
l ’état où il fe trouve par la diffolution qu’il a éprouvée
d'abord par l'aêtion d'un alkali volatil, qui,s'é-
tant exhalé enfuite, l'a îaiffé imprégné d'une matière
graffe. D'après ces connoiffances , il a com-
pofé lui - même une efpèce de 'malachite, en faifant _
diffoudre du cuivre dans de l’alkali volatil, ou fel
ammoniac, dégagé par l 'alkali fixe. Il a obtenu de .
cette difïblution dès cryftaiix d'un beau b leu, qui, J
ayant été eflpofés à l'air pendant un certain temps,
ont pris une belle couleur verte, femblable à celle !
de la malachite. M. le Sage, qui a fait part de fes 1
expériences à l'académie des fcierices 3 regarde
cette préparation comme une efpèce de malachite
artificielle : elle reffemble en effet beaucoup à la
naturelle. 11 eft bien rare qu'on puifle imiter parfaitement
la nature dans fes productions : aufli la
préparation que M. le Sage a faite pour imiter' la
m.ïhchite , n'en a-t-elle que l'éclat, fans en avoir
la dureté. =
MANGEUR DE PIERRES. Iln'eftforte d'idée,
qui n'ait paffé dans la tête de quelques hommes ,
pour tâcher de trouver le moyen de gagner de l'argent
, en pouvant faire voir des chofes extraordinaires.
On a vu des hommes avaler plusieurs petites
pierres $ en forte qu'en leur remuant l’eftomac, on,
entendoit très-feniïblement leur frottement , même
d'aflez loin. On fent bien que ces matières font bien
éloignées de pouvoir être digérées , mais elles
paffent Amplement dans les inteftins , & font enfuite
rejettées. On voitla même chofe arriver aux oifeaux
& aux animaux voraces, qui avalent quelquefois
de petits cailloux, foit par l'effet d'une trop grande
avidité, foit pour faciliter leur digeftion par la
trituration. C'eft à quoi fe réduit toute la prétendue
digeftion de l’autruche.
Mangeur de feu. Les bateleurs font voir tous
les jours des chofes qui furprennentmais dont
on peutaifément reconnoître les caufes, lorfqu'on
vient à y réfléchir. On a vu , par exemple, un
anglois mangeur de fe u , nommé Richardfon, faire
rôtir un morceau de viande fur fa langue, allumer
' un charbon dans fa bouche avec un foufflet, l'enflammer
par un mélange de poix noire, de poix
réfine, de foufre enflammé. Ce mélange allume
pro'duifoit dans fa bouche le même frémiffement
que l'eau dans laquelle les forgerons éteignent le
f e r , & bien-tôt après il avaloit ce charbon enflammé
, cette poix, ce foufre & cette réfine. Il
empoignoit un fe r rouge avec fa main, qui n’étoit
cependant pas plus calleufe' que celle d'un-autre
homme. Enfin il tenoit un autre fer rouge entre
fes dents.
C e n’eft que par une habitude, d'abord très-
douloureufe , & une difpofition dans,les organes,
qu’uh tel homme eft parvenu à les rendre infenfi-
bles. Le valet de cet anglois publia, en 1667 , le
fetret de fon maître , le mangeur de feu. Ce fecret
confifte à fe frotter les mains, la bouche, les
lèvres , le palais avec de Refprit-de-foufre, vrai-,
femblablement affoibli dans les commencemens, •
St que l'on emploie enfuite plus aêtif. Cet acide
corrode l'epidefme, & le rend aufli dur qu'un cuir.
Eh répétant cette opération , l'épiderme devient
fi dur, qu'il gêne les mouvemens de la bouche :
les bateleurs fe la lavent avec du vin bien chaud,
i& enlèvent la peau racornie, qui fe.détache. Ils.
Jèndurciffent la nouvelle peau de la même manière,
1& avec le temps la rendent fans fenfibilité. De
'quoi certains individus ne font-ils pas capables,
i foit pour gagner de l’argent, foit pour tromper
les autrëshommes ? Lorsqu'ils ont avalé ces charbons
, que leur falive éteint auparavant dans leur
bouche , ils ont grand foin d'avaler de l’huile ou-
de l'eau chaude pour rejetter ces matières.
