roit donc lë vdir de la terré ; mais àîots on voit
Ton ombre fe projeter fur le difque de Saturne. .
C’ eft une belle matière à conjectures que la na-r
ture de cet anneau fingulier. Quelques-uns ont dit
qâé ce ptmvbit être une multitude de lunes , circulant
n près les unes des autres, que leur intervalle
ne s’apperçoit pas dé La terre -, ee qui leur
donne l'apparence d’un corps continu. Cela eft
peu probable.
D ’autres ont conjecturé que c’étoit la queue
d’une comete, q u i, paffant très-près de Saturne ,
én avoir été arrêtée. Mais un pareil arrangement
d’un fluide circulant, feroit quelque c.hofe de bien
extraordinaire. Je crois qu’ il faut admirer cet
ouvrage du fouverain artilte , créateur de l’univers,
& attendre, pour former des conjectures fur
fa nature, que -la perfection des télefeopes nous
fourniffe de nouveaux faits peur les appuyer.
La diftance de Saturne au foleil eft telle, que '
toutes les planètes lui font inférieures , comme Lé
font pour nous Vénus & Mercu re. Il y a plus ; s’ :l
y a des êtres intelligens fur cette planète, il eft
fort douteux qu’ ils aient .feulement conBoifiancë
de notre exiftence, & bie/î moins encore de celle
de Mercure & de Vénus ; car, à leur égard , Mer-
cute ne s’éloigne jamais du foleil déplus de 2° 2 5 ',
Vénus de 40 15/ , & la terre elle-même 'de 6° ;
Mars s’en éloignera feulement de près de 90 & Ju-
piter de 28° 40' : auffiles trois ou quatre premières
de ces planètes font beaucoup plus difficiles à ap-
percëvo'ir parles Saturniens, quene l’eft pour nous
la planete de Mercure , qu’on voit à peine, paree-
3u’elle eft prefque toujours cachée dans les rayons
a foleil. Il
Il eft cependant vrai que la lumière du foleil
eft d’ un autre côté bienfpible, & que la coriftim-
ffoh ée l’atmofphèré de Saturne, n elle èn à une,
pourrait être telle , que l’on verrait encore ce's
planètes auffi-tôt que le foleil feroit couché.
§. I X . Des Cometes.
Les cometes ne font plus, comme on le crôyoit
autrefois', des lignes de la colère cëleftë , des
annonces de la peftè, de La guerre ou dë la famine.
Il fâlloit que les hommes de ces temps
fulTent bien crédules, pour penfer que des fléaux
ui n’ affeCLent qu’une infiniment petite portion
’un globe qui n’eft lui-même qu’un point dans le
fyftême de l’univers , duffent être annoncés pât
un dérangement de l’ordre naturel & immuable
des deux. Les cometes ne font plus aulfi , comme
le pensèrent la plupart des phiîofophes anciens ,
& ceux qui fuivirent leurs traces, des météores
formés dans la moyenne région de l’air. Les obfervations
aftronomiques , faites dans divers endroits
de la terre à-îa-fois, ont appris qu’elles font
toujours à une diftance même beaucoup plus
grande qué la lune, & conféquemn\ënt qu’elles
n’ ont rien dé commun avec les météores Formés
dans notre atmofphère.
Ce que quelques phiîofophes anciens, commet
Appollonius Myndien , & fur-tout Séneque , ont
penfé fur les cometes , s’eft depuis vérifié. Selon
eux , les cometes font des aftres auffi anciens
a uni durables que les planètes, mêmes , dont les
révolutions font pareillement réglées.; ■ & fi on ne
les appèrçoit pas toujours, c’eft qu’elles font leur
’ cours de manière que ,. dans une partie de leur
■ orbite , elles font fi éloignées de laterre qu’on
; les perd de vu e , & elles ne paroiffent que dans h
partie inférieure.
