
fcur & nébuleux * c*eft tantôt la craie , tantôt la
potaffe qui en font caufe, félon qu’elles ont- été
bien ou mal purifiées *. çela dépend ' auffi. de la
qualité du bois , des cendres duquel ce fe.l a été
tiré. Dans ce cas , il n’ y aura qu’à éteindre le.
verre dans l’eau , & le remettre enfuite à fondre.
Si la couleur nébuleufe ne s’ en va point dès
la première fois , il faudra réitérer la meme opération
: on ne fera point dans la nécefllté de la
faire fi fouvent. lorfque la potaffeaura été purir
fiée convenablement * mais fi on l’emploie toute
brute j on y fera prefque toujours forcé.
Maniéré de colorer le cryfial.
On foupçonnoît depuis long - temps que les-
pierres précieufes colorées ne dévoient leur couleur
qu’aux vapeurs minérales auxquelles elles,
avoient été expofées. Un- morceau de miné de
cobalt qui tomba entre les mains de M. Hellot ,
lui fournit la preuve la plus complette de cette
opinion. Il fervoit de matrice à un grand nombre-
de cryftaux à facettes , tous fans couleur, &trè$--
tranfparents. C e morceau dé mine ayant été
chauffé fous une moufle,j>r-efque jufqu’ à rougir,
sous les cryftaux-fe trouvèrent- colorés, il devint
11a affemblage de toutes les pierres précieufes
colorées que nous çonnoiffons.Les feules vapeurs
fulfureufes & arfenicales que la mine avait- exhalées
avoient produit cet effet. C ’ét-oit fceller du
fceau de l’expérience une opinion qui n’ avoit eu
pour elle jufques-îà,que la feule probabilité.
Nous allons, donner ici le procédé qu’ indique
Neri pour collie r le crÿftaL
Cryjlal coloré.
On prend des morceaux de cryftal de' roche de
différente» grandeurs * on choifit ceux qui font
bien purs, & fans aucun» défauts.* on y joint d’antimoine
& d’orpiment bien pulvérifés de chacun
deux onces, & de fet ammoniac une once* l ’on
met ces matières pulvérifées au fond d’un creu.-
f e t , & l’on arrange par-deffus les morceaux de
cryftal dont on vient de parler : l’on couvre le
creufet d’ un autre creufet renverfé , de. façon que
l’ouverture de l’un foit appliquée à l’ouverture
de l ’autre * on les lutte bien * & après que le lut
eft féché, on met le tout au milieu des charbons
qu’on laiffe allumer petit à petit & d’eux-mêmes.
Le creufet, en commençant à fentir l’ aâion du
fe u , fumera canfidérablement. Il faut, pour cette
opération , une cheminée fort large, & lorfqiie
la fumée s’élèvera, le parti le plus sûr fera de
fortir du laboratoire, car cette vapeur eft mortelle.
Lorfqu’ il ne viendra plus de fumée , on
îaiffera le feu s’éteindre de lui-même, & le creuset
fe refroidir* on en ôtera pour lors les morceaux
4e cryftal : ceux qui feront à la furface du
creufet feront de couleur d’o r , de rubis balais
& marqués de différentes couleurs: ceux qui feront
au fond feront, pour la plupart, cpufeur 4e
viperes ou'truites * ou pourra polir à k roue &
brillanter çes c.ryftaux comme ou fait d’autres
pierres pré'cieufès, Les autres morceaux de cryf-
ta l, montés en or 8c garnis d’une feuille, feront
fort beaux, & feront un bel effet à la vue. Cette
opération n’étant ni longue ni cpûteuil 3 on
pourra en colorer une.bonne quantité : il fe trouvera
toujours fur lé grand nombre quelques morceaux
d'une fingulière beauté. On parvient encore
à donner au cryftal de roche la couleur du
rubis balai», du rubis , de la topaze, de l’opale 3
& c . Pour cet effet’, on- prend d’orpiment bien
jaune & d’arfenic blanc, de chacun deux onces *
d’antimoine crud & de fel. ammoniac.,. de chacun
une once : on pulvérife- ces matières* on les mêle
avec foin * oi\ le.s met. dans un creufet affez
grand* on pofe par-deffüs d’abord les morceaux
de cryftal de roche les plus petits , enfüite de plus,
grands qui n’aient ni taches, ni défauts * on couvre
ce creufet.d’un autre creufet renverfé, au
fond duquel i l y ait une ouverture de la grandeur
d’ un pois ,■ ce qui fè pratique , afin que la
fumée qui s’élève des matières, étant contrainte
d’aller droit, colore les morceaux de cryftal en
paftatit, mieux que fi. elle alloit obliquement &
fortoit jpar les jointures.des creufets que l’on aura
foin de bien luter. Le lut étant féché , on mettra
ces creufets au milieu des charbons , de ma-’
nière que le creufet de deffous foit entièrement
couvert par les c h a r b o n s c e lu i de deffus à moitié.
