
Cela fuppofé , que le petit réfervoir Toit à moitié
rempli d'eau 3 elle coulera par l ’ajutage E ;
qu'en fuite on en verfe dans la coupe fupérieure i
cette eau tombera dans le réfervoir latéral H C ,
& elle bouchera l'orifice K du tuyau HL C e t orifice
étant bouché 3 l'air contenu au deffus de
l'eau du réfervoir intérieur 3 ne pourra plus fe
dilater 5 l'eau coulante par E tombera d'abord
plus lentement, & enfin s’arrêtera. Mais fi à l’angle
F on ménage un petit écoulement à l'eau
tombée Mans le réfervoir HC , lorfque cette eau
fera écoulée , l'écoulement par E recommencera.
. Si l'on verfoit fans cefife de l'eau dans la, coupe
HB 3 & que fon écoulement par F fût caché , on
pourroit etre fort étonné de cette machine , qui
né couleroit que quand il paroîtroit qu'on n'y
met plus d'eau.
On pourrait donner, à cette machine la figure
<l'un rocher 3 du pied duquel fortiroit une fontaine
; lé deffus pourroit répréfenter une prairie
a une. forêt & c . Lorfqu'on verferoit de l ’eau
avec un àrofoir , pour reprefènter la pluie 3
on verroit la petite fontaine s'arrêter & s'arrêter
auffi long-temps qu'on y verferoit de nouvelle eau.
D u porte-voix & du cornet acoujlique j leur explication :
le jeu de la tête enchantée.
Tout comme on aide la vue par les lunettes d'approche
&■ par les microfcopes , de même -on
a imaginé d’aider l'ouïe par des inftruments analogues.
L'un j appelé le porte-voix , Tert à fe faire
entendre de fort loin 3 & l'autre 3 appelé cornet
acoujiique , à groflir pour l'oreille les plus petits
fons.
Le chevalier Morlanr eft 3 parmi les modernes 3
celui qui s'eft le plus occupé à perfectionner ce
moyen d'augmenter les fons. Il publia en 168..
un traité intitulé , de Tuba Stentorqphonicâ 3 nom
qui fait àllufion à la voix de Stentor , fi _ célèbre
parmi les Grecs par fa force extraordinaire.
C e que nous allons dire ici efi: en partie extrait :de
ce t ouvrage curieux.
Les anciens connurent le porte-voix , car on
<âît qu'Alexandre avoir un cornet avec lequel îl
«donnoit des ordres à fon armée , quelque nom-
breufe qu'elle fût. Kircher , d'après quelques:
paffages d'un manufcrit du Vatican 3 fixe le : diamètre
du pavillon à 7 .pieds & demi- Quelle étoit
fa longueur ? il n'en dit rien j il ajoute feulement
qu'il fe- faifoit entendre, àjôoTtades', oii
y de nos lieues. Il y a fans -doute dê l'eiagé-'
ration. Un inftrument avec lèquél on* pourroit fe'
faire entendre de Verfailles à Paris 3 fer oit ùn inf-
crument fort curieux.
Quoi qu'il en foit , le porte-voix j autçejïieaî.
trompette parlante 3 ou Jhntorophonique s n’eft
autre chofe qu'un long tuyau , qui d'un côté
n'a que la largeur néceffaire pour y appliquer la
b o u c h e q u i va de-là en s evafant jufqu'à l'autre
extrémité en forme de pavillon, pl'ouverture
du petit bout doit être égale à celle de la bouche
d’un homme , & un peu applatie , pour
mieux fe conformer à la figure de cet organe j
deux petits appendices latéraux fervent à ; embraser
les jones..( Voye£ la fig fj 3 pj. j , Âmu-«■
femens de «Phyjique '
v Le chevalier de Morlànd dit avoir fait faire de
ces trompettes, parlantes de plufieurs grandeurs ;
fçavoir 3 uiîéTongue de 4 pieds & demi , par laquelle
on fe faifoit entendre à 500 pas géométriques
3 une autre , de 16 pieds 8 pouces , fe
faifoit entendre à 1800 pas > unetroifième enfin „•
de 24 pieds . qui portoit le fon à plus de 2joo
pas.
