
102 A R C
donner une autre qui n’aura pas cet inconvénient
fi c'en eft un. On n 'y emploiera que de la pierre
combinée avec de la pierre.
Pour l'expliquer , que A 8c B repréfentent deux
vouffoirs contigus de la première afiife , 8c Ç le
voufloir renverfé de l'affile fupérieure , qui doit
recouvrir le joint ( fig. 8. «GS i & i . p i. i d‘Architecture.
) . Chacun des deux premiers vouffoirs
étant divifé en deux, au milieu de chaque moitié
foit creufée une cavité hémifphérique d’un demi-
pied de diamètre j prenez enluite , avec beaucoup
d'exactitude , la diftance des centres de
ces cavités a & qui font fur deux voulïoirs contigus
j & par ce moyen creufez deux cavités fem-
blables fur le lit inférieur du vouffoir qui doit
être placé en liaifon fur les précédens. On remr
plira enfuite les. cavités a & c de deux globes de
marbre très-dur , Scl'on placera le voufloir Supérieur
de telle forte que ces deux. boules s'emboîtent
exactement dans les cavités de fon lit inférieur.
Cette opération étant exécutée avec pré-
cilion 8c dans tout le-pourtour de la première 3
féconde & trôifième affife :, il eft aifé. de fentir
que tous ces vouffoirs feront enfemble un corps
unique .& inébranlable5. 8c dont les parties''ne
fauroient être-écartées, les unes des autres > car les
deux voufloirs A & B . ne: peuvent s’écarter l'un
de l'autre Tans hiifer ou les; globes de marbre
qui les lient avec le . vouffoir fupérieur, ou fans '
brifer ce vouffoir fupérieur par la moitié. Mais , :
en fuppofant même cet effet, qui ne peut s'opérer
fans une force difficile à imaginer , du moins fort !
fupérieure à celle de l’a&ion de la. voûte , les ;
deux moitiés du vouffoirrompu étant entretenues :
elles - mêmes d'une mariière femblable par les
vouffoirs fupérieurs, il ne fauroit en réfulter
aucun mouvement d'écartement entr'elles ; ainfi
donc les trois affiles de'notre voûte ne formeront
équivalemment qu'une feule p ièce, 8c il
rfy aura aucune poûffée. Il fuffira que la bafe
de cette voûte ait .l'épaifleur fuffifante pour ne
pas être écrafée par fon poids abfolu ; & pour
cela il ne faut qu'une, épaifleur fort médiocre en
bons matériaux. -
A in fi, nous croyons avoir démontré par deux
moyens , qu'on pourroit faire une voûte hémifphérique
n'ayant aucune pouffée fur fes fupports ;
par conféquent , en fuppofant même que l’archi-
teéie de Sainte-Genevieve eût adopté la forme
des dômes de Fontana , 8c qu’il commençât à
élever, fur fes pendentifs une tour d'environ z6
pieds d’élévation, pour la couronner par une coupole
hémifphérique , ou un peu furhauffée, il n'y
auroit pas d'impoflibilité à conftruire folidement
çette coupole.
années , que ce fer fera confommé par la rouille , &
alors l’édifice ou s'écroulera , ou fouffrira beaucoup.
L'ufàgè dil fer eft donc vicieux dans -ce cas.
A R c
P R O B L £ M E I
Comment on pourroit diminuer confidérabletnent 1$
pouffée des voûtes.
Les architectes 3 à ce qu’il me femblé, n’ont
pas allez réfléchi fur les reflotirçes que la méchani-
que préfente pour diminuer, en bien des occa*
fions, la pquliée des voûtes. Nous allons donc’
préfenter ici quelques vues fur c e fujet.' •
Lorfqu on analyfe la manière dont une. voûte
tend a renverfer fes pieds-droits , on remarque
que la voûte fe divife néceflairèment quelque part
dans fes reins , 8c que la partie fupérieure agit eu
forme de coin fut le reftant de la voûté & le
pied-droit, qui font cetifés faire un feul corps.
