
amufoit nos yeux , notre efprît étoit dans la per"-'
plexité pour en deviner la caufe ; les deux colonnes
etoient d’un trop petit diamètre, pour
nous permettre de croire qu’ elles contenoient des
pompes foulantes avec des piftons mis en jeu par
des mouvemens d’horlogerie y d’ailleurs l’ offre
qu’on nous fit d e nous donner cette machine à
un prix modique, prouvoit allez bien que le mé-
chanifme n’en étoit pas compliqué.
Les deux tuyaux de verre , nous dit- M. H ill,
font ce que les marchands de baromètres vendent
fous le nom de Tâte-pouls. Ils font terminés par
deux petites boules qui contiennent de l’efprit-
de-vin coloré, & conôruits de manière q u e ,
quand on tient une boule dans, fa main^ en donnant
à ces tuyaux une certaine inclinai fon , la
chaleur du corps produit, dans cette liqueur ,
une efpèce de bouillonnement, qui la éhafle continuellement
d’une boule à l’autre."
Quand on eft fur lé point de faire voir le machine
, on met fecrettement, dans les deux colonnes,
du fable chaud, qui produit fur la liqueur
des tâte-pouls le même effet que la chaleur de la
main. On a foin de ne laiffer la machine fous les
yeux du fpeâateur qu’environ une demi-heure ,
parce que le fable fe refroidiflant infenfibiement,
les mouvemens de la liqueur fe ralentiiTent peu-a-
peu , comme la chaleur qui les produit j & le repos
parfait qui doit fuccéder, diminueroit l’admiration
du fpeébateur , tandis qu’on cherche., au
contraire à l’augmenter en difant que la machine:
va toujours , mais en la ferrant auflî-tQt, fous prétexte
de montrer des pièces plusintéreffantes. i
. Nota. On peut faire de ces machines-, dont le
mouvement dure douze & même vingt - quatre
heures, à l’aide de deux petites lampes , au lieu
de fablé chaud ; mais la néceflité de faire: ces- cor..
lonnes plus, groffes.& plus longues, pour .conte»,
nir ces lampes , l’odeur de l’huile & l’inconve-
nient qu’elle a de répandre beaucoup, dé fumée,
lorfqu elles viennent à s’éteindre , doivent faire
abandonner ce moyen, parce qu’il, tend à faire
«onneître au fpedateur une caufe qu’on veut lui
cacher avec foin.
. Effayons d’expliquer phyfiquement le bouillonnement
de la liqueur dans les tâte-pouls , ( fig-7^
même pi. 3 de magie Blanche ). ;
La chaleur dè là main dilaté Sé groffit la bulle
d’ air AB . Par cette dilatation , la liqueur eft forcée
de céder une partie de l’efpace quelle occupe
dans la boule inférieure , & de monter du point È
au point F. »Quand la bulle d’ air.eft affez raréfiée
pour ' occuper toute la partie fupérietire de la
boule jufqu’au point G , elle- peut s’échapper en
partie par le tuyau, parce qu’alors fa légèreté
feécifique la porte fans obftacle vers la boule fu-
périeure. Elle ne peut monter ainfi fans pouffer
devant elle une partie delà liqueur, ce qui'dirai;
nue un peu fa vite l ie , & donne le tems de la
fuivre des yeux dans fa marche > mais comme la
légèreté l’oblige de monter le long de la paroi fu-
périeure 'du tuyau; la liqueur qui vient d’être
pouffée.en haut ,, defcend. en-même. tems par fa
propre gravité le long de la paroi inférieure pour,
s’emparer de l’efpace.que la bulle d’ air vient de
quitter : en defcendant affez rapidement pour
qu’on ne faffe pas attention à fon paffage, cette
liqueur apporte avec elle de l’ahsconden.fé par la
fraîcheur refpe&ive de la boule fup'érieure, qui,
dans notre fuppofition , ne reçoit d’autre chaleur
que celle de l ’atmofphère. Get air étant raréfié
de nouveau par la chaleur de la maîn ou^du fable
qui touche la boule inférieure , eft bientôt obligé
de remonter comine le premier, & par la même
-raifort jufqu’ à cê qu’on ote la main , ou jufqu a ce
'que le fable foit refroidi. ( Decrbmfs ).
Machine Pn eumatique. ( Voye^ a l ’article
A ir }.
