initiés dans la géométrie»
de même ceux qui cherchent ou croient avoif
trouvé le mouvement perpétuel font prefque tou'
jours des hommes à qui les vérités les plus corn'
tantes de la mécanique font mcotuwes.
M E C
En effet, on peut démontrer, pour tous ceux
qui font capables de raifonner fainement fur ces‘
matières, que le mouvement perpétuel eft impof-
fible ; car , pour qu’ il fût poffible, il faudroit que
l'effet devînt alternativement la caufe & la caufe
l'effet. Il faudroit, par exemple , qu’un poids
élevé à une certaine hauteur par un autre poids,
élevât à fon tour cet autre poids à la hauteur dont
iletoit defeendu. Mais , félon les loix du mouvement,
& dans une machine la plus parfaite que
l’efprit puiffe concevoir, tout ce que peut faireun
poids defeendant, feroit d’en élever un autre dans
le même tenus, à une hauteur réciproquement
proportionnelle, à fa maffe. Or il eit impqffible
que, dans une machine quelle qu’elle fo it, il n y
ait ni frottement, ni réfiitance du milieu à éprouver
: ainfi il y aura, toujours, à chaque alternative
de montée & de defeente'des poids qui àgiffent
alternativement, une portion fi petite qu’on voudra
, du mouvement, qui fera perdue : ainfi , a
chaque fois, le poids élevé montera moins haut,,
le mouvement fe rallentira, & enfin ceffera.
On a cherché , mais infruélueufement , des
remontoires dans l’aimant, dans la pefanteur de
l'air., dans .le reffort des corps, mais fans fuc-
cès. Si un aimant eft difpofé de manière à faciliter
l’afcenfion d’un poids , il nuira enfuite à fa def-
cente. Les refforts , après s’être débandés , ont
befoin d’être tendus de nouveau par une force
égale à celle qu’ils ont exercée. Le poids de l’at-
mofphère,, après avoir entraîné un côté de la
machine au plus b as , a befoin d’être remonté
lui-même comme un poids, quelconque, pour agir
de nouveau.
Nous croyons pourtant à propos de faire con-
noître quelques tentatives de mouvement perpétuel,
parce qu’elles peuvent donner une idée de
l'illufion que fe font faite quelques perfonnes fur
çe fujet.
La fig. 6 , pl- 8 , repréfente une roue garnie,
àdiftances égales dans fa circonférence, de leviers
portants chacun à fon extrémiteten poids , & qui
font mobiles fur une charnière , de forte que
dans un fens ils puiffent fe coucher fur la circonférence
, & du côté oppofé, étant entraînes
par le poids qui eft à leur extrémité , ils foient
contraints à fe ranger dans la direction (lu rayon
prolongé. Cela fuppofé ,; on voit que la roue
tournant dansée fens abc , les poids A , B , C ,
s’écarteront du centre > & confequemment, agif-
fant avec plus de force , entraîneront la roue de
ce côté : & comme, à mefure qu’elle fe mouvera ,
un nouveau levier fe développera , il s’enfuit ,
difoit-on, que la roue continuera fans ceffe de
marcher dans le même fens. Mais , malgré F apparence
féduifante de ce raifonnement, Fexpé-
rience a montré que la machine ne marchoit pas ;
& Fon peut en effet démontrer qu’il y a une po-
Amufemens des Sciences.
M E C 6
fit:on o ù , le centre de gravité de tous ces poids
étant dans la verticale menée par le point de fuf-
penfion , elle doit s’arrêter.
I l en eft de même de ce le - c i, qui femblerôit
auffi devoir marcher fans, ceffe. Dans un tympan
cylindrique. &: parfaitement en équilibre fur fon
axe , on a creufé des c an au x com m e ôn la
voit dans la fig. 7 , pl. 8 , qui contiennent des
balles de plomb, ou , fi Foivveut, du vif-argent.
Par utle fuite dé cette difpofition , ces Balles on
ce vif-argent doivent, d’ un côté , monter en
fe rapprochant du centre , & de l’autre c ô té , au
contraire, elles roulent à la circonférence. La
machine doit donc tourner, fans ceffe de ce
côte-là.
En voiçi une troifième. Soit une efpèce de
rou e, formée de fix ou huit bras partant d’ un
centre où eft l’axe du mouvement. Chacun de ces
bras eft garni de deux réceptacles en forme de
■ fouffiet, & en fens oppofé, comme on voit dans
la fig. 8 , pl. 8. Le couvercle mobile de chacun
eft garni d'un »poids propre à le fermer dans
•une fituation & à l’ouvrir dans l'autre. Enfin-,les .
.'deux foùffiets d’ un même bras communiquent pax
un canal, & l’un deux eft rempli de vif-argents
Cela fuppofé , on voit quet d’un côté , par
exemple A , les foufflets les plus éteignes du
cenu-e doivent s’ouvrir & les plus proches , fs
fermer ; d’ où doit réfulter le^afiage du mercure
des derniers dans les premiers, tandis que le contraire
fe paffera du coté oppofé. La machine dois
donc tourner continuellement du même côté.
Il Feroit affez difficile démontrer en quoi pêche
ce _ raifonnement 5 mais quiconque connoîtra les
vrais principes de la mécanique > n’héfitera pas à
parier cent contre Un que la machine, étant exécutée
, ne marchera pas.
On voit dans le journal des fçavants, de l’année
168ƒ , ,1a defeription d’un mouvement perpétuel
prétendu , où l’on employoit à peu près
ainfi le jeu d’un fouffleu qui aevoit alternativement
fe remplir & fe vuider de mercure. Il fut
-réfuté par M. Bernoulli & quelques autres , 8 c
occafionna une affez. longue querelle. La meilleure
manière dont fon auteur eût pu défendre-
fon invention , étoit de l’exécuter & de la faire»
voir en. mouvement 5 mais c’eft ce qu’ il uè fit
point.;
'Remarquons néanmoins un trait affez curieux’
à cet égard. Un M. Orfyreus annonça eh 1717 ,
à Leipfick , un mouvement perpétuel ; c’étoit
une roue qui devoit toujours tourner. Il l’exécuta,
pour le Landgrave de Heffe-Câffel , qui/la fit
renfermer dans un lieu sûr, ôt appofa fon fceau
fur l’entrée. Après 40 jours, on y rentra, & on
la trouva en mouvement. • Mais, cela ne prouve
S f f t
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