Cette confideration faggère donc que , pour diminuer^
la pouffée de la voûte 3 ou augmenter h
Habilité du pied-droit, il faut charger la .naiffance j
des reins3 8c diminuer confidérablement Tépaiffeur j
des vouffoirs voifins de la cle f j faire enfin- que j
la voûte , au lieu -d’ avoir une épaifleur uniforme
dans toute fon étendue , foit fort épaifle à fa
naiffance , 8c n’ait à fa c le f que l’épaiffeur né-
ceffaire poiir réfifter à la preffion des reins. Il eft
aifé .de Tentir que , rejettànt de cette- manière une I
partie de la force qui .agit pour renverfer, fur celle
qui réfifte au renverfement, celle-ci gagnera
beaucoup davantage fur l’autre.
C eft fur-tout dans les ‘voûter-en dôme que
cette confideration pourroit avoir lieu ; & non-
feulement on pourroit y employer- ce moyen ,'
mais encore l’hétérogénéité des matériaux; Mettons
nous pour cela à la place !de l’archîteâe de
Sainte-Geneviève, 8c fuppofons qu'il fût nécefiité
à 'conftruirë1 fon dôme, en commençant à élever j
uns tour ronde de-: -3 6 pieds de hauteur, pour la
couronner enfuite par urté voûté, que nous fup- I
poferons hémifphérique i quoiqu’on lui accorde
qu'elle doit être un peu furhauffée , afin de pa-
roïtre hémifphérique , étant vue d'une diftance
modérée; On a trouvé qu’en donnant un pied & I
demi d’ épaiffeur uniforme à- cette voûte, la tour I
devroit avoir 4 pieds 8c demi d'épaiffeur' à* toute I
rigueur > ce q u i, joint à quelques empatemens I
néceffairès pour la folidits, excède la largeur I
des bafes. qu’on peut lui donner dans une partie I
de fon circuit. Mais, d’après les confédérations I
ci-deffus, qui eft-ce qui empêcheroit de faire I
cette tour & les premières affifes, jufques vers le I
milieu des reins de la voûte., d’une naatilrf I
beaucoup plus.lourde que le reftant de cette I
voûte ? Car on connoît des pierres comme les I
marbres durs- & grofliers qui pèlent jufqu’à 250 I
livres le pied cube , tandis que le Saïnt-Leu des I
environs de Paris ne pèfe que 142 liv re s , 8c h j
brique êiicdre moins. Au lieu de faire- là voûte [
d’une épaifleur uniforme d'un pied & demi, I
qui empêcheroit de. la faire de trois pieds à fl I
naiffance j 8c de ne lui dbnuer que. 8- pouces I
A R C
♦ ers le fommet ? O r / e n faifant les 'feppofitions
fiiivantes , Avoir y que la tour & les premières
affifes' de É voûte , jufcjùe vers le milieu des
reins, fuflent de pierre dure des environs de
Paris , qui pèfe.170 livres le pied cube , oc le
furplus en brique, qui n’en pèfe que 130 } que la
voûte eût à fa naiffance, jufque vers 4e milieu ,
2 pieds 8c demi-d'épaiffeur, 8c 8 pou'c. dë-là vers
•le fomnïet, j’ai trouvé qiie la tour enqueffibn n,e
-dèvroit avoir que 1. pied8 p. & démi: d'éÿaiffeur
pourêtrë en équilibre avec la poufléè de là voûte!
Si donc on donnoit à cette'tour 3 pieds d’ é-
prfiffeur (Ton ne difcbnvient pas qu’on ne puiffe
fui donner jufqu’à 3 pieds'51 pouces au droit des
|léfs des archivoltes. il eft évident , pour
THomme le plus tîmidè , qTellë fera .plus que
fuffifamment hors de toute atteinte; de là part de
la poufl^e ; & elle le fer oit. encore plus, fi, on
lûî donnoit d’abord 3 pi’éds & demi d’épaiffeur,
fufqu'à une cêrt'aine^ hauteur , par exemple de |
piëds(y '8c de-la 3 pièds ou 2 pieds 9' pouces, juf-
qu’à la naiflàncè dé la ypûte 5 car bn'. renforce un
pièd-droit, en rejetant fur fa partie inférieure
uhe portion ; 'dé fôn épaifleur, au lieu de lui
donner la même dans toute fa hauteur, puifqu'bn
eféigne lé point fur lequel il doit tourner pour
être renv'érfé. 1
v- Mais en voilà affez fur: cet ob je t, que nous ne
traitons ici qu'incidèmmént.
P R p b l i m e V .
