
paffer fucceffivementles verres au travers de cette
couliffe , 8c tous les objets paroîtront de même
fur cettfe toile.
Nota. Pour rendre cet effet plus amufant, on
peut peindre lès figures fur deux verres différens,
afin de les rendre mobiles 8c leur procurer parla
divers mouvemens qui femblent les animer , ce
que chacun peut faire félon fon génie : on peint
affez volontiers fur deux verres les objets qui
fui vent.
Une femme qui ôte 8c met fon mafque.
Deux hommes qui fcient une pierre. .
* Un menuifier qui « b o tte .
Un oifeau qui fort de fa cage 8c va fe mettre
fur la main d’une dame.
Deux béliers qui fe heurtent à coups de tête,
. Un chaffeür tirant un lièvre .qui fuit dans fa
tanière.
Deux hommes qui fe battent l'épée à la
fnaîn.
j, ' Un boulanger qui enfourne le pain.
Des vaiffeaux qui traverfent la mer , 8cc. 8cc.
En général j toutes les figures doivent être peintes
de profil, attendu qu'elles font cënfées tra-
verfer le tableau y à moins que ce ne foient des
portraits qu'on peint ordinairement en grotefques
& qui peuvent être vus de face.-
On peut faire des-ehangemens avec un feül
verre fur lequel on peint.cinq à fix figures fem-
hlables, mais dans des attitudes différentes, afin
de pouvoir fubftituer promptement l'une à l'autre
3 8c quantité d'autr,e§ inventions qu'il eft facile
d’imaginer,
Lanterne magiquç par le moyen de l'ombre.
Au lieu de peindre les verres comme il a été
dit ci-de Sus , on y applique des petites figures
découpées fur du carton tres-mince , dont quelques
parties du corps font mobiles aux jointures >
2c avec des petits fils de foie qui coulent le long
des chaflis dans lefquels ces verres font renfermés
; on leur fait faire à fon gré divers mouve-
raens en tous fens j les mouvemens de ces petites
figures étant bien difpofés , font bien plus naturels
que ceux qu'on peut leur faire exécuter avec
deux verres mobiles , attendu qu'ils peuvent avoir
lieu en différens fens > ce qui produit alors beaucoup
plus de variété 8c de v é r ité , 8c on occa-
fionne par ce rqoyen plus de fqrprife 8c d'agrément
j de cette manière on peut * pour exécuter
plufieurs fcènes comiques 4 fe fervir de deux verres
ainfi difpofés.'
Lanterne magique fur la fumée'.
La lumière de la lanterne magique , de même
que la couleur des objets qui y font renfermées „
peut non-feulement ( comme on l'a vu ci-deffus j
fe peindre fur une toile , mais elle peut auffi fe
fixer fur la fumée > pour cet effet y on doit avoir
une boîte de bois ou de carton (fig. 9 , pl. 6 t
Amufemens de Catop trique, ) q\ii doit aller en diminuant
de forme, de manière que vers le haut
elle donne une.ouverture A B de huit à dix pouces
de long fur un demi pouce de large ; il faut ménager,
au bas de cette boîte une porte C , qui
ferme exactement 3 afin d’y pouvoir placer un
réchaud de feu fur lequel on jettera de l'encens,
dont la fumée s’ étendra en nappe en fortant par
l'ouverture A B : c’eft fur cette nappe de fumée
qu'il faudra diriger la lumière qui fortira de la
lanterne magique , qu'on aura foin de rendre
bien moins étendue en allongeant fon tuyau mobile.
Les figures peintes peuvent fervir à cet
effet j 8c ce qui paroîtra extraordinaire 3 c'eft que
la fumée ne changera pas la forme du fujet quiy
fera repréfenté , 8c il femblera qu'on peut le, faîne
avec la main.
Nota. Dans cette récréation la fumée n'arrêtant
pas tous les rayons, la repréfentation eft
bien moins v iv e , 8c elle paroîtroit même très-
peu 3 fi on ne réduifoit pas l'étendue de la lumière
i un petit efpace , afin de lui donner plus
de clarté.--
Fàire paraître un phantôme fur un piédeftal place
fu r une table.
L'effet de la lanterne magique fur la fumée 3
dont on a-donné ci-deffus la conftruétion 3 peut
produire une illufîon fprt extraordinaire 3 fi on en
mafque entièrement Ja caufe. On peut par fon
moyen faire paroître tout à-coup 8c à volonté un
phantôme au-deffus d'une efpèçe de piédeftal ,
ou tout autre ohjet moins effrayant,
ConfiruSkion,
Il faut avoir une lanterne magique fort petite ,
8c l'enfermer dans le piédeftal A B C D ,_ {figarf
1 2 , pl, 6 3 Amufemens de Catoptrique 3 ) qui doit
être ftiffifamment grand pour contenir en outre le
miroir incliné M j ce miroir doit être* mobile ,
afin de pouvoir diriger convenablement le cône
de lumière que produit cette lanterne 8c qui
doit fortir par une ouverture ^faice à .çe pie^
deftal.
On ménagera, dans ce piédeftal, un emplacement
féparé F G H 1 3 dans lequel on mettra le
réchaud L * afin de faire fortir par fa partie fupe-;
rieure une lame de fumée, de ui|.me §® ; * ete
dit q-dçYanç,
On aura un verre fur lequel fera un
Toeélre 8c qu’on pourra élever ou abalffer à volonté
dans la couliffe (1) de cette lanterne, au
moyen d'un petit cordon O qui communiquera
par une poulie P au côté de cette boîte , on observera
de peindre cette figure en raccourci , attendu
que fon image fur la nappe de fumée ne
coupant pas à angle droit le cône de lumière,
prendra alors une figure un peu allongée.
