
Mcfurer l'humidité & la féchereffe de l'air : lié e ,
des principaux Hygromètres imaginés pour cet obje
t i leurs défauts : confiruétion d'un Hygromètre
comparable-
L’air eft non-feulement pefant, il eft non-feulement
fufceptible de contracter plus ou moins de
chaleur , mais il l'eft encore d’être plus ou moins
humide. Ainfi il entre dans l’ objet de la phyfi-
que de mefurer ce degré d’humidité , d’autant
plus que cette qualité de l'air influe beaucoup
fur le corps humain , fur la végétation, & fur
un grand nombre d’autres effets de la nature.
C'eit ce qui a donné lieu à l’invention de l’hy-
.gromètre » ou infiniment propre à mefurer l’humidité
de l’air.
: Mais , il fauf en convenir , on n’a pas encore
imaginé des inftruments qui remplifl'ent à cet
égard tout ce que l’on eit fondé à defirer. On
à la vérité , des hygromètres qui marquent
que l’ ait eft plus ou moins humide qu’ il ne rétoit
un peu auparavant, mais ils ne font pas comparables
i c’eft-Vdire qu’on ne peut p oint, par
leur moyen , comparer fhumidité d’un jour ou
d’un lieu à celle d'un autre. Il eft cependant à
propos de faire connoître ces différents hygromètres
, ne fût-ce que pour les apprécier.
I . Comme le bois de fapin eft extrêmement
fufceptible de participer à la féchereffe & à l'humidité
de l’ ait , on en a pris l’idée d’appliquer
cette propriété à la conftrudtion d’un hygromètre.
Pour cet effet on place entre deux coufif-
fes immobiles & verticales , une petite phnche
de fapin fort mince , & en travers , c’ eft-à-dire
enforte que le fens des fibres loit horifcntal ; car
c ’eft dans le fens latéral & tranfverfal à fes fibres ,
que le fapin & les autres bois reçoiventleur exten-
fion par l'humidité. Le bord fupérieur de la plana
chette doit porter un .petit rateau qui engrènera
dans un pignon, ce pignon dansune roue, & celle-ci
avec un autre pignon,dontl’ax'eporterauneaiguiüe.
lleftaifé de fentirque, par ce moyen, le moindre
mouvementqueie bord fupérieur delaplanche imprimera
au rateau, en s’élevant ou s àbaiflànt,.fe
manifeftera par un mouvement très-fenfible de l’aiguille;
conféquemment, fi le mouvement de cette
aiguille eft combiné de manièreque de l’extrême
féchereffe à l’extrême humidité elle faffe un tour
complet, les divifions de ce cercle ferviront à
marquer combien l’état aftuel de l’air eft éloigné
de l’un & de l’autre de ces extrêmes.
Cette invention èft àffez ingénieufe, mais elle
n’eft pas fuffifante. Le bois retient l’humidité encore
long-temps après que l'air a perdu la fienne :
d’ailleurs cette planche devient peu-à-peu moins ’
fenfible à l’ imprçffion de l’a ir , & ne produit plus
fon effet. • ' ■ • ■ *
I II. On fait auffi un hygromètre avec la barbe
I d’un épi d’avoine fauvage. On la plante au milieu
I d’une boîte ronde , fur le fommec d’une petite
j colonne placée au centre de cette boîte ; l’autre
extrémité de la barbe doit paffer par le centre
du couvercle de.cette boîte , dont la circonférence
fora divifée en parties égales > on garnit enfin cette
extrémité de la barbe d’avoine , d’une petite aiguille
de papier fort légère. Il eft néceffaire,
pour donner accès à l’air , que le contour de
la boîte fait découpé à jour.
Lorfqu’on expofe cet inftrument à un air plus
fec ou plus humidé,, la petite aiguille tourne dans
un fens ou dans l’cppofé.
Mais ce petit hygromètre , qui eft fort' fenfi-
ble dans lé commencement i perd peu-à-peu la
fenfibilite : ainfi c’eft un inftrument fort imparfait
, dé même que le fuivant.