En effet Newton , & fur Tes traces M.-Halleÿ,
ont démontré, par les obfervations des différentes
cometes de leur temps , qu’ elles décrivent à l’entour
du foleil des Orbites elliptiques, dont cet
aftre occupe un des foyers, & que ces orbites diffèrent
feulement de - celles des planètes connues.,
en ce que celles-ci font prefque circulaires, au
lieu que célles des cometes font extrêmement
allongées ; ce qui fait que, dans une partie de leur
cours, elles fe rapprochent afiez de nous pour
être apperçues ; & dans le refte de leurs orbites,
elles s’éloignent dans l’immenfit# des cieux, au
point de n’être plus yifiblés. Ils ont auffi. enfeigné
comment 5 à l’aidé d’un petit nombre d’obfervations
du mouvement d’une comete 3 on peut dé-
' terminer la diftaftee où elle paffera Ou a paffé du
fo le il, ainfi que le temps où elle en a été Le moins
éloignée 3 enfin fon lieu dans le ciel pour un moment
donné-. Les calculs faits d’après "tes principes,
s’accordent avec l’obfervation üW manière fur-
prenante.
Les phiîofophes modernes ont fait plus ; ils ont
déterminé le retour de quelques-unes de ces cometes.
L'e célèbre M. Hàlîey , eonïîdérant que ii
le mouvement des cômetës fe fait dans des ellipfes,
elles doivent avoir des révolutions périodiques,
puifque ces courbes rentrent en elles - mêmes,
examina avec attention les obfef varions de trois
cometes, qui 'parurent en 1 y31 & 1532, en 1607
& r682 ; & ayànt eajculé la pofition & les di-
menfions de leurs orbites , il reconnut que ces
trois cometes avoïent à-peu-près k même orbite,
& çenféquemment que ee n’éh étoifc qu’ une feule,
dont la révolution s’-aehevoit dans environ jj
ans ; il ofa donc prédire que cette comete reparaîtrait
en 17.58 , ou i7^o.au plus tard. Tout le
monde fçaitque cette prédi&ion s’eft vérifiée dans
le temps annonté : ainfi il refte confiant que cette -
comete a autour dû folëifune révolution périodique
de 75 ans.& ,demi. Suivait les dimen-nons
de fon orbite déterminée par les obfervations,
fa moindre diftance du foleil eft de j0^o du ^em‘‘
diamètre ded’orbite terreftre ; elle s’en .écarte en*
fuite a une diftance qui eft égale à 3y £ de ces
demi-diamètres ; enforte qu’elle "s’ éloigne de cet
Il y a encore trois cometes dont on efpere ay.ee
[fondement le retour; ce font celle de i 6£i , qu’on
attendoit pour 1790 ; celle de 1556 , pour 1848 ;
enHn celle de 1680 & 1681^ qu’on penfe , quoique
avec moins.d’affurance, devoiç reparaître vers
| 3 $ï Cettedernière a paru, parles circonftances
qui ont accompagné fori apparition, être la même
pque celle qu’on v it, fuivant les tiiftoriens, 44ans
Iavant l’ère Chrétienne, celle de l’an 531 &: celle,
[de 1106; car il y a entre ces époques un intervalle
de 575 ans. Cette comete aurait une orbite
[exceffivement allongée, & s'éloignerait du foleil
[environ 135 fois autant que la terre.
Cette compte a d.e plus ce’a de remarquable ,
que, dans la partie inférieure de fon orbite, elle
[paffa extrêmement près du foleil, c’eft-à-dire., à
;une diftance de fa furface qui étoit à peine une 6e
du demi-diametre foliaire ; d’où Newton conclut
que, dans le temps de.ee paffage , elle fut expo-
fée à une chaleur deux mille-fois plus grande que
celle d’un fer rougi à blaac. Il faut donc que ce
çorps foit extrêmement comp are, pour pouvoir
réfîfter à une chaleur fi prodigieufe, qu’elle vo-
latiiiferoit probablement tous les corps terreftres
que nous copnoiffons.
[' Il y a aujourd’ hui (33 cometes dont on a calculé
ries orbites, enforte qu’on connoït leur pofition ,
j & ia moindre diftance où la comete doit paffer du
rfoleil : ainfi , quand il paraîtra quelque nouvelle
comet^aui décrira le meme chemin, ou à peu
de cliofë près, on pourra afftiEer que c’eft la même
qui a paru dans des temps anterieurs : on connoî-
I tra alors la durée de fa révolution & la grandeur
[de fon axe ; ce qui déterminera l’orbite eh entier:
r on fera enfin en état dè calculer fes retours & les
autres circonftances de fon mouvement, comme
ceux des autres planètes anciennement connues..