Tout lé monde'fait que dans ces fiècles où la
fupèrftition. & l'ignorance ont régné ( empire dont
. malheureufement la nature eft la plus aveugle & la
plus durable ) on fait que l'on faifoit ufagè des
épreuves de, l'eau chaude & du fer chaud, pour'
diftinguer le coupable de l’innocent-
j On appelloit ces jugemens , juge mens de Dieu,
dans la folle perfuafion que Dieu faifoit un miracle
pour fauver-l'innocent; Ces épreuves fe faifoient
dans üne égtife. L’accufé étoit obligé de jeûner,
trois-jours au pain & à l’eau, entendoit la meflè,
y communioit, faifoit ferment de fon innocence,
recevoit de l’eau bénite par afperfion & même en-
avaloit ; puis il étoit conduit au lieu de l’épreuve.
Celle dé l’eau bouillante fe faifoit en plongeant la»
main dans une cuve, pour /prendre un anneau qui
y étoit fufpèndu plus ou moins profondément. Celle
de l’eau'froide confiftoit à jetterle patient dans
l’eau, après lui avoir lié la main gauche au pied'
droit, & la main droite au pied gauche. L'accufé
ne devoit pas aller au fond, parce-que l'eau, qu'on-
avoit eu la précaution de bénir, n'auroit eu garde
de le. recevoir. L'épreuve par le feü étoit réfervée
pour les nobles, les prêtres & autres perfonnes
libres.
L'accufé étoit obligé de lever de terre deux ou
trois fois une barre de fer rouge, ou de la parter
à quelques pas : enfuite il mettoit fa main dans un
fa c , fur lequel le juge & l'accufateur mettoient
leur cachet.* Au bout de trois jours , on examinent
la main , & l'on étoit abfous s'il ne paroifîbit pas
de brûlure. Mais heureufement la loi folique per-
mettoit à l’accufé de mettre à fa place un fubftitut.-
Des gens tels que notre mangeur de feu pou"
voient feuls les faire abfoudre, tandis que l'innocent
qui s'y foumettoit, .étoit condamné^ coupable
, puifqu'il eft de la nature de ne jamais s'écarter
de fes loix.
Quant à l'épreuve de l'eau froide, il y a lieuse
croire que le coupable étoit toujours fauvé, puii-
qu'il eu impoflibie qu’ un homme jetté dans 1 eau
pieds St mains liés, n’ aille' au fond, a moins qu il
•n'ait le malheur d'être comme le fameux phyficien
Defaguilhers f dont le corps étoit fi gras , qu il
furnageoit &; n’alloi.t jamais au fond de 1 eau.
A l’egard de l’épreuve par l’eau bouillante , il
eft peut-être poflible de faire bouillonner de 1 eau
froide par un air comprimé, q ui, chercha- t a fe
dilater, occaftowiic des bulles a la furface de 1 eau,
comme fi elle étoit fur le feu.
Si le fait fuivant eft vrai, nos mangeurs de feu
font encore bien éloignés de l'impaliibilité d'un
' efclave que Tavernier dit avoir vu dans fes voyages,
qui, pour quelque petite récompenfe, fe iaiffoit
• charger de chaînes rouges, qu'il portoit jufqu a ce
qu'elles fuflent refroidies;
Mangeur de chandelles. Le domeftique d'un
faifeur de tours fe préfenta en habit de paillafle
pour moucher les chandelles, dont quelques unes
étoient aux trois quarts ufées. Il en fubftitua d entières
après quoi il mangea tous lès petits bouts de
chandelle avec autant de plaifir que s’il eut mangé
d'excellent fromage 3 on lui demanda fi c étoit là
fon régal ordinaire, il répondit qu'oui & qu'il en
étoit très-fatisfait, quoique la mèche fût un peu
indigefte.
Ceci n’étoit qu'un petit tour pour amufer la
compagnie. On avoir taillé de groflès pommes en
forme de bouts-de-chandelles l'on y avoit
planté une cuiffe de noix-qui bruloit comme une
f mèche ordinaire 3 par ce moyeu paillafle fembloit
manger du fuif & du coton, quoiqu il ne mangeât
que dès noix & des pommes. ( Decremps )
MARCHEUR SUR L’EAU. Un homme fe fit
annoncer dans Paris, difant qu’ il pafferoit la Seine
à pied fec avec des fabots élaftiques. Ces fabots
étoient de liège , & avoient eaviron huit pouces
de long fur quatre de large , & deux d épaifîeur.