Effet.
Cet Amufemeat fera très-furprenant , attendu
que les fpe&ateurs ne connoifiànt pas la caufe qui
Je produit , ne fauront à quoi ; attribuer l'apparition
fubite d'un fpeélre , dont la tête paroîtra
d'abord 8c qui femblera s’élever au milieu de
cette fumée , 8c difparoître de même en s’enfonçant
en apparence dans ce piédeftal y il
fufïira pour produire cet effet» de tirer doucement
& lâcher de même le cordon , lorfqu'on
verra la nappe de fumée fuffifamment éclairée
par la lanterne magique.
Nota. Il fau t, pour exécuter cette récréation,
qu'il n'y ait aucune lumière dans la chambre y 8c
placer le piédeftal dans une fituation affez éle-
' vée poür qu’aucun des fpe&ateurs ne puifife ap-
percevoir, fon intérieur j on peut couvrir l’ ouverture
par où fort le cône de lumière- jufqu’au
moment qu’on veut faire paroître le fpeélre.
Cette pièce peut s’exécuter en grand , de manière
qu’ il paroiffe dans une grandeur naturelle.
Un objet étant placé derrière un verre convexe , le
datoptrique') fermée de tous côtés ; 8c divifée en
deux parties inégales à l’endroit G , au moyen
d ’une réparation où l’on ménagera un trou circulaire
faire paroître en avant de ce même verre.
Ayez un ob jet, tel (par exemple ) qu’une petite
fléché de bois blanc d’un pouce 8c demi de
longueur j attachez-la perpendiculairement fur un
carton noir que vous fufpendrez à une muraille à
la hauteur de l’oeil > éclairez fortement ce carton j
8c placez en avant un verre lenticulaire de deux
à trois pouces de diamètre (2) , de manière qu’ il j
foit éloigné de cette flèche d’une diftance double «
de fon foyer j placez enfuite une perfonne en
face de ce verre à une-diftance convenable , 8c
cette flèche lui paroîtra fufpendue"en deçà même!;
du verre, il lui femblera qu’elle peut la prendre;
avec la main.
Nota. On peut fur ce principe former divers
Amufemens fort agréables , en raifant conftruire.
une efpéce de caiffe (fig. 8 , pl. <$i , Amufemens de
( i) Cette*' couliffe doit être dans un fens vertical.
(1) Il eft avantageux de renfermer ce verre dans
un carton circulaire & noirci ayant un demi-pied de
.diamètre % cette manière Uilüfion eft plus parfaite.
I place en face d’une lentille de verre L
qu’on ajuftera au côté A B Ç D de cette caiffe î
on placera dans fa plus petite divifion un carton
circulaire , (fig. 1 2 , même p l. ) qui tournant fur
• fon centre, pourra préfenter à l’endroit I C fig. 8 ,)
une de fes quatre ouvertures M N O P > on ajuftera
fur chacune de ces ouvertures un carton découpé
couvert d’un papier fort tranfparent , peint 8c
nuancé, repreféntant quatre objets différens tels
qu’on voudra, 8c qu’on fera paroître à volonté
en avant de ce verre I , au moyen d’une lumière
R , renfermée dans cette caiffe (3) , 8c d’un petit
bouton S , dont la tige fera fixée au centré de ce
carton. Il eft aifé de voir qu’ il eft facile d’appliquer
cet effet fîngulier, de la Dioptrique à quantité
d’autres Amufemens dont il eft fuperflü
de donner ici le détail , afin dé laiflef à
chacun la fatisfa&ion de les compofer à for»
gré.
TàbléàU magique.
Faites tailler par un lapidaire un verre à facettes
de même forme que celui défigné par les
figures l!o 8c II , pl. 6 , Amufemens de Catoptrique ;
donnez-lui pour hauteur la moitié au moins de
fon diamètre , qui doit être d’un pouce 8c demi’
ou environ j qu’il foit bien plan du côté C D ,
( fig. ;io , ) que toutes ces facettes foient bien régulières
, bien planes, 8c que leurs angles foient
vifs 5 recommandez- à l’ouvrier d’employer un
morceau de verre blanc ou de cryftal qui n’ait
aucune bulle, 8cqu’ il foit parfaitement poli.
A y ez un chaflis quarré A B C D , {fig. i f , même
p l. ) de quinze à dix-huit pouces , 8c élevez-le
verticalement fur une double potence C D E ' ;
placez à l’extrémité E 8c à là diftance d’un pied
8c demi de ce chaffis, Je pied ou fupport H ,
lequel doit foutenir le tuyau G : c’en dans ce
tuyau que doit être renfermé ce verre à facettes ,
au travers duquel on doit regarder le tableau difforme
qui fera peint fur un carton placé dans le
chaflis A B C D , comme il fera ci-après expliqué j
ayez attention à placer ce tuyau en race du centre
de ce carton, 8c dé n’y laiffer du côté F qu'un
: très-petit trou , afin que la pofitiori de l'oeil qiîi
regarde par cette ouverture ne puiffe pas varier
en aucune façon y il eft auffi fort effentiel que ce
verre une fois lo’gé dans c e tuyau à une diftance
convenable, foit folidement fixé fur fon pied ,.afin
que fa pofitionne puiffe aucunement fe déranger,
il eft d'ailleurs affez indifférent que la pointe foit
tournée du côté de l ’oe il ou du tableau.
(3) Cette lumière ne doit pas éclater la plus grande
des deux divifions dé la caille.