
lu ne, peut-être nous enlever cette dernière. Dans
la multitude même des cometes qui defcendent
dans les régions inférieures de notre fyftême , il
pourroit fe faire que quelqu une , en fe plongeant
vers le foleil , pafsât à fi peu de diftance de l'orbite
terreftre, qu elle nous menaçât d’un pareil malheur.
Mais l’inclinaifon très-variée des orbites des comètes
fur l’écliptique, femble avoir été dirigée par la
Divinité pour prévenir cet effet. Ce feroit 3 au
furplus 3 un calcul curieux à faire , que de déterminer
les moindres diftances où quelques-unes de
ces cometes peuvent pafler de la terre j on con-
noîtroit par-la celles dont on a quelque chofe à
redouter : fi pourtant il pouvoit etre utile de con-
noître le moment ou le danger d’ une pareille^ca-
taftrophe j car à quoi bon être prévenu d’un malheur
que rien ne peut ni retarder ni prévenir ?
Un auteur Anglois, doué de plus d’imagination
& de connoiffances que de jufteffe , le célèbre
W hifton, a penfé que le déluge n’a été occa-
fionné que par la rencontre de la terre avec la
queue d une comete , qui retomba fur elle en vapeurs
& en pluies : il a aufli avancé la conjecture
que l’incendie univerfel, qui d o it, félon les
Livres faints , précéder Je jugement dernier 3 fera
caufé par une comete comme celle de 1681 3 qui,
revenant du foleil avec une chaleur deux ou trois
mille fois plus grande que celle d’un fer rouge,
s’approchera fufKfamment de la terre pour l’em-
brafer jufques dans fes entrailles. Tout cela eft
plus hardi que judicieux. E t quant au déluge uni-
verfel caufe par la queue d’une comete, on peut,
au contraire, diflîper toute crainte à cet egard.
Quand , on fera attention à la ténuité extrême de
l’ éther dans lequel nagent les cometes, on concevra
aifément que toute la queue d’une comete
condenfée, ne fçauroit produire une quantité d’eau
Jiiffifante pour l’effet que Whifton lui attribue.
M. Caffini avoit cru appercevoir que lès cometes
faifoient leurs cours dans une efpèce de zodiaque
, qu’il ayoit même défîgné par ces vers :
Antinous Pegafufque3 Andromeda3 Taurus3 Orion3
Procyon atque Hydrus, Centaurus3 Scorpius3 Arcus.
Mais les obfervations de beaucoup de cometes ont
fait voir que cè prétendu zodiaque cométique n’ a
aucune réalité.
§. X , D es "Etoiles fixes. '
Il ne nous refte plus à parler que des étoiles
fixes. Nous allons raflembler ici tout ce que l’af-
tronomie moderne renferme de plus curieux fur
cet objet.
On diftingue aifément les étoiles fixes des planètes.
Les premières o n t , du moins dans ces contrées.,
Sc quand eUes font d’ une certaine grolfeur,
un éclat accompagné d’un tremblement qifoR
appelle fcindllation. Mais ce qui les diftingue fUr.
‘ tout, c’eft qu’elles ne changent point de place les
! unes à l’égard des autres, du moins fenfiblement:
' aufli font-elles des efpèces de points fixes dans lé
c ie l, auxquelles les aftronomes ont toujours rap-
! porté lès pofitions des étoiles mobiles , comme la
lune, les planètes & les cometes.
Nous avons dit que les étoiles fixes font, dans
ces contrées, fuiettes àunefcintillation. Ce mouvement
paroît aépendre de l’atmofphère ; car on
aflure que dans certaines parties de l’Afîe, où l’air
eft d’une pureté & d’une fécherefle extrêmes,
comme à Bender-Abafli, les étoiles ont une lumière
abfo’.ument fixe , & que la fcintillation ne
fe fait appercevoir que lorfque l’ air fe charge d’humidité
, comme pendant l ’hiver. Cette obferva-
tion de M. Garcin , consignée dans VHifioire de
l'Académie, année 1743 , mériteroit d’ être entièrement
conftatée.