Deux particuliers voifins ont chacun un emplacement
mjÿfeï. reJfërré , ou i ls Veulent bâtir. Mais , pour fe
Æ mcnager de la place ; ils conviennent de confiruire
W. f 71 efcalier qui puiffe fervir aux deux- maifons ,
.:!7 & qu i l fo it tel que leurs habitans n aient - rien
■ T de commun entreux que Ventrée & le Vefiibule.
m ^Comment tsy. prendra Varckiteéle a qui ils expofent
’. dette idée ?
p Ceproblêmé peut s’exécuter de cette manière,
dont il y a quelques exemples.! ‘ '
R-,Soit (fig. 9. hP. 1 .p i. 1. d'Architecture.') la cage
de l’efcalier, dont là mefure eft telle qu'o.n
puiffe, fans donner à la rampe trop de rbideur,
Jpionter en une révolution ou un peu moins,
du rez-de-chauffée au premier étage, Dans un
Çeftibule commun A , dans lequel on entrera
par une porte commune P vous- établirez en
a droite, la naiffance de la rampe deftinee à
la^maifon droite , & vous-la-ferez-circuler de
droite à gauche jufqu'à un palier, que vous aurez
40m de- ménager au-deffus du palier B j vous la
A R C 10^
pourrez ainfi continuer jufqu'au fécond, troifièmé
etage, &c.
La naiffance de l'autre efcalier fera établie du
côté diamétralement oppofé ^en C , .& circulera
dans le même feus pour arriver , apres une révolution:,
à un palier qui donnera entrée- dans le
premier étage de la maifon fife à gauche 5 en-,
forte que , fi la cage intérieure eft à jo u r , comme
il eft aifé de le pratiquer , les perfonnes qui
monteront ou defcendront par un de ces efcaliers ,
pourront appercevoir. celles qui feront fur l'autre,
fans avoir aucune, autre communication que • le
veftibule commun A j 8c la porte d’entrée. On
Voit la coupe d e 1 ce double efcalier dans la fig.
9. 72°. 2. p l. I. d‘Architecture.
Il y a au château royal dé Chambord un efcalier
Jà-peu-près ' dé cette forme , qui fért à tout le
château. Car cet édifice étant formé de quatre
grands vèftibulës . ou fallbns immenfes , oppofés
les uns aux autres comme les branches d’ une croix
grecque. , & dans îefqucds débouchent tous les
appàrtemens , Serlio, Ton architecte , a placé
Tefcalier . au centre de cette croix ; & , au
moyen ' dé la. doublé rariape , ceux qui font entrés
par lé veftibule du midi au rez-de-chauffée ,
8c qui enfilent l’efcaiier qu’ ils ont devant eux ,
arrivent, après une révolution , au veftibule
ou fallon méridional du premier étage ; 8c au
contraire. ||
. Mais quoique cet efcalier foit ingénieux dans
fa forme , Serlio n’ a pas fçu éviter de . grands
défauts , ' quoique cela fût bien facile. -1°. L’entrée
de l’efcalier , au lieu de fe préfenter directement
en face du milieu de chaque fallon, eft
un peu de côté. i Q\ Il n’ y a point de palier ménagé,
à chaque,étage, au-devant de la porte qui
donne entrée dans cet'étage. 3P. Enfin la cage
intérieure, qui auroit pu être légère 8c prefqu’en-
tièrement à jou r , n’ eft percée que d’un petit
nombre d’ouvertures.
On pourroit, fi l’emplacement le comportoit,
eonftruire par un femblable artifice, un efcalier
à quatre rampes féparëes les unes des autres, pour
monter à quatre appartenons d-fférens. rTel eft
celui dont on voit le deflin dans le fa l lu dio, 8c
qu’on y lit .avoir été pratiqué à Chambord. Sans
doute , celui de Serlio eût été >ien, plus beau ,
s’ il'eût été tel /attendu les quatre galeries dans
lefquelles on avoit à déboucher 5 mais nous pou-
yons. affurer-qiie Tefcaiier de Chambord n’eft
qu’à deux rampes, 8c-comme on l’a. décrit plus
haut.':
Il y a d’autres efcaliers remarquables par une
autre particularité , favdir, la hardieffe de leur
cpnftruétion. Tels font .ces. efcaliers à vis , dont