
Î>eut tirer le fil fans faire monter la carte 8r
e crochet , parce que le fil coule fur le bord
émoufle de la cuiller , avec prefque aufli peu
de frottement , que s’il y avoit une petite
poulie.
Si l’on veut placer lès cartes dans la cuiller ,
avec allez de promptitude pour que le fpeôta-
teur n’apperçoive aucun p r é p a r a t i f i l ne faut
pas y mettre celles qu’on a montrées d’abord à
la compagnie : il faut, au contraire , les laifler
adroitement fur la table, pour y prendre un fécond
je u , dans lequel, la carte choifîe , le fil
& le crochet ont été arrangés d’avance.
Nota. On peut faire fauter fucceflivement plu-
fieurs cartes, pourvu qu’il y ait plufieurs petits
crochets attachés au même fil , a une certaine
diftance l’un de l’ autre. (Decremps).
Moyen facile & nouveau de faire un jo li tour ■ de
cartes.
Un faifeur de tours pretendoit deviner les
cartes par un moyen nouveau j quand on avoit
mêlé le jeu , il devinoit toujours la carte de
deflous en regardant celle de de {fus. Pour cela,
il aveit caché un miroir aufli petit qu’une pièce
de vingt-quatre fols parmi les plis d’ un crêpe
noir dans une corne de fon chapeau qu’ il tenoit
négligemment fur la table, & tandis qu’en montrant
aux fpeélateurs la carte de deflous, il fai-
ïoit femblant de regarder le deflus du jeu , il
voyoit dans le miroir l’image de la carte.
Nota. Que le miroir doit être un peu convexe
pour qu’on y voie la carte en miniature
& fans aucun tâtonnement (car un miroir plan
qui feroit aufli petit, ne pourroic réfléchir au une
partie d e f i | âge5 & de plus, l’on feroitr obligé,
pour trouver le vrai point de vu e , de chercher
a tout inflant la vraie pofition des y eu x , des
cartes ou du miroir).
Quelqu’ un s’étant apperçu de fa fùpercherie,
lui en fit le reproche; mais il ôta promptement
le chapeau de deflus la table, pour ne pas donner
le tems à la compagnie de voir le miroir ; cependant,
pour faire croire que le miroir étoit
inutile, il continua de deviner toutes les cartes,
après-qu’ on les eût mêlées de nouveau , avec
cette différence feulement, que, dans ce dernier
cas , il devinoit fucceflivement celles de
deflus5 ceci n’étoitpas bien difficile,car, s’ étant
emparé fecrettement de quatre cartes à lui con- ,
nues, & les ayant cachées dans fa main, tandis
qu’on mêloit le refte du je u , il les pofa lef- j
tement fur le je u , en le prenant un inflant pour
le changer de place; par ce moyen, il devina
ênfuite bien facilement les trois premières , quo'-
oue le jeu fût couvert d’une ferviette ; & , pour
faire voir qu’ il avoit un moyen merveilleux ,
quoique phyfique, i] lorgnoit avec u#e lunette.
On crut d’abord ( & c’étoit avec raifon Y que
la lunette ne fervoit de rien 5 mais on fut bien
'étonné, quand il dit que chacun pourroit voir
la quatrième carte en fe fervant de cette même
lunette j je vis effeéfcivement, avec cet inftru-
ment, un roi de carreau qui fe trouva la quatrième
carte; mais on avoit mis un petit roi de
carreau au fond de la lunette pour faire croire
q u e , avec cet infiniment, on pouvoit voir ce
qui étoit caché fous la ferviette.
(Decremps).
Les cartes devinées les yeux bandés.
On fait tirer fur le théâtre un paquet de cartes,
par quelqu’ un.des premières loges ; une femme
vient dans ce moment à l’amphithéâtre , fe fait
bander les yeux pour n’ appercèvoir aucun ligne,
& nomme toutes les cartes qu’on - vient de tirer
fans fe tromper en'aucune manière fur leur valeur,
leur couleur ou leur nombre,
Explication.
Les cartes font arrangées comme on Ta dit',
au tour du grand fultan 5. âufli-tôt que le faifeur
de tour en a fait tirer un paquet, il faut faire
fauter la coupe , pour faire paflér fous lé jeu
celle qui étoit immédiatement fur les cartes choi-
fies; l’ayant regardée d’un clin-d’oeil,.il en avertit
fa femme dans l’inftant même qu’il promet de
prendre des ‘précautions pour ne lui rien faire
connoître : il dit qu’il ne parlera pas du tout,
tandis que fa femme nommera les cartes , & que
la perfonne qui les tien t, doit fe contenter de
les montrer a la compagnie , fans ajouter que
c’ eft une telle carte x ou une telle autre. C ’eft dans
cette dernière phrafe qu’il nomme adroitement
la carte qui eft deflous ; là femme qui l’entend,
& qui fait aufli par coeur l’arrangement du jeu,
nomme les cartes qui font à la fuite ;. c’eft-à-
, dire, par exemple, que fi on lui fait entendre que
la quinzième eft deflous, elle nomme la feizieme,
la aix-feptième, & c . Aufli-tôt qu’elle a nommé
tout le paquet de cartes, le mari q ui, pendant
ce tems-là, n’avoit rien d it, rompt le filence,
& prie la perfonne qui les avoit choifîes, de
demander quelles font les autres qui reftent à
nommer ; la femme eft avertie par cette question
, qu’il ne refte plus rien, & répond qu’il
n’y en a plus.
Nota. Aufli-tôt que le fpe&ateur a tiré le paquet
de cartes, il faut le prier de les bien mêler;
fans cette précaution, il s’appercevroit qu’ on les
lui demande dans le même ordre où elles fe
trouvent, & il conclijroit, avec raifon, que cet
arrangement fert à les faire connoître.
