
s’ il étoit poffible de donner à ce carton une figure !
fphérique , rimage n’en leroit que plus régulière,
pourvu que le verre fut placé au centre de cette
convexité. Si l’on place en dehors de la fenêtre
un miroir mobile ; on pourra , en le tournant
plus ou moins, appercevoir fur ce carton tous
les objets qui fe trouveront de côté 8c d’autre,
& fi au lieu de placer le miroir en dehors de la
fenêtre, on le pôle en dedans de la chambre , 8c au-deffus de cette ouverture ( qu’on aura pratiquée
alors beaucoup plus élevée ) on pourra recevoir
l ’image fur un carton placé horizontalement
3 & defliner à loifir les objets qui y feront
peints. Rien n’eft fi agréable à voir que l’effet de
cette chambre obfcure , particulièrement lorf-
qu’on eft dans une heureule pofition, & que les
objets du dehors font éclaires du foleil 5 c’eft la
nature elle-même embellie de toutes fes couleurs >
c’eft une marine , .c ’eft un payfàge admirable ,
tranfportés au milieu de votre chambre, & qui
•firent à vos yeux le tableau le plus magnifique
oc le plus animé. En un mot cet effet femble tenir
de la magie.
Les chambres obfcures partatives ont été imaginées
, afin de pouvoir defliner les vues les plus
agréables & les plus pittorefques. Nous n’en décrirons
ici qu’une feule , qui nous a paru très*
ingénieufe 8c très commode. C ’eft une table d’environ
deux pieds de long, fur environ vingt pouces
de large „ à quatre pieds brifés-3 le demis, au
lieu d’être en bois,eft couvert d’une glace ou d’un
verre de Bohême, encadré dans les bandes de la
table qui peuvent avoir deux pouces 8c demi de
large 5 deflous cette table eft fixée une boîte qui
fe termine en pyramide tronquée , 8c dont les
faces fe défaflèmblent 8c fe réunifient par de petits
crochets, 8c la ferment de manière qu’il n’y
entre pas le moindre jour. A l’extrémité ae cette
pyramide, on adapte une petite boite quarrée,
dans l’intérieur de laquelle* eft placé un miroir
incliné vis-à-vis de l ’ouverture circulaire, où fe
place ai » tuyau mobile de cinq à fix pouces de
lo n g , garni d’un verre convexe, dont le foyer,
par la réflexion du miroir , puifie aller jufqu’à la
glace qui couvre la table. Celui qui defiine doit
être renfermé dans l’obfcurité 5 pour cet effet
l ’on drefle fur la table un petit pavillon d’étoffe
noir, avec quatre tringles de bois mobiles à fa
partie fupérieure, 8c portées fur des montants
qui entrent dans les quatre coins de la table 8c
.puiflfent s’ôter à volonté j car l’effentkl eft que la
glace pofée fur la table , ne reçoive aucun rayon
de lumière que par la réflexion du miroir. Cette
chambre obfcure un peu embarraffante peut-être ,
mais dont le poids pourroit ne pas excéder vingt
à vingt-cinq livres, a l’avantage que les rayons
colorés des objets venant à fe peindre par-défions
la glace de la table, on peut y defliner fans avoir
la main entre les rayons 8c leur image , comme
dans la plupart des chambres obfcures portatives.
Pour s’ en fervir , on placera cette table fur un
plan un peu élevé afin que rien n’intercepte les
rayons de lumière qui tombent fur le verre convexe
j on mettra fur la glace une feuille de papier
verni tranfparente , on la fixera par fes extrémités
avec un peu de c ire , afin qu’elle ne puifie fe déranger
, & en s’enfermant fous le pavillon, l’on
tracera tous les contours des objets qui y feront
repréfentés, 8c l’on pourra aufli en indiquefcdes
ombres. Si l’ on ce veut avoir que les traits de
l’ objet, o.n fe fervira d’une glace adoucie du côté
qui forme le deflus de la table, 8c on les y indiquera
avec un pinceau 8c du carmin 3 de cette
manière , lorfqu’on fera de retour, on fera tremper
une feuille de papier , 8c lorfquelle fera bien
imbibée d’eau , fans être cependant trop mouillée
, on l’étendra légèrement fur cette glace, &
l ’on tirerà par ce moyen l’empreinte du deffein
qu’on aura fait : on peut, en employant l’une ou
l'autre de ces deux méthodes -, fe procurer ces def-
feins dans la même fituation qu’ ils font effectivement,
ou dans une fituation contraire} ce qui peut
avoir fon avantage , lorfqu’on veut faire graver
fon deflin, 8c qu’on veut qu’après l’impreffion
il fe trouve fur l’eftampe dans une fituation naturelle.
