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terre & les corps animés; il eft continué de manière
à ne fouffrir aucun vuide ; fa fubtilité'ne permet
aucune comparaifon ; il eft capable de recevoir ,
propager, communiquer toutes les icnpreflions du
mouvement ; il eft fufceptible de flux & dereflux.
L e corps animal éprouve les effets de cet agent ;
8c c'eft en s'infinuant dans la fubfta&ce des nerfs,
qu'il les affe&e immédiatement. On reconnoît
particulièrement dans le corps humain „d e s propriétés
analogues à celles de l'aimant ; on y dif-?
tingue des pôles également divers 8c oppofés.
» L'aékion 8c la vertu du magnétifme animal
peuvent être communiquées d’un corps à d'autres
co*ps animés 8c inanimés , cette aélion a lieu à
une diftance éloignée, fans le fecours d'aucun
corps intermédiaire ; elle eft augmentée, réfléchie
par les glaces ; communiquée , propagée ,
augmentée par le fon ; cette vertu peut être accumulée
concentrée j tranfportée. Quoique ce
fluide foft unîverfel 3 tous les corps animés n'en
font pas également fufceptibles ; il en eft même.,
quoiqu'en très-petit nombre, qui ont une propriété
,fi oppofee ■ , que la feule préfence détruit
tous les effets de ce fluide dans les autres corps-
» Le magnétifme animal peut guérir immédiatement
les maux de nerfs , 8c médiatement les
autres ; il perfectionne l'aétion des médicamens ;
il provoque 8c dirige les çrifes falutaires 3 de
manière qu'on peut s'en rendre maître. Par fon
moyen , le médecin connoît l ’état de fanté de
chaque individu, & juge avec certitude l'origine,
la nature & les progrès des maladies les plus
compliquées ; il en empêche l'açcroiffement, 8c
parvient à leur guérifon, fans jamais expofer le
malade à des effets dangereux du à des fuites fâ-
chedfes , quels que foient l'âge , le tempérament
Sc le fexe. La natute offre dans le magnétifme un
moyen univerfel de guérir 8c dé préferver les
hommes.
• » T e l eft l'agent que les commiffaires ont été
chargés d'examiner 3 8c dont les propriétés font
avouées par M. Deflon. Ce médecin, en inftrui-
fant les eommiflaires , de la doârine 8c du procédé
du magnétifme , leur ën a enfeigné la pratique
, en leur faifant connoître les pôles, en leur
montrant la manière de toucher les malades f 8c de
diriger fur eux ce fluide magnétique,
Defcription du traitement,
■ » -Après avoir pris cette ^connoiflance de la
-théorie 8c de la pratique du magnétifme animal,
il falloit en eonnoître lés effets ; les commiffaires
fe font .tranfportés , 8c chacun d'eux plufieurs
fois , au traitement de M. Deflon, Us ont vu au
milieu d’une grande ifalle, une caiffe circulaire,
faite de bois de chêne, 8c élevée d'un pied ou
û un pied 8c demi, que Ton nomme le baquet ;
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ce qui fait le deffus de cette caiffe eft pércéé d’un
nombre de trous , d'où fortent des branches de
fer coudées 8c mobiles.' Les malades font placés à'
îlufieurs rangs autour de ce baquet, 8cchacunàfa
tranche de fe r , laquelle -, au moyen du coude,
>eut être appliquée directement fur la partie ma-
ade ; une corde paffée autour de- leur corps les
unit les uns aux autres; quelquefois ôn forme une
fécondé chaîne en fe communiquant- par les mains,
c'eft-à-dire, en appliquant le pouce entre le pouce
8c le doigt index de fon voifin ; alors on preffe le
pouce que l'on tient ainfi ; l'impreffion reçue à la
gauche fe rend par la droite , 8c elle circule à la
droite.
« Un piano forte eft placé dans un coin de la
falle , 8c on y joue différens airs fur des mouve-
mens variés; onyjoint quelquefois le fon de la voit
8c le chant.
»Tous ceux qui magnétifent ont, à la main une
baguette de fe r , longue de dix à douze pouces.
