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j lequel fait-flans cettechambfe obfcure naturelle
j la fonction du verre que nous avons employé
^ d an sX jjtf-tifiç fe lle * .^ .,. . .
Diaprés cette defcription, on voit qu’il refte
entre la cornée Sc le cryftaflm une forte de chambre
’j partagée à-peu-près^en dsux également par
Tuvée , & une autre entre le crÿftallin & la rétine.
La première eft remplie <Fune -Humeur tranfparente
lèmbkble à de-FeaU-, d'où lui eft venu le-nom
d ’humeur aqueufe. La fécondé chambre eft remplie
d’une humeur dont la confiftance approche de celle
du blanc d’oe uf j on lui donne le nom de vitrée. La
( fio‘ 9 -> Pi-: 1 5 met. ces différentes parties fous les
yeux : a eft k fclérotique V b la cornée , c la choroïde
j d la rétine , e l ’ouverture de la prunelle , -
ƒ ƒ l'ïivée- y h le crÿftallin , i i l ’humeur aqueufe , '
kk l’humeur vitrée-, l le nerf optique.
L’oeil n’-étaht évidemment , félon la defcrîption
précédente j qu’une chambre obfcure , mats feulement
plus compofêe que celle que nous avons déjà ..
décrire , il eft aifé de reconnoître que Jes objets
extérieurs tfe peignent renverfés dans le fond de
l'oeiVfur la rétine j ce font ces-images qui y affectant
cette membrane' nerveufe , ■ excitent dans,
lamé'la perception de la lumière , des couleurs
& de la figure des objets.. L ’image eft-elle diftinéïe
& vive 3 Lame reçoit une perception vive' & dif-
tir.éle ; eft-elle confufe , obfcure , la perception
que reçoit; Famé eft de l'a même nature -;c’eft- oe';
que l’expérience prouve fuffifammenti On s’affure
aifément =de Fexiftencedeces images, au- moyen
d’un (oeil d’animal 3 de mouton ou de veau , par
: exemple j car fi on en dépouille la'partie poftë-
rieure , en ne Liftant ques la' rétine 3 & qu’ on
préfentt fa cornéeau trou d’une chambre obfcure §
on verra les images des objets extérieurs qui fepein-.
. dro^ç.- au fond. { P ’pyei OEil de veau.i-r l ?are)/
y Mais y: comment, demandera-t-on peut-être y les '
images des objets étant r£n ver fées nelarfîe-t-on I
pas de les voir droits ? Cette queftion n’en eft une f
que pour ceux qui n’ont aucune idée métaphyC- iî
que. En effet , les idées que nous avons de là fi- f
tuation droite ou renverfée des objets à notre f
; égard ; ainfi que de leur diftance, ne font que ,1e |
refuitat; des deux fensdela vue Se du ta'él, corn - f
bines. Du moment, qu’on commence à foire u-fagé' *
de la vue , on éprouve , au moyen du taé t, -que-'L
des objets q-ui afreétènt les parties fupërieiires de j
:lâ iretine j font du cote de nos pieds relativement j
à -ceux qui affe&ent les parties- inférieures , que le t
ta<5l apprend en être plus éloignées. De - la s’ éft
établie la liaifon confiante de la fenfation fl*im
objet qui affeêie les parties fupérieures de l ’oeil f
avec l’idée de l’infériorité dé cet-objet., V
- Qu’eft-ce enfin | p être en bas ? C ’éft ê trepW -
voifin de îa partie mférieure de' notre'côfps. Cjr y
dans la repréfentatiôn d’un objet quelconque } là
partie inferieure de. cet objet peint fon image plus I
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près de celle de nos pieds que la. partie fupérieure-
dans qudqu'endroit que fe peigne l’image de nos
pieds dans la- rétine , cette image eft donc nécef
fairement liée avec l’idée d;infériorité ; confé-
quemment ce qui l’avoifine le plus produit nécef.
fairement d'ans l’cfprit la même idée.
