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C e feroit peutrêtre. là le moyen d’avoir une mèche
d’une duree prefque perpétuelle ; mais oh n’ a pu
■ venir à bout d’allumer ces mèches ; & quand
même on eût pu le faire , un autre inconvénient
eût bientôt nui au fuccës de ce moyen : c’eft que
les filets d’or fe feroient fondus dans la flamme,
& feroient devenus des-iors incapables de remplir
cet objet,; car on fait qu’il fuffitde préfenter.i
la flamme d’une bougie un fil d’argent trait 3 pour
qu’il fe liquéfie tout de fuite. 11 en fera donc de
même d’ un fil d’or ; car ce métal eft encore plus
fufible que l’ argent.
Jmpojjsbilité de fe procurer un aliment indefirucHble
pour les lampes perpétuelles : Prétendues recettes
pourfaire une huile incomba f ille .
Mais Tuppofons qu’on eût trouvé une mèche
abfolument inaltérable , & qui ne s’engorgeât pas
des faliginofités.de la matière combuftible qu’elle
afpireroit, ce ne feroit encore qu’une petite partie
de ce qu’il faudroit trouver pour fe procurer une
lampe perpétuelle : il lui faudroit un aliment qui
n’éprouvât aucune diminution 3 ou qui ayant fervi
à la flamme'^ & n’y ayant éprouvé aucune altérat
io n r e to u rn â t par une circulation perpétuelle ,
dans le vafe duquel elle feroit fortie. Tout cela
eft-il poflible.
Ecoutons néanmoins les alehimiftes 3 ou les
partifans des lampes perpétuelles ; ils vont nous
amufer par leurs-idées fur la manière dont on
pourroit fe procurer une huile telle que l’exige-
roient ces lampes.
Les uns , voyant que l’amiante eft indeftruéti-
ble au feu 3 ont tenté ou propofé de tirer l’huile
de cette pierre : mais malheureufement les pierres
n’ont pas une atome d’huile.
D ’autres remarquant que l’or & l’argent, fur-
tout le premier de ces m é ta u x fo n t indeftru&i-
bles , ont eu l’idée d’ y chercher l’huile précieufe
qui doit mettre e"n poffefllon des lampes perpétuelles.
C ’eft-là le beau fecret dont Licéti veut
que le ^rand Olybius fut en pofteftiôn. Mais il
n’y a pas plus d’huile dans les métaux que dans
les pierres. 11 y a dans les premiers un principe
inflammable, appelé le phlogiftique; mais,outre
que ce phlogiftique eft le même dans tous les
métaux, on ne peut l’obtenir ifolé; & dans l’or
fur-tout, il eft fi étroitement lié avec fa bàfe ou
la terre métallique de l’or , qu’ on n’a jamais pu
les féparer. Le projet de tirer de l’or une huile in-
eombuftible , eft- donc une chimère abfurde. -
Mais, dit un autre, fi nous pouvions réduire
fo r en une liqueur , peut-être aurions-nous une
huile incombuftible , puifque l’or eft inaltérable
au feu. Ceci eft vrai ; mais , indépendamment de
J’impoffibilité de réduire l’ or en liqueur qui nous
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eft garant qu’il en réfultât une liqueur inflammable
comme l’huile ?
L’abbé Trithême, ou celui qui' a mis fous fou
nom beaucoup d’impoftutes, a néanmoins prétendu
nous donner deux moyens pour faire l'huile
incombuftible. Nous allons en faire connoître un,
avec tout le procédé d’une lampe perpétuelle.
