
On peut faire paroître des caractères beaucoup
plus lumineux en fe fervant du phofphore. de
Kuncke! : prenez un petit bâton de ce phofphore ,
& écrivez fur un carton noir tels figures ou caractères
que vous voudrez 5 portez enfuite ce carton
dans un lieu fort obfcur.
Les caraCtères que Von a ainfi formés paroifTent
très-lumineux. Si cette expérience fe fait dans un
tems chaud 3 leur lumière fera plus vive & fe dif-
fipera plus promptement3 elle durera davantage
fi lè tems eit froid ou humide : fi on fouffle fur
ces caraCtères , on les fait difparoître, mais un
inftant après 3 ils reparoiffent d'eux mêmes : lorf-
qû'il femble que cestaraCtères vont ceffer de briller
j on peut les ranimer à plufieurs reprifes , en
les frottant légèrement avec la main : pendant
toute cette opération , on voit une fumee blanchâtre
& fort légère qui s'élève de tous les en-
.drsits où ces caraCtères ont été tracés.
Faire paroître en caractères lumineux le nom. d‘une
carte qu'une perfonne a choifie librement dans un
jeu.
Ayez un jeu de cartes difpofe comme il eft indiqué
au tour & à l'ordre des cartes à l'effet de les
nommer toutes 3 & après avoir donné à couper à
plufieurs perfonnes 3 étalez ce jeu fur la table,
dites à une perfonne d'y choifir librement & au
hazard , telle carte qu'elle voudra ; lorfqu'elle
aura pris cette carte, reprenez le jeu , & en le relevant
, partagez-le en deux à l'endroit où la carte
a été tirée , & mettez cel’e qui la préeédoit au-
deffous du jeu, renverfez le jeu , & fous prétexte
de faire voir que ce font bien toutes cartes différentes
, tenez le jeu de* manière qu'une perfonne
cachée dans un cabinet voifîn puiffe appercevoir
cette dernière carte, & connoître par eonféquent
celle qui a été tirée j donnez-lui le tems d’en
écrire le nom en grand caraCtère fur un carton
noir qui doit être placé vis-à-vis un trou communiquant
à ce cabinet, dites alors à cette perfonne
de regarder par ce trou, & qu'elle verra fa
carte. Sa furprife fera fort grande de l'appercevoir
écrite en caractères lumineux , particulièrement fi
la chambre eft bien obfcure , attendu qu'alors
elle n'apperceyra rien autre que ce qui aura été
ainfi écrit.
Inflammation extraordinaire.
Prenez une bouteille de verre fort , de la
contenance d'environ un poiffon , .verfez-y une
once de vitriol concentre, & jettez par-deffus
deux gros de limaille de fer.
Si , aufli-tôt qu'on a fait ce mélange , on
agite un peu la bouteille , & qu’ayaftt ôté fon
bouchon , on préfente une boùgie allumé à .l'ouverture
de cette bouteille qu'on doit à cet effet
un peu incliner , il fe formera aufli-tôt une
inflammation fubite accompagnée d'un bruit allez
confidérable. Pour faire cette expérience , fl
faut laiffer la bouteille bouchée pendant quelques
inftans, afin qu'il s'y amafie une plus grande quantité
de vapeurs. Si l'on craignoit que l'effet
fût trop violent , il faudroit envelopper la bouteille
d'un linge , pour éviter d'être blefle par
fes éclats , fi elle venoit à fe brifer par la force
de cette explofion. On peut même la pofer à
terre & enflammer les vapeurs qui en fortent
avec une petite bougie attachée au bout d'une
baguette.
Imitation des éclairs.
Ayez un tuyau de fer-blanc de la forme d'un
flambeau , ( fig. 3 , pl. z pièces d'artifice ) dont le
côté A qui doit être plus gros, foit percé de
plufieurs petits trous, & puiffe s'ouvrir 3 mettez
y de la poix-réfine réduite errpoudre.
Si on fecoue cette poudré fur la flamme d'un
flambeau allumé , il fe fera une inflammation
fubite , q u i, répandant une lumière confidérable
, imitera très-bien les éclairs Voyê[ F l am beaux
des FURIES.
Maniéré d'imiter au naturel lés feux d'artifice réels x
par la feule interpofition de la lumière & de
l ’ombre.
Pour parvenir à conftruire ces diverfes pièces
apparentes d'artifice, de manière que l'art puiffe
( autant qu'il eft poflible ) imiter (1) l'effet des
feux d'artifice réels, il eft plufieurs chofes très-
effentielles à rendre avec précifion.
Premièrement, la couleur dont les feux d'artifice
réels font fufceptibles.
Secondement, la forme & la figure de leurs jets
•de feu.
Troifièmement , leurs différens mouvemens
lents ou vifs , directs ou circulaires.
Maniéré d'imiter les différentes couleurs.
On peut réduire les différentes couleurs qu'of-;
frent aux yeux les feux d'artifice réels , à quatre
_ principales.
La première eft celle du feu de lance , qui
s'emploie dans les pièces d'illuminations & dans
quelques autres pièces, telles que les c o lo n n e s,
pyramides & globes tournans. Ce feu eft très-
• éclatant & légèrement bleuâtre. Les tranfparens
qui doivent déligner ces fortes d'objets, doivent
(i).Les imitations qui fe font en petit, peuvent s m?
férer dans des boîtes d'optique.
par con féq uèn t ê t r e c o lo r é s d ’ une f o ib le t e in t e d e
bleu (0 *
La d eu x ièm e , C e lle d e s je t s d e fe u b r i l l a n t ,
qui eft d 'un b la n c t r è s - v i f , & o ù l 'o n n 'em p lo ie
aucune c o u leu r .