III. Sufpendez par fon centre de gravité un
petit plateau circulaire à une corde affez fine *
ou à une corde de boyaux 3 & que Fautre extrémité
de cette-corde foit attachée à un crochet
: fuivant que l’ air fera plus ou moins humide,
vous verrez le petit plateau tourner dans un
fens ou dans un autre. On peut couvrir ce petit
mécanifme d’une cloche de verre , pour empêcher
le dérangement qu’occafîonneroit l ’agitation
de l’air j mais- il faut que la cloche foit élevée
au deffus de la bafe , pour que l’ air ait accès fur
la corde.
C ’eft-là le principe de. ces hygromètres que
l’on débite communément , 8c qui font formés
d’une boîte dont la fur face préfente .l’apparence
d’un bâtiment à deux portes. Sur le plateau tour-?-
nant font placées , d’un côté une petite figure
avec un parapluie, & de l’autre une femme avec
fon'éventail , dans l’attitude de fe garantir du
foleil. Suivant que l’une ou l’autre de ces figures
fe préfente , on juge que le temps eft humide ou
difpofé à la pluie , ou ail contraire.
IV. Si une corde de boyaux eft attachée par
une de fes extrémités , contre une planchette
de quelque matière qui n’en éprouve aucun effet»
que de-ià elle faffe pMieurs tours & retours fur
des poulies , comme B , C , D , E , F , G » 8cc »
qu’enfin fon extrémité H porte un poids : (fig.
12 j p l. 2. , Amufemens de Phyfique ') u eft-aifé de
voir qu’il devra monter ou baiffer d’autant plus
f&nfibfement par l’humidité & la féchereffe , que
le nombre de ces tours 8c retours fera plus considérable.
Mais on rendra cela encore plus fenfible
en attachant au bout H de la corde l’extrémité
d’une aiguille HK , tournante fur le centre
I , mais dont la.branche IK foit beaucoup plus
grande que IH : le plus léger changement dans
l’humidité de l’ air fe manifeftera par le mouvei
ment de la pointe K de l’aiguille.
V . On pourroit tendre une corde de cinq ou
fix pieds de long , entre les arrêts A & B , (fig.
î i 3même pl. 2 | fufpeivdre à fon milieu C » poids
P par un, filet PC , lequel'feroit. attaché à l’ex-
t-remite D d’une aiguille tournante autour du
point-E , 8c ayant-la branche EF plufièürs fois
Plus longue que ED. L’humidité .rac-çourciffant
la corde A CB., & la fécher<.-ffe l’allongeant, le
point P fera foulevé , ainfi que le point D y cè -
qifi fera parcourir à la pointe de l’aiguille l’arc
GH. Les divifions indiqueront le degré de l’hutni-
dite ou de la féchereffe.
. VI. Mettez dans le baffm d’une balance un
lel qui attire l ’humidité d e 'l’air , & dans, i’autre
un . poids qui faffe exactement équilibre : le
baffin ou eft le fel baiffera dans un temps humide
, . 8c marquera cette ■ difpofition de" l’ air.
Il feroit facile d’y adapter un index, comme aux
hygromètres précédents.
Mais cet inftrument eft le plus mauvais d$ tous 5
car un fel plonge,dans un air humide , fe charge
bien d’humidité 5 mais il ne la perd p as , ou ne
la perd que très: lentement, quand l’ air eft devenu
fec. L alkali fixe du tartre continue même de s ’en
charger , jufqu’ à ce qu’il foit tombé en deliquium
ou réfous en liqueur.
VII. La mufique peut fervir à reconnqître la
féchereffe ou l’humidité de l’air. Une flûte eft
plus .haute en temps fec qu’en temps humide. Si
donc J on tend une corde de boyaux entre deux
arrêts , & qu’on la mette en vibration , elle
rendra uh ton a 1 uniffon duquel on mettra un
tonomètre. Si le.temps devient plus humide , la
cord,e donnera un fon plus bas j ce fera le contraire
fi l’ air dévient plus fec.
VIII. M. de Luc , citoyen de Genève , auquel
nous avons l’obligation d’un excellent ouvragé
fur les thermomètres-& baromètres , a
tenté de faire un Hygromètre, comparable ,. & a
donné fur cét objet, un mémoire dans les
fa it . Pkilof. , tome LXI pour l’année 1771. Voici
, d’après ce mémoire , là defcription de fon
hygromètre.