Mêlez , dit ce vifîonnaire célèbre , quatre onces
de foufre, & quatre onces d’ alun ; fublimez-les,
oc en faites ,dos fleurs. Prenez deux onces 8 c demie
de ces fleurs ; joignez-y demi-once de borax & de
cryftal de V en ife , 8 c pulvérifez le tout dans un
mortier de verre ; mettez le tout dans une fiole;
verfez delfus dé bon efprit. de vin quatre fois
rectifié, & faites digérer.cela ; retirez l’efprit de
vin , 8 c remettez-en de nouveau, & répétez la
même chofe trois ou quatre fois , jufqu’à ce que
le foufre coule fans fumée comme de fa cire, fur
des plaques d’airain chaudes. Voilà la nourriture
de votre feu éternel. Enfuite il faut préparer une
mèche convenable ; & la chofe fe fait ainfi : Prenez
des fiiamens de la pierre asbejlos, de la longueur
du doigt auriculaire & de là groffeur d’un demi-
doigt, & liez-les avec de la foie blanche. Votre
mèche étant ainfi faite , couvrez-la du foufre ci-
devant préparée, dans'lequel vous l’ enfevelirez
en un vafe de verre de Venife ; & vous mettrez
le toutcuire fur un feu de fable bien chaud durant
vingt-quatre heures, enforte que vous voyez toujours
:lé foufre bouillir. Par ce moyen , la mèche
étant bien pénétrée 8 c imprégnée de cet aliment,
fe met dans un petit vaifleau de verre , dont l’ouverture
fôit large. Il faut que -la mèche s’élève un
peu au-deflus. Puis rempliflez ce vafe de verre de
votre foufre préparé ; -mettez le vafe dans du fable
chaud, afin que le foufre fonde 8 c engloutiffela
mèche. Allumez-là, 8 c elle brûlera d’un feu perpétuel.
Mettez où vous voudrez, cette petite
lampe , elle fora inextinguible.
T e l eft le premier feu de l’abbé Trithême. Il
ne faut qu’avoir lés plus légères connoiffances de
chimie, poiir voir clairement qu’ il n’y a pas de
bon fëns à efpérer de - là un feu inextinguible &
perpétuel. Àiifti aucun des partifans des lampes
perpétuelles, pas même L icé ti, n’a-t-il Confiance
à un pareil procédé, ni même au fécond-; d’ou Jj
conclud qu’aucun des modernes ne pofïede ni na
: poffédé ce fecret précieux.
Il y a des alehimiftes qui promettentüne huilein-
combuftible,tirée par un autre procédé: Ils prétendent
que dé l’huile de vitriol édulcorée fur ae 1 or}
8 c qu’ils appellent oleum vitrioli aurificatum , .donnera
cette liquèur précieufe. Mais qui ne fait que
l’huilé .de vitriol n’eft appelée ainfi que fort improprement
? car elle n’ a rien de véritablement
huileux ou inflammable ; 8 c nous croirons aux
lampes perpétuelles , quand un alchimifte nous
aura montré une lampe ordinaire > garnie d’hune
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vitriol 8 c d’une, mèche quelconque, où le feu
fubfifte feulement une fécondé.
Impjfîlilité d’entretenir un feu brûlant fans cejfe dans
un lieu abfolument clos. -
C ’eft un fait connu depuis qu’on obferve en
phyftque', qu’une flamme ne peut fubfifter dans
un lieu clos. Qu’ on renferme une bougie fous un
récipient de verre , 8 c que tout accès de l’air
extérieur lui foit interdit ; on verra pëu-à-peu fa
flamme diminuer, s’obfcurcir, s ’allonger, 8 c enfin
s’éteindre. Le célèbre Haies a même calculé quelle
quantité d’air une bougie d’une certaine dimenfion
rendoit, dans un temps donné., incapable de fervir
à entretenir la flamme, enforte qu’ on peut prédire
en combien de- temps cette flamme s’éteindra infailliblement.
Peut-être néanmoins.dans un lieu vafte, quoique
hermétiquement c lo s , une flamme pourroit-
elle perpétuellement brûler; mais on fait que les
caveaux des tombeaux étoient extrêmement petits :
& pour augmenter la difficulté', on dit^que les
lampes perpétuelles brûloient dans des vafes où
elles étoient renfermées. Telle étoit du moins
cellefl’Olybius. Ô r , la cruche d’Olybius eût-elle
été de trois pieds de-diamètre, ce qui. ne paroît
nullement, il eft certain qu’une lampe n’eût pu y
fubfifter feulement deux heures fans vicier tout
l’air intérieur 8 c fans s’éteindre.
Nous n’en dirons pas davantage fur cette matière
; ce feroit fe mettre en frais de raifonnemens
fuperflus, que d’en entaffer un plus grand nombre
pour combattre la chimère des lampes perpétuelles
; car nous préfumons qu’il,n’y a plus aujourd'hui
aucun phyficien inftruit qui n’en porte
le même jugement. ( Récréations mathématiques
b’Oz âNAM ).