ConfiruBion d’un oeil artificiel, propre a rendre fenfiUc
la rai fon, de tous les■ phénomènes delà vifion,-
ÀD, ( fig. 10, pl. I , Amujlmens d*Optique)
eft use boule creufe de bois, de cinq à fix pouces
de diamètre 3 & formée de deux héraifphè-
res qui fe joignent ènfemble en, L M , & de
manière qu'ils, puïffent s’approcher & s’éloigner
1 un de1 autre d environ un demi-pouce. Le fegment
AB de rhéniifphère antérieur eft un verre d'égale
épaifteur , comme un verre démontré, aù-deftous
duquel eft un diaphragme percé au milieu d’un
trou fond , d’environ fix lignes de diamètre. F eft
une lentille convexe des deux côtés | foutenue oar
un diaphragme , & ayant fou .foyer à la diftance*
EF , lorfqué les deux hémïfphères font à leur dif-
unce moyenne.: Enfin la partie DCE eft formée
par un verre cl égalé épaifteur , & concentrique à
la fphèfe , dont,la ; furfaee intérieure;, au lieu- d’ê-
rre polie , èft finalement adoucie -, de -manière à
n’être.tju 4mpitie-.tr'anfparentè. Voilà un oeil afti-
ficTel, auquel -il ne^ manque prefque que les humeurs
aqueüfè &vjhée. On pourroit même , fui.
vant ||matière dont il feroit formé, y'repréfenter
ces humeurs, en mettant daiisla première chambre
de l’eau commune , & dans la poftérieure une eau
chargée d’unè forte folutiôn de fel. Mais célieft
abfolnment inutile pour les expériences que nous
avons en vue. è é ' - '
Çn peut,.au. refte , beaucoup fimplifiericette
petite machine , &. la réduire à deux .tuyaux d’un
pouce&:demi ou deux pobeqsyédiamèri^l.ten-
trans f un dans 1 autre'; Le premier ou l’ântèrfeur:
fera garni a fon ouverture d’aiï verre lenticùlàire
de trois pouces environ de^fôyér,' donf on aura
foin de ne Jâifter découvert qhe'la’partie îa plus
voifine de l’axe , ;au moyen d’un cercle d'è: carton,
percé d’un trou d’un demi-pouce environ de largeur
j^dont’onlé couvrira'. 'Lé fod-Ldu fecôifd tu,rau
fera couvert d un papier huilé , qui fèiu'la fc/nc-
tion de la rétine, f.e tout enfin fera àtfàftéé de
manière que la diftance du verre au ^p'rliüiié
puifte varier d’enviî-ondeuxqaouCçs a quatre , en
enfonçant ou retirant le-s-tuyaux. H n’eft peribnne
qui ne puifte. facilement & à peu de.frais fe pro-
curer raie pareille machiné.
. Première expérience. •
- 0U-%. PaPl^t huile étant precifeipent
- aùifoyéjrduVérrè léiiftculaivè , !fî Vpfis. tournez la
machine vers des objets fôft eleifhés ;}*vous les
verrez peints avec beaucoup de diftin&ionfur ce
i ; fond
fond. EacconrciiTez ou allongez la machine , ‘de
forte que le fond ne foit plus- au foyer du verre ,
vous ne verrez plus cés objets peints arftin&ement,
jpais confufément.
Seconde expérience.
Préfentez un flambeau , ou autre objet éclairé,
a la machine, à une diftance médiocre, comme
de trois ou quatre pieds , & faites en forte qu’ il
foit peint diftinclément, en rapprochant ou éloignant
du verre le fond de la machine. A lo r s , fi
vous approchez davantage l’objet, il ceflera d être
peint dfftindement ; mais vous aurez une image,
diftinéte en allongeant la machine. Au contraire ,
fi yous éloignez l’objet à une diftance confidera-v
ble,. il ceflera d’être peint diftin&ement, & vous
ne récouvrerez l’image diftinète qu en raccourcif-
fent la machine.
Troifieme exemple.
Vous pourrez néanmoins , fans toucher a la
machine, vous procurer l’image diftinéte d’ une autre
manière» effet, dans le premier cas, préfentez
à l’oeil un verre concave, à une diftance que
vous trouverez en effayant î vous reverrez naître
la diftin£Uon dans la peinture de l’objet. Dans le
fécond - cas, préfentez-lui un verre convexe 5 vous
produirez le même effet.
Ces expériences fervent à expliquer de la manière
la plus fenfible tous les phénomènes de la
vifion , ainfi que l’origine des defauts auxquels la
vuè eft fujette , & les moyens par lefquels on y
remédie.