(Decremps)*
Voici des tours à-peu-près femblableS âvec
Quelque différence dans l’exécution.
Cartes devinées par intelligence.
fl y a nombre de tours furprenants au premier
coup-d’oe il , & qui paroiflent incroyables.
On reviendroit bien de fon étonnement, fi l’on
favoit qu’il y a dans la compagnie quelqu’ un
d’intelligence avec l’opérateur, <k ces récréations-
paroitroient bien infipides. Atifli n’en parlons-
5qus que pour guérir certaines gens de cette
facile crédulité qui, fans fe donner la peine de
réfléchir, aiment mieux croire à des prodiges',
à des fortileges, à des Opérations magiques, à
des effets furnaturels.
Par exemple, un opérateur dit qu’ il fera trouver
dans fa poche la carte d’un jeu penfé par quelqu’un
dé la compagnie ; rien fans doute de plus
merveilleux: écoutez fon fecret, & le prodige
s’évanouira. Il y a une perfonne de la compagnie,
avec qui il s’entend : il l’a prévénu d’avance
qu’il avoit retiré du jeu la dame de coe u r ,
par exemple , & qu’il l ’a voit mifé dans fa poche.
Il donne ce même jeu à cette perfonne,
& lui dit de penfer & de regarder une carte ,
& de remettre le jeu fur la table ; puis il demande
tout haut quelle eft la carte penfée ; la
perfonne.lui répond, ainfî qu’ il a été fecrettement
convenu , que c’èft la dame de coeur :
l’opérateur lui dit de bien regarder fi elle ne
fe trompe pas, & fi la carte eft bien dans le
jeu; elle afllire qu’oui, alors notre forcier , fans
toucher le jeu, lui d it , elle ny eft plus 3 la voila
dans ma poche, voyeç f i elle eft dans le jeu , & le
confident du forcier fait voir qu’elle n’y eft effectivement
plus.
Ce même confident fert à faire deviner une
carte qu’ une perfonne a feulement touchée dans
un jeu.- L’operateur convient avec lui qu’il fe
placera à côté de la perfonne à laquelle on fera
toucher la carte ; & qu’il défignera par quelques
lignes la carte touchée, par èxemple, en touchant
le premier bouton de fon h ab it, cela lignifiera
que c’ eft l’as, qu’en touchant le fécond,
. cela défignera le roi, &c. qu’en prenant fon mouchoir,
cela défignera que.la carte touchée eft
en carreau, prenant du tabac,en trefle, & c . Cette
convention faite d’avance, l’opérateur préfente
le jeu, dit à une perfonne de l ’ouvrir de toucher
une carte, & de rendre le' je u , puis faisant
attention au lignai, il nomme à la perfonne
.a c«te touchée.
C eft de la même manière qu’il fait trouver
ans_un des oeufs par lui apportés , la carte
chôme comme nous l’avons dit en parlant des
toitts faits avec la carte longue.
Cartes changeantes.
On voit quelquefois, dans lés mains des fai*
feurs de tours, la même carte fe changer en
une' autre. Us ont différents moyens pour exe- ■
cuter cette récréation qui confifte dans une grande
fubtilité.
J i ° . Il faut avoir dans le jeu une carte qui.
foit double ; par exemple, un roi de pique que,
l’on place deflous le jeu : on met au-aeüous de
ce roi une car^te quelconque , comme un fept
de coe u r , &.dèflus le jeu le fécond roi de pique
; on mêle le jeu fans déranger ces . trois
cartes; &: montrant le deflous du jeu., on fait
voir à une perfonne le fept de coeur ; on le.
retire avec le doigt qu’on a eu foin de mouiller,.
& feignant alors d’ôter ce fept de coeur, on ôte
le roi de pique, & le pofant fur table, on dit
a cette meme perfonne de le couvrir avec fa
main, ce prétendu fept de coeur; on mêle une,
fécondé fois le je u , fans déranger la première,
& dernière carte , & ayant fait pafler fous le
jeu le fécond roi de pique , on le montre à une
autre perfonne , en lui demandant quelle eft cette*
carte : on la retire avec le d o ig t, & on ote
le fept de coeur qu’on lui fait couvrir. On commande
au fept de coeur, qu’on croit être fous
la main de la première perfonne, de pafler fous
celle de la fécondé, & réciproquement au roi
de pique, qui paroit avoir été mis fous la main
de la fécondé perfonne , de pafler fous celle
de la première ; on fait lever, les mains & remarquer
que le changement s’ eft fait. Les deux
cartes femblables, & l’attention qu’on a de faire
remarquer à la fécondé perfonne le roi de pip
e, font paroître cette récréation aflez extraor-
inaire.
20. L’on prend deux as , l’un de pique, &
l ’autre de coeur. On applique fur celui de pique
un point de-coeur, que l’on colle avec du favon
(ce point doit être découpé le plus mincè qu’ il
eft poflible : & on fe fert a cet effet d’une carte
dédoublée) & pareillement fur l’as de coeur un
point de pique : on fait voir ces deux as , &
prenant l’as de pique , on dit à une perfonne de
la compagnie de mettre le pied deflus, & en
le pofant à terre, on retire le point de pique
collé qui couvre l’as de coeur ; on met pareillement
la carte de l ’as de coeur fous le pied d’une
autre perfonne , en retirant le point de coeur
collé. On propofe enfuite de faire pafler l’as
de pique à la place de l’as de coeur , & celui
de coeur à la place de l ’as de pique, & effectivement
lorfqu’ on retire les carte s, elles pa-
roiffent changées.
C ’eft^ de la même manière qu’ on s’y prend
pour faire changer le trois de pique en as de
pique & en as de coeur. On prépare à cet effet