
y avoit par hafard quelques particules ferrugi-
neufes dans.ce fuif 8c dans ce laiton ; car je crois
qu’on peut regarder comme certain que le fer
fe u l, dans fon état métallique, eft fufcéptible
d'agir fur l’aimant, 8c d’être attiré par lui.
La direction du courant magnétique.
Mettez fur un carton un aimant n u , 8c jettez
autour de la limaille de. fe r , frappez alors doucement
fu r ie carton : vous verrez toute cette*
limaille s'arranger en lignes courbes qui environneront
l’aimant j & qui, fe rapprochant comme
les méridiens d’une mappemonde , concourront
à fes deux pôles.
Cette expérience favorife l'opinion de ceux qui
penfent que les phénomènes magnétiques dépendent
d’un fluide qui fort par un des pôles de la
pierre, & entre par l’autre, après avoir circulé à
l’entour d’elle.
Des Aimants & du Fer,
Mettez deux aimants, ou un aimant 8c un morceau
de fer fur deux petits bateaux de liège, que
vous ferez nager dans un vafe plein d’eau. Après
avoir dirigé le pôle' feptentrionàl de l’ un vis-à-vis
l ’aufiral de l’autre, [ fi ce font deux aimants, ]
abandonnez les deux petits bateaux à eux-mêmes :
vous les verrez s’élancer l’ un vers l’autre , le plus
foible faifant le plus de chemin. Il en fera de
même fi c’ efr un limple morceau de fer préfenté
au pôle feptentrionàl de l’ aimant. Ainfi cette attraction
eft réciproque, & l’on peut dire que le
fer attire, autant l’aimant que l’aimant attire le
fer. Au refie cela doit être néceffairement, puif-
qu’il. n’y a point d’aéüon fans réaéfion , & que
cette dernière- eft toujours égale à la première.
M. Mufchenbroek a cherché à reconnoître en
quel rapport décroifloit l’aélion de l’aimant relativement
aux diftances, & il a cru voir que fa
force d'attraction diminue dans une raifon qua-
druplée, o,u comme les quarrés-quarrés des dif-'t
tances. Ainfi, fi à une ligne de diftance une particule
de fer eft attirée avec une force comme
i à 2 lignes, • cette force fera 16 fois , à 3 lignes
81 fois, à 4 lignes 256 fois moindre. Peut-être
même cette action diminue-t-elle encore plus rapidement
5 car, dans un vaiffeàu de guerre qui eft
chargé d’une multitude de gros canons de. fe r ,
on ne s’ appexçoit pas qu’ils agiffent fenfiblement
fur la boulidje. Je crois cependant qu’il feroit
prudent de les éloigner le plus qu’il eft poffible.
De la communication de la -propriété magnétique.
Le magnétifme, ou la propriété d’attirer le fe r ,
de fe"diriger vers un certain endroit du ciel, n’eft pas tellement propre à l ’aimant, quelle ne fe
puiflTe communiquer ; mais on n’a encore trouvé
que le fer ou l’acier, qui en foit fufceptible.
On ne connoiftoit, il y a un demi-fiècle, que
l’attouchement même ou la continuité de la pré-
fence d’un aimant qui pût produire cet effet >
mais depuis quelque temps on a trouvé, le moyen
de rendre un morceau de fer magnétique fans
aimant , 8c même ces aimants artificiels font fuf-
ceptibleS; d’une force qu’ ont raremënt des aimants
naturels. On va détailler ces différens moyens
dans les expériences fuivantes.
Manière d3aimanter.
Ayez un aimant armé ou non armé 5 paffez un
des pieds de l’armure, ou un des pôles, fur une
lame de fer trempé j Comme une lame de couteau ,
mais en allant'"tou jours du même fens, du milieu,
par exemple, vers là jpointe : après un certain nombre
de pareilles friétions, la lame de fer fe trouvera
aimantée, 8c attirera comme l’aimant lui-
même le fer qui fe trouvera dans fa fphère d’activité.
