
i i ° . Demandez aux fpeélâteurs s’ils veulent
qu’ à la place du fept de pique vous fafliez paroi-
tie la première çartje ; il s’en trouvera quelqu’un
qui répondra oui j & dès cet inftant , faites voir
que vous avez- dans la main droite la dame de
trefle : cette dernière-circonftance fera croire que
vous aviez aufli dans'la main la dame de trefie,
quand elle aété nommée par le lpeétateur avec lequel
vous étiez d’intelligence : elIeJprouvera. aulfî
que vous pouvez changer une carte fans compèrej
£* comme vous avez prouvé dans la circonftance
précédente q u e , fans filer la carte, vous pouviez
fa métamorphofer , on croira que vous n’employez
aucun de ces moyens, quoique vous les employiez
fncceffivement tous deux , parce qu’en voyant des
tours , dont les effets font les mêmes , les fpeôjfca-
teurs cherchent ordinairement à les expliquer par
une feule & même caufe , ce qui eft iropoflible
dans ce cas-ci.
X V I I I.
Faire croire qui on.fait avec une adrejfe merveilleiife
une opération qu’on fait fans, adrejfe 3. ou qu’on ne
fa it même pas du tout.
• i f . Prenez les. cartes comme dans la fig. 2.3. pi. 4..
de magie blanche. "
i° i Montrez la carte inférieure, eh tenant le jeu
4ès deux mains , comme dans laj%. 2^. pi. y.
- 3®. Retournez les cartes.,, en donnant aux mains
la pofition de lafig. i.p l. y. de- magie Hamhe>
40; Faites invifiblement fauter la coupe des
deux mains, pour tenir les cartes., un inftant
après 3 comme dans la ftg.y. pi. y. ibid, on croira
que la .carte inférieure 3 que je fuppofe - être le
roi de piaue , eft toujours la même , quoiqu’ elle
ait pafle dans le milieu.
5°. Par conséquent , fi vous pofez fur la table
le paquet inférieur: à gauche , & 10 fupérieur à:
droité 3 on croira que vous coupez tout Amplement,
& que le roi de pique eft refté à. gauche ,
quoiqu’il foit à droite.
6 °. Si donc vous mettez le paquet qui eft. à gauche
fur celui qui eft, à. droite , On. penfeta. que le
roi dè pique eft dans le milieu du je u , quoiqu’il
fait de flous.
7®. Profitez de cette erreur , pour faire croire
qu’en faifant fauter la coupe d’une feule main
Vous allez remettre leroi de pique par deffous.
(.Vous n’aurez pas grand peine a. l’y faire voir ,
puisqu’ il y eft déjà. J
8°. Prenez les cartes comme dans la fig . z. pL H- >
faites avec la main & le pouce le mouvement &
le craquement dont il eft: parlé à l’art, V I I des
tours de. cartes n o u v ea u x chacun, croira que ee
mouvement & ce craquement étoient néceflaîrej
pour faire paflèr le roi de pique deffous.
J 9°- Montrez- alors le roi de pique, pour qu’on
croie qu’il eft revenu à fa place par l’adreffe d’ ime
feule main j & fi- le t-pur fait de cette manière
n’étonne pas aflèz le fpe&ateur, rendez-le un peu
plus frappant , en prenant la précaution de rendre
le mouvement & le craquement moins fenfibles
& même de les fupprimer prefque entièrement,,
félon que les fpeélateurs feront plus ou moins
difficiles.
io°. Pour faire croire q ue , dans cette dernière
opération^, vous-avez fait fauter la coupe réellement
& invifiblement d’ une feule main , dites que
vous allez la répéter avec un peu de lenteur pour
qu’on puiffe vous fièvre des yeux ; & alors, en
fuivant le principe que nous avons enfeigné,
article II des tours de cartes, faites fauter La coupe
d’une main avec toute la rapidité 8c l ’adrefle dont
vous ferez capable, en di-fant que vous affe&ez.
beaucoup de lenteur pour être apperçu.
