
que le premier > on dira , la p'efanteur fpécifique
de la laine à ceile du plomb , eft comme un à
cent -ou à mille : ainli la pefanteur fpécifique d’une
matière eft le poids qu’elle a fous un , volume
connu. C ’eft ce qu’on nomme* aufli fa denfité.
Veut-on connoître lapefanteur fpécifique d’une
liqueur j on prend un corps folide , comme du
verre 3 de telle forme quon veut , fphérique,
cylindrique ou cubiquej on le met en équilibre
dans l’ air aux bras de la balance hydroftatique 3
pour connoître d’abord fa pefanteur abfolue : on
le fait enfuite plonger entièrement dans la liqueur j
l ’équilibre fe rompt à l’ inftant par cette immerfionj
ce qu’on eft obligé d’ajouter pour le rétablir , eft
juftement le poids du volume de liqueur qui a été
déplacé par le corps plongé. Si ce corps étqit un
cube d’ un pouce , 8 c qu’après l’avoir plongé 3 on
eût ajouté 4 gros 3 il faudroit conclure qu’un
pouce cube de la liqueur pefe quatre gros. Dans
ces fortes d’expériences 3 on doit avoir une-attention
fcrupuleufe que le folidè plongé & la liqueur
où fe fait l’immerfion ne varient point de denfité
pendant l’opération 5 car alors les réfultats ne feraient
plus exaéts. D’après ces principes, on a
cqnftruit des aréomètres pour connoître la différente
pefanteur fpécifique des liqueurs.
Archimede, parmi les anciens philofophes, eft
celui qui paroit avoir fait plus de progrès dans
l’étude de i’hydroftatique. L’observation qu’il fit
dans le bain , qu’en s’y plongeant plus ou moins
il déplaçoit un volume d’eau plus ou moins grand,
fu t pour lui un coup de' lumière. Frappé d’un phénomène
fi peu important en apparence, il -fortit
de l’eau précipitamment , & parcourut les rues
de Syraçufe , en s’écriant, le J.'ai trouvé 3 je l ’ai
trouvé. Le philofophe de retour dans fon cabinet,
partit de cette obférvation pour déduire des principes
qui le conduifirent à reconnoître par la balance
hydroftatique , la quantité d’alliage mêlé1
dans la couronne du roi Hiéron. On avoit donné
à un orfèvre un lingot d’or d’un poids connu pour
‘ faire une couronne 5 il rendit une couronne qui
pefoit le même poids : on voulut Lavoir, fans
altérer la couronne, fi elfe ne contenait point
d’àlliagei
Archimede, chargé de cet examen , commença
par plonger entièrement la couronne dans un vafe
plein d’eau , & pefa exactement la quantité d’eau
qui en étoit fortie. Il plongea de même entièrement
dans le même vafe plein d’eau deux malles, 1
l’une d’o r , 'l’autre d’argent, & pefa exactement
la quantité d’eau que ces deux mafles avoient ,
fait fortir du vafe. Il trouva que la malfe d’or î
pur avoit fait fortir une plus petite quantité cl’eau .
que la couronne d’or 5 & que la couronne d’or en I
avoit fait fortir une plus petite quantité que la !
malfe d’argent. Vitrüve, qui rapporte le fait, né ■
dit point quelle étoit la quantité de l’o r , ni quel
(fut le raifonnement d’Archimède pour découvrij
l’infidélité de l’orfèvre : mais on peut fuppofer
que la couronne pefoit 20 marcs ; qu’ayant été
plongée dans un vaifleau plein d’eau, elle en fit
fortir 13 .marcs d’eau , que la malfe d’or pur &
d’égal poids n’en fit fortir que 12. marcs d’eau ;
qii’enfin la malfe d’argent en fit fortir 18 marcs
d’eau. Cela fuppofé, on découvrira par la réglé
de fauffe pofîtion , ou par quelques équations algébriques
, que l’orfèvre avoit ' mêlé 3 marcs &un
tiers d’argent dans la couronne.
