
l’Orient ou l’Occident, avec une vitefle de 1390 .
lieues par minute , il s’écarteroit de la terre fans
jamais y revenir, cette vitefle étant beaucoup plus
grande qu’ il ne faut pour lui faire décrire autour
de la terre une ellipfe quelconque, même infiniment
allongée , ou une parabole.
Voilà donc la terre, 8c fans doute Mars exclus du
. privilège de pouvoir jamais gagner un fatellite de
cette manière 5 à plus forte raifon Vénus- &
Mercure. Mais en eft’-il de même de Jupiter
& de Saturne ? C ’ eft ce que nous allons éncQre
examiner , en y employant des calculs fem-
.blables. . .
La vitefle de révolution de Jupiter autour du
. fo le il, eft .de 42 x lieues par minute y 8c par
conféquent celle de toute comète allant au foleil
ou en revenant, lorfqu’elle eft à la même diftance
: de cet aftre. que Jupiter , fera de 498 lieues
- dans le même temps. On trouve d’ailleurs , que
la vitefle du premier fatellite de Jupiter seft de
13.680 lieues par heure dans fon orhite , ou de
228 par minute*: ainfî la vitefle de toute comète
paflant à la proximité de Jupiter 8c à la diftance
de fon premier fatellite , fera toujours nécefiaire-
ment beaucoup plus confidérable, 8c prefque' triple
3 d’où il fuit que , ni ce premier fatellite , ni
aucun des autres ,. n’ a été originairement une
comète; que cette greffe planète s’eft appropriée 5
car les autres fatellites -ont. une vitefle encore
moindre que celle du premier.
j l refteroit à fçavoir fi une comète , paflant-
. à une très-grande proximité de Jupiter , jpeur-
. roit en être arrêtée. Cela ne. nous paroit pas
abfolument impolfible : car un fatellite qui feroit
fa révolution prefque à la furface de Jupiter,
y emploieroit un peu plus de 3 heures s ce qui
donne une vitefle de 557 lieues par minute. Mais
on a vu plus haut que celle de la comète feroit
de 598. O r , quoique cette vitefle foit trop grande
pour fiiirê décrire à un corps un cercle autour
de Jupiter , fort près de fa furface , elle ne l’eft
pas trop pour lui faire décrire une ellipfe. Si donc
une comète , allant aii foleil ou en revenant,
alloit étourdiment donner dans le fÿftême de
Jupiter entre lui 8c fon premier fatellite, il pour-
roit arriver qu’elle' continuât de circuler autour,
de cette planète, dans une orbitevfinon circula
ir e , du moins elliptique plus ou moins allongée.
Car fuppofons que l’orbite de Jupiter foit A B ,
(fig. 13 J p l. 1 , Amufemens de Phyfique ) 8c que
Jupiter étant en I 8c rendant vers B , la comète
foit en C , par exemple , 8c tendant en D fous
un angle d’environ 45 degrés , 8c que CD défigne
la vitefle de çette comète , que nous avons dit
être'plus grande que celle de Jupiter fur fon orbite
'vitefle de Jupiter : alors C E feroit la vitefle ref-
peétive de la comète , 8c même fa route à l’égard
, & environ triple ; prenez DE égale à la4
de Jupiter fuppofé fix e , 8c fans action fur
la comète. Mais , à caufe de cette a&ion, elle
-décriroit une route infléchie, comme CF-, qui
la feroit tomber prefque perpendiculairement,fur
l’orbite de Jupiter, 8c avec une viteffe qui pour-
roit n’être guère plus grande que celle du premier
fatellite. Si donc à ce moment Jupiter fe
trouvoit en un point I , tel que IF fût moindre
que la diftance de Jupiter à celle de fon premier
fatellite , je ne vois nullement cè qui empêche-
rôit la comète de prendre autour de lui le mouvement
circulaire ou elliptique qui conviendroit
à la force de fa projection 3 8c fi elle avoit fait
une"fois une révolution, il eft évident qu’ elle
devroit continuer à jamais d’en faire de nouvelles.
