
applique affez fortement fur cette glace un pa- J
pier bien hume&é d'eau ; on le relève promptement
j crainte qu'il ne s'attache au blanc d 'oe u f,
Sr tous les traits de crayon s’y trouvant imprimés,
on a le trait du tableau.
On prend de ces traits quelquefois fimplement
par curiofité , & pour avoir des monumens
fidèles des belles chofes , qu'on regarde comme
des études , & quelquefois on en fait ufage en
les copiant. Alors on pique les contours de
près à près avec, une aiguille emmanchée dans un
petit morceau de bois rond , après quoi on applique
le papier ainfi piqué fur la toile ou autre tond
fur lequel on veut faire la copie} & a vec un petit
fachet rempli de chaux éteinte , de poufllère de
charbon ou de quelqu autre matière' pulvérifée
qui tranche avec la couleur du fond ; on paffe fur
tous les traits, & la matière pulvérifée qui en
fort paffant à travers les trous d'aiguille , trace
fur le fond du deffin les traits avec la plus grande
exactitude,
Manière de çontretirer un deflin. •
On peut çontretirer un deffin par le . moyen
d'une glace ou d'un verre en l'appliquant fur l'original
, & traçant fur le verre tous les contours
du deffin avec un crayon de fanguine tendre 5
mais comme la fanguine ne marqueroit pas fur le
v e r re , il faut le frotter auparavant avec de l’eau
de gomme arabique, dans laquelle on aura mis
un peu de vinaigre, & quand elle eft bien lè che,
on peut deffiner deffus. Sans le vinaigre , la fanguine
ne marqueroit pas fur la gomme : mais fi
l ’on frotte le verre avec un blanc d'oeuf au lieu
de gomme , il n'eft pas bëfoin de vinaigre.
Quand ce deffin eft tracé fur le v e r re , on y applique
affez fortement un papier mouillé & bien
humeété , & l’ ayant relevé auffi-tôt de peur qu'il
ne fe colle fur le verre , on y trouve tout le
trait de la fanguine qui eft imprimé. On a , par
ce moyen, le trait d'un deffin, ou même d'un
tableau qu'on voudroit copier. Ce trait fur le
papier eft à contrefens de l'original ; c'eft pourquoi
il faudra le recopier encore pour le mettre
dans le même fens de l'original 5 ce qui eft une
double peine , & ne peut pas fe faire fans corrompre
les contours'.
Contrêpreuve d anciennes eflampes.
On prend du favon de Venife qu’ on coupe en
petits morceaux, une pareille quantité de cendre
de bois de chêne, & autant de chaux vive ;
on fait bouillir le tout dans un pot. On frotte légèrement
avec une plume trempée dans cette liqueur
l’ eftampe dont on veut tirer la contré-
preuve. On prépare de même une feuille de
papier blanc. Lorfquelle eft bien humectée, on
| l’applique far l’eftampe, & on les met fous la
prelfe a un imprimeur en taille-douce. Au défaut
de preffe, on peut appliquer fur cette eftampe
ainfi préparée , une feuille de papier blanc fec
& frotter bien ferme avec un liffoire , jufqu'à
ce que l'eftampe fe calque fur la feuille de papier
blanc humide. Ces contrépreuves , déchargent
néceffairement un peu le noir de l'eftampe,
qui cependant en retient toujours aflèz. On peut
parvenir à tirer ces contrépreuves avec de ftin-
pie favon liquide, mais elles ne font point fi belles
ni fi bien marquées.
Ce fecrèt eft tiré du Traité-Pratique delà gi>
vure en b o is , par M. Papillon.
Maniéré de poncer.
On pique d’abord tout le contour. du deffin que
l'on veut- avoir avec la pointe d’une aiguille emmanchée,
fi l’on veut dans un :petit morceau de
bois long & rond, gros comme une grofiè plume-
à écrire, ce. qu’on appelle une fiche. Enfuite on
fait un nouet d’ un morceau de toile affez claire,
qu’on emplit de charbon bien pilé , fi c ’eft pour
poncer fur un corps blanc , ou bien de plâtre fin
& fe c , fi c’eft fur un corps brun ; ce nouet s'appelle
la ponce, & ayant appliqué le deffin original
qui eft piqué fur la place où on veut le tranf*
porter, on paffe légèrement la ponce par - deffus
le deffin, en battant un peu quelquefois pour
faire paffer la pouffière au travers du linge , laquelle
paffe aufli par tous les trous de l'aiguille,
& marque le deffin à fa place. Mais il faut
bien prendre garde de ne pas faire changer de
place* au deflin original, en le ponçant , car ilfe-
roit des traits doubles & confus. Enfuite,'ayant
enlevé le deffin épique-, on met au net celui qui
eft poncé y & l'on fouffle fortement pour chaffer
la pouffière de la ponce. On fe fert fort utilement
de cette méthode dans plufieurs ouvrages de
peinture., & dans la broderie, & fur-tout dans
les ornemens.
Maniéré de montrer le deflin.
Un artifte avoit propofé de commencer par
faire deffiner les jeunes gens fur une ardoife, parce
qu'il eft facile de la nettoyer avec un linge
mouillé. Cette méthode en effet épargner oit la
dépenfe du papier, & prociireroit à l'écolier le
moyen de corriger facilement fes fautes fans être
obligé de recommencer entièrement fon deffin.
Un habitant de Grenoble fubftitue à l'ardoife nn
verre de Bohême qu'il dépolit d'un côte en le
frottant avec une pierre ponce ou une pierre
platte de grès & du fable bien humeéfcé. On peut,
fur ce v erre, comme fur l'ardoife effacer avec un
linge ce qui a été fait : ce tranfparent donne
d’ailleurs la faculté de placer deffous des exem-
«les bien nets & bien diftin&s que l'écolier doit
Livre jufqu'à ce que fa main foit formée. Ce
que l'on dit du deffin peut egalement s'appliquer
Moyen facile de prendre l'empreinte & le contour
d‘une feuille , 6* même d'une fleur, dans très-peu
dt temps , fans /avo ir defliner.
