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tr’eux de la largeur du chaflis , 8c rejoints par
deux traverfes tangentes qui alloient d’une circonférence
à l’autre.
Dans l’intérieur du parallélogramme qui refaite
de cet aflemblagé , étoient de petits liteaux de
bois cloués contre les faces du^fegment de cercle
} ce qui formoit deux coulilTes néceffaires à
l’ introduction des chaflis dans lefquels font les
glaces.
Ufagc de la machine a dejjiner.
On ajufte l’un des chaflis verticalement dans
fon pied, en l’introduifant dans une des coulifles :
on introduit la cheville dans le trou qui eft au
haut du chaflis, & pn pofe cet attirail fur une
table élevée , ou l’ on s’afîeoit fur un fiège qui
ait peu’ de hauteur } de manière q ue, regardant
à travers la glace tranfparente l’objet qu’on veut -
deffiner, il vienne fe préfenter dans l'étendue de
cette glace , & qu’ayant-le front pofe fur la cheville
& un oeil fermé, on voie à fon aife ce
même objet 3 il faut en outre que la têtejde la
cheville ne foit pas trop éloignée de la glace ,
afin qu’ on p-aiffë , en etendant le bras , & appuyant
le coude fur la table, tracer fur le verre
l’objet qui le repréfente à l’oeil 5 pour cet effet,
une diftance d’environ un pied de la tête de la
cheville à la glace, & que cette tête vienne aboutir
au niveau du milieu de la glace, doit faffire à
quelqu’un qui a une vue ordinaire-.
Il faut, au refte , chercher le point qui réunifie
la commodité du defiinateur , 8c la perfpec-
tive la plus claire. On peut avoir plufîeuts chevilles
de différentes longueurs pour chercher ce
point favarabie ; elles feront d’un pied à un pied
3. ou 4 pouces de longueur.
La manière de tracer l’objet renfermé dans
cette glace ou verre bien blanc , confifte à avoir
des crayons qui puiffent marquer, fur le verre ,
& le favon ou le fuif peuvent également convenir
3 quant au fu if , i l n a pas befoin d’être taillé
: 'on l’approche du feu 3 on lui fait former
une goutte qui marque bien & long-tems3 mais
le favon eft plus propre , & fe taille comme on
veut,
La tête étant donc appuyée fur la cheville , &
ayant fermé un oeil, on fuit exa&ement les principaux
traits que l’on apperçoit avec la plus grande
clarté} & des qu’ un feui pointa été marqué, il
’fert de recordement pour tracer les autres : car
pn peut toujours, quelque mouvement que la tête
foit dans le cas de faire 5 on peut , dis-je , recorder
la ligne tracée avec celle qui fe repréfente
, & fe remettre ainfi dans fa première pofi-
tîon } 8c y par la même raifon , on n’à pas befoin
-d’une longue application , quelque compliqué
que foit le defifin qu’on-yeut faire-, puifqa’on-peut
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quitter 8c reprendre fon ouvrage à volonté , fhns
le moindre inconvénient,pourvu que ni l’objet-à
deffiner, ni la machine, n’aient été dérangés.
Au refte, on peut en un très-petit efpace de
tems, deffiner à- gros traits des payfages très-
étendus 8c fort diverfifiés dans les plus j iiftês proportions
de la perfpe&ive.
On peut auffi deffiner de même , 8c très-
promptement'des figures} mais il eft nécefîaire
d’av.oir quelques principes de peinture,' pour attraper
la refîemblance , qui , comme l ’on fait,
dépend plus des traits juftement faifîs, que des
formes de la figure , mais on- réuflira avec agrément
à faifir des attitudes , enfin à deffiner tout
ce que l ’on voudra mettre derrière le verre, à
telle diftance ou la vue pourra porter. La feule
attention à faire , c’ eft que les objets qu’on veut
deffiner de très-près , s’ils ont une forme folide,
ne paroiffsnt plus s’éloigner dans les proportions
d e là perfpective. Un homme, par exemple,
qu’on peindroit à demi-tourné , auroit le fécond
bras infiniment plus petit que le premier. Aïnfi,
on ne peut- deffiner à peu de diftance que des
objets qui foient fur une même ligne également
diftante du v e r re } mais ce petit inconvénient
aife à réparer à la vue n’exifte plus à une,certaine
diftance.
