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curiofités ; 8c il av©ue que tout Ton but , en cher- 1
chant des encres fympathiques de la nature de
celles qui paroiffent au feu , étoit de trouver dés
variétés de couleur qui puffent , entre les mains
d’ un habile deffmateur, fervir à faire un payfage
bien nuancé dans fes teintes 3 mais qui ne pût
être vu qu’en le chauffant ; un hiver 3 par exemple
3 qui 3 dans Finftant deviendroit un printems ,
ou lî l'on veut , un verger dont les arbres fe cou-
vriroient tout-à-coup de fleurs ou de fruits.
C 4efl ce que Ton verra lorfque nous parlerons
de Téncre fympathique tirée de la mine de cobalt.
Nous allons donner ici plulïeurs procédés tirés de
l ’art des expériences de M. l’abbé N o lle t, 8c
d’autres bons ouvrages modernes.
Encre fy mpathique connue fous le nom d’imprégnation
de Saturne.
Dans un mapras, capable de contenir une cho^
pirié de liqueur mefure de Paris , ou une livre
d’eau commune. Mettez deux onces de chaux
vive concalfée avec une once d’ orpiment pulvé-
rifé. ( Les droguidés vendent l’orpiment en morceaux
q ui, étant caffés nouvellement, font d’ un
jaune verdâtre , & dans-d’autres endroits d’un
jaune tirant* au rouge; c’ eft dans cet état qu’il
faut le prendre pour l’expérience dont • if. s’agit
ici ) . Mettez par-deffus autant d’eau qu’il en faudra
pour • furmonter ces matières d’environ trois
doigts. Remuez d’abord ce mélange, & mettez-
le en digeftion fur un bain de fable médiocrement
chaud, pendant l’efpace de fept à huit heures :
remuez-le deux ou trois fois dans les premiè-
rès heures, & laiffez - le repofer pendant le
relie du temps. La chaux & l’ orpiment produiront
enfemble une malfe tuméfiée 8ç d’une couleur
bleuâtre, d’où il s’exhalera une odeur très-pénétrante
d’oeuf corrompu , comme en produifent
toutes les combinaifons que les Chymiîles appellent
foie de foufre ; l’eau qui furnagera fera très-
claire ; vous la décanterez en inclinant un peu le
matras , 8c vous la conferverez dans un flacon de
verre bien bouché. Si vous l’avez troublée en la
tirant du matras „ vous la filtrerez par le papier
gris avant de la mettre en bouteille. Verfez en-
fuite deux onoes de bon vinaigre diftillé dans une
petite cucurbite de verre ou dans un matras.
Mettez le vaiffeau fur un bain de fable-fort doux,
8c jettez dedans peu-à-peu de la litharge en poudre
autant que le vinaigre en pourra diffoudre 3
après quoi vous bifferez refroidir 8c repofer la
liqueur , jufqu’ à ce qu’elle vous paroiffe bien
claire. Si vous la pouvez décanter fans la troubler
, vous la verferez dans un flacon de verre que
vous boucherez bien, finon vous la filtrerez auparavant.
Mais en préparant ces deux liqueurs
prenez bien garde qu’elles n’aient aucune communication
entre elles, foit par les vaiffeaux &
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autres inftrulnens, foit même pair une trop grande
proximité ; .car pour le peu.que ■ la première fe
mêle avec la fécondé, ne fût-ce que par fa vapeur,
elle lui fera perdre fa limpidité, 8c elle la
mettra hors d’état de former des caradtères invi-
fibles. Avec la première liqueur, on écrit ou l’on
deflîne ce que l’on veut fur un morceau de papier
blanc. On met le papier qui ne porte aucune marque
d’écriture quand il elt fe c , dans lés premières
feuilles d’un livre qui a 4 à jô ô pages ; on étend
enfuite avec une petite éponge fur 1a dernière
feuille du livre , un peu de la deuxième liqueur,
& l’on tient le livre fermé pendant trois ou quatre
minutes. Quand on retire le papier qu’on avoir
mis dans le livre, on trouve coloré d’un brun noir
tout ce qu’on y avoir écrit ou deffmé^.Sc l’ on ne
rencontre rien de femblable dans tout le relie du
livre- Cet effet eft produit par la vapeur de la
liqueur q u i, pétant que la liqueur même diviféé
en très petites parties, pénétré à travers les feuillets
du livre , va fe joindre à la première liqueur,
8c opère par ce mélange' la couleur ci-aeffus.
