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car M . Hill n'avoit feulement pas touché la porte
avec fa tête , quoiqu'on le crût bleffé à cette
partie. Dans le même inftant où il âvoit fait
des mouvemens comme pour fe frapper , il
avoit efquivé le coup , en retenant fa tête s
à raidé de la main gauche appliquée fur la porte
vers l'endroit où il fembloit heurter , tandis que
le bras droit , caché aux yeux du fpeétateur ,
frappoit la porte à main fermée. La correfpon-
dance des mouvemens de la' tête avec le bruit
occafionné par ces coups de poing , produifoit
une iilulîon complet te 3 fig. zz 3 pl. 6 de magie
blanche.
Pour empêcher la compagnie de réfléchir fur
ce moyen 3 M. B ill parla en ces termes : V ous
croyez peut-être , meilleurs , que , pour faire
ce dernier tour , il faut avoir une tête fans cervelle
5 mais ce feroit une erreur de votre part 5
voici mon fecret : Il fe réduit à deux mots 5
il fuffit d'être invulnérable , & d'avoir un crâne
de fer. Y a-t-il quelqu’ un parmi vous qui veuille
lutter contre moi à coups de tête comme les
béliers ? ( D ecremp-s )
( V o y e ? C h A RL AT AK J DEVIN, DEVINERESSE ,
E sc am o t a g e , Gibecierè , G obelets (tour
des ) & c . &c.
FEU. Le feu peut être confidéré comme une
matière particulière généralement répandue dans
tous les corps (1) ; fes parties dures 3 tranchantes
& néanmoins fluides 3 s'agitent en tous fens avec
une extrême rapidité , foit par l'effet de la matière
fubtile 3 foit par celui de quelqu'autre agent:
le mouvement violent de cette matière 3 la met
alors en état de pénétrer 3 divifer , détruire tous
les corps combuftibles , & de fondre , liquéfier &
calciner les métaux & Tes corps les plus durs.
Le choc 3 le frottement , ou le mouvement violent
des corps 3 accélérant néceffairement celui
des parties au feu qui y font renfermées : & leur
donnant alors de nouveaux dégrés de force'& d’activ
ité , produit & communique la chaleur , & oc-
cafionne à certain dégré l'inflammation (2).
Lorfqu'il n'y a dans les corps qu’une fimple communication
de chaleur , le corps échauffé ne peut.
avoir une chaleur plus forte que celle de celui :
[r] Le feu élémentaire eft univerfdlement répandu
dans la terre, dans l’eau & dans l’air j il n'eft aucun
corps où fa préfence & fon aétion ne fe faffe fentii
plus ou moins, & rien ne prouve mieux cette préfence
que les expériences de l'éleCtricité.
[z] Si on frappe un caillou avec un. morceau d’acier
trempé, il s’échappe de petites parties d'acier que les
étinceles qui forcent de ce caillou fondent à l’inftant,
&. réduifent en petits globules, comme il eft aifé de
fe convaincre à l’aide d'un bon micro feopè.
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dont il l ’a reçue , & le plus fouvent même elle eft
moindre 5 c'eft par cette raifon que dans cette
circonftance ces corps fe refroidiffent aufli-tôt
qu'ils font féparés de ceux qui la leur ont communiquée.
Si le mouvement rapide de la matière du feu
eft au dégré fuflfifant pour produire l'inflammation,
ce qui arrive plus aifement aux corps qui
font poreux ; cette matière alors excite & ranime
toutes les parties de même nature qui s’y trouvent
renfermées, & ces parties venant à1 pénétrer &
à s'étendre de tous côtésppur fe mettre en liberté,
brûlent & détruifent ces corps de toutes parts en
rompant les cellules où ce feu fe trouvoit en quelque
forte renfermé, ce qui produit alors ce qu'on
nomme enbrafement, qui gagnant de proche en
proche avecplus ou moins de violence ou de facilité
, félon la nature de ces mêmes corps , augmente
confîdérablement, & ne ceffe que lorfqu’il
ne fe trouve plus de matière qu'il puiffe détruire
& attaquer.
L'effet du feu fur tous les corps n'eft pas le
même , il dépend prefque toujours de leur nature,
le feu d ivife, fépare & détruit toutes les parties
des bois , il calcine les pierres , & il fond les
métaux les plus durs.
Plus les corps contiennent en eux-mêmes de
parties fulfureufes, plus aufli ils font combuftibles;
ceux qui n'en cohtiennent point ou très peu,
fo n t, pour ainfi dire, infenfibles à l'aCtion du
feu. Le diamant & certaines pierres précieufes
peuvent refter plufieurs jours dans le feu fans aucune
altération, & fans qu'il réfulte aucune défu-
nion des parties dont il eft compofé 5 on a vu de
la toile faite avec de la racine d'un arbre qui croit
dans les indes, ne fouffrir aucune altération,
après avoir été expdfée à un feu fort ardent, &
quoiqu'on l'eût même trempée dans l'huile, pour
en augmenter l'aCtivité.
Le feu a la propriété d’enlever par l'évapora-*
tion l’eau dont toutes les différentes matières
peuvent être pénétrées : il augmente le volume
des corps (3 ), même des métaux , ce qui eft oe-
celfairement occafionné par la dilatation de 1 air
qui fe trouve renfermé dans ces corps y mais lorf*
que ces corps font affez poreux pour biffer échap-
.per.cet air a mefure qu'il fe dilate, il,n'en refulte
aucune augmentation fenfible ; il arrive nierne
quelquefois qu'ils diminuent de volume, lorfqu ijs
font refroidis , attendu que l ’air qui enétoitfortu
r rentrant pas en égale q u a n t i t é & s'y trou' .
vant par conféqùent condenfé, en réflerre 1£S
[3] Une tringle de fer de 4 à 5 fJieds de long, f°r'
renient chauffée , s’allonge de quelques lignes, & rc'
prend fa première dimenfion étant refroidie.
