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aimants connus ; niais Ton a depuis trouvé des !
aimants dans prefque toutes les régions de la
te r re , & principalement dans les mines de fer.
L'rlè d'Elbe , fi renommée par les mines de ce
métal qu'on y exploite de toute antiquité , eft en
poii'einon de fournir les plus gros & les meilleurs
aimants.
Les anciens ne connurent dans l'aimant que
fa propriété attractive à l'égard du fer ; niais
les modernes en ont découvert plufieurs autres ,
fçavoir .j fa communication , fa direction , la déclinai
fon , fon incünaifon , à quoi nous ajouterons
aujourd'hui fa variation annuelle & journalière.
Attraction de l'aimant a l'égard du fer.
Tout le monde connoît la propriété attraéhve
de l'aimant à î'é.gard du fer. Prefentez de la limaille
.de ce métal à une pierre d'aimant , &
même à.quelque éloignement 3 vous verrez cette
limaille s'élancer, fur la pierre & s'y attacher.
Il en fera de même d'un morceau quelconque
de fer , pourvu qu'il foit peu pefant , comme une
aiguille > vous le, verrez également s'approcher de \
l’aimant, auflî-tôt qu’il en fera à une certaine
proximité plus ou moins grande 3 fuivant La force
de la pierre.
Cette expérience fe fait encore de cette manière.
Sufpendez en équilibre à un fil de foie 3 ou
mieux encore fur un pivot qui laiiTe toute iiberté
au mouvement, une longue aiguille de fer ; pré-
fentez-lui un aimant à la difiance de plufieurs
pouces , même de quelques pieds , fi c'en un bon
aimant > vous verrez un des bouts de cette aiguille
fe tourner du côté de l'aimant , jufqu’à ce
qu'il en foit le plus près , & s'arrêter dans cette
fituation \ en forte que fi l’aimant change de po-
fition 3 l'aiguille le fuivra continuellement. Si
l'aiguille de fer nageoit fur l'eau, ce qui eft aifé
à faire 3 en la pofant fur un petit fupport de liège ,
non-feulement elle tournera un aê fes bouts
vers l’aimant, mais elle s’en approchera jufqu'à
ce qu'elle le touche.
Toutes ces mêmes chofes arriveront, y eût-
il entre deux une lame de cuivre, de v erre, une
planche de bois , tels corps enfin qu'on voudra,
autre néanmoins que du fer ; ce qui prouve que
la vertu magnétique n'eft point interceptée par
tous ces corps, a l’exception de ce dernier.
Si donc la vertu magnétique eft produite par
des çorpufcules agités ou mis en mouvement
d'une manière quelconque, il faut que ces cor-
pufeules foient d'une ténuité extrême , & du
moins bien fupérieure à celle des autres émanations
connues, comme les odeurs , puifqu'ils
traverfent fans obftacle tous les métaux , & même
le verre. Que s’ils ne produifent pas leur effet
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au travers du fe r , c’ eft que probablement ils y
trouvent une fi grande facilité à s'y mouvoir,.qu'ils
ne paffent pas au-delà, & c’eft ainli qu'ils fe
trouvent interceptés.
Reconnaître les pôles de L'aimant,
Plongez un aimant dans de la limaille de fer ,
vous l’en retirerez chargé de cette limaille} niais
vous remarquerez qu’il y a deux endroits, à
peu-près diamétralement oppofés, où elle eft beau-*
coup plus ferrée, & où les petits fragmens oblongs
de la limaille fe tiendront debout, pour ainfi-
dire,-tandis que dans les autres parties ils-feront
couchés.
Cette expérience fert à reconnoître les pôles
de l’aimant. Fn effet toute pierre d’aimant a
deux pôles ou deux points oppofés , qui ont ,
comme on le verra bientôt, des propriétés différentes
& particulières. On donne à l’un de
ces points le nom de pôle boréal, & à l’autre
celui de méridional, parce que fi l’aimant eft librement
fufpendu, le premier fe tournera de lui-
même vers le nord , & conféquemment l ’autre
regardera le fud. Ces deux points doivent être
remarqués dans une pierre d’aimant avec laquelle
'on fe propofe de faire des expériences.
