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qu’ il la retire en dedans : alors le cerveau Te
trouvant moins éloigné de l'extrémité , 8c pour
ainjfi dire , dans fa place * il arrivera facilement
q u il foit offenfé par le tranchant > & , dans ce
cas , Tanimal , au lieu de reproduire la partie
coupée 3 perdra la vie en peu d’ inftans. Voilà
pourquoi de cent limaçons auxquels une main
mal-droite elfaie de couper la tête quand elle
fe retire y il y en a très-peu qui la reproduifent î
parce que découpant l'extrémité qui relie , on
emporte une partie du cerveau 3 lequel conftitue
véritablement la tête du limaçon , 8c qui ne peut
être offenfé fans que l'animal doive périr. Au
contraire j fi l’on fait l'opération lorfque la tête apparente
efl entièrement développée 3 elle réuflit,
Sc la reproduction a lieu.
Il ré fuite de cet expofé : î 9. que généralement,
dans les corps organifés, tant animaux que végétaux,
la reproduction, ne s'opère quedans les parties
purement néceffaires, & jamais dans celles qui
ont une connexion immédiate avec leur exiftence,
ou qui font effentielles à la vie , parce qu’ en
coupant ces dernières, on détourne les fources
de leur reproduction ; 2°. qu'à l’égard des êtres
mixtes , la faculté de reproduire eft conftamment
en raifon inverfe de leur perfection & de leur
fenfibilite j c’ efl-à-dire, que plus l’animal a de parties
organiques compliquées 8c de force de fentiment,
moins il a de moyens pour la reproduction. De
là vient que les oiféaux , qui font d'une grande
perfection & d’une extrême fenfibilité, ne re-
produifent que les parties privées de fentiment,
telles que les ongles, les plumes, 8cc. & comme
il: y, a peu de perfection animale dans les vers
8C dans les limaçons , dont le défaut des fens
n'eft fuppléé que par l’ irritabilité mufculaire ,
ils ont la propriété, de reproduire les extrémités
rriême irritables, pourvu que le cerveau, qui
eft la fource de toutes les parties fenfibles , relie
iritaCt. Enfin les animaux tout à fait Amples, &
qui ne confiftent que dans une répétition de parties
fimilaires, beaucoup plus imitables que fenfibles,
fe reproduifent en entier dans quelques parties du
corps qu’on lès coupe , & renaiffent de chacun
de leurs morceaux , comme il arrive dans les
polypes & dans les zoophytes.
A l’aide de; ces principes, qui dérivent de
la vraie- théorie' générale & particulière des reproductions
, chacun fe convaincra que fi un
animal ne peut reproduire celtes de fes parties
qui font immédiatement liées avec, le principe des
féris , à . plus forte raifon fie reprbduira-t-il pas
.n]fé ÿraie’tête,.c’èft;-à -dire, l’organe- du cerveaii,
<TÔu naiffent toutês les parties fenfibles qui conf-
rituent i’effence de'la vie animai.
.LIQUIDE; rendu folicfè, ( voye^ à Varticle
JÈoa s v l à t io ;n ) î. .
L O T
LE LIVRE DE L A BONNE FEMME.
Il fe fait un’ livre que l’on appelle le Livre de U
j Bonne Femme! fou r le conftruire , il faut en couper
les feuillets à une certaine hauteur, enforte
qu’après quatre découpés fuive un plein. De cette
manière, enpaffant le pouce fur les bords, il s’arrête
à tous les feuillets entiers, fur lequek on a
peint tout un même fujet, par exemple des fleurs.
Vous découpez enfuite un cran plus bas, & vous
comptez de même quatre feuillets toujours fuivis
d’ un plein, où font peintes d’autres figures. Lorfque
vous avez fait ainfi quatre fujets différens
dans quatre crans bien gradués , vous retournez
le livre de haut en bas \ & vous faites encore
quatre autres fujets par la même méthode. 11 eft
bon d’avoir une fuite toute noire , 8c d’en laiffer
une toute blanche*
LOGOGRYPHE, (voyeçd Varticle. C ombinaisons
).