n ° . Gela fuffiroit,- je penfe , pour perfuader
qu auparavant vous avez fait iitvifiolement fauter
la coupe d’une feule main ; mais vous pourrez
. achever de le prouver par larufe que voici : Faites
: fauter la coupe invifiblement des. deux mains , de
■ manière qu’après l’ opération le paquet inférieur
\ ait les. figures vers Le ciel,. mais qu’ elles, foic-nt
; cachées par le paquet fupérieur , qui aura les
j fiennes vers la terre 3fig. 4. p l y. Tenez lescartes
: fur l’extrémité des doigts, fig. 22.pl. y : faites voir
j la carte fupërieure , 8c vous n’aurez qu’à fermer
; 8c ouvrir la main pour faire changer cette carte
i en uneantrer, 8c pour faire croire:,.par- ce nou-
; veau, moyen, que vous faites, fauter la coupe ijavifl
| fiblement d’une feule, main.!
Nota. i°: Qu’on ne peut-fàire fauter invifiblement
1a. c o u p e q u ’en employant les; deux mains >
cependant, lès principes que nous avons donnés
| pour la faire- fauter vifîblement d’une main., ne
| font pas entièrement inutiles , puifqu’ ils fervent
dans le 'to u r précédent à faire-preuve d’une
: adreffe extraordinaire , 8c à faire croire qu’il
l eft facile , en faifant fauter la. coupe d’une main,
d’échapper aux regards les plus attentifs;, quoique
cela fo it réellement impoftàble-. Un opérateut
profita, autrefois , dans une certaine oeeafîon,
de cette-impofllbilité réelle 8c de cette facilité
apparente, pour-éluder une demande indiferete
qu’on:lui faifoic touchant fes, tours- Des fpeéh-
teurs , éblouis de fes opérations , l ’avant prié
de. révéler fes fecrets , Meilleurs , d i t - i l •
Je vous promets ce que vous nie- demandez , mais
vous■ faveç que je fais fauter la. coupe d’une feule
main , fans être apperçu par les plus clair-yoyans :
je: vous avoue que-, défi là le: pivot fur lequel font
appuyées, toutes mes. expériences ,* c’efi une facilite
que. je. ne peu» vous-donner.}. & que vous ne. pouveq
Mqutïir que pur Vexercice ,* exercez-vous doità , & je
V0US révélerai mort fa-voir , fi vous pouvez faire
fauter la coupe d’une main, fans que perfonm s ’en
J(aperçoive. On ne fit pas- attention que cette pro-
mefie conditionnelle n’obiigeoit à rien le promettant
, puifqu’elle ét©k faite fous une condition
impoffible , & qu’elle revenoit à celle - ci :
Je vous promets de vous bnfiruire f i vous prenez la
lune avec les dents , f i vous- trouvez ^ mouvement
perpétuel, & f i vous partagez un' ^ a trais- pauvres
f en donnant la moitié au premier,, le tiers au
fécond 3 & h quart au troifilmè.
Nota. Il eft un moyen de métamorphofer
une carte , qui fert à faire croire qu’on peut ■
faire fauter k coupe d’une- feule main. I,e voici : ]
ftfaut, i®. enlever une carte de la main droite 5 1
2°. prier un fpeéhteur de regarder quelle eft la •
carte fupérieure dans le- refte du jeu qu’on tient
dans la main gauche y 3-0. pofer la carte enlevée ;
furie jeu , fig. 20. pi. y 5 40. dans- l’inftant où ;
Ion pofe fa carte , prier le fpeéfateur de mettre ]
la main fur le jeu 5 y°'. faire un petit mouvement ;
de la main, en pouftant un.peu.celle du fpeélateur 5
(°. lui dire que c’eft dans cet inftant- qu’on a fait
feucer là coupe , & le lui prouver en lui faifant
voir que la carte qu’il; a vue fur le jeu n’y eft
déjà plus.
