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l’objet à la lentille , c’eft-à-dire que le rapport
des grandeurs eft en raifon des diftances : -ainfi
on pourroit faire des lanternes magiques avec un
feul verre lenticulaire , la multiplication des
verres ne fert qu’à augmente* l’effet.
Quant à la conftru&ion de la lanterne magique ,
voyez à l’article Dioptrique.
On peut rendre cette pièce d’optique plus
amufante , 8c en même tems plus ex.racrdinaire ,
en préparant des figures de manière à leur procurer
des mouvemens naturels qui femblent. les
animer , ce que l’on exécute par le moyen de
deux verres fur lefquels on peint féparément différentes
parties du même objet 3 8c l’on fait paf-
fer ces verres l’un devant l’autre dans la même
çouliffe. Par ce moyen un homme ôtera fon chapeau
8c le remettra , une figure grotefque branlera
la mâchoire , un forgeron frappera fur une
enclume ; on verra tourner un moulin ; une
femme paroïtra faire la révérence 5 un danfeur de
corde marchera fur la corde de l’un à l’autre
bout. Pour empêcher que le frottement ne gâte
la peinture , l’on aura attention d’interpofer une
forte bande de papier pour tenir les furfaces des
deux ' verres refpeêlivement éloignées l’une de
l’autre.
Pour donner une idée de cette petite méçha-
nique 3 nous allons indiquer la manière d’imiter
une tempête.' On prend deux bandes de, verre
d’environ quinze pouces de longueur , qui foient
encadrées dans des çhaflis allez minces pour que
toutes deux puiffent entrer enfemble , 8c glillêr
facilement dans la coulilfe. On défignera fu-
toute la longueur d’une de ces bandes de verre
les effets de la mer , depuis la plus légère agitation
, jufqu’à la tempête la plus horible. On di-
vifera , pour cet effet , fon delfin en cinq parties j
la première représentera un tems calme 8c des
nuages tranquilles } la fécondé une légère agita-,
tion 8c quelques nuages j la troifième une agitation
des vagues plus fenfibles } la quatrième
une mer plus agitée 8c des nuages qui s’ obfcur-
ciffent} 8c la cinquième un tems très - fombre ,
$c un foulevement général des flots. Il faut avoir
attention à ne pas trancher tout-à-coup les diffé-
rens effets contenus dans ces efpaces , 8c à les
amener, au contraire3 par degrés 5 ç’eft de-là que
dépend l’-effet pittorefque de ce tableau. Sur l’autre
verre , on peindra des vaifleayx de diverfes
formes & grandeurs, 8c.à.dlfférens éloignemens.
Il ne faut peindre fur ce verre que la partie des
yaifleaux qui doit paroître hors de l’eau. Si on
fait palfer doucement le verre dans fa cou--
Jiffe , 8c qu’à l’endroit où commence la tempête
f>n lui faffë faire quelque balancement 3 on produira
. par cé moyen 3 les effets d’une mer qui ,
peu-à-peii , devient agitée 3 8c forme enfin une
tempête, La manière dont qn a peint les nuages
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contribuera auffx à augmenter beaucoup lMIlufion*
à mefure qu’on retirera ce verre , ces effets ceffe-
ront , 8c la mer paroïtra s’appaifer petit à-petit.
Si 3 dans le même tems , on fait couler très-
doucement le verre fur lequel.font peints les navires
il femblera qu’ils traverfent le tableau, 8c
en les agitant un peu lors de la repréfentation de
la tempête , ils paroîtront alors être battus par les
flots. On peut, au moyen de deux verres ainfi difl
pofés , repréfenter une bataille, un combat naval,
oc mille autres chofes que chacun peft imaginer
à fon gré ; ils peuvent aufli fervir pour repréfenter
quelques a&ions fingulières ou grotefques entre
plufieurs perfonnages , 8c quantité d’amufe-
mens qu’un génie induftrieux pourra facilement
imaginer.