Nous ne dirons pas comme M. Ozanam 3 pour
expliquer cet effet, que les tuyaux fervent-généralement
à renforcer l’aélivité des caufes natu-
„ relies > que plus ils font longs , plus cette énergie
eft augmentée j & c . car ce n'eft pas là parler
en phyficien 5 c’eft prendre l'effet pour la caufe. Il
faut raifônner avec plus de précifion.
L'air eft un fluide élaftique , & tout fon qui
y eft produit fe répand circulairement & fphéri-
uement à l'entour du lieu où il eft produit. Si
onc l'on parle à l'extrémité d’un long tuyau 3
■ tout le mouvement qui feToit communiqué à une
fphère par exemple de 4 pieds de rayon 3
eft communiqué à un cylindre ou plutôt un cône
*d'air , dont là bafe eft le. pavillon. Si c e ’cône
eft 3. par exemple , la iooè partie de la fphère
- entière de même, rayon l c'eft à peu près comme
fi l'on.avoir parlé iqo fois aufli fort dans unair libre
: on doit donc entendre à une diftance 100 fois
auffi grande. .
Le cornet ,acoüftique , inftrument fi utile pour
les fourds , eft à-peu-prèsTinverfe du porte-voix,
il raftémble“ dans le conduit auditif toute la quan-
■ tité de fon contenue dans fon pavillon , bu il
augmente le fon qui eft produit à fon -extrémité , -
dans un rapport qui ëft à-peu-près le même que
celui de cette extrémité au pavillon. Si , par
exemple , le pa-villon a 6 pouces de diamètre ,- &
d'ouverture'qu'on applique à l’oreille 6/lignes , ce
qui donne en furface le rapport de 1 a. 144 , le
Fon-fera augmenté 144 fois ou à^pêiï-près 5 car je
jne'crois pas que^ce-f apport fuive préçifément l'in-
Verfe des- étendues. Il faut conveifir que fuir cela
.l’acouftiqae n'eft pas encore auffi avancée que
l'optique.
L'expérience a appris * & c'eft un fait , quelle
q u en foit la ïaifon.» que le fon renfermé ' dans un
tube fe propage à une1 diftance incomparable- j
ment plus grande que dans l’ air libre; Le P. Kir-
ker rapporte quelque part, que'les ouvriers qui
travaillent dans les fouterrains des acqueducs de
Rome 3 s'entendent à la diftance de plufieurs
milles.
; •
Si l'on parle , même fort bas, à:l'extrémité .
d ’un tuyau de quelques pouces de diamètre, celui
ui aura l'oreille à l ’autre extrémité, entendra
iftinétement ce qu'on aura d it , quel que foit le
nombre de circonvolutions de ce tuyau.
La têté enchantée.
Gette obfervation eft le principe d'une machine
qui furprerid beaucoup les gens médiocrement inf-
truits. On place une figure en bufte fur une table >
mais de l'une de fes oreilles, ou de chacune , on
conduit à travers'l'épaifteur de la table & un de
fes pieds , un tuyau qui perce le plancher' , & va
aboutir dans l’appartement inférieur, ou latéral'
Un autre tuyau part de la bouche , & va aboutir
par un chemin femblable dans le même appartement.
On dit à quelqu’un de faire à cette figure
©ne queftion en lui parlant bas à l’oreille 3. la per-
fonne qui eft "de concert avec celle qui montre
la .machine , ayant fon oreille appliquée à l'extrémité
du même tuyau , -entend fort bien, ce
qu'-on a dit elle fait alors à l'embouchure de
F autre tuyau , un réponfe qu’entend à fon tour
Fauteur de la queftion. Enfin ^ fi par quelque
moyen mécanique on a donné en même-temps un
mouvement, aux levres de la maçhine, les ignorants
font extrêmement fu-rpris, & tentés de cfoire
à la magie. Il n'y en a pourtant aucune , ainfi
^u'-on le'Voit.
Dans le jeu du Ricochet, quelle ejl la caufe qui fa it
remonter la pierre au-dejfus' de la furface de Veau ,
. apres y avoir plongé ?