Avis intéreffant., i
Je ne peux m’empêcher., en finiflant cet article,
de dévoiler ici un tour, de cartes dont la connoif-
fmee pourra, être utile à quelques-uns de mes
leéfeufs, en les empêchant de tomber dans un
piège auquel de très-honnêtes gens fe laiflent
quelquefois prendre, par des aigrefins ; on voit
fouvent dans des- foires de province, dans le
parc de Saint-Cloud & dans les promenades publiques
autour de.Paris, les jours où il y a grande
cohue, des gens qui, au mépris des ordonnances:,
propofent aux, paflans des jeux de hafiard & d’au.-
tres jeux encore plus illégitimes : ces jeux , où
le profit va toujours du côté où. eft là mauvaife*
foi ,.paroiflênt au. premier abord très avantageux '
à celui, qui les accepte j mais ils. finiflent par Lui
faire perdre une fomme plus au. moins grande ,
félon Le degré de crédulité & d’obftination dont
il eft fufcepc.ble; en voici un, ëntrautres., que
je n’ ai vu. expliqué dans aucun livre.
Le joueur de banque tient dans- fil main droite
un jeu de cartes , fous lequel il fait yveir , par
exemple , un as de carreau ; un inftant après , il
p.ofe (en apparence) cet as de carreau fur- une
table , au point A , la figure en-deffous. Il met
aux points B , G 3 D , trois autres c a r te s .d o n t
ù ne. fait pas voir la figure.
A . B .
C. D.
Enfeike- il pouftè rapidement avec la. main
droite' , l’as de car peau-'du point A au point- B ,
du point B au point G , 8rc^ , tandis qu’avec k
gauche û fait gîiffer un® autre carte-du point B au
point C , & du point C au point A . B re f, les
cartes parcourent les mêmes lignes que des enfans
jouant aux quatre coins 5 l’aigrefin., propofanc
alors un pari., prétend que perfonne ne pourra
deviner où eft l ’as de carreau, parce que dans
tous les zigzags que cet as vient de décrire , on
eft cenfë l’avoir perdu de vue. Le fpeâateur ,
qui- l’ a fuivi des y eu x , accepté le p ar i,. croyant
trouver cette carte au point C > mais quelle eft
fa fur p ri fe , quand il y trouvé une autre carte ,
8? quand on lui fait voir que l’as de carreau eft
au point A , ou au point B. Dès lors,-croyant
avoir fait une faute, il accepte un nouveau pari ,
en fe propofant de faire un peu plus d'attention ;
mais il. perd encore & continue de perdre à tous
les coups, excepté quand l’aigrefin , pour Ieurer
fa dupe , lui laiffe prendreHm avantage momentané*
L ’erreur vient de ce que le perdant croit avoir
vu pofer l’as de c-arreau au. point A ; quoiqu’on y
ait pofe une autre carte. Le joueur de banque ,
après avoir montré l’ as de carreau fous le jeu ,
a fak.femhlant de le prendre avec un doigt de la
main gauche,. fig.. 1 y . pL y. j mais dans le fait ,
il l'a laiffe fous le je u , &. a pris la carte fui-
v a n t e fig. 16. ibid. Cet. as de carreau , qu’on
croyoit au point A , n’a donc été pofe qu’au
point B , ou au point D j après quoi le joueur dè
banque , faifant fembknt de remuer les cartes
avec v îteffè, comme pour échapper aux regards
les plus attentifs, a eu néanmoins la malice d’ afe
fe<fter unpeu de lenteur, afin- que le fpeèfâteur ,
ne perdant point de vue le prétendu- as de carreau,
ne trouvât-point, au hafard, lê véritable.
( D e c r ï m p s . )
La carte qui faute en l ’air, en fartant du jeu , fans
qu’ont La touche-.-
On; fait tirer une carte , qu’on mêleenfuite avec
les autres j, on met le jeu dans une efp.èce. de
cuiller quarrée, qu’on place debout fur une bouteille
qui lui fert de piedeftal, & à l’ inftant de«-
fi ré par la compagnie, la carte choifîe faute en
l’ air.
Explication.
11 faut d’abord faire prendre une carte forcée-,
par le moyen décrit à l’article le petit chaffmr.-,
an mot A u t o m a t e ) ; pofer en fuite létjeu-dsUs
là cuiller , de manière que la carte choifie, foie
appuyée fur une épingle ployée en forme dè
crochet. Gette épingle doit être attachée à un
f i l , q u i, montant dans le jeu entre les cartes,
s’appuyé fur le bout fupérieur de la cuiller,
8è a'efeende enfuite fous le théâtre, à travers
J là table. Dans cette difpofiùon, le compère ne