La diftance qu’il y a de la terre aux étoiles fixes
, eft immenfe : elle eft te lle , que les 66 millions
de.lieues qu’ a la diamètre de l’orbite terreftre, ne
font, pour ainfi dire, qu’ un point en comparaifon
de cette diftance } car, dans quelque partie de fon
orbite que foit la terre , les obfervations d’une
même étoile ne préfentent aucune différence d’af- '
peét, aucune parallaxe fenfible. Des aftronomes
prétendent néanmoins avoir découvert dans quelques
fixes une parallaxe annuelle de quelques
fécondés. M. Caflini dit,.dans un mémoire fur
la parallaxe des fixe,s , avoir reconnu dans Arcims
une parallaxe annuelle de fept fécondés, & dans
l’étoile appellée Capella une de huit. Cela don-
neroit la diftance du foleil à la première de ces
étoiles, égale à environ 20250 fois le rayon dé
l’orbite terreftre, qui, étant de 3 2400000 lieues,
donneroit pour cette diftance 65 6 iodoooooolieue.s.
Entre Saturne, la planete la plus éloignée de notre
fyftême, reliera enfin un efpace égal à environ
2000 fois fa diftance au foleil.
Placées à des diftances aufli énormes de nous,
que peuvent étraves étoiles , finon d’ immenfes
corps brillans de leur propre lumière , des foleils
enfin femblables à celui qui nous échauffe, &
autour duquel nous faifons nos révolutions? U eft
aufli très-probable que ces foleils amoncelés, pour
ainfi d ire, les uns fur les autres, ont une même
deftination que le nôtre, & qu’ils font les centres
d’autant de fyftêmes planétaires qu’ils vivifient
& qu’ils éclairent. Il feroit, au furplus, ridicule
de former des conjectures fur la nature des êtres
qui peuplent ces mondes éloignés ; mais, quels
qu’ ils foient, qui pourra fe perfuader que notre
terre ou notre fyftême feul foit peuplé d’êtres
capables de jouir d’ ur. fi bel ouvrage ? Qui croir*
qu un tout, inunenfé & prefque fans bornes ait
À S T
été formé pour un point imperceptible, un infiniment
petit?
;** Tes lunettes d’approche les plus parfaites n augmentent
en aucune manière le diamètre apparent
des étoiles fixes 5 au contraire, en augmentant
feulement leur éclat, elles fembient tellement diminuer
leur groffeur, quelles neprefentent qu un
point lumineux ; mais elles font appercevoir dans
[ fe ciel une foule d’étoiles que Tes yeux ne p eu-,
vent voir fans leur fecours. Galilée, avec fa lu-
[ nette, allez foible relativement à celles que'nous
I employons , en compta dans les Pléiades > $ 6
I invifibles à l’oeil nu ; dans l’épée & le baudrier
I cTOrion, &o ; dans la nébuleufe de la tête d’O-
rion, 21 î dans celle du Cancer, 36. Le P. de I Rhéita dit en avoir compté; 2000 dans Orion, & I 188 dans les Pléiades ( 1 ) . Dans la partie feule de I l’hémifphère auftral, comprife entre le pôle & le I tropique, M.T’abbé de la Caille en a obferyé plus
| de 6000delà feptième grandeur, c ’eftrà-direper-
I ceptiblës avec une bonne lunette d’un pied : une I lunette plus longue en fait appercevoir d’autres
! apparemment plus éloignées, & ainfi de fuite , I fans qu’il y ait peut-être de bornes à cette pro- I greflion. Quelle jmmenfité dans les oeuvres du I Créateur ! & quelle raifon de s’écrier, Cceli enar-
Les étoiles fixes paroiffent avoir un mouvement
commun & général, par lequel elles tournent
autour du pôle de .l’écliptique : elles paroiffent
parcourir un degré en 72 ans. C ’eft par un effet
de ce mouvement que* toutes les conftellations du
zodiaque ont aujourd’hui changé de place. Le Bélier
occupe la place du Taùreau , celui-ci celle
des Gemeaux, & ainfi de fuite j enforte que les
conftellations ou les lignes apparens font avancés
d’environ 30 degrés au-delà de la divifîon du zo-
diaque à laquelle ils. ont donné le nom. Mais j
ce mouvement n’eft qu?une apparence, & nullement
une réalité ; il vient de. ce que les points
équinoxiaux rétrogradent chaque année d’ environ
51 fécondés fur. l’écliptique. L’explication de ce
mouvement eft au refte de nature à ne pouvoir ni
ne devoir trouver place ici.