( Les cometes ont cela de particulier, qu’elles
font communément accompagnées d’ une chevelure
ou d’une queue plus ou moins allongée. Ces
queues ou chevelures font transparentes , plus
j.ou moins longues ; on en a vu qui avoient 45 ,
150 j éo & même 100 degrés de longueur ; telles
» furent celles des cometes de 161.8 & de 168.0.
I Quelquefois néanmoins cette queue fe réduit à
laine efpece de nuage lumineux &: très-peu étendu:,
s qui environne la comete en forme de couronne :
I ■ telle etoit celle qui accompagnait la comete de
m m arrive auffi quelquefois que cette queue I « e^QIn 3 Pour être apperjçue, d’un ciel plus ferein
! & plus dégagé de vapeurs que celui de ces ré>-
1 ^ar^eufe comète , revenue fur la fin de
1 Pa/ro^ 9 ^t à Paris avoir à peine une queue
. “ e4 degrésde.iongueur : à-Montpellier, des abfervateurs
la virent de 25 dé grés de long ueur, & ell®
?g,rut encore plus:-longue à des ©bfervateurs de
,’isle de Bourbon.
Quant à la caufe productrice dps .queues de,^
cometes, il n’y a que deux, fontimens à ççt
égard qui- aient de la probabilité. Newtpn a penfs
qiie ç’etoit une traînée de vapeurs élevées par la
chaleur du foleil, lorfque la comete defcënd 4^ns
les régions inférieures de nptre fyftême. Auffi
remarque-t-on que les cometes n’onp jamais 4 ë
plus longue queue, que lor.fqu’elles .ont paffé.leur
périhélie ; '& cette queue femble être d’autant plus
longue, qu’elles en ont paffé plus. près, il ne lâiffe
pas d’ y avoir de fortes difficultés contre cette
opinion. Celle de fil. de Mairan eft que ces queues
font une traînée de la lumièfe tpdiàçale, dont les
cometes fe chargent ën paffant entre la terré &
le foléil. Auffi femarquërt-on que les .comètes
qui n’atteignent pas jufqu’ à Torbe de la terre ^
n’ont pas de queue fenïible , & ont tout au plus
une couronne : telles furent la comete de 1505 ,
qui paffa à une diftance du foleil d-un dixièmp
plus grande que celle de la terre; celle de 1718 ,
qui en p.affa à une diftance à^peu-près égale ; celle
de 1729 , qui en paffa . à une diftance environ
quadruple.; &: celle de 1747, qui en paffa à une
diftance plus que double: Il eft vrai, que la co*
înete de 1604 ,. qui paftà plus loin du foleil que
la terre, eut une queue , mais elle fut médiocre ;
& comme fà diftance périhélie excédait très-peu
celle de la terre au foleil, & quô l’atmofpnère
folaire s’étend quelquefois au-dela de l ’orbe xer-
reftre, il n’en réfulte pas une objection de grand
poids contre le fentiment de M. de Mairan.
Remarquons enfin qu’ il n’en eft pas..des cometes
comme des planètes. Toutes cellès-ci font leurs
révolutions dans des orbites peu inclinées à l’ét
cliptique, Sc marchent du même fens : les come-
tesv au contraire, ont des orbites dont les incli-
na-ifons à l’écliptique .vont jufqu’ à l’angle droit.
D-ailleurs les unes marchent félon l’ordre des
lignes , & font appellées directes ; les autres marchent
dans lé féns contraire, pn les nomme
rétrogrades.. Ges moiiysmens fe compliquent enfin
avec celui de la terre ’; ce qui leur donne une
apparence d’irrégularité' , qui doit èxeufer Les
anciens d’avoir été dans l’erreur fur la nature de
ces aftres.
On a vu plus haut qu’il y a des cometes qui
paffent affez près de la terre. Il en pourrait arriver
quelque jour une eataftrpphe funefte pour
notre glo b e , fi la Divinité ne fembloir y avoir
mis; ordre -par des circonftances particulières. En
effet, une comète comme celle de 1744, qui p.affa
à une diftance du foleil, plus grande feulement
aue le. rayon de l’ orbite terreftre d environ un
-50e , fi elle éprou-voit quelque dérangement dans
,fa couifo , pourrait .ou.choquer la terre ou la