
que , malgré la rigueur de la faifon 3 il fera facile
«le raffembler dans le même tems les fleurs qui ne
font naturellement produites que dans leur tems
propre. Ainfî 3 dit fauteur , l’ art pourra donnér
un fpeâacle que refufe la nature elle-même. Il,
aflure même que fon fécret pourra procurer des
fruits auffi^-bien que des fleurs j mais'ce fecret eft-.
il plus efficace que les moyéns connus ?
Au refte -, fans entrer dans la difcuffion de ce
procédé , la nature nous indique elle-même la manière
d’avoir des fleurs pendant l’hiver. Nous avons
remarqué qu’un jafmin d’Efpagne 3 dont les premières
fleurs avoient été gelées au printèms en a
repoufle de nouvelles vers la fin de l ’automné',
& donné des fleurs pendant l’hiver. Il ne s’ agiroit
de,ne que de retarder:là floraifon, fo.it en coupant
les premiers boutons* foit eh tranfplantant lès
piedsi
Pour fe procurer en hiv e r . des fleurs naturelles
éclofes.le jour que l’on v eut, il faut choifir
fur la t ig e , dans le temps .que les dernières fleurs
que l’ on veut conferver parodient ,des boutons Les
mieux formés & prêts à s’ouvrir ; on les coupera
avec des ci féaux , en obfervant s’il eft pollible
de leur laifler une queue longue de trois pouces :
on couvrira l’endroit coupé avec de la cire d’Efpagne
j & après avoir laifle faner- les boutons,
on les enveloppera chacun à part dans un morceau
de papier bien fec j on les mettra dans une boîte
ou un tiroir, dans un endroit fec, où ils feqonfer-
veront fans fe gâter.
Dans quelque t0tnps de l’hiver que ce fo i t ,
qu’on veuille les faire écloire , on les prend ,
& après avoir coupé le bout où eft la cire d’Efpa-
gne , on les met tremper dans de l’eau, où l’ on
fait bien de Faire fondre un peu de nitre ou de
fel. On prétend qu’on a alors le 'plaifir de voir
les boutons dè fleurs s’ouvrir ^épanouir', brillèr
de leurs plus vives, couleurs • & répandre leurs
agréables parfums.
Pour avoir desfleurs pendant l'hiver.
On feme la graine des fleurs vers la fin de fep-
tembre ; on en- met les oignons en terre ; on
place les pots dans une cuifine ou endroit chaud j
on les arrofe avec de l’eau dans laquelle on fait dif-
foudre un peu de fel ammoniac j on a lëplaifir de
voir ces plantes fleurir vers Noël.
Si l’on veut avoir des giroflées pendant l’hiver,
on choifit des pieds de giroflées vivaces , dont
les boutons commencent à paroître vers la fin
de l ’automne j on met ces plantes dans une chambre
chaude j & on les voit fleurir pendant l’hiver.-, Si ce
font des giroflées qui foient à leur fécondé année ,
on les tranfplante dans des pots à la fin cl’août 5
on retarde par-là leur végétation* & on fe procure
le plaifir de jouir de ces fleurs au milieu
de l’hiver.
Pour conferver dans les caves les pieds de
giroflées, pendant l’hiver , il faut décharger d’une
partie de leurs feuilles, celles qui en o n t ,.y enfermer
ces fleurs lorfqu’elles ne font point humides
, ne point mettre les pots à terre , mais
-élevés für des planches,, afin qu’ ils n’aient pas
tant d’humidité , ouvrir la cave dans des temps
doux & de dégels , pour renouveller l’aiç, ne
les arrofer que très-peu , & point autour de la
t ig e ., de peur de la faire pourir.
. Maniéré, de changer la couleur des fleurs.