Comme il entre dans la compofition de la première
liqueur de l’orpiment, qui eft une matière
arfénicale, il ne faut pas la porter à la bouche, ni
la biffer manier imprudemment par des enfans ou
autres perfonnes qui n’ èn cbnnoîtroient pas la con-
féquence,. Les drogues de cette efpèçe doivent
être gardées dans un lieu fermé à clef.
Ericr'è fympathique tirée de là mine dé cobalt.
Voici le procédé tel qu’il eft décrit par M. Hel-
lot dans les mémoires de l’ académie royale des
fciences pour l’année 1737 , 8c qui réuffit parfaitement
toutes les fois qu’on-veut préparer cette
drogue foi-même.
Prenez une once de mine de cobalt. La plus
belle vient de Saxe 5 elle eft rarè ; on b recon-
noit lorlqu’en l’expofant au grand jour on voit
à 1a furface des morceaux quelques efflorefcences
couleur de lilas , ou de couleurs qu’on appelle
communément gorge de pigeon. Pulvérifez-la grof-
fièrement, 8c mettez-la dans une capfule de verre
ou dans un matras, avec deux onces 8c demie
d’ eau forte , affoiblie par une pareille quantité
d’eau > biffez paffer b première ébullition que
produira l’aéliofi du diffolvant; après cela, vous
mettrez le vaiffeau fur un bain de fable bien doux,
8c tenez-le en digeftion jufqu’ à ce que vous ne
voyiez plus de bulles d’ air s’élever au travers de la
liqueur 5 vous augmenterez alors la chaleur pour
la; .faire bouillir pendant un quart-d’heure ; n lamine
de cobalt eft de bonne qualité , ;lâ diffolution
achevée aura 1a couleur d’une- forte biere rouge ;
b iffe z -b réfroidir, 8c décantez-b une ou deux
fois pour l’avoir bien claire, mais ne la filtrez pas-
Verfez cette diffolution clarifiée dans une capfule
avec une once de fel n&arin naturelle!*^
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blanc*, ou lavé, fi vous êtes obligé <femployer
celui de la gabelle. Placez la capfule fur un bain
de fable pour faire, fondre le fel en le remuant un
peu avec une fpatule de bois ou avec un tube del-
verre, 8c pour évaporer b liqueur. Il reliera au
fond du vaiffeau une maffe faline prefque fèche,
que vous entretiendrez en. poudre en la remuant.
Si cette évaporation fe faifoit en plus grande quantité,
ou dans un lieu étroit 8c fermé, elle pro- ;
duiroit des vapeurs dangereufes ; le plus sûr eft i
d’en faire peu à la fo is , 8c d’évaporer fous le {
manteau d’une cheminée ou dans un lieu découvert.
I^è cherchez point à fécher parfaitement le
fel qui refte au fona de 1a capfule, de peur qu’en
lui donnant un trop grand degré dè chaleur, vous
ne lui fafliez perdre fa belle couleur d’éméraude, :
& qu’il ne pâlie au j aune fale ; car alors l’opération
feroit manquée ; il faut qu’en fe réfroidiffant il
prenne la couleur des rôfes.. Vous mettrez ce fel-
dansun'vafe de verre plus haut que large (dans
une; petite cu cu rb itep a r exemple ) , avec fept à
huit fois autant d’ eau diftillée prife au poids , 8c f
Voüs le bifferez fe diffoudre peu-à-peu fur un
bain dé fable fort doux : l’eau prendra une belle *
couleur de lilas, 8c vous la décanterez doucement
po„ûr la garder dans un flacon bien bouché. Au
fond dü' vaiffeau où s’eft fait 1a diffolution du
fel couleur dè rôle , il reliera, une poudre qui ne '
fera plus propre à rien fi elle eft blanche : mais
li elle à encore de-là couleur, c’eft une marque .
que vous n’aurez pas employé affez d’eau d’abord
pour rendre la diffolution complette 5 vous y en
remettrez de nouvelle autant que vous le croirez
néceffaire pour enlever toute la partie colorante,
8c vous joindrez le refte de teinture, à celle que
vous aurez tiré en premier lieu. Vous ferez l’effai
de cette préparation en écrivant avec fur du papier
bien blanc 8ç fuffifamment collé , 8c en vous
fervarit d’une plume neuve 8c bien lavée. Vous
bifferez fécher les caraélères qui dèviendrontinvi-
ïibles. Après cela, vous chaufferez le papier en le .
