
Cette eftarape ne doit pas être tranfparente ,'on
la doublera d’un papier fur lequel on mettra deux
couches de couleur noire , faite avec le noir de
fumée j étant découpée, on collera par derrière
& par fes bords feulement une feuille de papier
de lerpente très-fin 8c h u ilé , qu’ on aura teint des
deux côtés avec une eau de fa&Van fort légère, &
<Jn aura foin que cette teinte foit plus forte aux
endroits qui doivent couvrir les lumières qui par
ïoifTent dans l’éloignement. Cette précaution ne
fera pas nécelfaire fi l’illumination repréfentée fur
J’eftampe occupe une feule façade, il faudra feulement
fe fervir d’un emporte-pièce plus fort pour
défignerles lumières plus fortes que l’on emploie
ordinairement dans les illuminations ( i) .
Si on veut difpofer dans ces fortes d’illumi-
nations des chiffres, des trophées, ou d’autres
-parties en tranfparent à defiein d’embellir ces
fortes de pièces, on fe réglera fur ce qui. a été
dit à. la précédente récréation , & elles feront
fans contredit un effet beaucoup plus agréable.
Nota. Les eftampes que l’on difpofe de cette
manière, peuvent aufli fe placer dans les boîtes
d’optique où les objets font vus au travers d’un
verre ; mais comme le verre étend & groffit l’objet
, il faut alors les éclairer,, encore plus fortement.
On conçoit que l’on doit dans ce cas füp-
primer le miroir qu’on eft d’ ufage de mettre dans
ces optiques , & que l’ eftampe doit être placée
en face du verre , ce qui change néceffairement
la forme des boîtes ordinaires , à moins qu’on ne
veuille les éclairer par refleétioli, comme f’ènfei-
gne la catoptiqüe.
PHANTOME APPARENT 5 ( r &ye\ ) D iop-
TRIQUE )i
PETIOLE ÉLÉMENTAIRE. C ’eft un petit vafe
que l’on remplit de diverfes matières folides &
liquides ^ de differentes gravités fpécifiques, qui,
lorsqu’on les agite , ne forment qu’pn cahss :
mais lorfqu’enfuite la phiole relie tranquille, on
voit tous ces corps reprendre chacun leur place ,
fuivant leur gravite, fpécifique , &• les corps les
plus légers cédant aux plus pefants , paffer réciproquement
entre les pores les uns des autres ,
pour aller reprendre leur place naturelle.
Il eft facile de choifir des corps de gravités
fpécifiques différentes , par conféquent çonftruire
des phiole s élémentaires de plufieurs efpèces. Mais
voici la meilleure , pour donner l'image des quatre
éléments connus ftus les noms de terre, d’eau
de feu & d’air.
Pour repréfenter la te r re , on prendra de I’é-
:(r) Les terrines doivent être défignées par une‘011-
verrure plus grande que les lampions ; cette attention
eft rȎctflaire pour faire plus d'illufion.
mai! noir , que l’on concaflera gtoffièrement ,
qui, par fa pefmteur , ira au fond & repréfentera
la terre , le plus pefant'des éléments. Pour repréfenter
l’eau, le plus pelant des éléments après
la terre, on prend du- tartee calciné qu on laiffe
tomber en défaillance , c eft-à-dire , fe réduire
en liqueur , en l’ expofant à l'humidité de l’air ,
& on y mêle un peu d’azur en poudre très-fine ,
pour lui donner la couleur d’eau de mer. Pour
l’ air -, on prend de l’eau-dervie , que. l’on teint '
en bleu avec un peu-de tournefob Pour le feu ,
on prend de l’huile eflentielle de térébenthine ,
dont on retire la plus tenue & la plus légère
par la diftillacion, que l ’on teint avec dé l’o.rca-
nette. En mêlant.toutes ces fubftances enfemble,
on fe procure ce que l’on nomme la phiole ^élémentaire;
Lovfqu’on veut la préparer foi-même , il faut
choifir un bout de tube de verre gros comme le
d oigt, long de fix pouces 5 le fceller hermétiquement
par un bout au feu de lampe, 8c le rétrécir
par l’autre b out, de manière qu’il foit prèf-
que capillaire. Toute la longueur du tube étant
airtribuée en cinq parties égales par autant de
marques que l’on fera deffus avec du fil lié autour
ou autrement , on y fera d’abord entrer i'e*
mail noir ou bien du vif-argent, pour rémpl. r
le premier efpace ; enfuite de l ’huile de tartre ,
; pour remplir le fécond , après cela d e l’eau-dc-
; vie pour le troiftème, tk enfin l’efprit de térébenthine
pour le quatrième. On fcellera enfmte
le bout du tiibè , & on lui fera prendre la forme d’un
petit anneau, auquel on attachera un noeud de
ruban pour le fufpendre , bu bien on y foudera
la tige & la patte d’ un verre à boire, pourle pofer
où l ’on voudra.