LOTERIE INSIDIEUSE. Depuis qu’on a vu
d’abord le fleur ComUs, & enfuite le fieur Jonas
faire les tours de cartes les plus adroits & lés plus
fubtils, les gens fages n’ ofent plus jouer indifféremment
avec toutes fortes de perfonnes quelles
ne connoiffent pas > 8c quand ces Virtuofes n au-
roient rendu d’autre-lervice à la fociété que de
lui faire connaître la filouterie de certains egref-
fins habiles à corriger au jeu les difgraces de la
fortune , on deyroit leur avoir encore beaucoup
d’obligation.
Si lès tours de cartes infpirent de.-la, défiance
contre des joueurs inconnus, on ne doit pas moins
être en garde , en général , contre touté^efpèce
de lotêrie, quoique leur fort paroiffe dépendre
du hafard.
1 En voici-une d’une efoèce, finguliére. On joue
; avec fep’t dèz marquant cnacun depuis i jufqu’à 6>
!il y a trois ou quatre pièces de prix deftinées à
lêtre l'une apxès l’autre la réçompenfe de ceux qui
! feront affez heureux pour amener une des fix rafles
, le refte des lots confifte en merceries ufuelles
'étiquetées par les points gagnans ordinaire: « vous
» favez , dit le maître loteur, que depuis feptjuf-
,30 qu’à quarante - deux, on peut amener quarante
« points effectifs, eh b ien , de ces quarantepoints
» j en abandonne vingt-neuf à l’ avantage des
oo joueurs, & je ne m’en réferve fque onze qui
os commencent à v in g t, & finiffent' à trente in*
33 clufivement, tous les autres fortent à profit pour
33 les joueurs » ; mais ces belles apparences s eva-
nouiffeni lorfque d’après dés calculs faits, on voit
• que les onze points 'que fe réferve le maître loteur,
■ prpduifent 173272 combinaifons qui font en gain
pour lu i, tandis que les autres points, 7 :compriS;
Tesfix rafles, ne donnent que 106664combinaifons
én gain pour te joueur , ce qui fait par -conféquenç
L U N L U N
jine différence de 66608> ce, nteft pas to u t , il n’y
a de lots véritablement gagnans que les fix rafles ,
les autres lots font communément proportionnés à
la mife j il eft clair quelles ont chacune en but la
fixième partie de la totalité des^ combinaifons,
& cette fixîème partie eft précifément avec fept
dez de 46656 coups, puifque la fomme totale
eft de 279956 } la mife de ces loteries eft ordinairement
de douze fols, & quelquefois de fix
pour échauffer davantage le joueur : l’on a fu
faire de ce je u , où l’on perd prefque toujours,
un jeu où l’on croit prefque toujours gagner ,•
ce rafinement d’induftrie confifte a attacher des
demi-lors à tous les points perdans , afin que
ceux qui commencent par gagner ces bagatelles .
s'engagent plus avant ; mais les maîtres loteurs
en écabliflant des demi-lots, ont doublé la mife ,
qui de douze fols eft monté à vingt - quatre fols ,
ce qui revient pour eux au même que s’ ils euf-
fent laiffé les lots en pure perte & la mife à
douze fols j d’ailleurs les demi - lots ne valent
pas toujours la demi - valeur de la mife , 5 c c’eft
encore un petit profit payé par le joueur. Quoi- J
que ce qu’on vient de lire femble ne s’appliquer |
qu’à la loterie dont il s’agit i c i , cependant on I
peut en tirer- des lumières pour fe prémunir con- 1
tre les illufions fpécieufes préfentées avec art par
des gens adroits, & failles trop avidement par des
perfonnes plus aveugles encore que la fortune
après laquelle elles courent. ( Voye[ à Varticle
Arithmétique).
. LUNETTES incompréhensibles . Nous allons
donner ici la conftruClion de lunettes avec lefquel-
les il paroît qu’on découvre les objets à travers
même les corps opaques, & nous parlerons en-
fuite d’un jeu qui fe fait avec trois lunettes magiques.
