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Maintenant , je prétends qu'avec cette règle ,
vous aurez l'avantage de briller .en co n v en tio n
parmi les difeurs de riens , 8 t de couper la
parole à toutes les personnes. de bon fens qui
voudraient s’avifer de parler raifon ; donnons
des exemples :
i° . Je fuppofe-qu'un -médecin vous parle d’un
engorgement -dans les vaijfeaux fanguins , inter-
rompez-le pour lui demander quels font les plus
gros vaiffeaux fanguins j il vous répondra tout
bonnement que c ’eft l’aorte, la veine porte ou
la veine cave ; répondez-lui qu’il eft clans l’erreu
r , & , pour le prouver, citez-lui la flotte
angiaife qui, quand elle eft mife en déroute par
les françois , eft compofeede vaijfeaux fans gains.
l ° . Si quelqu’un'vous parle d’avancer à grands
pas , demandez-lui quel eft le plus grand pas ;
il vous répondra , peut-être , que c’ eft un pas
ce géant y mais vous lui répliquerez, que c’eft
le pas de Calais.
3°. Si un chirurgien ordonne de coucher un
malade dans le plus grand lit , obfervez-lui que
le plus grand lit eft celui de la rivière.
4 . Si vous trouvez des contradicteurs quand
vous prétendez que Thémire n’eft pas f i belle,
dites qu elle peut être une Vénus , mais qu’elle
n eft pas Cybelle. 1
y . Si quelqu’ un vous blâme pour avoir dit
qu un principe n a pas 1 e fens commun , fôutenez \
hardiment que ceux qui font du fang royal ou i
Amples gentilshommes n’ont pas le fang commun.
6 °. Un homme de lettres fe fâche-t-il contre
v o u s , parce que , fur la fin d’un couplet, vous
l ’avez traité d’animal y dites-lui que votre couplet
finit par les deux vers fuivans :
Sans îe calcul décimal
Trouverais-tula rime en imal.
7 • Si un maficien vous chante pouilles, faites-
le changer de ton , afin qu’il chante la palinodie
lur 1 air des trembleurs.
8°* s i un poète vous parle d’une bergère af-
fife fur 1 kcrbette, dites-lui que vous n’aimez pas
fon air bête. r
9°. Quelqu'un vous cite-t-il un fait merveilleux
& extraordinaire, dites que vous avez vu
un bûcheron qui fe mouroit de faim , quoiqu’il
fut chargé de pain ( de pin & de fapîn ) j & un
marchand de pain qui ne commerce qu en vin
( envain ) & c . 3
i f - quelqu un fe vante de lavoir l’orthographe
, demandez-lui comment il faut écrire la
phrafe fuivante : l’épicier qui vendoit les livres de
théologie, efi malade, Quelle fatalité ! Et ap-
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1 PreP^~^u^ faut écrire de cette manière •
\ l épicier qui vendoit des livres de thé au logis efi
malade \ quel fat alité ! - J
Enfin fi quelqu’un propofe desqueftions
difficiles; dites que vous allez, à votre tour
mettre les gens à la quefiion. Demandez quels
font"les hommes les plus inconftans & les rois
qui ont là meilleure miiïe : peu de pèrfonnes
fauront que ce font les muficiens & les rois d’Ef.
pagne , parce que les premiers changent Couvent
de mode3 ( majeur ou mineur') & que les autres
poftedent les mines d’or au Pérou.
Voila aiiez d’exémples pour prouver que les [
difeurs de mots s’exercent dans un champ auilï
vafte que fécond ne perdons pas de vue que.
les jeux de mots les plus admiifibles font ceux
ou l’en paffe du fens métaphorique.au fens pro-
réciproquement. Un clerc de procureur
habillé de vert 3 fe préfenta dans un bureau peur
obtenir de l’emploi 5 le maître lui dit :
Vorre habit nous défend de vous prendre fans verd,
Cependant tous'vos pas ne fonr que pas de cierc.
le clerc qui entendoi-t raillerie, répliqua fine-
ment : Monfieur , fi -vous m’employez , vous
pourrez vous flatter devoir employé le verd à
le fec. . ( DEcRËMPS .)