PHOSPHORE. En général on donneleriom de
Phofphore aux fubftances capables dé répandre
de la lumière dans les ténèbres. Il y en a de naturels
8c d’artificiels.
Les Phofphores naturels font ceux qui brillent
. & éclairent fans le fec'ours- de l’art : tels font les.
vers, luifans,’les porte-lanternes, le bois pourri,
les poiflons qui commencent à fe corrompre, &c.
Les Phofphores artificiels font ceux que l’ art à
trouvé les moyens de préparer, orî peut regarder
comme tels lés diamans après avoir été expofés-
au foleil ou au grand jour-!, la pierre dé Bologne
8c certains fpats , après qu’ ils ont été calcinés.
Sous ce point de vue les pÿrophores potirroient
être regardés comme phbfphoriques. Cependant
la différence qtii.fe trouve entre l’un 8c l ’autre,
c’eft que le phofphore s’enflamme par le frottement
& jette une' lumière brillante, au lieu que
le pyrophore s’embrafe à l ’air libre & fe met en
charbon. Àinfi le fucre , le foufre, le verre , les
cailloux & autres corps , qui, frottés ou caftes
dans l’obfcurité j -répandent des étincelles de lu*
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ftûèré plus .ou moins vives , pourroient être re-
gardés comme phofphoriques.
Quoi qu’il en foit, én courant après uii. o b je t ,
ea en rencontre un autre., C ’eft ainfi qu un Cénobite
allemand en cherchant .le grand oeuvre
dans la mixtion de divers ingrédiens, n y trouva
pas , à la v é r ité , la poudre d’or , qufdqyoït enrichir
le genre humain, mais découvrit la poudre
à cano», qui.le. détruit. C ’eft..pareillement en
courant après la pierre philofophale, que Brandt,
bourgeois ,OXS de QC Hambourg,X ld lI lU U U l 3 ) U fit H dans i le dix-feptie
£
fièïl
la découverte du -phofphore , efpece de
(/Vvii Ç
• * o - — — 1a iimnlo ■‘d e
Tous les livres de fecrets font remplis de précédés
pour .faire .le phofphore., la plupart copies
les uns fur les autres, ou s ’ils diffèrent entre eu x ,
c’eft de peu de chofe. Au refte, il fuffit de cou-
^ jitre un bon procédé-;' & comme nous nous
tommes Eût"un devoir de préférer ceux dont le
f accès eft attefté par l'expérience, nous ne croyons
pas pouvoir mieux choifir que de tranicrire ici
celui qui fe trouve dans le diââonnaite de -chipe.
Voici comment opéroit M. Baume, dans le cours
de chimie qu’il faifoit avec M.Màcqüer.