On Iaiffera pour lors le feu s’allumer petit-à-
petit & de lui-même fans fquffler, à moins qu’il,
ne vint à s’éteindre * il faut que les charbons foient;
grands 8c de bois de chêne * & l’ on procédera
comme il a été- dit ci-deffus, en fe garantiffant
de la fumée qui eft très-dangereufe : il faut faire
en forte que les çharbons une fois allumés fe confirment
; fons cela, l’opération ne pourcoit réuf-.
fir * on Iaiffera la fumée & le feu c.effer d’eux-
mêmes * l’on prendra garde qu’ il n’entre ni vent
ni air fro id , car cela feroit caffer les morceaux
de cryftal : lorfque tout fera refroidi , la plus
grande partie du cryftal fera teinte de couleur de
topaze, de rubis, de chryfolite, d’opale, d’af-
térîe , & fournira un très-beau coup-d’oeil. Oa
choifira les morceaux qui feront les, mieux coltf-
rés * on les polira à la roue, 8c ils prendront un
éclat que n’ont peut-être pas les vraies pierres
précieufes , fans rien perdre de la dureté qui
comme on le fa it, eft allez grande dans le cryftal
de roche. En montant ces criftaux en o r , & mettant
une feuille deffous , ils feront un très - bel
effet * mais on aura foin de choifir de l’orpiment
bien jaune, car c’eft de-la que dépend toute
l’opération * & l ’on obfervera exactement les
précautions qui ont été indiquées. Si. l’opération
$e réuffit pojnt la première fois , on reçommeu»
cera, & l'expérience ne manquera pas d’ avoir le
fiiccès défi ré. ,
J’ai éprouvé, dit Kunkel, les deux opérations
indiquées ci-déffu$, & je conviens qu’elles donnent
de très-belles couleurs * mais le cryftal de
roche y devient comme froiffé , & il s’y fait de
petites fentes 8c éclats qui empêchent que l’on
puiffe "Venir à botit de le bien tailler * ■ cela eft
d’autartt plus v ra i, qu’il eft difficile qu’ un morceau
de cryftal réunifié les deux qualités d’être
bien coloré, 8c d’être affez dur pour pouvoir
foutenir le poli : il eft néanmoins certain que
fi on pouvoit le ‘çonferver en entier 8c en gros
morceaux, cette manière feroit la meilleure pour
imiter de belles pierres..
Quant à ce que l’auteur dit en avoir taillé
de belles pierres, je ne trouve pas que la chofe
réufliffe de quelque, façon qu’on s y prenne,
comme cela m’eft arrivé. Il eft vrai qu’il y a quelques
morceaux de, cryftal qui prennent une belle
couleur de rubis * mais en obfervant la chofe.de
pluS;près ,;je trouve que cette couleur ne vient quei
dé la fumée de l’orpiment,, qui s’eft gliffée dans,
les petites crevaffes ou fentes déliées dont nous;
venons de parler, & y a formé une efpèce de!