La troifième , celles des jets de feu ordinaire
, qui font d'une couleur plus ou moins
jaunâtre (2).;
La quatrièmè , celle des jets de feu dont la
couleur tire fur le rouge, qui s'emploie affez ordinairement
dans les pièces d'artifice qui repréfen-
tent des cafcades (3).
U eft encore un feu de couleur bleuâtre affez
vive, qui s'emploie pour repréfenter en feu tran-
uille., des chiffres & emblèmes , ou autres
gures qui fe mettent au centre des foleils ou
autres pièces tournantes. -
La vivacité du feu repréfentée par ces différentes
couleurs, n'étant imitée ( comme on le
verra ci-après ) que par le moyen des rayons
de lumières , qui eelairent & s'a r rê tât fur dés
papiers mobiles. & tranfparens (4) y ainfi diverfe-
meat colorés, il eft indifpenfable de placer derrière
eux plufieurs. bougies allumées , également
efpacéês entr'elles, qui n'en foient pas trop proches
, fans quoi les objets qu'on veut repré-
fenter, ne feroient pas éclairés convenablement,
attendu que chaque lumière produiroit alors une
tache lûmineufe a l'endroit du papier qui en feroit
lè plus près (y).
Si, parmi les pièces qu’on fe propoferoit de
conftruire , il y avoit quelques parties qu'on
voulût faire paroître en tranfparent, & au travers
defq.uelles ’ on dût néanmoins découvrir de
l'artifice, il faudroit y employer du, papier plus
épais, & des couleurs plus v ive s, quoique transparentes,
afin que les parties qui imitent l'artifice
ne perdent rien d e . leur é c lat, attendu
que , dans.', ces fortes de pièce, ce font les om-.
bres artiftement oppofées aux lumières , ; qui pr-oin1'
lYwtw ** t-1- L c n c i ic u ic u u c n u i i c liq u id e
aftoihü avec une quantité fu’ffifahte d'eau Tfi on huile
papier dont on lè fert, il faut que ,cette teinte foit
beaucoup plus force.
(a) On applique à cet effet, fur le papier , une lé-
8-’re ceinte de jaune faite avec le fafraiv.
(3) Oh fe fert d’un peu de carmin délayé dans
• eau : toutes ces couleurs s’étendent fur le papier,avec;
une petite éponge , lorfqu’on a de grandes places à
remplir. ‘ *•
.(4) Il Faut fe ferv ir d’un papier que l’on nomme -Papier
de.foie ou de. Serpente.'‘
(f) On peut fe fervir de plufieurs petits réverbères
qui produiront une lumière beaucoup plus égale.
d u ife n t le s e ffe t s a g r é a b le s q u ’ o n d o i t e n at*
ttendré.
Manière d'imiter la figure des pièces d'artifice.
Pour imiter les jets de feu ordinaire , on les
découpera fur du papier très-fort , noirci des
deux côtes (6 ), afin qu'il foit très-opaque : ces
découpures doivent être fuivant la forme qui
eft defignee par les figures cinquième & fixie-
me , planche 2 , pièces d’artifice j c'eft-à-dire ,
qu'on découpera avec un canif, & au bas de
chaque je t , trois ou cinq ouvertures B , très-
étroites , de la moitié environ de la longueur
dpnt on'voudra'faire le j e t , & allant un peu
en pointe vers chacune de leurs extrémités 5 011
y ajoutera enfuite, avec de petits emporte-pièces,
des trous un peu oblpngs & de différentes grandeurs
, qu'on piquera (7) fans affeCter aucune
égalité entr’euX , en obfervant néanmoins que
ceux qui font les plus éloignés des points A ,
d'où font fuppofés partir les jets de fe u , doivent
être plus efpacés entr’ eux , attendu que dans
les feux, d’attifice naturels , les étinceles les
plus .éloignées de l'endroit d’où fort le feu-,,
font plus écartées & moins garnies. Une autre
attention qu'il faut avoir •, c'eft que tous ce s
petits trous foient dirigés vers les points A ,
c'eft-â-dire , vers lé centre commun d’où doit
sJélancer le feu : le tout enfin comme il eft fuf-
fifamment défigné par les figures quatrième &
cinquième , ou les parties gravées font celles qu'on
doit découper & laiffer à jour.
Pour imiter les jets de feu brillans 3 on découpera
de même à chaque j e t , trois ou cinq ouvertures
mais au lieu d'y ajouter des trous
longs & étroits , comme aux jets de feu ordinaire
ci-deffus (8) , on fe fervira de plufieurs
petits empçrte-pièces formant des traits courbés
én différens fèns , dont quelques-uns doivent
avoir à leurs extrémités de petites étoiles : on
ôbfervèra qu'à ces fortes de jets , il n’eft pas
néçeffàire d'aligner ces trous ainfi découpes,
de manière qu'ils tendent bien exactement aux
points À : voyez la figure de ces je ts , figures 7 &:
8. même planche.
„.Pour, imiter les jets d’artifice qui forment des
çafcadeS;, on découpera les premières ouvertures
j (6) On peut , au lieu de le noircir, lui donner une
1 couleur bleuê très-foncée, ce qui fera valoir davantage
celle qu'on doit appercevoir au travers des parties de
' ce papier qui feront découpées.
%) On pique & découpe ces trous avec de petits
emporte-pjjèces d’acier., & on pofe fur une plaque de
plomb épaîftè;& unie , le papier qu’on veut découper.
(8) On nomme ordinairement cette forte d'artifice,
feu chinois.