CALENDRIER , voyez a l ’article A stronomie.
CALME F A C T IC E . Moyen de calmer la furface
de l eau , foit en pleine mer, fait fur des fleuves,,
& de diminuer le danger qui provient de fon
agitation y par M. Achard , de l'académie de
Berlin.
En fuite des nombreufes expériences, conlî-
gnées dans un mémoire imprimé dans le Jctir.-d
d‘Agriculture , mois de novembre 178-2, il réùike
que l'effet de l'huile pour calmer la furface de
l eau, comparé avec le moyen qu'il adopte, &
qui lui a parfaitement réuffi , eft comme r à 1J ,
ou comme 1 a 5. La raifon phyfique qu'il en
donne, c’eft que les gouttes d ’hui'e font d’abord
emportées par les vagues, tandis que les tonneaux
cailles de fer blanc qu il.propofe , ayant plus
d’étendue que les gouttes d’huile , & étant "attachées
au bateau, ne peuvent s’en écarter qu’à
une petite diftance. C’ eft ce qui a déterminé
l’auteur à donner la préférence au moyen fuivant.
On aura des tonneaux remplis d’air, dans lefquels
1 eau ne puilje point pénétrer, o u , encore mieux,
,des cailles de fer-blanc quarrées , de fix ou huit
pieds d’étendue & d’un à deux pieds de hauteur,
qui également feront remplies d’air impénétrable
a 1 eau. Les vaiiTeaux pourraient, fans augmen*
e a m
ter par-là beaucoup leur charge , fe munir tou- J
jours de quelques douzaines de tonneaux ou de
cailles de fer-blanc, attachées à des cordes, j
qu’il fuffiroït de jetter dans’Teau, •lorfqu’elle fe- \
roit agitée au point .qu’on pût craindre quelque
accident. Des expériences , faites en p e tit, ont
affuré le fiiécès de ce moyen.
CAMÉE. C ’ eft le nom qu’on donne a des pierres
compofees de couoh:s différemment colorées
& fculntées en relief. Tout l’art confifte à faifir
les differentes nuances & les différentes teintes ,
pour fculpter des tètes , des figures, des animaux
quife détachent du fond, autant par leur couleur
ue par leur partie Taillante ; & l’.artifte .profitant
es jeux de la nature , y trouve quelquefois des
cheveux , des colliers ou des ornemens d’une
couleur différente de la figure. Les agates onix pa-
roiffent plus propres que toute autre pierre pour
former les camées. L’ induftrie a trouvé ie fecret de
contrefaire les camées. On prend à c-_t effet des
morceaux de verre coloré dont on fe fervoit pour
compo.fer les vitres desiéglifes. On rend ces verres
opaques, en les ftratifiant dans un creufet avec de la
chaux éteinte à l’air, du plâtre, ou du blanc d’Efpa-
gne, c’eft-à-dire, en mettant alternativement un
lit de chaux ou de plâtre, & un lit de verre. En
expofant ce creufet au feu , augmentant par degrés
pendant trois heures , & finiffant par un feu
affez for t, ces verres deviennent opaques en con-
fervant leurs couleurs, & ceux qui fi* en a voient
point deviennent d’un blanc de lait comme de
l’émail ou de la porcelaine. Si le feu a été bien
ménagé dans le commencement, qu’on ne l ’ait
point pouffé trop fort fur la fin, ces verres opaques
font encore fufceptibles d’entrer en fonte
à un plus grand feu. On peut donc fouder les
uns fur les autres, ceux de différentes couleurs ,
& par ce moyen imiter les lits de différentes couleurs
que Ton rencollre dans les agates ônix. On
trouve même, dans les vitrages 'peints des anciennes
Eglifes, dès morceaux de verre dans lefquels
la couleur n’a pénétré que la moitié de leur
épaiffeur. Les pourpres, ou couleur de vinaigre ,
font tous dans ce cas , ainfî que plufieurs bleus.