Jufqu’ à préfent je n’ai parlé que de l’ufage de.
la première glace, & c’eft après avoir defïiné
demis l’ objet à repréfenter, qu’ on fè fert de la
féconds pour pouvoir rapporter ce deffin fur le
papier > en conféquence, on place la fécondé
glace enchalfée dans la coulifie qui lui eft deftinée,
à un pouce de-la} on l’y aflujettit avec les crochets
& les pitons qui vont d’une glace à l’autre},
& couvrant un des cô-tés de cette fécondé glace
d’un papier blanc bien tendu, 8c fermant les volets
de la chambre, on'pofe une lumière à une
diftance quelconque derrière ces glaces , de.manière
que l’objet vienne fe repréfenter fur le pap
ie r , 8c l’ on en fuit les traits avec un crayon
ordinaire} & fi l’on voit.quelque chofe à re&ifier
ou ajouter , on peut le faire par la comparat-
fon du deffin .avec l’ objet qu on a cherché a
repréfenter.
On peut, à k place de cette fécondé glace, Té
fervir avantageufemeiit d’un pentographe dont-on
aura dévifie deux roulettes y mais il faut alors un
attirail que n’exige pas la Ample appofïtion de la
fécondé glace.
On pourroit rendre cette machine très-portativ
e , en ajoutant une boîte ou toutes les:parties
feroient renfermées, & faifant un pied qui KM
s’allonger ou fe raccourcir au befoin : mais mon
but a été de faire connoître une machine auut
fimple que' commode , & fort ingénieufe, qu1
fait- partie- des agréables,intérefîantes 8c nombr-eu-
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fes découvertes de fon auteur. Extraie du Journal
dePhyfnue’ mai I7 %-
Muhine au moyen de laquelle une perfonne privée de
la vue peut écrire.
fia machine dont il s’agit confifte en une table
d'un fort carton , furpafiant de quelques lignes
h grandeur du papier va mémoire ou du plus grand
papier à lettres. On pratique dans tout-ion pourtour
un rebord de la même matière, 8c ayant environ
1 lignes 8c dernière hauteur, 8c 1 lignes
de largeur. Cette tablette eft abfolument recouverte
d’une peau de veau ou d-une fimple bafane,
comme-la couverture d’un livre. Le rebord dont
on vient de parler fert à retenir le papier à lettres,
qui fe trouve encore affujetti par le moyen
d'un cadre rectangulaire d’ébène, dont chaque
côté a une ligne & demie d’épaiffeur fur 3 ou 4
lignes de -largeur. C e cadre doit entrer, par con-
fequent, très-jufte dans l’efpèce de tiroir que
formé la petite: planche de carton couverte de
veau ou de ba fan ne. Les longs côtés de ce cadre
ont, ï° . diverfes ëchmcrures quarrées, qui font
ménagées dans l’ épaifteur de leur partie externe .,
& éloignées les'Unes des autres de la diftance
qui-doit fe trouver entre chaque ligne d’écriture }
une rainure dans leur partie latérale interne,
ayant environ une ligne de profondeur fur une.
demi-ligne de largeur.
Les échancrures fervent à faire reconnoî re
au toucher la diftance des lignes ou interlignes ;
& les rainures,, à maintenir les extrémités d’ une
règle d’ébène qui doit couler entre les deux longs
côtés du cadre de même matière parallèlement à
fes deux petits côtés.