Rien n'eft plus connu & plus commun que le
jeu appelé Ricochet, puifqu'il ëft peu de jeunes
gens qui , fe trouvant fur le bord d’une eau ùn
,peu étendue , ne s'âmufënt à ce petit jeu. Mais la
caufe dé -ce rebondiftement de la pierre , après
avoir touché la ftirface.: de l'eau, n'en a pas moins
quelque chofe qui ne Te .préfente pas d'abord à :
l'efprit 5 & même , le dirons-nous ? il y a des-
phyficiens qui s'y font mépris , en attribuant cet
»effet à l'élafticité de l’eau. Comme l'eaii n'a aucune
élafticite , il eft évident que leur explication'eft
vicieufe.
C è reboodifiement tient néanmoins à une caufe
qui approche^ affez de.l'élafticité. C'eft l'effort,que ,
font les colonnes d’eau , enfoncées par le choc ,
>pour fé relever & reprendre leur place par .une: i
Tuîte <de V équilibre qui -doit" régner entr'elles fté ;
les voifines. Mais éntrons dans une analyfe un peu
plus approfondie de ce. qui fe pafle en cette oc-
cafîon.
Lorfque la pierre, qui doit être plate , ëft lan cée
obliquement à la furface de l’eau , Sc dans le
fens de fon tranchant, il eft évident qu'elle eft
portée de deux mouvémens qui - fe compofent ,
l’un horifontal qui eft lé plus vite , & l'autre .vertical
qui l'eft beaucoup moins. La pierre , arrivée
à la furface de l'eau, la choqué par,l'effet d'e ce
dernier feulement, & elle enfoncé un’peu la colonne
d’eau qu’elle rencontre 5 ce qui produit une
r^ftance qui affoiblit ce mouvement vertical ,
mais fans le détruire encore : elle continue à plon-
■ ger en enfqnçant d’autres.. colonnes j d’ou il ré-
; fuite de* nouvellès réfiftances qui anéantîflent.enfin
; ce mouvement en ce qu’il a de vertical. La pierre
eft alors parvenue à la plus grande profondeur
qu’elle puiife atteindre , .& elle a. dû .décrirë né-
ceffairement une petite courbe, dont la convexité
eft oppofée au fond de l’eau y comme on
voit dans la fig. y , pl. 3. Amufemens die Phyjique 5
mais dans le même: temps Ton mouvement , en ce
. qu’il a d'horifomaln'a rien ou prefque rien perdu.
' D'un autre c ô té , la colonne enfoncée par le choc
, de la pierre , réagivcontr'elle , forcée par les colonnes
voifines j.d'oû il refaite un mouvement
vertical, qui eft imprime à la pierre , & qui fe
' combine avec le mouvement horifontal qui lui
refte. Il doit donc en réfulter un mouvement
oblique tendant en haut j c'eft celui qui fait • re-i
; bondir la pierre dè deffus.l'eau, eh lui faifant décrire
une petite, par aboie fort .applatie , à la fin
de laquelle ,ellë> frappe'encore Teau fort obliquement
5 ce- qui produit un fécond bond puis :uh
troifieme, un quatrième’, &ç. qui vont toujours'
en diminuant d’étendue & de-hauteur , jufqu'à
ce que le mouvement foit tout-à-fait anéanti.
, Le-ni écanifme du Cerf- Jfo'iaiitj. diverfes quejlions &
recherches fur çe jeiL. .:
Tout le monde cbntioît I amufement du Cerf-
^a]ant , petite machine fort ingénieufe., & dans
laquelle éclaté un mécànifme. très-adroit. Cependant
on ' s'étonnera peut-êtrë de ce qu'un objet
de cetté nature aé-pu faire, le fujet d'un mémoire
académique j car, on en lit un fur le cerf-volant
parmi ceux de l'académie de Berlin , année 1756.
Mais cette furprife ceffera , quand on Taura que
M. Euler le fils étoit déjà profond géomètre à
un âge où la plupart des jeunes ƒ gens ne voient
dans un cerf-volant qu'un o b je t, d'araufement ::
ainfi il étoit difficile qu'il ne fût pour lui un fujet
de méditation. Il préfente en effet plufieurs questions
curieufes, & même pour la plupart , im-
. poffibles à traiter fans une analyfe profonde. On
peut donc »regarder:x fi l'on veut ce rçiémoire^^
‘ icoûime les juvenilia d'un grand géomètre- N-oi»