J’avoue, au refte, n’avoir pas tellement examiné
cet ob jet, que je puifle dire que je tiens la
çhofe pour démontrée. Pour en être afluré , il
faudroit réfoudre cè problême.-ci y qui n’eft qu’un
rameau de celui des trois corps , 8c que nous
propofons à ceux de nos lecteurs aflez verfés dans
l’analyfe pour s’en occuper. Deux corps I Ô* C ,
( fig. 14 , pl. 1 Amufemens de Phyfique ) qui s'attirent
l'un Vautre en raifon inverfc des quarres des
dijlances , & en raifon directe de leurs màffes , étant
lancés des points 1 & C y félon les dijlances IB ,
' CG y avec des viteffes données trouver les courbes •
q u ils décriront. On peut même , pour Amplifies
le problème , fuppofer que l’un des deux , I ,
foit fi gros à l’égard du fécond, qu’i l ne foit
. prefque pas détourné de fa route.
Deux poids homogènes qui font en équilibre fur la
furface de la terre, aux extrémités d?une balance
a. bras inégaux, ne Je doivent plus être , f i on la
: tranfporte au fommet d’une montagne pu ait fond
d'une mine.
Suppofôns une balance à bras inégaux , AB ,
BD , (fig. I . pl. 2. Amufemens de Phyfique ) chargée
de poids en équilibre P 8c Q , 8c ,conféquemment
inégaux 3 que cette balance foit dans la fituation
horifontale : ces poids , tendants au centre de
la te r re , que nous fuppofons G , feront avec
la balance des angles G A B .,-CDB , inégaux»
8c l’angle A , du coté du grand bras , fera con-
féquemmentle moindre. Du point B , qu’on abaif-
fe les perpendiculaires- BE , BF , fur les lignes
de direélion A C , DC j on aura , félon les loix
! de la mécanique , ces perpendiculaires en raifon
réciproque des poids , enforte que BE; fera a
BF , en même raifon que le poids Q au point
P 5 c’eft-à-dire que le produit de P par BF , fera le
même que celui de Q par BE.
Que'la balance foit maintenant tranfportée plus
près
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près du centre ;de direction , ou » ce qui revient
au même., que.ee centre foit rapproché comme
en c i les nouvelles directions -feront A c 8c D e .
Que B e , B ƒ foient les nouvelles perpendiculaires
fur ee<s lignés de direction i il y auroit encore
équilibre , fi le rapport de B ƒ a B c étoit le même
que celui BF à.BE , ou celui de Q à P : mais
il eft aifé de démontrer que ce rapport; n’eft plus
le. même 3 ainfî le Produit de Q par B e , ne
fera plus égal à celui de P par B / : il n’y aura
donc plus d’équilibre. On peut même faire voir
que J dans le cas du rapprochement du centre ,
le rapport de B e à BE , eft moindre que celui-de
de-B/ à BF } d’où fuit que B c eft moindre qu’il ne
faudrôit polir que ces rapports fuffent égaux >
& coriféquemment que , dans ce cas le poids lé
plus proche du point de fufpenfion l’emportera
Le contraire arrivera par la même raifon, fi
la balance étoit tranfportée plus loin du centre
comme au fommet d’une. montagne.
Pourquoi donc , dira-t-on , l’équilibre fubfif-
te-t-il nonobftanrcëtte démohftration ? Là raifon
en eft fimple. Le centre de la terre eft toujours fi
éloigné , relativement à la longùeùr d’une pareille
balance , que les lignes de direction fpnt fenfi-
blement parallèles , à quelque hauteur ou profondeur
au deflus ou au deflous de la furface de
la terre que nous purifions nous placer; Ainfi la
différence d’avecl’équilibre rigoureux eft fi petite,
que l’on ne peut Pappercevoir avec lès balances les
plus parfaites qu’on puifle fuppofer forties de la
main’des hommes.
Mefurer les variations de pefanteur de C air : conftruc-
tion du baromètre.
Le baromètre eft encore un de c„és .inftmments
dont la découverte , due au fiëclé.dernier, eft
une des plus remarquables de c e .fiè c lë , fçrtile
en idées heureufes. Il èft ‘devenu trop commun
pour ne pas exiger que nous né tardions pas . davantage.
a préfenter à nos lecteurs quelques-uns
des traits principaux .relatifs a cette partie de
la phyfique , d’ ailleurs aflez élémentaire pour
n’ avoir rien que d’amufânt 8c facile’ à co.m-
prehdré.