L anterne magique s u r l a fum é e . La lumière
de la lanterne, magique , ainfi que la couleur
des objets peints fur les verres, 'peut non-
feulement fe porter fur une toile , mais on peut
aufli la fixer fur la 4fumée. Pour cet effet, il faut
avoir une boîte de bois ou de carton d’environ
quatre- pieds de haut, 8c qui ait fept à huit pouces
quarré§ à fa bafe ; elle doit aller en diminuant
de figure 8ç dê forme , de manière que vers le
haut elle donne une ouverture de fix pouces de
long fur un demi-pouce de large. Il faut ménager
au bas de cette boite une porte-qui ferme exactement,
afin d’ y pouvoir placer un réchaudsde feu
fur lequel dn jettera de l’encens , d’où la fumée
s’étendra en nappe-en fortant par l’ouverture de
ce tuyau. C’eft fur cette nappé de furqée qu’on
dirigera la lumière qui fort de la, lanterne magii
que , qu’on aura foin de rendre moins étendue 4
en allongeant fon tuyau mobile. Les figures ordinaires
peuvent fervir à. cet effet 5 8c ce qui paroïtra
extraordinaire , c’eft que le mouvement de
la fumée nç change point la forme de la figure, fc
qu’il, femblera qu’on peut la faifir avec la main,
Dans cette récréation la fumée n’arrêtant pas tous,
les rayons de lumière , la repréfentation eft bien
moins vive, 8c elle paroitroit même peu, fi on ne
réduifoit pas Té tendue de la lumière à fon plus
petit foyer , afin dé lui donner plus de clarté,
Par ce même procédé l’on peut faire paroître
un fantôme fur ùn piëdeftâl placé au milieu
d’une table : mais l’illufion deviendra bien plus
piquante fi la caufe n’en eft pas connue. Il faut
avoir une lanterne magique ordinaire dés plus
petites qui fe vendent j an l’enferme dans une
boite fuffifamment grande pour contenir un miroir
incliné» mobile dont l’ effet-eft de renvoyer
le cône de lumière qu’il reçoit dé la lanterne magique
placée vis-à-vis de lui. L’endroit de la
boite qui fe trouve au deffus de la cheminée de
cette lanterne doit être percé à jour par quelques
trous , pour laiffer échapper la fumee de la lampe
5 8c on doit mettre fur cet endroit ùn peur
i'éçhauij de figure o^longue, 8c de gr^pdçur \
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pouvoir y mettre quelques petits charbons. L’ouverture
faite en-defliis de la boîte , pour laiflér
palfer l’objet réfléchi par le miroir , doit être cachée
autant qu’il eft poflible aux yeux des fpec-
tateurs. Le verre qui doit entrer dans la coulilfe
pratiquée au tuyau de la lanterne magique doit
etre mis en mouvement verticalement par un
petit cordon qui , porté fur deux poulies de
renvoi, fortira par un des coins de la boîte, afin
qu’on puiflè facilement le faire defeendre ou l’élever
par fon propre poids, On peindra fur ce
verre un fpeôlre, ou telle autre figure plus agréable
qu’on jugera à propos , en obfervant qu’il
doit être defliné en raccourci, attendu que la
nappe de fumée occafionnée par l’encens qu’on
doit mettre dans le réchaud, 8c qui s’élève au-
j deffus de lu i, ne coupe pas à angle droit le cône
de lumière que produit la lanterne, 8c que dès-
lors la figure du fpeétre' doit paroître plus alon-
gee fur cette fumée qu’elle ne i’eft fur le verre.
Voici maintenant la manière d’exécuter cette récréation.
Après avoir allumé la lampe de la lanterne
magique , 8c difpofé le miroir comme il
convient, on apportera un piédeftal bien ferme 5 ,
I on le pofera fur la table, en avertiffant les fpec- i
tateurs de ne pas s’effrayer. On placera le réchaud i
[ de feu comme nous l’avons d it, 8c on répandra
fur les charbons un peu d’encens en poudre., '
auffiytot on lèvera la trappe dont il eft parlé
ci-deffüs , 8c on abaiffera doucement le Cordon.