La balance hydroftatique donne aufli un moyen
sûr pour connoître par la pefanteur fi une pièce"
de monnoie eft falfifiée , & fi • un diamant eft
faux.
BALANCE MAGNÉTIQUE , ( V o y e^ a l’art
t i c le Aimant. )
BALLES (Pièce à ) [ V o y e% a l ’a r t i c le C atop*
TRIQUE. 3
BANQUISTES. On èntënd par b a n q u if ie s , toute
forte de gens qui vont de ville en ville,pour
vivre aux dépens du public qu’il$ attrapent. Les
uns vendent de l’onguent pour la brûlure, les
autres des clous rouillés pour guérir du mal aux
dents 5 ceux-ci font voir un boeuf à la tête du?,
quel on a induftrieufement ajouté une troifièmej
corne, ceux-là , montrent pour de l’argent un
grand jeune homme habillé en femme , qu’ils appellent
une géante ; il y en a qui .vendent des can-.
tiques de Saint-Hubert avec un petit anneau,
pour guérir de la pefte & de la rage j quelques-uns
vendent des bouts de fu if, qu’ ils appellent de là,
graijfe d ’ ours , pour faire,, croître les , cheveux >
d’autres font voir des finges de Ceylan, & des
léopards d’Afrique 5 mais la plupart., pour. me
fervir de leurs expreflions, ont u n tru c , p o u r rouflir
l e s gon^ es ,* c’elLà-dire, une fupercherie pour
attraper les bonnes gens, & payer quelquefois
leurs dettes en monnoie de linge 5" il y a dans ceü
état, comme dans beaucoup d’autres, de bons &?
de mauvais fujets, des viétimes 8 c des coryphées«
On a vu des gens très-riches y manger leur bien,’
& des favoyards y faire fortune $ ils ont quelques
fois de grands protecteurs, & ils font prefque tous
autorifés par la police, non en tant qu’ ils attrapent!
le public ; mais feulement en tant qu ils l’amufent,
& comme un mal néeeflaire. On n’apprendra peut-
être pas fans furprife , qu’ il y avoit à Paris un
homme de cet état, fi enthoüfiafmé de ce genre
de talent, qu’il recèvoit, logeoit & nourrilîoii;
chez lui g r a t i s 3 pendant trois jours, tous les
pauvres b a n q u ifie s qui venaient lui demander
l’hofpitalité.
s II y avoit ( dit M. Decremps ). dans mon auberge
une douzaine dé gros gaillards1, qui n’avoientpas
tous uije très-bonne mine, quoique plufîeux*
B A N B A N
éuffê'nt de l’ôfi'peau fur leur haUt'sïIs avoîént avec
' eux leurs femmes, que je pris d abord- pour des
('vivandières j mais leur convention m apprit-bien-
rôt en quelle compagnie je me trouv.ois, .Je demandai
une chambre particulière 3 pour M ? Bom-
l face & moi i mais î’aubergifte me dit que cela ne
fe pouvoit point, & que puifque j’ aimois la foli-
[ tude j il me feroit coucher dans une petite cham-
[ bre à quatre lies. Il étoit trop tard, pour aller
chercher une autre auberge 5 c’eft pourquoi je fis
[ de fléceflité vertu, & je foupai à table d’hote
[ avec toute là compagnie 5 d’abord an parla peu ;
I mais en compenfa.tion, on but beaucoup > parce -
due les convives obfervoient à chaque inftant qu’il
[ Moit profiter de l’occafion, pùifqu’on étoit dans
I la Bourgogne. Une demi-heure après, la conver-
F fati'on s’anima peu-à-peiï > mais M. Boniface 8 c
I moi, n’ y prîmes aucune part, parce qu’on parloit
d’une infinité d’objets qui nous étoient inconnus 5
c’eft pour cela qu’on parut né faire aucune atten-
[ tion à nous, ou qu ôn nous regarda comme deux
imbécilles, plus propres à être la proie des aigrefins
qu’ à faire jËÉl dupes. Je voudrois pouvoir
I donner ici à mes lééteurs une idée du bavardage
que j’entendis ce foir-la', parmi ces meflieurs, il
. me fuffiroit, peut-être, de dire que leurs difeours
étoient auffi libres-qué leurs manières, & aufli
bigarrés que leurs1 habits ; mais je crois pouvoir
rapporter ici un petit dialogue qui eut lieu entre
I un des convives ,-qu’on appeloit l ’aboyeur 3 & un
[ autre, qu’on appeloit le directeur.