Lorfque Ces verres font devenus opaques , ainfî
u on Ta d i t , la partie qui n’a point été pénétrée
e la couleur, fe trouve blanche , & forme avec
celle qui étoit colorée , deux lits différents,
comme on en voit dans les agates onix. Lorfqu’on
ne veut point fonder enfemble les verres de
différentes couleurs, il faut travailler fur ceux-
là. Avant de fe fervir de ces verres, qui ont
des couches de différentes couleurs, il raut les
faite paffer fur la roue du lapidaire , & manger
de la furface blanche qui eft deftinée à repréfenter
les figures du relief du camée , jufqu’ à ce qu’elle
foit réduite à une épaiffeur plus mince, s’il eft
poffible, qu’une feuille de papier. On pofe ce
verre du côté de la furface blanche que Ton a
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rendue fi mince fur le modèle dans lequel efl l’empreinte
dé la gravure qu’ on veut imiter. On le
fait chauffèr fous la moufle, & on l’imprime de
la manière ufîtée pour les pierres gravées
factices. Les verres que Ton a rendu opaques en
fuivant le procédé ci-deffus, étant alors fufceptibles
d’être travaillés au touret , on y appliqué la
pierre dont on vient de parler-, & ,a\;ec les mêmes
outils dont on fè fert pour la gravure en pierres
fines, on enlève aifément tout le blanc du champ
qui déborde le r e îï - f , & les figures paroiffenc
alors ifolées fur un champ d’une couleur différente
comme dans les camées.
1 Si Tcn-ne vouloit imiter qu’une fîmple tête
qui ne fût pas tri/p difficile à chantourner, on
pourroit fe contenter, après avoir moulé cette
tê te , de Timprifnet enfuice fur un morceau dé
verre opaque blanc. On fc roit paffer enfuice ce
verre imprimé fur la roue du lapidaire . & on
l’uferoit par derrière avec de Terrien! ée de l ’eau ,
jufqu’ à-ce que toute la partie qui fait un champ
à la tê te , fe trouvât de fuite y & qu’ il ne reftât
abfolument que le relief. S’ il fe trouve apres cette
opération qu’il foit encore demeuré quelque pe?-’
rite partie du champ, on Tenlëve avec la lime
ou avec la pointe du cifeau. On applique cette
tête ainfî découpée avec foin fur un morceau de
verre opaque de couleur différente : on l’y colle
avec de la gomme 5 & quand elle y eft bien adhérente
,. ôn pofe le verre du côté de la tête fur
un moule garni de tripoli, & on Ty preffe comme
fi on vouloit Ty mouler ; mais au lieu de l’en retirer
comme on fait quand on tire une empreinte ,
on laiffe fécher le moule toujours couvert de fon
morceau de verre , &: loTfqu’ il eft fe c , on l’enfourne
fous la moufle, & on le preffe avec la fpa-
tulé*de fer : lorfqu’il eft en fufion, la gomme qui
attachoit la tête fur le fond , fe brûle 5 ainfî les
deuxmorceaux de v erré, celui qui forme le relief ,
& celui qui lui doit fervir de champ , n’étànt plus
féparés , s’ uniffent étroitement en fe fondant, fans
qu’ on puiffe craindre que dans cette fonte le relie
f puiffe fouffrir la moindre altération, puifque
le trip oli, en TenveToppant de toutes parts, lui
fert comme d’une chappe , & ne lui permet pas
de s’écarter. Si oh vouloit que quelques parties
du relief, comme les cheveux, fuffent d’une couleur
différente, il fuffiroitd’y mettre, au bout d’un
tube de verre, un atome d’une diflolution d’argent
par efprit de nitre , & faire enfuite chauffer la
pierre fous la moufle, jufqu’à ce qu’elle foit très-
chaude fans rougir. Il faut feulement prendre
garde que la vapeur de Tefprit de nitre ne colore
le refte de la figure. Les verres , tirés des anciens
vitrages peints des eglifes, font ce qu’ il y a de
meilleur pour faire ces efpèces de camées. Il eft
vrai qu’ ils ont befoin d’ un très-grand feu pour les
mettre en fonte quand ils ont été rendus opaques
comme on Ta dit > mais ils prennent un très