Les fleurs Ceryent d’ornement ou dans lés égli-
fes , ou fur ies tables dans les de lier ts, ou peur
la paruredes femmes dans Mirs cheveux. A l’aide
des acides on peut donner aux fleurs de plus belles
couleurs, ou varier celles qui en font fufceptibles,
telles que les blanches , les violettes & les
bleues. L’efprit-de-nitre changé., les blanches en
un beau jaune citron , les violettes en un bel
incarnat , & les bleues , telles que l’aconit ,1é
pied d’alouette , & diverfes gentianes en un
beau rouge cramoifi. Si donc l’on veut changer
entièrement la couleur des fleurs , on les plonge
renversées dans l’eau forte , fans y enfoncer la
queue qui,en feroit amollie & .brûlée.. On les
retire pour les fufpendre & les la Hier égoutter
pendant quelques minutes, jufqu’à ce qu’élies
aient pris aflez de couleur : alors on les plongé
clans l’eau claire pour leur enlever, toute l’eau
forte & on les fufpend encore pour les Sécher
entièrement. Si l’ on,ne veut que les panacher,
on pâlie deiïus un pinceau trempé dans l’eau-
forte : mais il faut bien obferver que l’eau-forte
ne leur cauferoit aucun changement, fi elles étoient
dëffëchées. La plu ; art des plantes ainfi préparées
fe deffechent naturellement, confervent leur
foupleffe. Il-y a cependant des fleurs qui fe ter-
niffent & perdent à être ainfi trempées dans l’ef*
prit-de-mtre, telles que l’ immortelle citron, h
blanche , ,1e fouci d’odobre, & novembre , le
b leu et, l’oeillet d’Inde ,_la bruyere, le léonurus
du Cap, l’amaranthe * les renoncules, le kolupa»
la ravenelle. Il y en a auffi que l’humidité de l air
ou de la’ terre fait'épanouir, telles que la xeran-
themon , l’élichrifon , le kolupa.
Il y a encore un autre procédé pour falfîfier la
couleur des fleurs ; il y en a quelques-unes, &
fur-tout l’immortelle blanche ou bouton^ blanc,
qui fe prêtent à cette-fophiftication. Il s’agit de
des-, tremper dans-une eau de gomme épaifle po“r
les poudrer enfuite de diverfes couleurs , telles
que le carmin le vermillon , la laque colombine
our le rouge j pour ie bleu * l’azur , -la^cendre
Jeue , & le tournéfol qui s’y applique liquide j
pour le jaune , la gomme-gu tte liquide oulapouare
d’or j auffi faüpoudrées : on les feche au fo le il,
enfuite on les retrempe dans l’eau de gomme arabique
la plus blanchë , ou dans le vernis de blanc
d’oeuf.
Les vapeurs fulfureufes o n t, comme on fa it ,
h propriété de détruire, les couleurs,j fi donc on
prend une rofe rouge ordinaire entièrement épanouie
, & qu’ on l'expo fe à la fumée & à la vapeur
du foutre , elle deviendra bhnchè ; fi on
la meVdans l’eau, elle reprend, cinq ou fix heures
après , là CQuleur rofe ; effet produit , fans
doute , par i’expanfion du refte de lève que la tige
conlèrve encore. Veut-on , à cette expérience ,
donner un petit air de myftère * on met la rofe
loufrée dans un gobelet plein d’eau* qu’on remet
entre h s mains d'une perfonne en lui dilant de l’enfermer
dans une armoir-e , & d’en rendre la c le f,
afin que perfonne n’y touche ; fix heures après,
on rend cette-clef y la perfonne ouvrant elle-
même l’armoire,-fera fort furprife de trouver une
rofe rouge au lieu de la blanche qui avoir été
raife-dans le vafe. Il eft , fans -doute , pof-
fible de faire la même expérience avec d’autres
fleurs colorées. .
d'arbres 'fruitiers qui feront couvertes de feuilles
& de fleurs -pendant les plus grands froids de
l ‘hiver._
Ceux qui voyagent en Allemagne ont quelquefois
vil avec, une furprife agréable au milieu
| de l’hiver des appartements décorés par des vafes
d’où fortent des branches chargées de feuilles &
; de fleurs. Les Allemands, pour fe procurer ce
coup d’oeil , coupent vers le milieu de l’automne-
; les branches les plus droites des pommiers ,' ce-
rifiers , pruniers , poiriers où ils apperçoivent
des boutons à fruits ; ils en forment des efpèces
d’éventails qu’ils mettent dans des vafes remplis
d eaü. Ils ont foin de placer ces vafes dans une
| chambre où il, y a un poêle, & dont la température
eft toujours la même ; & de changer l’eEu
aL1 moins tous les deux jours. Vers Noël , ou
quelques jours plus tard , toutes les branches fe
/couvrent de feuilles & de fleurs : la variété qui
rsfulte de celles de pommiers * de pruniers, de
cerifiers produit i’afpedt le plus riant. Cette décoration
ferpit , fans doute , plus riche queqelle
qui refiilte; d’une rangée d’oignons placés avec une
trille uniformité dans des carafes.