» M. Deflon a déclaré aux comttoiffaira« J iQ.
que cette baguette eft conducteur du magnétifmej
? elle a l’avantage de le concentrer dans fa pointe,
8cd'en' réndre les émanations plus puiffantês.2°.Le
fon , conformément au principe de M. Mefmer,
eft aufli conducteur du magnétifme, 8c pour communiquer
le fluide au piano forte , il fuffit d’en
approcher la baguette de fer ; celui qui touche
l'inftrument en fournit auffi, 8c le magnétifme eft !
tranfmis par les fons aux malades environnai», i
3°. La corde'dont les malades s'entourent, eft
aeftinée, ainlï que la chaîne des pouces , à aug- j
menter les effets par la communication, 40. L’intérieur
du baquet eft compofé de maniéré a 7
■ concentrer le magnétifme ; c'eft un grand réfeis
i voir d'où il fe répand par les branches de fer qui
y plongent.
» Les commiffaires fe fontaffurés dans la fuite,
au moyen d'un éle&romètre 8c d'une aiguille de
fer non aimantée, que le baquet ne contient rien
qui foit ou éleCtrique ou aimanté ; 8c fur la déclaration
que M. Deflon leur a faite de la compofition
intérieure de ce baquet, ils n'y ont reconnu aucun
agent phyfique, capable de contribuer aux effets
annoncés du magnétifme.
Maniéré d‘ exciter & de diriger le Magnétifme.
. » Les malades rangés en très-grand qombre,
8c à plufieurs rangs autour du baquet ; reçoivent
donc à-la-Fois le magnétifme par tous ces moyens;
par les branches de ferqui leur tranfmettent^celui
du baquet ; par la corde enlacée autour du corps,
8c par l ’union des pouces qui leur communiquent
celui de leurs voifinç; par le fon du piano foru j
ou d'une voix agréable qui le répand dans 1air*
Les malades font encore magnétifés directement j
au moyen du : doigt & de la baguette ..de fer p«1
1 • : • menes
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méfiés devant le vifage , deffus ou derrière la
tête 8c fur les parties malades, toujours en obfer-
vant la diftinCtion des pôles ; on agit fur eux par
le regard 8c en les fixant. Mais fur-tout ils font
magnétifés. par l’application des mains 8c par la
preflîon des doigts fur les hypochondrés 8c fur les
régions du bas-ventre ; application fouvent continuée
pendant long-tems , quelquefois pendant
plufieurs heures.
Effets obfervés fur les malades,
» Alors les malades offrent un tableau très-va-
fié par les différens états où ils fe trouvent. Quelques
uns font calmes, tranquilles, 8c n'éprouvent
rien ; d'autres touffent, crachent, fentent quelque
légère douleur ; une chaleur locale ou une
chaleur univerfelle , 8c ont des fueurs ; d’autres,
font agités 8c tourmentés par des convulfions.
Ces convulfions font extraordinaires par leur
sombre , par leur durée 8c par leur force. Dès
qu’une convulfion commence, plufieurs autres fe
déclarent. Les commiffaires en ont vu durer plus
de trois heures ; elles font accompagnées d'ex-
pe&orations d'une eau trouble 8c vlfqueufe , arrachée
par la violence des efforts. On y a vu
(quelquefois des filets de fang ; 8c il y a , en-
tr’autres, un jeune homme malade , qui en rend
fouvent avec abondance. Ces convulfions font
cara&erifées par les mouvemens précipités, involontaires
de tous les membres 8c du corps entier
, par le refferrement à la gorge , par des fou-
brefauts des hypochondrés 8c de l’épigaftre ,par-Ie
trouble 8c l'égarement des yeux, par des cris per-
çans, des pleurs , des hoquets 8c des rires immodérés.