La même chofe arrivera, fi on laiffe pendant
long-temps attaché à un aimant un petit morceau
d’acier allongé 5 ce morceau acquerra y par fon
féjour dans cette fituatfon, la propriété magnétique
5 il aura des pôles comme l’aimant 5 enforte
que le pôle boréal fera au bout qui étoit contigu
au pôle auftral de la pierre ; 8c au contraire, s’ il
fouchoit le pôle boréal par un bout, ce bout deviendra
pôle auftral.
Art de confiniire &■ d’aimanter les barreaux &
faifceaux néç'ejfaires pour communiquer la vertu
magnétique aux aimans artificiels.
Faites forger une douzaine de lames d’acier,
de huit pouces de longueur, fur fept à huit.lignes
de largeur, 8ç deux lignes d’épaiffeur , c’eft-à-
dire , qu elles foient environ du poids de quatre
onces chacune 3 dreffez-les fur leur longueur ,
& que leurs-deux extrémités foient limées bien
quarrément, faites les rougir au feu dans tout
leur entier, 8c trempéz-les fans qu’elles foient
abfolument trop dures (i,)î; l<*,
'( 1 ) Ces lames étant fujettes à fe courber en les
trempant , il eft cffenticl pour parer à cet inconvénient
de les plonger perpendiculairement-dans l’eau. Si
niaîgré dette précaution ouelq'ifurie venoit à fe courber,
il faudroit les redrefler après les avoir détrempées;
•& les retremper enfuitê de nouveau. Cette attention eft
néceflaire, arendu qu’ri eft.important que toutes ces
lames, dont on doit compofer .un faifeeau , foient
parfaitement jointes, les unes contre les autres.,Les-lmlts
d’Allemagne quand elles font, bien forgêcsû'éuflillcr.t
allez bien, quoique cependant elles ne foien-t pas de pur
'
acier-, mais d’un compofé defer & d’acier.que les- ou--
Ces lames ayant été bien trempees , il faudra
les dreffer de-nouveau en le s -paflant iur
la meule de grès., & on les ■ adoucira- eniulte
fur une meule beaucoup plus tendre.
Il faut avoir foin , avant de tremper ces lames,
de marquer, par un trait fait.a la lime , le cote
que l’on deftine à devenir le noi;d ; afin de n etre
pas fujet à fe tromper , lorfqu on les aimanteia,
ou qu’on les affembleracomme il va être explique.
• Cette première' opération étant fa ite , vous
prendrez vos douze lames & les joindrez enfemblë
avec deux anneaux ou cages de cuivre A 8c B
( Fig. I , pl. Amufemens de Ph'fique , -tom. VIII
des gravures ) 5 vous aurez foin de les feparér avec
une petite réglé de bois C , 8c d’en mettre nx
d’un côté & fix de l’autre , de maniéré que la
pofition de lèurspôles foit comme le défigne c’ette
figure; •
VoSr douze lames étant ainfi affemblées, 8c
bien étroitemënt.ferfées dans leur cage , drelfez-
les d,e nouveau toutes enfemble par leurs extrémités,
8c les poliffez fur une meule de bois
garnie d’ émeri ; marquez l’ordre dans lequel elles
font affemblées , afin de pouvoir les replacer de
la même manière Iorfqu’elles feront aimantées ,
attendu qu’il eft effentiel qu’elle s ne fe débordent
point les unes des autres par ces mêmes e x trémités.
V .
Faites auffi deux conta&s de fer doux D 8c E
de meme largeur que vos lames, qui puiffent les
couvrir toutes par leurs extrémités -, 8c donnez-
leur un demi-pouce d’épaiffeur 5 ces ' contacts
s’ attachent ■ fortement aux ’ lames aimantées, &
contribuent à leur conferver beaucoup plus long-
temsleur vertu. On peut, fi l’on veut, mettre
un crochet F à l’un ae ces contaéts, afin de - lui
faire fupporter un poids H , & alors il faut ajuf-
ter une anfe G à l’anneau fupérieur D , pour fuf-
pendfe le faifeeau , ce qui lui procure affez ordinairement
une plus grande force , pourvu qu’ on
ait attention , lorfqu’elle augmente , à le charger
d’un plus grand poids.