Machine a dessiner.. ( V o y e^ à / article
De s s in ).
MAGICIEN, ( le petit ). ( Voye^ h l'article I
A im an t ).
• Magicienne , JDevinereJfe , Tireufe de Cartes'.
■ Un jour ( dit M. Decremps dans le teftament
de Jerome -Sharp ) j’eus occafion de parler à un
joaillier , qui montroit dans une compagnie un
é c f ll richement.garni. Il fit voir , entr’autres bijoux
, une rofe de diamans faux, qu’on voulut
lui acheter mais il répondit qu’il n’avoir pas lô
droit-de la vendre, & quelle appartenoit a une
Tiréùfe de Cartes; On lui demanda:ce: qu’ il enten-
doit pâr Urtt Tikeufe :de Cartes. C ’ëft , ditril', une
efpèce d'aventurière qui fait profeflion de tirer les
cartes pour dire la bonne aventure; Dès ce moment
, plufieurs.perfonnes- de la compagnie délirèrent
taire connoiffanee avec cette devinereffe.
Le bijoutier nous conduifit chez la Pythie, que
nous trouvâmes logée dans un cul-de-fac, au cin-
uième étage au-deffus de l’entreffoL Nous vîmes
ans - ce galetas- une vieille édentée., au •menton
de galoche, dontljacoutrement & les meubles
ne répondoient pas parfaitement à l’ idée quoa
s’en étoit formée d’après la rofe de diamans.
Tour du Ruban.
La magicienne nous fit affeoir fur des bsnc3
autour d’un établi: deémenuifier , qui fervoit de
table. Voulant ensuite donner un échantillon de
fes talens , elle tira d’une boîte unedemi-aune de
ruban à fteurs d’ o r , q u e lle 'fit couper en plus de
vingt morceaux 3 & qu elle mit auftHpt dans une
-Ritre petite boîte ronde & plate comme un éc»
défi livres, en difant : «Vous voyez fans doute,
„ Meilleurs, que je n’aurois pas la folie de couper
ainfi un ruban précieux, fi je n’ étois en
m état de le raccommoder fans qu’ il paroiffe avoir
» été coupé ». U11 inftant après, elle pria quelqu’un
de tenir la petite b o îte , pour qu’on ne pût
pas l’accufer d’avoir fubftitué un autre ruban y & *
nonobstant cette précaution , le ruban fe trouva
tout entier quand on ouvrit la boîte. Cette boîte
étoit d’une limple feuille de fer-blanc . & l’on remarqua
bien qu’elle n’avoit pas de double fond ;.
d’où il s’enfuit qu’ elle,n’étoit pas conftruite de
manière à cacher un premier ruban coupé, pour
en faire paroître un fécond tout entier.
Pour proüver qu’elle ne chan’geoit point le ruban
, la Pythoniffe fit une fécondé expérience de
la manière fuivante : elle montra un fécond ruban
qui enfiloitdeux pièces de bois.( Voye^fig.4 , pl. 4
4 e Magie Blanche , tome VIII des gravures ) .
Elle tira alternativement les deux extrémités
À & B ; & quand une de ces extrémités étoit
tirée à droite ou à gauche l’autre la fui voit toujours
, comme appartenant à un feul & même ruban
: enluite elle fépara l’un dé l’autre les deux
morceaux de bois, comme dans la fig. y , même pl.
& coupa le ruban par le milieu, comme dans la
fig. 6 3 zbid. Cependant, après avoir rapproché les1
deux morceaux de bois , comme dans la fig.’ 4 , ;
die tira le ruban tout entier par l’extrémité A , & ;
le fépara totalement des morceaux de bois ( fig. 7 , j
ibidS)., T.
Necroyez pas., d it-e lle , que je me ferve dé !
ces dèux pièces de. bois pour vous fafciner les
yeux : je vais couper une jarretière par lé milieu 3 \
en la tenant Amplement dans iiieS mains , fans aucun
inftrument qui puifte concourir à vous faire i
illufion, & vous verrez toujours le même fucces"
de ma part : alors elle fit couper le ruban en
deux parties, dont on vit aufli-tpt les quatre
bouts. Elle noua enfemble les deux moitiés, dont
elle fit tenir les extrémités par deux perfonnes
pour empêcher la fubftitutio.n : cependant, après r
avoir tenu le noeud un inUant dans fa main , elle
le fit difparoîtré en remettant la jarretière dans
Ion premier état. Ici on foupçonna de n’ avoir
coupé qu’ un petit Bout de la jarretière, & de
l’avoir, par ce moyen , ùn peu raccourcie ;
mais elle eut bientôt détruit ce foupçon, en fai-
fant mefurer 1^ jarretière pour la couper & la
raccommoder une fécondé fois , & |a rendre en-.
fuite dans fa même longueur .