Au furplus , tout le jeu de ces lunettes ,
comme on le verra, confifte dans les miroirs de
réfleCtion qui y font renfermés. Commençons
par la defcript-ion d’une lorgne te finguliere L ’on
fera faire un tuyau de carton , de forme quar-
rée d’environ deux pouces 8c demi de long,
fur huit lignes de large j on divife fa, longueur
en trois parties égales, Dans chacun des
efpaces des extrémités l’on place un miroir plan ,
inclinés à 44. degrés, & oppofés l’un à l’autre j l’ef-
pace du milieu eft percé en-deffus & en-deffous
d’une ouverture circulaire correfpondante î en
face de chacun des miroirs inclinés, on fait une
pareille ouverture circulaire , mais du côte feulement
où correfpond la- furface du miroir. L'on
adaptera un manche à cette petite boîte, &pour
la déguifer fous la forme d’une lorgnette $ l’on
aura un cercle de bois d’un pouce d’épaiflèur ,
creux en.dedans, fur fa largeur 5 c fur fonepaiffeur,
afin que la pièce ou,tuyau ci-deffus puifle y couler
librement : le diamètre de| ce cercle fera de
même longueur que le tuyau > l’on ménagera ‘au
«ôntre & diss deux côtés de ce cercle un trou circulaire
, que l’on couvrira d'un verre convexe
d’un pouce & demi de diamètre , fous lequel on
mettra un diaphragme pour en réduire 1 ouverture
de cinq ou fix lignes. Lorfque le tuyau,
garni de fes deux miroirs , fera entièrement enfoncé
dans le cercle, fi on regarde quelque objet
au travers de cette lunette, on le verra de même
que fi on le regardoit avec les lorgnettes ordinaires.
S i , au contraire, on retire le tuyau de
manière que l'ouverture du cercle foit vis-à-vis
de l’ouverture de l’extrémité de la boîte , l’objet
apperçu paroiffant toujours être vis-à-vis de l ’oe il,
fi f’on pofe alors la main , ou quelque corps opaque
de l’autre côté de fon ouverture, il fem-
blera qu’on apperçoit les objets au travers de fa
main, & qu’elle fe trouve percée à jour. Lorf-
qu’on veut s’amufer, il faut d’abord donner la lorgnette
à v o ir , 8c la reprendre enfuite, afin qu’en
la repréfentant foi-même vis-à-vis l’oeil de la per-
fonne, on puiffe reculer fubtilement le tuyau. Il
eft néceffaire aufli, afin que d’autres perfonnes ne
puiffènt découvrir le trou qui eft alors démafqué ,
de faire regarder un objet pofé à plat fur une table.
Cependant s’ il n’y avoit perfonne au-devant de la
lunette, on pourroit alors la préfenter à l’oeil dan?
une fituation verticale. Telle eft la lorgnette ia-
compréhenfible. Paffons à la defcription d’une
lunette qui ne l’eft pas moins, quand on en ignore
lé méchanifme.
Vous ferez faire un tuyau long 8c 'quatre, a
chaque extrémité duquel on placera intérieurement
8c en oppofition un miroir incliné de 45 degrés ;
au-deffus de ces miroirs on ajuftera deux portion?
i de tuyau, de forme cubique, mais de la dimenfioir
du tuyau ci-deffus : chaque portion renfermera un
miroir pareillement incliné de 45 degrés, de ma-
nièreque chacun d’eux correfponde & fe réfléchifta
dans le miroir du long tuyau, qui fera au-deflous :
à l’une des portions de tuyau, faifant coude avec le
tuyau long, on pratiquera vis-à-vis du miroir,
une ouverture circulaire à laquelle on adaptera un
bout de lunette portant un verre objectif. On fera
une pareille ouverture à l’autre tuyau cubique, où
l’on difpofera aufli vis-à-vis du miroir un autre bout
de lunette portant l’oculaire concave. On fera aufli
dérrière les miroirs de ces deux tuyaux cubiques
une ouverture circulaire, à laquelle on fixera un
autre bout de lunette avec un verre quelconoue.
Ces quatre tuyaux ne doivent pas entrer au-dedans
du tuyau coudé, afin de ne pas gêner l’effet des
miroirs. L’effet de cette lunette fera mieux entendre
encore fa conftru&ion. Les rayons de lumière-
émanés de l’objet qui fait face à l’ objectif vont fe
peindre dans le miroir vis-à-vis duquel il efl:placée
fe réfléchit de-là dans le miroir qui eft au-defîus ;
celui-ci renvoie l’image à un troinèîne miroir placé
au fond du tuyau long ; de ce miroir elle remonte-
au quatrième miroir placé en face de l’oculaire, 8c
1 fe peint à l’oeil de celui qui regarde dans cette-
< lunette iiiÊpaipréhQüübàe. Én un m o t, ce n’eft.
N » a a à