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•ores, comme il arrive au bois qui diminue de
largeur étant féché au fout.
De tous les élémens, le feu eft celui dont les
rarties font les plus fluides & les plus pénétrantes.
Dn peut bien conferver l'air & les liqueurs les
vins (piritueufes dans un vafe bien fermé , mais
on n’y peut conferver.le feu ; il n'eft aucun moyen
de le fixer & de l'affujétir dans aucun corps,
où d'empêcher qu'il ne s'étende au dehors; &
fi pat quelque moyen , on parvient à retarder fa
marche , l'obftacle qu'on lui oppofe le biffe enfin
échapper, & félon les circonftances, il fe dif-
fipe peu-à-peu, ou il éclate avec violence.
Inflammation extraordinaire.
Il faut avoir trois parties d'huile de gayac, de
gérofle , ou de térébenthine (1) , une partie d'ef-
prit-de-nitre & autant d'huile ae virriol concentrée.
,
Si ayant verfé dans un grand verre à bierre les
trois parties d'huile de gayac , on met dans un autre
vafe l'efprit-de-nitre& l'huile de vitriol ci-def-
fus, & qu'on les verfe à deux ou trois reprifes ,
& à peu de'diftance l'une de l'autre dans l'huile
de gayac fon-appercevrà une violente fermentation
dans le vafe qui contiendra ces trois liqueurs, -
& il s'en élevera aufli-tôt une fumée très-épaifle
où l’on verra briller une flamme qui s’élèvera au-
deflus du verre à la hauteur de plus d'un piéd.
(2) Il fe répandra dans la chambre une odeur
aromatique très-forte;. .
Nota. Les matières fulfureufes contenues dans
rhüile ci-deflus , qui fe trouvent pénétrées de
toutes parts & avec promptitude par les acides
violens qu'on y mêle , fe dégageant des lieux qui
les retenoient, fe mettent en liberté , éclatent
de toutes parts, & diflîpent en flamme les parties
les plus fubtiles de ce mélange ; celles qui font les
plus groflières s'exhalent en odeur & en fumée.
Fondre une pièce de monnoie dans une coquille de
noix , flans Vendommager '.
Prenezune pièce de dix-huit deniers, & l’ayant
ployée, mettez-la dans une demi-coquille de
noix que vous poferez fur un peu de fablon, afin
qu'elle ne fe renverfe point ; rempliflez cette coquille
avec . un mélange fait de trois parties de
Ii] On doit choifir la plus nouvelle, pour ne pas
manquer l’opération.
.Cz] Une once de nitre fumeux , autant d’huile de
VlUiol concentré ayant été mife dans un verfe , fi on
vérfe fur ces deux liqueurs une-égale- quantité d’huile
de térébenthine , ce mélange produit une flamme qui
£ annonce par une explofion & un tourbillon de fumée.
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nitre bien pulvérifé que vous aurez bien fait lécher
dans une cuiller que vous ferez chauffer ;
ajoutez-y une partie de. fleur de foufre , & quelque
peu de r apure de bois tendre , bien tamifée :
mettez le feu a cette compofition.
: Aufli-tôt que ce mélange aura été enflammé &
qu'il fe fera mis en fufion , on verra au fond de
la, coquille le métal qui compofe cette pièce entièrement
fondu & tres-ardént, fous la forme d'un
petit bouton, qui fe durcira dès que la matière
qui brûle autour de lui fera confommée. La coquille
qui aura fervi à cette opération fera très-peu
endommagée.
Le feu qui occafionné la fonte de ce métal eft
d'autant puiflant ,qu'agiflant fur une partie de ce
métal extrêmement mince, il eft encore aidé par
un acide capable de .diffoudre le cuivre & l'argent
dont cette forte de monnoie eft compofée.
Poudre fulminante.
Prenez trois parties defalpêtre bien féché,une
partie de fel de tartre & une de fleur de foufre ,
& broyez bien le tout dans un mortier. Mettez
deiix ou trois gros de cetté compofition dans une
cuiller que vous poferez fur un petit feu de charbon.
C e mélange deviendra d’abord liquide 3 peu
après on appercevra de petites flammes bleues fur
fa fuperficie , & un moment après il fe diflîpera
entièrement & tout-à-coup avec un bruit effro *
.yabîe.
Nota. Il faut ufer de beaucoup de précaution ,
lorfqu'on fait ces fortes d'expériences, & on doit
fe tenir éloigné autant qu'il eft poflible, de crainte
que quelque partie de la matière enflammée ne
vienne frapper au vifage.
Faire paroître fur un papier des car ancres lumineux»
Prenez une plaque de cuivre A B , (fig. 1 & 4 ,
pl. l , pièces d’artifices ) , d'une ép ai fleur convenable
, & faites-y ajufter & river des lettres , ou
tous autres caractères & figures découpés de
même matière que vous voudrez, & auxquels
vous donnerez 2 lignes d'épaiffeur, afin que cett&
plaque étant chauffée , puiiTe conferver une chaleur
très-forte : ajuftez a cette plaque une tige de
fer C (fig. 2 ) , & un manche de bois D 5 faites
chauffer cette plaque’ pendant quelque tems , &
appliquez-la fortement fur un papier blanc bien,
fec , que vous aurez pofé fur un morceau de drap
ployé en deux.
Si on porte aufli-tôt ce papier dans l’obfcurité ,
l'empreinte de fes lettres formera des caradtères
lumineux & très-diftinCts. qui continueront à briller
jufqu'à ce que le papier foit entièrement refroidi.
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