Lorfqu’on s’appercevra que la fumée eft prête
à celîer, on lèvera le cordon pour faire difpa-
roître la figure ', 8c on refermera1 la trappe. Il
faut pour faire cette récréation ^ éteindre toutes
lies lumières qui font dans la chambre , 8c placer
Me piédeftal fur une table élevée, afin que l’oeil
des fpeftateurs ne puiffe pas appercevoir l’ouverture
qui traverfe le cône de lumière. Pour plus
d’illufion , on pourroit exécuter en grand la lanterne
magique de manière que le ipeétre parût
[dans fa hauteur naturelle. On peut, avec cette
hneme conftruétion, en employant des verres fur
lefquels foient peints divers objets agréables ,
Ifaire paroître , par exemple , une fleur , une
carte, 8cc. femblable.à celle qu’on auroit brûlée,
& dont on auroit jeté les cendres avec l’encens
dans ce réchaud, fous prétexte d’en faire renaître
[limage. Une telle palingénéfîe feroit certaine-
imeni; plus curieufe aux yeux de ceux qui ne font
pas inftruits, que toutes celles qu’on nous a donné
Jiifqu'a préfent.
LARMES B ATAVIQUES. Ces larmes fe font
avec un verre vert 8c bien purifié } fi la fritte du
verre nJa pas été fuffifamment cuite, elles ne
aient rien, 8c. fe rompent auffi-tôt qu’elles vien-
ent a tomber dans l’eau.
Voici la meilleure façon de les faire : on tire ’
s creufets, avec une baguette de fe r , un peu
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de la fritte ou matière de verre ; on la fait dégoutter
dans de' l’eau froide , ou on la laifte quelques
tenjps , jufqu’ à ce quelle foit refroidie 5 fi h
matière étoit trop chaude, il n’eft point douteux
que la larme en tombant dans l’eau ne rompe , 8c
ne s’en aille en morceaux. On eft sûr que le verre
eft bon , lorfqu’en tombant il ne fe brife point
avant que d’être refroidi. L’ouvrier le plus expérimenté
ne conduit point le vrai degré de chaleur
qui convient en pareil cas, 8c ne peut fe
flatter de pouvoir toujours former une larme qui
foutienne les épreuves. Il y a grand nombre de,
ces larmes qui fe brifent en lés faifant, 8c l’on
en manque deux ou trois avant que de réuflir à
une : ou faifies par le froid , elles fe fendent ’
fans fe cafter, ou elles fe rompent fans beaucoup
de bruit.,, fuivant le plus ou le moins de' cha*
leur quelles ont 3 ou elles ne fe brifent ave®
bruit qu’après être entièrement refroidies} ou
elles demeurent entières tant qu’elles relient
dans l’eau , J k fe rompent d’elles mêmes avec
bruit aufti-tôt qu’elles en font for-tks} ou elles
fe caftent au bout d’une heure 5 ou après avoir
réfîfté plufieurs jours ou même plufieurs fe-
maines , elles fe brifent fans que perfonne y
touche.; ; ' «.
Si on ôte de l’eau une de ces larmes , tandis
qu’elle eft encore chaude, la partie du col la plus
mince , 8c tout le filet qui tient au col 8c qui a
été dans l’eau, fe brifent en petits morceaux, fans
que le corps de la larme foit endommagé , quoiqu’il
y ait des cavités aufli grandes qu’à la partie
qui s’eft caflfée. Les larmes qui fe rehroidiftent à
l’air, fufpendues à un fil, ou par terre, acquièrent
la même folidité qu’un autre verre.
La larme , en tombant dans l’eau , fait une
efpèce de fixement 5 le corps demeure chaud pendant
quelques temps } il en fort plufieurs étincelles
avec un pétillement qui foulève 8c donne
du mouvement a la larme de verre, 8c il fe forme
fur l’eau plufieurs bouteilles ou bulles pendant
qu’elle refroidit. Si l’eau a dix ou douze pouces
de profondeur , ces bulles difparoiflent avant que
d’être parvenues à la furface ; 8c dans ce cas 0 fon
n’entend qu’un très-petit bruit.
La furface extérieure de la larme de verre eft
unie 8c-lifte comme celle des autres verres, mais
le dedans en eft fpongieux 8c rempli de petites
cavités 8c de bulles-} le fond eft , la plupart du
temps 3 rond, 8c fait en poire comme certaines
perles , 8c il va fe terminer en un long c o l, de
forte qu’aucune de ces larmes n’eft droite 3 elles
font toutes courbées en forme d’arcs, 8c terminées
par un petit bouton.
La plupart des^ larmes qui fe font dans l’eau
ont une boffe ou éminence au-deflus de la partie
h plus groffe} cette boffe penche ordinairement
du côté ou le eol fe termine } cependant elle eft