La règle donc fe termine vers - fes deux bouts
par une petite- lame de cuivre ou d’acier, logée
dans le milieu de fon épailfeur, & qui en occupe
toute la largeur. L’épailfeur de cette lame eft au
plus d’un quart de ligne , 8c fa f a i l lie h o r s de
•la règle , égale la profondeur des deux rainures
ménagées, dans l’ épailfeur des deux longs côtés
du cadre. Il faut avoir- là précaution de laifler
une échancrure dans la partie fupërieure 8c latérale
de l’un de ces derniers, dont la longueur
égalera là largeur de la règle, 8c la largeur , la
faillie de l’une des deux lames qui terminent la
règle. L’objet de cette échancrure eft de faciliter
à la règle les moyens d’entrer entre les
deux longs côtés du cadre, & de permettre aux
■ deux lamés faillantes de fe loger dans les rainures
dont on a déjà parlé.
La règle eft d’ébène ; fon épailfeur égale celle7
des côtés du cadre, 8c fa largeur eft un peu plus
confidérable que celle de ces derniers. Cette
règle fe termine en bifeau du côté qui regarde la
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partie fapsrkure du cadre te le long duquel ou
doit tenir la plume.
Le côté de la règle oppofé au bifeau a une
feuillure d ’environ 3 lignes de largeur, parallèle
à ce dernier. Cette feuillure fert à y placer le
petit d oig t, & à diriger la main fur le même
alignement, en allant de gauche à droite quand.
on écrit.
On adapte à chaque extrémité de la règle ,
deux relforts-plats fous, lefquels fe trouve une
petite pointe moulfe , 8c 'au-delfus un petit bouton
fervant à la foulevèr. La petite pointe dont
on vient de faire mention , fe loge dans des trous
pratiqués chacun dans la ligne qui partage par le
milieu les longs côtés du cadre , 8c fitués yis-a-
vis des échancrures.qui indiquent l’endroit ©à
doivent fe trouver les lignes. .
On remarquera que l’on pourroit fe palfer à
la rigueur de ces deux relforts qui fervent d’arr
ê t, quand on a l’ attention de ne ^as laifler trop
de jeu à la règle directrice entre les deux longs
côtés du cadre.
Un petit curfeur dé cuivre ou d’acier qui aura
la facilite de pouvoir couler le long de la règle
directrice , fervira à indiquer l ’endroit où l’ oa
arrêtera fon écriture.
Telle eft en peu de mots l’ idée de cette méca-
niaue, aitlfi fimple qu ingénieufe & utile. Quoique
la machine que j’ ai imaginée remplilfç tous ces
dilférens objets, on ne peut fe diffimuler qu’ elle
lnppoië une table} au lieu que celle que je viens
de décrire porte fa table avec elle.
On doit fe fervir, dans le cas où l’on feront
ufage de la machine décrite ci-delfus, d’une plume
fans fin , c’eft-a-dire , de ces plumes qui ont leur
provifion d’encre pour toute la journée. On eft
alors difpenfé d’écrire fous les yeux d’un fur-
veillant chargé d’ avertir quand il eft tems de
prendre de l’ encre. On ne doit pas non plus fe
diffimuler que, malgré les avantages que procure
cette machine, la pêrfonne aveugle ne fauroit
s’empêcher de recourir à un tiers pour lire les
réponfes 5 mais on pourroit alors ufer d’allégories
& u emblèmes qui ne feroient connus que de
ceux qui entretiendroient un commerce de let»
très.
Ufage de la machine. On commence par placer
fon papier dans l’efpèce de . tiroir que forme, la
tablettè de carton , & on l’alfujettit enfuite en y
| appliquant le cadre d’ébène par-delfus. Cette
J opération étant finie, • on fait remonter la régi©
j û ireàrice, de manière que fon bifeau touche la
petit côté fapérieur du cadre; On foulève en-
fuite les deux petits relforts adaptés aux deux
extrémités de cette règ le , ai? n que les pointes
1 moulfes qui font au-delfous d’eux j quittent les
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