L ’Aboyeur.
Hé bien, moniteur le direéteui*, détriment va
votre fpeétade? êtes-vous bien toujours content
de vos aéteurs & de vos aébrices ?
Le Direéteur,
Es commencent à jouer paflablement leur rôle j
mais j’ai un danfeur & une danfeufe , qui ne peuvent
jamais paroître fur le théâtre fans faire quelques
faux pas.
L ’Aboyeur.i
Pourquoi ne leur faites-vous pas payer l’amende ?
Le Directeur.
Tu fais bien qu’ ils n’ ont pas le fou.
L ’Abôyeur.
Je le fais bien,monfieur le direéteur ; mais vous
fourriez les punir en les faifant coucher fans
louper.
■ Le Direéteur./
& je prénois ce moyen j ils danferoient encore
?lus mal le lendemain, & le public, mécontenté
■ iniroit par abandonner mon fpeétacle.
1 L ’Aboyeur.
Dans ce cas, il faut les renvoyer dans leur pays
pour en faire venir d’autres.
Le Directeur.
Il m’en Qpûîeroit trop de les renvoyer à eirf$
quante lieues , 'f aime bien mieux les tuer,
■ L ’Aboyeur.
Vous auriez peut-être tort de les tuer, parce,
qu’ils peuvent fe corriger, & mieux danfer dans
la fuite.
Le Directeur.
Us font incorrigibles, 8 c demain matin je leur
coupe la tête.
Surpris de cette, refolution fanguinaire , je ne
pus m’empêçher de m’écrier, q uoi, monfieur,
vous voulez couper la tête à un danfeur & à une.
danfeufe5 & le direéteur en colère, me répondit :
oui fans doute, je veux les égorger, les éventrer ,,
Sc leur manger le coeur5 au refte, ajoute-t-il, iis
ne feront pas les premiers , car j’en ai embroché
beaucoup d’autres.
Dès ce moment, je crus être dans une bande
d’affafïins 5 je regardai le directeur comme un de
ces fameux ferailleurs, qui méprifent les petits,
fpadaflîns lorfqu’ ils n’ont encore tué que deux ou
trois hommes. Cependant, ma furprife alloit toujours
en augmentant, 8 c je ne pus m’empêcher de
faire diverfes queftions pour favoir les pourquoi 8 c
les comment, mais alors, tout le monde , excepté
mon compagnon & m oi, fe mit à r ire , en difant :
on voit bien que ces meflieurs ne font pas
; banquifles.
Le lendemain, je féjournai à Auxerre 3 fiour
attendre le départ au’coche de Paris : & en faifant
quelques informations fur monfieur le direéteur ,
j’appris qu’ il m’avoit dit la vérité 5 mais que je
l’avois mal entendue. Cet homme avoit drefle dans
la ville un petit théâtre , fur lequel il faifoit danfèr
des canards 8 c des dindons au fon du violon & de
la flûte ; je vis par-là, que pour nourrir fes aéteurs
il n’avoit pas befoin de boulanger,& que pour fe
nourrir lui-même il pouvoit les égorger, & les
envoyer chez le rôtifleUr.
S/i pn defîrefavoir comment on peut faire danfer
des dindons & des canards 5 voici ce que j’ai appris
depuis.
On les met fur un théâtre de tô le , entouré d’un
grillage de fil-d’ archal 5 de forte que ce théâtre