On ne voit les objets diftindement, qu’autant-
que ces objets font peints avec diftin&ioii fur la
rétine > mais lorfoue la conformation de 1 oeil eft
telle que les objets médiocrement diftans font
peints avec diftin&ion 3 les objets beaucoup plus
yoifins ou plus éloignés ne fçauroient être peints
diftinélement. Dans le premier c a s , le point de
diftinétion de l’image eft au-dela de la rétine } &
fi l’on peut changer la forme de fon oeily de manière
à éloigner la rétine de ce point ou le cryf-
tallin de là rétine, on a l’image diftinète. Dans
le fécond cas , c’ eft le contraire j le point de dif-
' tinaion de l ’image eft en-deçà de la rétine , & il
faut, pour avoir la fenfation diftinète , avancer la
rétine vers fe crÿftallin , ou 1e crÿftallin vers - la
rétine. Aufli l’expérience apprend-elle que , dans
l’un ou l’ autre cas, il fe pafle un changement qui,
même fouvent, ne fe fait pas fans effort. Au refte,
en quoi confifte ce changement ? Efty ce dans un
allongement ou un applatiffement de 1 oeil ? Eft-ce
dans un déplacement du crÿftallin ? G'eft ce qui
n'eft pas encore entièrement éclairci. 1
J ly a dans les vues deux défauts oppofés : l’up
Amusement des Scicdcie*
confifte a ne voir, diftinétement que les objets eio>
gnés.i & comme c’eft ordinairement le defaut des
vieillards , on appelle, presbytes ceux qui en font
attaqués : l’autre confifte a ne voir diftinétement
que les objets fort proches; on les nomme myopes.
^ ,, La caufe du premier de ces defauts eft une coti*
' formation de l’oe il, qui fait que les objets voiftns
- ne peignent leur image diftinète qu’àu-delà de la
rétine; Or l’imagé des objets éloignés eft plus
proche que celle des.objets voifins ou médiocre-
ment diftans : l’image de ceux - 1 V pourra donc
tomber fur la rétine ; & l’on aura la vilion dif-
, tiiiéle des objets éloignés, tandis qu’ on verra confufément
les objets proches.
Mais fi l’on veut rendre diftinète la vifion des
objets proches, il n’y aura qu’ à fe ferrir d’ un verre
convexe, comme on à vu dans la troifieme expé-
rience ; car un verre convexe , en hâtant la réunion
des rayons, rapproche l’imice iiftindle des
objets; conféquemment il produira fur la rétine
une image diftinète , qui fans lui n’eût été peinte
qu’au-delà.
Ce fera tout le contraire à l’égard des myopes.
Le défaut de leur vue confiftant dans une conformation
de l’ oeil qui réunit trop tôt les rayots , &
fait que le point de dillinétion de l ’image des ob-
jets-médiocrement éloignés,.eft en-deçà de la rétine
, ils recevront du feçours des verres concaves
interpofésentre leur vue & l’objet ; car ces verres,
en faifant diverger les rayons , éloignent l’image
diftinète fuivant-la troifieme expérience ; ainfi l’image
diftinâe-des objets, qui fe fût peinte en-deçà
d e là rétine, s’y peindra diftinétementlorfqu’ on
fe fervira d'un verre concave.
Les myopes difeerneront en outre mieux les
petits objets à portée de leur vue, que les presbytes
ou les gens doués d’une vue ordinaire ; car un
objet placé' à une plus petite diftance de l’oe i l ,
peint dans fo'n fond une plus grande image , à-
peu-près eu raifon réciproque de la diftance. Aijifî
un myope qui voit diftinélement un objet placé à
fix pouces de diftance , reçoit dans le fond .de
l’oeil une image trois fois auffi grande que. celle
qui fe peint dans l’oeil de celui qui né voit diftinc-
tement qu’ à dix - huit pouces ; conféquemment
toutes les petites parties de cet objet feront grof-
fies proportionnellement, & feront fenfibles au
myope, tandis quelles échapperont au.presbyte.
Si un myope l’étoit au point de ne voir diftinae-
ment qu’à un demi-pouce de diftance, il verro.it
les objets feize fois plus gros que les vues ordinaires
, dont la limite de diftinftion eft de huit
pouces environ : fon oeil feroit un excellent mi-
crofcope , & il difeerneroit des chofés dans les
objets que les vues communes n’y voient qu’à
l’aide de cet inftrument. * B b b b b