Après cette quatrième preuve de talent, que
»pus expliquerons à la fin de cet article, la for-
ciere commença fon tirage de cartes , dans lequel
elle dit des ,chofes étonnantes pour toute la compagnie
, fans, en excepter M . Hill ; quoiqu’il
eût dit un .inftant auparavant qiié ceçte. feeuae
•dyiHjcmgns des Seienggs^
ne devoit pas être bonne forcière, puifqu’elle)
étoit pauvre. Elle prononça plus de deux cens
proportions fur les affaires préfentes , paffées. &
à venir des différentes perfonnes de la compagnie.
Parmi toutes ces affertions , il y en eut un grand
nombre de vraies , & l’on n’en trouva pas une
dont on pût démontrer la fauffeté. Elle dit à
un jeune homme qu’il avoit aimé une blonde
fort jolie ; que cette affaire lui avoit occafionné
des tracafferies > qu’il avoit eu des rivaux ent
grand nombre, qu’ils avoient écrit contre lui des'
lettres anonymes ; qu’il avoit -encore d’autres
peines à effuyer, mais qu’ il finiroit par être heureux.
Elle dit à M. Hill une bonne partie de fes
aventures paffées, en lui enprédifant de nouvelle»
tte de plus fingulières, & en lui difant, fans l’avoir
jamais vu & fans l’avoir connu directement ou
indirectement, qu’il ayoit dans fon gouffet une
bourfe pleine de louis1, parmi lefquels fe trouvaient
trois écus de 6 livres >8 c .deux pièces de
24 fols. Le fait s’étant trouvé-vrai, M. H i ll ,
étonné, demanda p ar.quelle pénétration extraordinaire
elle pouvoit connoître des chofes fi
myftérieufes ? Ce n’eft point par ma pénétration ,
répondit - e l le , que je dévoile les . plus grands
myftères, ce font les cartes qu’on t ir e , félon
les loix du fo r t , qui m’inftruifent’de tout: les
pièces de 24 fols font toujours défignées par les
carreaux , lés écus de 6 livrespar les trefles, & les
louis par les coeurs : or vous voyez aufli bien que
moi, continua - t-relle en parlant à M. H ill, que
vous avez tiré plufieurs cartes au hafard, parmi
lefquellesily a deux, carreaux,trois trefles & beaucoup
de coeurs ; par conféquent vous devez avoir
dans yotre bourfe deux pièces de 24 fols-, trois
écûs de 6 livres & beaucoup de louis.
Alors on lui demanda .fi M. Hill avoit eu des
ënfans •* elle répondit quelle n’en fa voit rien , &
qüé les cartes n’en faifojént pas mention , puifr
qu’il n’étojt forti aucune carte de la quatrième
' mineure en piqué. Cette réponfe auroit pu paroî-
tré un (impie prétexte de la vieille , pour cacher
fon ignorance fur des faits dont elle n’étoit point
affurée, & fur lefquels on auroit pu facilement la
, contredire j mais on nofoit dans’ ce moment la
foupçonner d’incapacité , à caufë'Jdè l’opération
fingulière qu’ ofi venoit de v o ir , & dans laquelle
le nombre des carreaux , des trefles & des coeurs ,
tirés au hafard, correfpondoit fi merveillement
au nombre des pièces de 24 fols , des écus de 6 1.
& des louis cachés dans le gouffet de M. Hill.
Cependant M. Hill voulant la pouffer à b out,
la pria de tirer les .cartes une feçonde fo is , pour
deviner s’il avoit eu des enfans. Puifqu’il faut vous
le dire , répondit la vieille, l’abfençe complette
de la quatrième mineure en piqüe prouve que vous
n’avez jamais eu les honneurs de la paternité .Votre
prétention eftfauffe, dit M. H ill, car ma femme
vieo,! 4 ’ Je le fais > & je le vois par lç-f
Ô o H