On a donné le nom.de baromètre , à l’inf-
trument qui ièrt à recorinoîtrè lès variations de
la. pefanteur de l’ air. Son.nom vient des deux
mots grecs, furpuv &' fieifos dont le premier fignifîe
pefanL,• 8c le fécond mefurer.. L’invention en eft
due au célèbre difeipie de G alilée, Torricelli,
à qui il fervit principalement à démontrer lap e-’
fanteur ds l’ air au milieu duquel nous vivons 8c
que nous refpivons. Mais ce fut Pafcal qui foup- '
çonna 8c reconnut fès variations , au moyen de
la fomeufe expérience du Puv-de-Dome , qu’ il
engagea fon beau-frère de faire fur eétte mon-
Àmujcmens des Sciences.
P H Y 8®
tagne voifine de Clermont. E lle lui fervit a mettre
dans un nouveau jour la pefanteur de l’air , que
quelques efprits faux s’ obftinoient à nier , malgré
l’expérience de Torricelli.
Il eft aifé de fe former un baromètre fans beaucoup
de peine. A y ez un vafe de quelques pouces
de profondeur, qui foit rempli de mercure ou
de vif-argent j ayez encore un tube de verre de
30 ou 35 pouces de longueur , hermétiquement
fermé par un bout. Après l’avoir renverfe, c’eft-
à-dire mis : en bas le bout fermé , rempliflez-
le de mercure jufqu’ à fon orifice » apliquez-y
le bout du doigt, & redrefiant le tuyau , plongez
le bout ouvert dans le mercure du vafe & retirez
le d o ig t, pour permettre au mercure du tube
la communication avec celui du vafe : la colonne
de mercure contenue dans le tube s’abaiflera ,
de manière: néanmoins que fon extrémité fupé-
rieure reftera d’environ 27 pouces, plus ou moins
au deflus du niveau du mercure du vafe, fi [’expérience
eft faite à une petite hauteur feulement
4au deflus du niveau de la mer. Vous aurez un baromètre
conftruit.'Etfi ,par quelque invention ,
vous rendez immobile ce tube ainfi plongé dans
lè vafe, vous verrez , fuivanties différentes con-
ftitutions de l ’atmofphère., ie bout de la colonne
de mercure fe balancer entre 26 & 28 pouces de
hauteur.
Voilà le baromètre le plus fimple , & tel qu’il
fortit d’abord des mains ae Torricelli. On a depuis
imaginé., pour plus de commodité,. de prendre
un tube de verre de 33 à 36 pouces environ
de longueur , de le boucher hèrmétiquement par
un bout , 8c de recourber l’autre, après l’avoir
dilaté à la lampe d’émailleur, de manière qu’il
refîemble à une fiole , ainfi qu’on voit dans la
figure; Ou remplit le tv-.be de mercure , en l’inclinant
8c le: reuverfant à plufieurs reprifes j 8c
après l’avoir redrefle , on .fait enforte qu’ il h ’en
refte dans la fiole-inférieure que jüfques vers
1e milieu de fa hauteur, comme AB ( fig. 2 ,
pl. 2 , Amufemens de Phyfique. ) La différence entre-
la ligne CAB 8c la ligne DE , à laquelle fe fou-
tient le; mercure, eft la hauteur de la colonne
qui fait contre-poids avec l’ atmofphère, ainfi qu’il
eft a.ife de voir..Enfin l’on attache ce tube de
verre ainfi rempli de mercure , contre une planche
plus ou m,6ins ornée , & vers le haut on
divife en lignes l’intervalle du 26 au 28e Douce
àu deflus de GB 3 on y inferit à diftances égales
ep commençant par la ligne de 28 pouces , beau-
fixe , beau y variable , pluie , tempête : on a un
baromètre conftruit. C ’eft à peu près, ainfi que
font faits ceux qu’on débite vulgairement 3 mais
il y a quelques précautions, à prendre pour qu’ils
foient bons.
i Q. Il faut que la fiole ou réceptacle inférieur
du mercure , a^t un diamètre beaucoup plus co B-
l i a i