On a toujours été dans la perfuafion que les
étoiles .fixes n’ ont aucun mouvement ré e l, ou du
moins n’en ont pas d’autre qqe celui par lequel elles
changent de longitude. Mais les obfervations délitâtes
de quelques aftronomes modernes, ont fait
découvrir dans plufieurs d’elles de petits mouve-
mens particuliers ; par.lefquelles elles fe déplacent
lentement. ArÊurus, par exemple, a un mouvement
par lequel il fe rapproche de l ’écliptique d’environ
quatre minutes par fiècle. La diftance de cette
étoile à une autre affez petite qui eft dans fon
CO II y a apparence que le P. Rhéica a beaucoup
Exagéré.
Amufemens des Sciences.'
A S T 241
voifînage, a changé fenfiblement depuis un fiècle.
Sinus paroît aufli avoir en latitude un mouvement
de plus de deux minutes par fiècle, &"il s’éloigne
de l ’écliptique. On obferve de pareils mouve-
mens dans Aldebaram pu l’oeil du Taureau, dans
R ig e l, dans l’ épaulé orientale d’Orion, dans la
Chèvre, l’A ig le , &c. Quelques autres paroiffent
avoir un mouvement particulier, dans un fens parallèle
à l ’équateur 5 telle eft la luifantede l’Aigle >
car elle s’eft rapprochée ; dans 48 ans, de - j ÿ l
.d’une étoile voifine , & éloignée de 48" d’une
autre. Peut-être toutes les étoiles font-elles fu-
jettes à de femblables mouv.emens, enforte que ,
dans la fuite dès fiècles, le fpeélacle du ciel
fera tout autre •qu’ il n’eft au moment aduel.
Tant il eft vrai qu’ il n’eft rien de permanent dans
cet univers ! Quant à la caufe de ce mouvement,
quelque étonnant qu’il paroiffe au premier coup-
d’oe i l , il le paroîtra moins, fi l’on fe rappelle
que Newton a. démontré qu’ un fyftême planétaire
entier peut avoir un mouvement progrêffif & uniforme
dans l’efpace , fans qpe lés mouvemens
particuliers en foient troublés. Il n’eft donc point
furprenant que des foleils, tels que font les étoiles
fixes , aient un mouvement propre. Que dis-je ?
L ’état de repos étant unique , & celui du mouvement
|| dans une direction quelconque, étant infiniment
varie, on devroit s’étonner davantage de
les voir abfolument en repos , que d’y découvrir
quelque mouvement.
Mais ce ne font pas-là les feuls phénomènes que
nous préfentent les étoiles fixes} il y en a qui ont
tout-a-çoup paru , & enfuite difparu. L’annee
1572 eft fameufe par un phénomène de cette efpèce.
On vit tout-à-coup paroître , au mois de
novembre de cette année , une étoile extrême-
I ment brillante, dans la conftellation de Caflio-
pëe : elle égala d’abord en éclat la planète de
Vénus quand elle eft dans fon périgee, & en-
fuite Jupiter lorfqu’il eft le plus brillant ; trois
mois après fon apparition, elle n’étoit plus que
' comme les fixes de la première grandeur } fon
éclat diminua enfin par degré jufqu’au mois de
mars 1574, qu’ elle difparut entièrement.
Il y a d’ autres étoiles qui paroiffent & difpa-
roifîent après des périodes réglées : telle eft celle
du cou de la Baleine. Lorfqu’elle eft dans fa
plus grande clarté, elle égale à-peu-près les étoiles
de la fécondé grandeur : elle conferve cet éclat
une quinzaine de jours , après lefquels elle ^diminue
, & difparoît entièrement : elle reparoit enfin
, & revient à fa plus grande clarté , après une
période d’ environ 330 jours.
La conftellation du Cygne préfente elle feule
deux phénomènes de la même efpèce 5 car il y a
dans la poitrine du Cygne une étoile qui a une période
de quinze ans, pendant dix defquelleselle eft
1 invifible’: elle paroît enfuite pendant cinq ans ,