
rebord D vers le bas ( i ) , d’environ un demi-
pouce 3 le deflus E doit être creux & de figure
fphérique , afin de pouvoir contenir les mufca-
ces (2) fans qu’elles excèdent le bord fupérieur
du gobelet; il faut fe munir auflî d’une petite baguette
qu’on nomme Lâton de Jacob : elle fe fait ordinairement
d’ ébene, & on la garnit d’yvoire par
les deux bouts ; on s’en fert pour frapper fur les
gobelets, & comme on la tient fréquemment dans
la main où l’on cache les mufcades , elle procure
l ’avantage de tenir fouvent la main fermée & d’en
varier la fituation , fans quoi , pour éviter qu’ on
ne les apperçoive 3 elle fe trouveroit quelquefois
un peu gênée.
Toute l ’adrefte de ce jeu confifte principalement
à cacher fubtilement une mufcade dans la
main droite & à la faire paroître de même. d^ns
les doigts de cette même main.
Toutes les fois qu’on la cache entre fes doigts,
ce qu’on appelle efeamoter la mufcade 3 il faut que
lé fpeébiteur juge qu’ on la met dans l’autre main
ou qu’on la fait paflèr fous un gobelet ; fi au contraire
on la fait reparoître lorfqu’ on la tient cachée
dans fa main, il faut qu’il croie qu’on la fait
fortir de l’endroit qu’on touche alors au bout des
doigts,
Manï}re d‘efeamoter la mufcade,
On prend la mufcade , & l’ayant mifc dans
î.a main droite entre l’endroit du pouce À (f ig . 2 i
fbid) & le bout du doigt B , on la conduit avec
Je pouce en la faifant rouler fur les doigts le
Jong de la ligne BC 3 on écarte un peu le doigt
du milieu D' & celui È , & on la place à leur,
jonftion C 3 ( Voye^ fig. 3 ) fa légèreté fuffit pour
l ’empêcher dé.tomber , pour peu qu’on la ferre-
entre ces deux doigts,
Pour la faire paroftre, on la ramène de même
avec le pouce depuis C jufqu’en B (fig. 2). Toutes
les fois qu’on l’efcamote ou qu’ on la fait par
ro ître , le plat de la main doit être tourné du
côté de la table fur laquelle on joue.
Lorfqu’on cache la mufcade dans, fa main , on
donne a entendre qu’ on la fait pafter fous un
gobelet ou dans une autre main ; dans le premier
cas on fait un mouvement avec la main comme
fi on la jettoit au travers du gobelet, ( Voyeç
fig. 4 ) & du même temps on l’efcamote : dans
le fécond on l’efçamote & On approche les deux
(1) Ce rebord lert à lever facilement le gobelet
& à y placer avantageufement la main pour faire
paiTer une petite boule de liège , que l’on nomme
mufcade.
(f) On les fait avec du liège & on les noircit en les
brillant un peu à la chandelle,
doigts de la main droite vers la main gauche qu’otl
tient ouverte, on fait un petit mouvement pour
feindre qu’on y place la mufcade, & on, ferme
auflitôt la main gauche.
Lorfqu’on feint de mettre une mufcade fous
un gobelet, on fuppofe toujours quelle eft alors
dans la main gauche 3 ori lève le gobelet avec U
main droite ( Voye£ fig. 5. ) , & ouvrant la main
gauche , on le pofe à l’ inftant fur le creux de cette
main & on le fait glifler le long des doigts.
Lorfqu’on la veut mettre fecrettement fous le
gobelet, elle doit être alors entre les deux doigts
de la main droite (fig. 6 . ) , on lève le gobelet
de cette même main, & en le repofant fur la
table on lâche la mufcade , qui félon la pofition
(fig. 7 ) doit fe trouver au bord & un peu au-
deflous du gobelet qu’on prend dans fa main.
Si on veut mettre fecrettement la mufcade éntre
deux gobelets, il faut en la lâchant la faire fauter
vers le fond du gobelet qu’on tient & le
pofer promptement au-defîiis de celui fur lequel
on veut qu’élle fe trouve placée.
Lorfque la mufcade eft placée entre deux go*
belets & qu’on la veut faire difparoître , il faut
élever avec la main droite les deux gobelets au-
deflus de la table , & retirant précipitamment
avec la vnain droite celui de deftbus-fous lequel eft
la mufcade, au même inftant on abaifle avec la
main gauche l’autre gobelet fous lequel elle fe
place alors.
Nota, Pour l’ intelligence des tours qui fuivent,
on prévient qu’ on fe fervira des. termes ci-après
pour expliquer fi ce qu’on annonce .eft feint ou
véritable , & qu’on adaptera leurs numéros à
l’explication des différentes récréations qui fun .
vent ;
N°, I,
Pofer la mufcade fous le gobelet , c’eft la mettre
effectivement'fous ce gobelet avec les deux doigts
de la main droite ou de la rnain gauche,
N°. II.
Mettre la mufcade fous le gobelet qu fians la main,
peft l’efcamoter V en feignant de la renfermer
daîis la main gauche qu’ on entr’ ouvre enfuite pour
fuppofer qu’ on la met fous ce gobçlgt qu ailleurs.
C ^oyeifig. .3 ).