feuille: fi l’onvenoit à faire fondre ces cryftaux,;
on qu’on en:gratât la furface , le beau rubis dif-'
paroitroit* d’où l’on voit que ce n’eft ici qu’ un
tour d’adreffe * & il en eft des autres pierres comme
du’ rubis : voilà' ce que j’ai çru devoir faire'
obfetvèiv •
C Y G N E I N G É N I E U X . >
M. Millèr , négociant dans Fleei market, grand-
amateur de phyfiqué amufante , chez qui' nous
dinâmes utqoùr, nous fit voir, dit M. Decremps,
dans un bafliti pofé fur. une table,-un petit cygne
d’émail, qui nageoit en fe portant à droite 8c à
gauche au greffes fpeCtateurs.’ Cette expérience,
dit M. Hill, eft connue du public depuis plus de;
vingt ans, car Jean-Jacques Rouffeau en a parlé
dans fon traité de l’éducation. Je fais , répondit
1 amateur , que l ’auteur d’Emile explique cette
récréation par l’aimant, mais il eft facile de vous
démontrer que ce minéral, ne m’eft ici d’aucun
ufage* en effet, continua-t-il, ffn ne connoît à
que- fix propriétés particulières qui le
diftinguent de tous les autres foffiles * favoir,
Jattraélion , la répulfion , la communication, la
direction3 l'inclinaifon 8c la déclinaifon * o r , c e s .
propriétés , prifes féparément ou conjointement ,
ne peuvent fuffire pour expliquer les opérations
de ”?/on petit cygne * puifqu’il va prédire votre
peniee en indiquant d’avancé un mot que vous
evez choifir librement parmi plufieurs autres.
/ ois le petit cygne fe porta autour du bàffin où
etojent arrangées les lettres dé l’alphabet , : 8c
lucceffivement fur.les Jëttres r 3 a y v 3- i y ^ ev
énfuite M. Miller tira de fa poche tin jeu de
' cartes, fur chacune defquelles étoient des mots
différens * il en fit prendre fix par une perfonne
de la compagnie Scia pria d’en retenir une à
fon-gré.
11 n’eft pas difficile , dit M. H ill, que les lettres
indiquées par le petit cygnè forment, le mot
que; l ’on va garder 5 fi ces mêmes lettres , ccrm-
biriées différemment', peuvent donner tous les
différens mots fur lefquels vous donnez à choifir
, tels que ravine 3 navire, venari mot latin,
uranie , va r ie r , avenir. Le moyen 'dont - vous
parlez , dit ,M.-Miller , eft expliqué dans ies récréations
mathématiques de M. Guyot* mais ce
n’ eft'pas’ le mien V püifque je donne à choifir des
mots qu’on ne peut pas écrire avec les mêmes
•'lettres. M. Miller prit alors les fix cartes fur lef-
quelles il avoit donné à choifir * 8c les retournant
l ’une après lhutre fur la table , il fit voir qu’elles
contenoient les mots fuivans : Pithagore ; navire ,
Confi antinof le.\, dëu^e , fiecreîtefnent , incroyable ,
& que le mot navire qu’ on avoit*'choifi étoit le
-feul de ces fix mots qu’on pût- écrire avec les
lettres r , a , v 3 i 3 n , e , indiquées d’avancp p^r
le petit cygne. .
M. HilU qui, dès le commencement, aVoitcru
connoître ce tour, fut bien embarraffé quand il le
j vit terminer de cette manière , & M. Miller nous
en donna enfinte l’explication fuivante :
D ’abord, je fais remuer le cygne par l’ aimant ,
| .comme le dit Rouffeau , ffc pour que..les lettres:,,
indiquées^’avance par le cygne ,, -forment infaik
i hblemeut le mot choifi , je fuis les; principes de
M. Guyot, en ne donnant à choifir que des mots
; qui font tous l’ anagramme & Uranie, comme
ceux que vous avez cités * mais voici ce que j ’-a-
; joute de moi - même pour faire croire que je
i n’emploie point les deux moyens indiqués pat
| autrui.
i ° . Je fais voir une vingtaine de cartes, par-
I tant des mots- différens , qu’ on ne peut pas écrire
avec les mêmes lettres.
J 20. J’ ai fix cartes de réferve que je ne montre
j point, 8c qui portent, les, mots uranie , vanier ,
j navire, & c . qu’on peut écrire avec les mêmes
lettres différemment combinées.
I 30. Je fais femblant de mêler toutes les cartes
au hafard , 8c cependant je retiens toujours fur le
jèu lès fix cârtes de réferve ,quê je yèux faire
prendre.
40. Unïnftant avant de les faire prendre, je fais
fauter la coupe , & je les fais trouver dans le
milieu pour-les pouffer adroitement dans la main
du fpeétateur, en lui faifant accroire àu’ii- chpiik
au hafarff.
‘ pféfidre cés-cartfespar uhè hen'ôn