Retirez les anneaux A 8c B , 8c, placez fur
une table fix de vos lames en les difpofant comme
le defigne la fig. 2 , mêmè pl. é ; 8c obférvez
que le nord de l’une joigne toujours le fud de
celle qui la fuit ; prenez enfuite une pierre d’aimant
armée, 8c qui communique le plus qu’il fera
poffible la vertu magnétique;, ou fi vous avez
deux barreaux bien aimantes , formez-en un faifeeau
A en les féparant avec une petite règle de
bois, 8c difpofant leurs pôles comme l’indique
la figure première.
vriers appellent étoffe. Lorfque ces lames ont été for-
geev également & avec foin, elles font bien füjet-
tes a fc courber lors de la trempé.
Promenez cct aimant ou faifeeau À fur la
rangée des fix lames. B C D E F G -, en fui.vant
leur direction , 8c en obfervant que le côté dé>!
l’aimant ou faifeeau qui défigne le fud, doit paffer
le premier par l’extrémité de là première de vos
lames A qui défigne le même pôle.
Lorfque vous aurez promené ce faifeeau dix
à douze fois fur vos lames, en allant 8c venant..
alternativement, répétez cette même opération
fur leur autre face.
Prenez enfuite une de ces lames ,8 c e (Payez
à y fufpendre par fon extrémité uné des autres
lames j en les préfencant l’une à l’autre par leurs
pôles contraires* Si une de ces lames foulève
la deuxième 8c celle-ci une troifième, elles feront
fuffifamment 'aimantées : alors vous en ferez
un faifeeau, •& vous vous en fer virez pour aimanter
de même vos fix autres lames ; vous fui- _
: vrez enfuite le procédé qui fuit.
! Ces fix dernières lames auront plus de forcé
que les fix premières , c’eft pourquoi il fera à
propos d’en faire un faifeeau pour aimanter de
nouveau ces fix premières ; & n parmi ces douze
lames il s’en trouve quelqu'une qui ait moins
de force,, vous les aimanterez avez un faifeeau
que vous ferez alors de huit ou dix lames (1) ;
mais fi vous vous appercevez; qu’elles n’acquèrent
pas plus . de force , il eft inutile de chercher à
les aimanter davantage, attendu que céla provient
alors de la qualité dé l’acier, ou de fa
trempe.
Vos douze, lames feront aimantées dans toute
leur fo rc e , fi chacune. d’elles en peut foulever
quatre ou cinq autres: il arrive quelquefois ;qu’elles
en foulèvent davantage , mais peit-à-peu cette
; force diminue jufqu’à un certain point; pour l’éviter
, il en faut former - auffi-tôt un faifeeau ,
en les liant fortement avec leurs anneaux, & en
y appliquant leurs cont'aéls (2). '
Ce faifeeau de douze lames vous.fervira
pour aimantef lés cercles , fers a cheval,J,& autres
pièces d’ acier, tels que des barreaux de huit à
dix ,. 8ç même douze pouces de.longueur ; mais
; fi l’on, étoit curieux d’ aimanter de fort grands
barreaux ' de quinze à vingt poucès , i l ’faudroit
avoir alors un faifeeau compofé d’un bien plus
(r) Lorfqu’on fait un.faifceau , il faut toujours qu’il
y ait un nombre pair de’làmeS réparées par moitié avec
la petite règle de deux lignes d epaiffenr. '
(2.) Lorfqu’on forme un faifeeau, il^: fau t non - feuler
ment obferver que l’extrémité dés fix kvrqcs qui/font
placées d'un côté de là règle défignenf le-Nord, &
les fix autres qui font du même côté, mais il faut encore
les placer alternativement une à une . de. côté &
d'autre de cette règle ; c’eft au moins ce qui.eft.recom-
mandé par; ceux qui ont fait les expériences, les plus
recherchées fur la çonftruction de ces faifceaux,
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