Un amateur des arts pourroit adopter en France
€fietî<j forme de décoration ufitée en Allemagne î
ann de placer avec avantage dans fes appartements
® beaux vafes d’ une forme antique : on en voit de
ties- riches collerions en Italie;
Moyen pour conferver des fleurs dans du fable..
On a trouvé un fecret bien fimple pour eon-
rYer ^es fleurs -, ces beautés éphémères de la
nature * Sc qui en font un fi bel ornement : cette
découverte peut auffi fervir à conferver , dans
leur entier, des plantes étrangères avec leurs
fleurs dont on ne peut voir dans nos climats que
les images en. peinture : il y-en a qui feroient
■ d’autant plus intéreftantes à connoître , qu’elles
font d’ufage dans la médecine!
V o ic i le procédé^ : on choifit du fable de
rivière, que l’on paflé au tamis pour n’en prendre
que le plus fin ; on peut y fubftituer du fa'elon
fin ; on le lave bien pour enlever toutes les. ordures
érrangère s 5 enfuitfe on les fait bien fécher
on fait choix d’un vafe de. forme convenable pour
contenir la plante & la fleur que l’on veut conferver
; on met dans le fond du vafe de- ce fabloa
bien fe c , pour aftujettir la queue de la fleur ; en-
fuite on verfe doucement fur la fleur avec un tamis
, & entre les pétales , du même fablon , en
. étendant .& arrangeant bien les feuilles & les
fleurs de la plante , que l ’on doit avoir eu foin
|; de cueillir dans un tems. bien fec j on la recouvre
de ce fable fin de l’épaîflfeur d’un travers de d o ig t,
& on met le, vafe dans une étuve échauffée à-
peu-près'à cinquante dégrés 5 on l’y laiffe plus ou
moins, fuivant que la plante eft plus fuccûlente &
plus difficile à fécher : on la.retire enfuire du fable,
ën verfaht ce fable légèrement, & on l’enferme
dans un vaiiTeau ou une boîte de verre où elle fo-it
garântie du contaâ de l’a ir ; la fleur conferve fa
beauté & fon éclat primitif lorfqu’elle a été ainfi;
deflechne à une chaleur convenable.
Il y a des efpèces de fleurs qui demandent certaines
précautions pou,r être defféchées ; par exemple
, il faut enlever à la tulipe ce fruit triangulaire
qui s’ élève au milieu de la fleur avant de l’enterrer
dans le fable ; les pétales de la fleur relient alors
bien plus adhérents.
Quant aux rofes , & aux autres fleurs d’une
couleur auffi délicate , elles la reprennent en les
expofant à une vapeur modérée de foufre : celles
de ponceau & de cramoifi reviennent à la vapeur
de la^folution d’étain dans l’efprit-de-nitre. La
vapeur- de la Solution de la limaille de fer dans
refprit-de-vitriol rend le verd aux feuilles & aux
tiges. Cette méthode réuffit parfaitement dans
les fleurs fimples. Il y a quelques difficultés par
rapport aux oeillets & aux autres fleurs doubles.
On réuffit dans les oeillets en fendant le calice
des deux côtés , & en le collant enfuite,après
avoir feche la fleur , ou en le trouant, avec une
épingle en différents endroits. ■
Toutes les plantes qui font.tant foit peu charnues
, comme f’amaranthe , ou dont les fleurs font
fujettes a fe frifer & 1 fe chiffonner , comme le
bleuet, l’oeillet d’ fnde , les renoncules , la ravenelle*
ont befoin de pafler au four , ce c-ui les
rend fouvent caftantes lorfqu’on ne ménage pas