En fe fervant de cette chambre obfcure,
on doit avoir l’attention de la placer de manière
qae le foleil donne de côté fur les objets dont on
veut avoir l’image , fans cette précaution ils fe-
roie’nt bien moins agréables, la fituation des ombres
les faifant beaucoup valoir 8c leur donnant un
effet bien plus pittorefque 3 il eft cependant des
circonftances où il' faut s’écarter de cette, règle ,
comme lorfqu’on veut peindre le lever ou le coucher
du foleil. ( Voye% Dio p t r iq u e ).
CHANDELLE PHILOSOPHIQUE. { Voyei
à l ’article CHYMIE ),
CHANTS D’OISEAUX IMITÉS. Il eft im-
poflibie de mettre les leéteurs en état d’imiter le
ramage des oifeaux 3 la théorie fer oit très -infuffi-
fante pour un objet qui fuppofe un long exercice,
-8c pour lequel il ne faut prefque d’autre maître
que la nature y cependant les perfonnes, qui font
à portée d’entendre , dans leur féjour champêtre,
le chantre du printemps, 8c oui délireront de
pouvoit imiter fes accens mélodieux, peur l’attirer,
dans l’occafion , fur les arbres de leur jardin
, feront peut-être bien aifes d’apprendre ici
quel eft l’inftrument qu’ il faut cacher dans fa
bouche, pour parvenir a ce but. C ’eft de la feuille
d’ail ou de poireau , large d’environ trois ou
quatre lignes, 8c.longues d’environ un pouce. H
faut faire , dans le milieu , avec l’ongle du gros
d o ig t , une petite échancrure en demi-cercle, ou
on ne iaiffera que la pellicule blanche , extrêmement
mince , qui couvre cette plante , figure 3
f l . 6 de la Magie blanche, tome VIH des gravures-
Cette échancrure doit avoir la fo rnW e la moitié
ƒ u„e piece de fix fous i & la pellicule, qui doit
Être extrêmement nette & fans ordure, doit être
aufli bien tendue 8c fans bavochure fur fon bord,
Tans Quoi on imiteroit le cri de la corneille , ou
le croaflement du corbeau. C e petit inftrument
doit être ployé.en demi-cercle, 8c applique au
palais de la bouche, à l’entrée du .gofier, la
pellicule fe trouvant vérs la Turface convexe de
rinftrument, 8c non vers la furface concave > ce
qui pourroit empêcher un peu les vibrations , /%.
2 4 , ibid.
L’inftrument étant dans cette pofition, fi l’ on
fait le moindre petit effort pour faire fortir le
vent du gofier , en tenant la bouche à demi-
ouverte, comme fi l’on foufloit fur une glace
pour la ternir & l’échauffer, on entendra un fon
aigu, prefque femblabie à celui des plus petits
tuyaux .d’une fermette 3 fi on continue de foufler,
en tâchant de prononcer la lettre r , fans remuer
la langue, G’eft-à-dire, par le fimple mouvement
de l’épiglotte, comme fait quelquefois un chien ,
quand il gronde avant d’aboyer , le fon aigu,
dont nous venons de parler, fe trouvera modifié
par ce tremblement, 8c aura plus de reffemblance
à certains coups de gofier de divers oifeaux.
Lorfqu’au lieu ae prononcer la lettre r du gofier,
vous appliquerez la langue contre le palais, pour
prononcer la fyllabe tchi „3 qui fe prononce non
comme chi, dans le mot François chicaner, mais
comme la première fyllabe du mot anglois ckeape-
ner, qui fignifie marchandeur y ou comme la fécondé
du mot gafcon déchiffra, qui fignifie déchiffrer
3 vous entendrez un autre coup de gofier
que les oifeaux emploient fouvent dans leur ramage
; enfin, vous aurez prefque le chant du
roffignol, fi vous combinez les trois fons précédons,
à-peu -p rè s de la manière fuivante :
» IJou y uou , '. uou , u , u , u 3 u , tchi , tchou ,
tchi, tchou , tchi l rou , rou , rou, u 3 u3 u , rou ,
tchi »s.