La -fécondé pièce eft un tuyau de cuivre , travaillé
au tour , qui d’un côté eft propre à s’emboîter
avec nrécifion dans le cylindre d*ivoire ,
8e de l’autrè à recevoir dans fa cavité cylindrique
un tube de verre , d’un quart de ligne envircfn
de diamètre intérieur. On en voit là repréfen-
tation dans, la (fig* 1 , ii°. 2. p l. 3 , Amufemens
de Phyfique ) .
L’on adapte folidement enfemble ces trois pièces
, 'en faifant entrer dans le cylindre d’ ivoire le
bout du tuyau de cuivre qui doit Iè remplir ,;
avec de la colle de poiffon entre deux. Pour
mieux attacher ces parties enfemble , on ferre
le collet du cylindre d’ivoire avec une virole de.
cuivre qui doit l’embraffer avec force.
On place aufli dans la cavité cylindrique du
même tuyau , un tube de verre de 30 pouces
environ de longueur , 8c du calibre extérieur
qui convient à cette cavité. La fig. 1 , nQ. 3. ,
1 même p l. repréfente l’affemblage de ces trois pièces
8c l’inftrument conftruit.
On le remplit enfuite de mercure, de manière
u’il y en ait jufques vers le milieu de la hauteur
u tube de verre. On plongé enfin le, réfervoir
d’ivoire dans de l’eau prêté à fe glacer^ & qu’on
a foin d’entretenir dans cette température pendant
plufièurs heures 5 car il en faut 10 ou 12
pour que l ’ivoire ait pris toute l’humidité qu’elle
pouvoit abforber. Auffi-t.ôt que ce réfervoir eft
plongé dans l’ eau , on voit le mercure defcendre
d’ abord très-vite , enfuite plus lentement, juf-
u'à ce qu’il refte enfin ftationnairè vers le bas
u.tube. On a foin de marquer cet endroit, qui
doit être de quelques pouces au deffus de l’infer-
tion du tube de verre dans le tuyau de cuivre , 8c
on le marque o 5 c e qui fignifie zéro dé féchereG
fe, , ou plus grands humidité. Nous difons que
ce point doit être quelques pouces plus haut que
lé tuyau dé cuiyre, "C-ar on remarque'que fi on fait
chauffer l’ eau ' 8c qu’on y plonge l’ inftrument, le
mercure defcend encore plus bas ; 8c c’eft-pour
y marquer ces ' divifions qu’on laiffe cet intervalle
au deffous de zéro.
miere 8c^ principale piece eft un réfervoir cylindrique
d’ivoire , de 2 pouces 8c demi environ
de hauteur , dont la cavité cylindrique 'èft de.
2 lignés & demie de diamètre , 8c l’épaiffeur
de i ou ~ de ligne. Cétte pièce d’ ivoire doit
etre prife vers le milieu de l’ëpaiffeur d’une dent
d’éléphant ,v entré le centre 8c la furfacé , ainfi
que vers le milieu de la longueurs 8c il eft ef-
fentiel que là cavité foit percée dans le fens parallèle
à la -direâîon des fibres. On voit la repré-
fentation de cette pièce', dans la ( fig. 1 , p/ 3 ,
Amufmens de Phyfi^ue ). ou elle eft défignée par les
lettres ABC. ' r
Amufemens des Sciences,
C et hygromètre eft fort fenfible j à peine eft-
il placé dans un air plus ou moins humide , qu’ il
donne deslignes de cette fenfibilité par l’afcenfîon
ou.la, chuté .du mercure : mais il exige-8c exigera
toujours d’êtré accompagné d’un thermomètre ÿ
car le même degré d’humidité l’affeëe . davantage
en temps chaud qu’en temps froid : d’ailleurs
le mercure j monte ou defcend, indépendamment
de toute humidité ^ par le fimple effet de la chaleur.
Ainfi cet inftrument exige une double correction
j la première , pour tenir compte, de la
dilatation que le mercure reçoit par la chaleur,
correction qui fera foufiraCtive toutes les fois que
cette chaleur excédera le terme de la glace j la
K k k k k