‘ N°t III,
Faire pajfer la mufcade fous le gobelet , c’eft V
introduire fecrettement celle qu’on a efçauio^
entré les doigts ( Voye% f i g 6 ).
N°t IV,
Faire pajfçr la mufçade entre les gobelets 3 e’eft h
ch'ofe 3 excépté qu’on la place entre deux
gobelets.
N°. V .
Faire difparoître la mufcade qui eft entre deux gobelets
, c’eft retirer avec beaucoup de précipitation
& d’agilité celui fur lequel elle eft placée ,
& abaifler.en même-temps fur la table celui qui
fe trouve au-deflus , fous lequel alors elle fe
trouve cachée.
N-°. V I .. -
Prendre la mufcade, c’eft la prendre entre les
deux doigts de la main droite, & la faire voir
avant de l’efeamoter.
N°. VII.
Oter la mufcade de deffous un gobelet , c’eft l’ôter
effectivement avec les doigts à la vue des fpec-
tateursH : ,
N e. VIII.
Tirer la mufcade, c’ eft feindre de la retirer du
bout du bâton, du gobelet ou de tout autre
endroit, en ramenant dans les doigts celle qui
eft cachée dans la main.
N°. IX.
Jetter la mufcade' au travers le gobelet, c’eft l’ef-
camoter en feignant de la jetter.
N°. X. •
Lever les gobelets. Se fait de trois manières :
favoir, de la main droite lorfqu’on veut en le remettant
à fa place y inférer fecrettement une mufcade
5 ou avec la baguette qu’on pofe fur le def-
fus des gobelets pour les abaiffer afin de faire
voir les mufcades qu’on y a fait paffer 5 ou avec
les deux doigts de la main gauche lorfqu’on veut
faire voir qu’il n’y a point de mufcades *, ou.qu’il y
en a qui y font paflées.
N°. XI.
Couvrir un gobelet, c’eft prendre de la main
droite celui quon veut mettre au-deffus de lui &
introduire en même-temps la mufcade entre les
deux.
' N°. XÏI.
Recouvrir un gobelet-, c’eft prendre de la main
Puche le gobelet qu’on veut mettre au-deffus,
ians rien introduire.
Avec une feule mufcade , mettre une mufcade fous
chaque gobelet & les retireri
Les trois gobelets & le petit bâton étant mis
fur la table comme l’ indique la. figure 1 t planch. 1
( Tours de Gibeciere3tome r f f l des gravures') j on
commencera ce jeu en faifant un difeours plaifant
& tel qu’on voudra fur l’origine de cette baguette
& des gobelets (1) 3 on dira, par exemple.
Il y a bien des perfonnes qui fe mêlent de jouer
des gobelets, & qui n’y connoiffent rien 3 cela
n’eft pas fort extraordinaire , puifque moi-même,
/qui me hafarde à jouer devant vous , je n’y conçois
pas grand’ chofe : je ne rougis pas de vous
avouer, que j’étois fi novice il y a quelque tems ,
que je m’avifai de jouer devant une nombreufe
afîemblée avec des gobelets de verre 3 vous jugez
que je ne fus pas fort applaudi : je n’emploie actuellement
cette méthode que vis-à-vis des aveugles
: je ne joue pas non plus avec des taffes de
porcelaine , de crainte que par mal-adreffe, voulant
feindre d’en cafter les anfes , je ne les cafte
tout de bon 5 voici les gobelets dont je me fers :
ils font compofés de métaux que les Alchî-
miftes attribuent à Jupiter &- à Mars , c’eft-
à-dire , pour parler plus humainement & plus intelligiblement
qu’ ils font de. fer - blanc 5 voyez
& examinez ces gobelets , ( on fa it voir les gobelets
aux fpeUateurs, & on les remet fur la table )
toute ma fcience, & c’eft en cela qu’elle eft ad-:
mirable, confifte à vous fafciner les yeux & à y
faire pafler. des mufcades fans que vous vous en
apperceviez : je vous avertis donc de ne point
faire attention à mes paroles, mais de bie^ examiner
mes mains : on montre fes mains ) s’il y à
dans cette compagnie quelqu’un qui ait le malheur
de fe fervir de lunettes 3 il peut fe retirer ,
attendu que les plus clairs-voyans n’y verront
rien.
Vo ic i le petit bâton de Jacob ( on montre le
bâton de la main gauche ) c’eft-à-dire , le magazin
d’où je tire toutes mes mufcades (2 ) , il n’y en a
pas un feul à Amfterdam qui en foit fi bien fourni,
attendu que plus on en ô te , plus il en refte 5
j ’en tire ( VIII ) cette mufcade 3 ( on la fait voir
& on la pofe (Y) fur la table ) remarquez qu’il n’y
a rien fous ces gobelets 3 ( on fait voir C intérieur
des gobelets') & que je n’ai aucune autre mufcade
dans mes mains : (on fait voir fes mains ) je prends
( V I ) cette mufcade, je la mets ( II ) fous ce premier
gobelet : je tire ( VIII ) une fécondé muft
(1) Il faut beaucoup difeourir dans cette forte d'a-
mufemenc, afin d’occuper l ’oeil quelquefois trop attentif
du fpeétateur.
(z) On prend fecrettement de l’autre main une mufcade
dans fa gibecière , ou dans le vafe fig. 8, n°,
1 & r , pi. 1 , ibid. On cache cette mufcade entre fes
doigts.