On prenoit une e ÿ è c e de plomb cornée, qu’ on
avoit préparé en diitillant un mélange de-quatre
livres de minium avec deux livres de fel. ammoniac
réduit en poudré ", & dont on avoit retiré
tout l’éfprit volatil alkalt, qui eft très-pe-
nérrant. Qn rnêloit ce qui reftbit dans la cornue
après cette diftillation , 'c ‘eft-à-dirê^ le plomb
cornée en queftion , avec neuf à, dix. livres
d’extrait d'urine en confiftancê de miel : il .n’eu
pas nécelfaire qu’ elle-foit piitrefiee, comme le
demande M. Margraff. Ge: mélange fe faifoit
peu4-peu dans une chaudière de fer fur le feu ,
en remuant de temps én temps : on y ajouioit
une' demi-livre'de charbon en poudre > on.def-
féchoit jüfqu’ à ce que le -tour fû t réduit en une
poudre noire j on mettoit çètte poudre dans une
cornue , pour tirer 3 par une chaleur graduée 8c
médiocre , tous «lés produits volatils dé l’uvine ,
c’eft-à-d ire > l’ alkali volatil, l’hùi'le fétide 8C
une matière ammoniacale qur s’attache au col
de la cornue; On ne pouftoit le feu dans cette
diftillation , que jufqîi’ à faire rougir médiocrement
la cornue > il ne reftoit ,. après c e l aqu une
efpèce de caput mortuum noire &■ très - friable :
c’eft ce réfidu qui eft propre à fournir le phofphore
, à uné! chaleur beaucoup;pîuS( forte. On
p eut, avant de le foumétte a la derniere diftillâ-
tion , l’eflayer', en èn jettant ûn ^eu - fur des
charbons ardens .: fi la matière a été bien préparée
, il s’en exhalé, aiftfi-tôt unô odeur d’a i l ,
& l’on voit une flamme bleue phôfphorique: qui
fe promene à la furface des charbons-, ^ en for-
jrnnt des oudulations. On mettoit- Êufvftte cette
matière dans «ne. bonne cornue de terre » capable
dé réfifter au grand feu. M.-Raumé enduifefe
fa cornue d’un lut de. ter.se mele-dè bourre >; pour
1 la ménager : on empliffoit cette cornue jufqu’aux
trois quarts , de la matière ^ dont on doit tiret
le phoiphore 5 on la plaçoit dans ua fourneau
. ordinaire-, pour diftiller à là . eornuei.', excepté
qu’au lieu d’être terminé par îè - dôme ou re-
yerbère ordinaire , celui-ci l’étqit par une chappe
de fourneau à vent , furmonté " d’un tuyau de 4
à 6 pouces de diamètre 8c de: 8 à 9 pieds de
haut. Get appareil, dont fe fervoit M. Bau.mé ^
fetôit feéceftaire, tant pour donner affez d’a&i-
vité an fe u , que pour pouvoir introduire une
fuffifante quantité de charbon à la fois par la
porte - de la chappe. .La, c'ornpçc doit ;• être - biqn
futée: à un ballon de moyenne g.rpqdeur , perce'e
d’un,petit trou 8c à moitié , remplie d’eâu. ;0n fe
fert"pour cela du lut gras ordinaire ., Jhien. affu-
jetti par des bandes de linge chargées de lut
de chaux & de blanc d’oeuf? L^cliancmre du
fourneau par ou. paffe la cornue, doit être au fli
! bien fermée par de la terre à four. Enfin., on
élevoit un petit mur. de briques;entre,, le; fourr’
neau 8c le ballon , pour, garantir ce vaifteau de
la\chaleur le plus qu’ il étoit pqftible. Toutes:ces
• èhofes préparées la veille du -jour de la .diftil-
lation, le refte étoit facile : on échauffoit U
cornue par degrés environ pendant une heure
8c demie j alors on augmentoit.l-uchalcur jufou’à
faire bien rougir la cornue , 8c le phofphore
commençoit à paffer en vapeurs lumiuenfes :
la cornue étant prefque rô-uge-bleue, le phof-•
phore paffoit én gouttes, qui tombaient & fe
figeoient dans l’ eau du récipient; On Xoutenoit
ce degré de chaleur jufquà ce qu’on s’apperçût
qu’ il ne paiToit plus rien. Cette opération dure
environ cinq heures pour une cornue de la coiit-
tinence. de deux pintes,. ou même plus. Le phofphore
ne pâlie point pur dans cette diftillation ,*
il eft tout-noirci.par les matières fuligmeufes ou
charbonneufes qu’il enlève avec lui : mais on
le purifie facilement, & on . lé rend très-blapc
& très-beau en le diliiUànt une féconde-fois
dans une petite, cornue lie v e r r e . à laquelle
éit aiufté üh‘petit récipient a moitié plein d’eau.
Elie'ne demande qu’une chaleur très-douce, parce
que le phofphore , une fois formé , étant très-
volatil , s’élève promptement , paffe très-pur ,
éc les matières fhligineuiés reftent au fondhle la
coa-nue.' On réduit ce phofphore en petits bâtons,
pour la commodité des expériences; ce qui fe.
f iit en i’introduifant dans des tubes de verre ,
ou en .plonge dans l’eau un peu plus que tiède.
Cette chaleur tiès-dôuce fuffit pour liquéfier le
phofphore , qui eft prefque aufli fufible que du
fuif : fes parties fe réunifient & prennent la fonne
dü tube qui leur fc-rt de moule on en fait fortir
le pho'fpho.re ,.après l’avoir lai fie figer. Il eft bon,
pour plus de facilité , que ces tubes ou moules