tenant au-deffous d’un réchaud plein de braife
ardente , l’écriture prendra une couleur verte,
tirant fur le bleu, 8c la gardera tant qu’elle aura un
degré de chaleur fuffifant; mais elle difparoîtra,fi
vous“faiteè réfroidir le papier; 8c cette alternative
fe repétera autant de fois que vous' le voudrez :
mais fi par un degré de chaleur un peu trop-grand,
1 écriture devient d’un jaune feuille morte, elle
ne difparoîtra plus.
Pour faire une application curieufe de cette
encre fympathique tirée' de la .mine de Cobalt,
ayez quelques deflins gravés au trait féulement ou
peu ombres ,; enluminez-les dans certaines parties
avéc la liqueur couleur de rofe. Le papier en fé-
caant au frais fie gardera aucune marque fenfible
e,j.ette Enluminure, mais dès qu’on le chauffera
médiocrement, le deffin paroîtra d’un beau ver'd
. eu par-tout où le. pinceau aura piffé : l’fcabit d’un
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cavalier, la robe d’une femme, un bouquet de
fleur, Scs., deflmés fur un écran, prendront couleur
fous les yeux d*une perfonne qui s’en fer vira
devant le feu. Ce petit artifice produira un effet
encore plus jo l i, fi l’on met l’encre fympathique
en état de produire deux autres couleurs différentes
dans ae pareilles enluminures, 8c c ’eft ce que
vous pouvez faire en fuivant les procédés que
voici.
Quand vous aurez diffous la mine de cobalt
dans l’eau forte, au lieu de fel marin, mettez-
y en pareille dofe du falpêtre bien purifié , 8c
faites évaporer la liqueur. La maffe faline en fe
defféchant prendra une couleur purpurine, qui
blanchira dès que vous verferez l’eau deffus pour
1a fondre ; mais cette eau deviendra une teinture
couleur de ro fe , qui difparoîtra en fe fé-
chant fur le papier , 8c qui renaîtra lorfqu’elle
Fentira le feu.
$ Voulez-vous encore une autre couleur propre
à enjoliver vos deflins : dans là diffolution de
1a mine de cobalt par l’eau fo r te , jettez peu-à-
peu, de peur d’une trop grande fermentation, du
fel de tartre , jufqu’ à ce qu’ il n’occafionne plus
de mouvement dans la liqueur. Deffechez ce mélange
par l’évaporation, vous aurez un fel d’une
belle couleur pourpre tant qu’il fera chaud : il
pâlira en fe réfroidiffant ; mais fondu dans l’eau,
il donnera une teinture qui fera fur le papier un
trait incarnat qui difparoîtra en fe féchant, 8c qui
reparaîtra dès qu’il fera chauffé ; 8c fi vous frottez
un peu avec le crayon de mine de plomb l’endroit
où vous voulez appliquer cette liqueur, au lieu
de rouge incarnat, elfe vous donnera une nuance
entre le rouge & le v iolet, qu’on nommé communément
gorge de pigeon.
Ainfi en préparant b mine de cobalt avec le
fel marin, avec le nitre, 8c avec le fel de tartre,
vous vous procurerez trois liqueurs qui auront
b propriété de difparoître 8c de reparaître, 8c qui
prendront quatre couleurs différentes dans vos
enluminures.
Depuis que l’encre de fympathie a été publiée,
les cnimiftes, en réflechiffant fur fes effets, ont
trouvé qu’on pouvoit fe la procurer d’une manière
moins embarraffantè 8c auffi fûre, en employant
le fafre tel qu’on le trouve dans le commerce
, 8c dont on fait le fmalt ou bleu d’émail.
Gela eft d’autant plus commode, qu’il eft très-
difficile d’avoir ici de 1a mine de cobalt telle qu’ il
la faut pour cette opération.
Encre fympathique tirée du. fafre.
Faites aiffoudre du fafre dans de l’eau régale
autant qu’elle en pourra diffoudre à l ’aide, d’une
douce chaleur / décantez cette diffolution autant
de fois qu’il le faudra pour l’avoir bien claire, 8c O o o z