Elles font précédées ou fuivies d’un état
de langueur 8c de rêverie, d'une forte d’ abattement
8c même d'affoupiffement. Le moindre bruit
imprévu caufe des treffaillemens ; 8c l'on a remarqué
que le changement de ton 8c de mefure dans
; les airs joués fur le piano forte , influoit fur lés
malades , enforte qu’un mouvement plus v if les i
agitoit davantage, 8c renouvelloit ia vivacité de
j leurs convulfions.
k U y a une falle matelaffée 8c deftinée primitivement
aux malades tourmentés de ces convul-
; fions, une falle nommée des crifes ,* mais M. Deflon
ne juge pas à propos d'en faire ufage , 8c tous
| ks malades, quels que foient leurs accidens, font
egalement réunis dans les falles du traitement pu-
. » Rien n'eft plus étonnant que le fpeétacle de
r ces convulfions ;-quand on ne l'a point vu , on ne
Ç.eut s'en faire une idée : 8c, en le voyant, on eft
^gaiement furpris, 8c du repos profond d'une partie
de cçs malades, 8c de l’agitation qui anime les
autres ; des accidens variés qui fe répètent ; des
jÿmpathies qui s'établiffènt. On voit des malades
le chercher*, exclufivement, 8c, en fe précipitant
Amufemens des Sciences.
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T un vers l'autre, fe fourire, fe parier avec affection
, 8c adoucir mutuellement leurs crifes. Tous
font foumis.à celui qui magnétife ; ils ont beau être
dans un affoupiffement apparent, fa voix,un regard,
un ligne les en retire. On ne peut s'empêcher de
reconnoître j à ces effets conftans, une grande
puiffance qui agite les malades, les maïtrife , 8c
dont celui qui magnétife femble être le dépofî-
: taire.
Conclu fon,
» Les commiffaires ayant reconnu que ce fluide
magnétique animal ne peut être apperçu par aucun
de nos fens, qu'il n'a eu aucune aébion , ni fur
eux-mêmes, ni fur les malades qui lui font fournis ;
s’étant affurés que les preflions 8c les attouchemens
occafionnent des changemens rarement favorables
dans l'économie animale, 8c _des ébranlemens tou-<
jours fâcheux dans l'imagination ; ayant enfin démontré
par des expériences décifives,que l’imagination
fans magnétifme produit des convulfions,8c que
le magnétifme fans l'imagination ne produit rien;
ils ont conclu , d’une voix|unanime , fur la quef*
tion de l'exiftence 8c de l'utilité du magnétifme ,
que rien ne prouve l’exiftence du fluide magnétique
animal; que ce fluide fans exiftence eft par
conféquent fans utilité ; que les violens effets que
l'on obferve au traitement pub lic, appartiennent
à l'attouchement, à l'imagination mife en aétion,
8c à cette imitation machinale ,_qui nous porte
malgré nous à répéter ce qui frappe nos fens. Et
en même tems ilsfe croient obligés d'ajouter,
comme une obfervation importante, que les attouchemens
, l'a&ion répétée de l'imagination,
pour produire des crifes , peuvent être nUifibles ;
que le fpeétacle de ces crifes eft également dangereux
, à caufe de cette imitation, dont la nature
femble nous avoir fait une loi , 8c que par conféquent
tout traitement -public où les moyens du
magnétifme feront employés, ne peut avoir à U
longue que des effets funeftes.
A Paris, ce n août 1784. ( Signé, B. F r a n k
l in , M a j a u l t , le R o i , B a i l l y , d 'A r c e t ,
G u i l l o t in , L a v o i s i e r ) .
MALACHITE ARTIFICIELLE. La malachite
eft une pierre verte , opaque , qui eft fufceptible
d'un très-beau poli. Cette pierre fe trouve particulièrement
en Sibérie. Elle reffemble , quant à
fa contexture, à la mine de cuivre foyeufe de la
Chine. Les naturaliftes l’ont regardée elle-même
comme une efpèce de mine de cuivre. M. le Sage
ayant eu occalîon de faire l’examen chymique 8c
l'analyfe de cette pierre, a trouvé qu'on en peut
tirer en effet jufqu'à 72 livres de très-beau cuivre
par quintal. Mais ce que fes expériences lui ont appris
de plus curieux fur cette matière, ç ’eft que le
cuivre contenu dans la malachite a été réduit dans
p p p p