( Voyei la fig. 9 , pl- J , de Magie blanche, tome
VIII des gravures. Cet homme ne s’étant point
fans doute affez. exercé, remplit mal fes promelfes.
MARTEAU D’EAU. Le marteau d’eau eft un
infiniment de phyfique dont les effets font^ curieux,
& qu'il eft facile de fe procurer. Il ne s agit
11e de prendre un tube de verre, d y faire bouillir
e l'eau colorée en rouge avec de 1 orcanette, &
de fceller lé tube lorfqu’il eft bien purgé d air.
Lorfqu'on le fecoue, à l'inftant la liqueurs eleve ,
retombe & frappe le fond comme un corps folide.
Cette expérience démontre que l'eau tomberoit
& occafionneroit un choc femblable à celui d un
corps dur & folide,fi fes particules fluides n etoient
diviféespar l'air 3 & la pluie deviendroit elle-meme
une grêle de pierres.
MATELAS DE MOUSSE. Voici un procédé
qui peut fournir à une clafle malheureufement trop
nombreufe de lafociété un coucher três-économi-
qife, très-durable, & infiniment fupérieur & pl us
fain que la botte de paille que l'indigence étend
fur fon grabat.
Au mois d'août ou de feptembre , lorfque la
moufle des bois eft dans la plus grande force ,
choififlez un jour ferein & fe c , faites ramafler de
cette moufle, la plus longue & la plus d ouce, quô
vous feparerez de la terre & de fes racines li-
gneufes : faites-la fécher enfuite à l'ombre, allez
pour que le refte de la terre attachée à fes racines ,
puifle aifément s’en féparer 3 mais pas allez pour
rendre cette moufle calfante 3 mettez-la alors fur
des claies, & battez-la légèrement avec des baguettes
pour la nettoyer : en même temps on
coupera ce qui s'y trouveroit de dur. La moufle
j ainli préparée, faites-en des matelas de huit pouces
d'épiilfeur ou environ, de la même manière que
fe font les matelas de crin : on les piquera bien
d’efpace en efpace , pour empêcher que cette
moufle , qui eft moins longue que le crin ne fe
raflemble pas par petits paquets. Si l’on s’apperçoit
qu’ à force de coucher demis , les matelas s’appla-
tiflent, battez-les de temps à autre avec des baguettes
, ils reprendront bien-tôt leur première
ëpailfeur, & feront aufli mollets que quand.ils
étoient neufs. On s'en peut fervir au moins vingt
années fans renouveller la moufle.
MÉCANIQUE.
Principes généraux.
La mécanique eft l'art de conftruire des machines
, dont l'ordre l ’arrangement puilfent
mettre en équilibre des forces égales ou inégales
, ou faire en forte que l'une emporte &
furmontë l'autre.
Les machines fimples qui entrent dans la conf-
. truêlion de celles qui font compofées, font da
plufieurs efpèces 3 fa voir , les leviers, les poulies ,
les vlans inclinés, les v i s , les coins, &rc. dans
lefquelles on doit confidérer quatre chofes. i° .
• La puijfance ( i j ou la .force motrice (2) qui les
met en mouvement 3 2e . la réfifiance ; (3) 30. le
point d'appui (4) 4°. la vitejfe OU le chemin
(1) Tel eft l’effort d'un homme, d'un animal, d'un
poids , d’un reifort , d’un coup de maiteau 3 la foixe
de l’eau , del'air, du vent, &c.
(t) Les deux termes puijfance & force motrice , expriment
la même aétion. > _ ,,
C ) Un poids ou un corps qu on veut Loulevcr ou detacher
5 un reflort qu’on veut tendre ; la force enfla
qu oppofe à la puiffance, le corps auquel on veut don-
ner du mouvement. . r .
(4) Tel eft dans une balance le point auquel les bras
font l'ulpendus ; le centre d'une poulie.
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