Lampe s ym pa th iq ue . On met cette lampe
fur un établi ; on s’en éloigné pour fouffler dans
untuyau, fans diriger le vent vers l ’endroit où
elfe fe trouve , & cependant elle s’éteint auffi-tot
comme II on fouffloit deffus.
’Explication.
Le chandelier qui porte cette lampe , a dans fa
patte un foufflet, dont le vent eft porté vers la
flamme par un petit tuyau. Le compère, en remuant
les bafcules cachées fous le tapis, fait jouer
le fouffler pour éteindre la lampe à l’inftant convenable.
Nota. On pourroit' faire -cette expérience fans
mettre un foufflet dans la patte du chandelier ; il
fuffiroit d'y mettre.un petit méchanifme qui feroit
noyer la mèche dans l’huile, quand on agiteroit
les bafcules cachées dans la table ; mais ce dernier
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moyen doit être rejetté, parce que la mèche fe
trouvant imbibée d’huile, on n’auroit pas la facilité
de la rallumer promptement, pour répéter
l’expérience, en cas de bèfqin. ( Decremps ).
LANTERNE MAGIQUE. La lanterne magique
eft un de ces inftrumens qu’ une trop grande
célébrité à prefque rendu ridicule aux yeux de
bien des gens. On la promène dans les rues ; on
en divertit les enfans & le peuple ; cela prouve ,
avec le nom qu’elle porte , que fes effets font
curieux 8 c furprénans. Get inftrument de diop-
ttique, inventé par le père Kircker, a la propriété
de faire paroitre en grand fur une muraille
blanche des-figures peintes en petit fur des morceaux
de verre minces, & avec des couleurs bien
tranfparentes. Dans la lanterne magique , on
éclaire fortement par derrière le verre peint, fur
lequel eft placée la reprefentation de l’objet, 8 c
on place par devant , à quelque diftance de ce
verre , deux autres verres lenticulaires qui ont
la propriété d’écarter les rayons qui partent de
l’ob jet, de les rendre divergens, ’ 8 c par confé-
quent de donner fur la muraille ou fur la toile
blanche oppofée, une repréfentation de l’image
beaucoup plus grande que i ’qdjet.
Ôn place ordinairement ce.s deux verres dans
un tuyau où ils font mobiles, afin que l’ on piaffe
les approcher ou les éloigner l’un de l’autre fuffi-
famment pour rendre l’image diftinéte'fur la muraille.
On peut éclairer la lanterne magique ou
par le fojeil ou par la lumière : dans le premiér
c a s , fes effets font femblables à ceux du microf-
cope folâtre. Dans le fécond cas , il y a dans la lanterne
un miroir fphérique, qui réfléchit vivement
la lumière , & éclaire les objets deffinés fur
le porte - objet ; leur image paffant à travers ces
différens verres lenticulaires, va fe peindre avec
netteté fur la muraille ou fur une toile ou carton
qu’on a difpofé dans la chambre. Les objets dans
quelques-unes y ont une forte de vie & de mouvement.
Cette petite méchanique s’exécute par le
moyen de deux morceaux de v erre, dont l’ un eii-
chaffé dans un morceau de planche percée à jour,
porte une partie de la figure , 8 c l’autre placé par-
deffus, 8 c qui n’ eft chargé que de la partie mobile,
fe met en mouvement par le moyen d’ un cordon
ou d ’une petite règle qui gliffe dans une cou-
lifïe pratiquée dans l’épaiffeur de la planche ;
c ’eft ainfi qu’on y voit un moulin à vent dont
les aîles .tournent, ' une femme qui fait la révérence
en paflant, un- cavalier qui ôte fon chapeau
8 c qffi le remet. La théorie -de la lanterne
magique eft fondée fur une propofition bien fim-
ple ; fi on place un objet un peu au-delà du foyer
d’une lentille , l’image de cet objet fe trouvera
de Tautre côté de la lentille , 8 c la grandeur de
l’image fera à celle de l’ob je t, à-peu-près comme
la diftance de l’imagé à la lentille eft à celle de