Propriétés des pôles de l'aimant l'un a l'égard de
Vautres
Ayez une pierre d’aimant dont vous aurez marqué
les deux pôles f. & que vous ferez nager
fur l’eau, en la pofant fur un morceau de liège
de la grandeur convenable i prefentez au pôle
boréal de cette pierre le pôle boréal d’une autre :
la première fera. repouffée au lieu d’être attirée >
mais elle fera attirée, fi à fon pôle boréal on
préfente le pôle auftral de l’autre#
De même / fi au pôle auftral de la première
on préfente Te pôle auftral de la fécondé , la
première fuira ; mais elle s’approchera y fi à ce
pôle auftral on préfente le pôle boréal de la
fécondé.
Ainli les pôles de même dénomination fe re*
pouffent, & ceux de différent nom s’attirent.
Production des nouveaux pôles dans l'aimant.
Coupez une. pierre d’ aimant perpendiculairement
à l’axe panant par fes deux pôles A & B;
1 (fig. <)3 pi. 3. a ufemens de phyfique, tom. VIII
dès gravures. ) il le formera par la feCtion deux
nouveaux pôles, tels que F Sz E i enforte que
fi A étoit le pôle auftral de la pierre entière, E
Ifera un pôle boréal , & F un pôle auftral. Ainfi ,
par cette biffeéfcion, le côté boréal dle la pierreacquerra
acquerra un pôle- auflral, & le côté auftral un
pôle boréal..
Une pierre d’aimant, quelque bonne qu elle
fo it , à moins qu’elle ne foit très-groffe, 1011-
tient à peine quelques livres de fer ; & eIÎ Se"
néral le poids qu’une pierre d’aimant peut porter,
eft toujours fort au-defious de fon poids propre.
Mais l’ on eft parvenu à lui faire produire un effet
beaucoup plus confidérable, au moyen de
ce que l’on appelle Y armure. Nous allons décrire
la manière dont on arme un aimant.
Il faut d’abord donner à fon aimant une figure
à peu-près régulière , & l’équarrir fur les
côtés ou font les deux pôles , enforte que ces
deux côtés forment deux plans parallèles. Formez
enfuite d’un fer doux, (car l’acier n’ eft pas
suffi bon) deux pièces comme vous voyez dans
la fig. 10 pl. 3. dont la branche montante & ap-
'platie ait la même hauteur & la meme largeur
que les faces de l’aimant où fe trouvent fes pples.
C e n’eft , au refte, que par beaucoup d’effais
qu’on peut trouver lepaiffeur la plus convenable
de cette branche, ainfi que la faillie du pied
& fon épaiffeur. Ces deux pièces doivent ern-
braffer l’aimant par les deux faces, où font fes
.pôles, les pieds paffant au-deffoüs, comme pour
le fupporter j & enfuite on affujettira le tout
dans cette fituation , par des bandes tranfver-
fales de cuivre qui entoureront l’aimant, & fer- •
reront les branches montantes de fer contre les
faces des pôles.
On doit enfin avoir une pièce de fer doux,
de la forme qu’on voit dans la fig. 11 , pl. 3.
un peu plus longue que n’eft la diftance des deux
branches de fer appliquées aux pôles de l’aimant,
& dont l’épaiffeur excède un peu les faces plates
de deffous les pieds de l’armure. Quant à la
hauteur , il faut effayer la plus convenable. Cette
pièce fera percéè , vers ion milieu s d’un trou
auquel fera attaché un crochet, pour y fufpen-
dre le poids que doit fupporter l’aimant. On voit
dans la fig. 12 même pl. , une pierre armée j &:
elle fuffira, fans autre explication, pour en concevoir
tout le méchanifme & l’ arrangement.