Prenez une feuille de papier la plus mince que
vous pourrez trouver, que vous enduirez avec
de l'huiie de lin ou d’olive, félon votre commodité
j laiffez cette feuille ainfi imbibée d'huile ,
pendant 4 où ƒ jours, au bout defquels vous la
pafferez fur la fumée d'un flamb.eau , jufqu'à ce
quelle en foit toute noircie.- Placez fur ce papier
les feuilles dont vous defirerez avoir le contour
, &c mettez par-deffus une feuille de papier
blanc d'une certaine force. Cette opération étant
faite, frottez avec l'anneau d'une c le f bien p o l i,
la feuille de papier blanc , jufqu'à ce que vous
préfumiez que les feuilles réelles foient bien
empreintes de la couleur noire. Tranfportez ces
dernières entre deux feuilles de papier blanc ,
dont vous frotterez, avec une cle f ou poliffoire
de verre, celle qui eft au-deffus. Les feuilles
dont vous defirerez l'empreinte , fe trouveront
calquées très-diftinftement fur les deux feuilles.
Leur couleur fera d’autant, plus confiante, qu'elle
eft à l’huile. Les jeunes perfonnes qui s'amufent
de la broderie , pourront fe faire des deffins
charmans fans favoir deffiner 5 fi elles font ulàge
de ce moyen , elles rangeront les feuilles noircies,
fuivant la difpofition du deffin qu'elles
voudront faire , & les prefferont enfuite avec
une clef. Cette difpofition étant ainfi calquée ,
elles la piqueront pour la multiplier autant de
fois quelles le defireront- par le fecours du
ponce : on arrête enfuite ce deffin avec la plume.
Comme la couleur blanche fatigue beaucoup la
vue j il ne faut faire les deffins pour la broderie
que fur do papier jaune , & remplir le milieu
du fujet avec de la couleur verte , qui fe tire du
verd de veffie. Ces précautions, qui ne font rien,
ou prefque rien en elles-mêmes, font très - avan-
tageufes pour la confervation de la vue des perfonnes
qui brodent, |
Autre méthode.
Tl faut avoir deux balles & de l'encrè dont fe
fervent les imprimeurs j tenez-en une de la main
gauche, & mettez deffus la feuille ou plante dont
vous voudrez avoir l'empreinte : frappez-là avec
1 autre balle 3 que vous tiendrez de la main droite,
j °u deux coups fans la déranger} vous ôterez
la feuille ou plante légèrement, & vous la plaee-
*ez au milieu d’une feuille de papier pliée en
deux 3 après quoi vous l'étendrez lur une table
couverte d'un tapis, & avec un rouleau de bois
Asnufemens du Sciences.
enveloppé d’un mouchoir ou d’ un linge uni, vous
le pafferez une ou deux fois affez fortement deffus
} vous ouvrirez le papier, & alors vous aurez
fur l'un & l ’autre côte l’empreinte exaéfce du
deffus & du deffous de la feuille, ou plante , &
q u i, outre la parfaite reffèmblance avec la nature
, furpaffera même la plus belle gravure, fur-
tout quand ce procédé fera fait avec dextérité.
Machine h defliner , de Cinvention du fleur Gettl:ttger^
membre de plufieurs académies , iufpecteur-géaérai
des mines de Navarre.
Tout le monde connoît la manière de deffiner
les objets qui viennent fe repréfenter dans la
chambre obfcure, & les difficultés qui fe rencontrent
pout obtenir un deffin ferme & correéb
La machine que je vais décrire , renferme tous
les agrémens de la chambre obfcure , fans en
avoir les inconvéniens > c'eft la nature que l'on
peut calquer fans être peintre } & fi cette invention
eft agréable aux perfonnes qui n'ont point
fait une étude particulière de la peinture, je crois
qu'elle peut être d'une véritable utilité aux gens
de l'art eux-mêmes.
Defcription.
Deux glaces plattes , bien unies, bien tranfpa-
rentes , affujetties dans leur chaflis de bois oïl
foient des feuillures de l'épaiffeur des glaces *
pour que l’un des côtés de ces chaffis & la glace
forment des furfaces unies.
Au haut d'un de ces chaffis, & au milieu de la
largeur, fera pratiqué un trou rond fait obliquement
, deftine à recevoir une cheville de bois ,
qui doit faire avec la glace un angle aigu, que la
vue du deffinateur doit déterminer.
Cette cheville, longue d’environ un pied, fera
plus mince du côté qui doit entrer dans le trou j
elle aura à cette extrémité 4 à 5 lignes de diamètre
, & à l’autre une efpece de bourlet d'un
pouce de diamètre, garni de drap ou autre étoffe,
mais fortement, de manière à ne point céder à
la preflion du front, qui doit repofer deffus.
Il faut en outre un pied quelconque, qui puifle
entretenir les chaffis dans une pofitior verticale ,
& que ces chaffis puiffent être pofés à volonté &:
ôtés de même, ou du moins l'un d'eux} il faut en
outre qu’ils puiffent être à une petite diftancë
l'un de l 'autre , c'eft-à-dire , qu'entre les deux
glaces, il refte un intervalle d’un pouce environ *,
& qu'ils foient bien affujettis enfemble, ce qu'on
peut faire au moyen de petits crochets & de
pitons.
Quant au pied folide , on peut le faire de plu,-
fieurs façons } mais le premier qui fut fait 5 con-
fiftoit en deux fegmens de cercles , féparés qo.-
D d d