M. Hill-, quels que fuffent les efforts de fa langue
8c de fon gofier, exprimoit tous ces divers
fons,, fans faire aucune grimace, 8c, comme on
avoit en même-temps , fous les yeux , toutes
fortes d’oifeaux fur des' tapifleries de verdure ,
on croy.oit être aflis fur le gazon , au milieu des
forêts ; il ne manquoit que d’entendre le murmure
des eaux 5 8c M. Hill, pour compléter i’il-
lufion, chanta l’ariette de M. Gluck , intitulée :
h Ruiffeau, 8c finiflant par ces mots :
Ecoutez les cli cia clou cia cia clicla clou*.
Les loupits de l’amour ne feroient pas plus doux.
(D ecremps. )
C H A R L A T A N . {Affiche fingulïére d‘un faifeurde
Tours. ) On HCoït a u coin d’une rue au Cap de
Bonne - Efpérance , une affiche conçue en ces
termès :
Le fiettr Pilferer, natif de la-Bohème » doâeur
é.n pyrotechnie, profefleur de chiromancie, connu
dans les colonies angloifes fous le nom des Grook-
Finger’d-J’ack , venu dans ce pays-ci, pour con-
defeendre aux fupplications de plufieurs perfonnes
du premier rang, donne avis au publie qu’après
avoir vifité toutes fes académies de l’E u ro p e ,
pour fe perfeétionner dans les fciences. vulgaires ,
qui font l’algèbre , la minéralogie, la trigonométrie
> rhydrodinamique 8c l’artronomie, il a voyagé
dans tout le monde lavant 8c même^ chez-les
peuples demi-fauvages , pour fe faire initier dans
les feiences occultes myftiques 8c-»'ascendantes
, telles que la cabaliftique , l’alchimie , fa
nécromancie, l’ aftrologie judiciaire, la divination,
la fuperftition , l’ interprétation des ionges, 8c le
magnétifme animal,
C ’étoit peu pour lui d’avoir étudié dans trente-
deux uni verfites, & d’avoir voyagé dans fo ixante-
quinze royaumes, où il a confulte les forciers du
Mogol & les magiciens Samoyedes ; il a fait
d’autres voyages autour du monde, pour feuilleter
le grand livre de la nature, depuis les glaces
du nord 8c. du pôle auftral, jufqu’aux déferts
brûlans de la Zone-Torride 5 il^ a parcouru les
deux hémifphères., 8c a féjourné dix ans en Afie
avec des Saltimbanques indiens , qui lui ont appris
l’art d’appaHer la tempête , 8c de fe fauver
après un naufrage , en giififant, fur la furface de
la mer, avec des fabpts élaftiques.
Il apporte du Tunquin 8c de la Cochinchine ,
des talifmans & des miroirs conftellés pour recon-
noître les voleurs 8c prévoir l’avenir, fans employer
la mandragore comme Agrippa, 8c fans
réciter l’oràHon des falamandres , comme le grand
8c le petit Albert. Il peut en un befoin endormir
le loup-garou, commander aux lutins , arrêter les
farfadets 8c conjurer tous les fpeétres noélurnes ,
f enfahs naturels de l'imagination gu ils effraient, &
peres putatifs du ■ cochemar y ) il a aufli un moyen
infaillible de chaffer une efpèce de pauvres diables
, qu’on appelle parafâtes 3
Genus iftud Dcemoniorum non ejicitur orations 3
fed jejunio.
Il a appris , chez les tartares du T h ib e t , le
fe'cret du grand üaiaïiama, qui s’ eft rendu immortel
, non comme Voltaire & Montgolfier, par des
produélions .du génie, mais en achetant en Suède
l’elixir de longue vie ; à Strasbourg , la poudre
de Caglioftro'Va Hambourg , l’or potable du grand
Adepte Saint-Germai» j 8e à Studgard, la béqui^e