Une pierre étant ainfi armée, foutient un poids
incomparablement plus grand que non armée.
Ainfi une pierre de 2 à 3 onces foutiendra par
ce moyen 50 à 60 onces de fe r , c’eû-à-dire vingt
à trente fois fon poids.
j Lémery dit avoir vu un aimant de la groffeur
d’une pomme médiocre, qui portoit 22 livres.
On en a vu une qui pefoit environ 11 onces,
& qui portoit jufqu’ à 28 livres. On en vouloit
5000 livres. M. de laCondamïne, de l’académie
royale des fciences , en poffédoit une qui lui
avoit été donnée par M. de Maupertuis : elle
je crois, celle qui porte le plus grand poids
Amufemens des Sciences.
connu. Je ne me fouviens plus de fes dimeHfions
,& dé fon poids, qui n’étoient pas bien confi-
dérabies ; mais je crois me rappeler lui avoir ouï
dire qu’elle portoit foixante livres.
On a examiné s’ il y a d’autres corps que l e 1
;fer qui foient attirés par l’ aimant ; mais il ne
paroit pas qu’il y en ait aucun autre. On lit cependant
dans M. Mufchenbroek, qu’on a trouvé
que l’ aimant agiffoit fur une pierre qu’il appelle
loughneagh. Nous ne fçavons ce que c'eft que'ceïti?"
pierre. C ’eft probablement quelque Aline dé- fer
où ce métal eft peu minéralifé.
Il rapporte dans fon ççurs de phyfique expérimentale
, chap. vi j , les effais qu’ il a faits fur beaucoup
de matières differentes, pour s’affûter fi
elles étoient attirables par l’aimant. Il a trouvé
q u e , fans aucune préparation, cette pierre attire
la totalité ou beaucoup de parties dans diver-
fes fortes dé fables terres dont il fait l’énuqié-
rationj qu’ il yen a plufieurs autres qui ne préfen-
tent des particules attirables en tout ou en partie à
l’aimant, qu’après avoir éprouvé faction au feu ,
en les faifant rougir & brûler avec du favon, du
charbon ou de la graiffe : après q uoi, d it-il,
elles font attirables à l’aimant avec prefque autant
de force que la limaille de fer : telles'font ,•
ajoute-t-il, les terres dont on fait les briques jJ
& qui deviennent rouges après avoir été brûlées >
differens bols & fables colorés. Il y en a d’autres
qui , brûlées de cette manière , ne préfentent
que peu de parties foiblement attirables à l’aimant
: il en fait auffi une affez longue énume->
ration que nous épargnerons au leéteur..
On ne fera point furpris de ce la , fi l’on rapproche
ces deux faits j lé premier, que l’aimant
n’attire le fer que quand il eft dans fon état métallique
, & qu’il n’a aucune aétion fur ce métal
lorfque, par le grillage , on l’a réduit en chaux
ou en ochre, le fécond3 que le fer eft univer-
fellement répandu dans la nature , & qu’il eft
prefque dans tous les corps, plus ou moins éloigné
de fon état métallique ou , comme on le
verra dans la fuite, plus ou moins privé de fort
phlogiftique. Les corps où il eft dans fon état
métallique, font en tout ou en partie attirâble
à l'aimant fans préparation ; mais dans les
autres, le fer n’eft attirable qu’après avoir été
brûlé avec des matières graffes, qui lui rendent
fon phlogiftique Sc fon état métallique. Telle eft
uniquement la caufe du phénomène dont M. Mufchenbroek
paroît. embarraffé. Il ne l’eût été en
aucune manière, fi la chimie lui avoit été auffi
familière que lés autres parties de la phyfique.
Un navigateur Anglois a rapporté avoir ob-
fervé que du fuif tombé fur la glace qui couvre
une bouffole, troubloit l’ aiguille aimantée, &
& que le laiton produifoit le même effet. Si cette
obfervation eft exaéle, il faut, en ccnçjure qu’il