
lonnes rouges, bleues ou violettes , félon la di-
verfitédes objets fur lefquels rouloit la queftion.
Le magicien ,• harcelé par un favant de la compagnie
, eut avec lui une longue converfation
dans laquelle îl démontra ,' tant par l’expérience
que par le raifonnement, i tf . que le mouvement de
cette petite figure ne provenoit point de l’air contenu
dans quelqu’une de fes parties , 8 c comprimé
avec le pouce pour la faire dèfcendre en la rendant
plus pefante j 2°. que ce mouvement ne
provenoit point de l’aimant', parce que la figure
ne contenoit aucun morceau ae fer ou d’acier ’,
& c . qu’elle n’étoit attachée à aucun crin , 8 c
qu’elle étoit parfaitement ifolée î 40. qu’il n’y
avoit aucun mouvement d’horlogerie pouf donner
qiielqu’impulfîori à la figure, qu'elle conti-
nuoit les mouvemens fi fouvent que fon maître le
lui ordonnoit de près ou de loin , 8 cc.
Cette difcuffion fut terminée par de nouvelles
expériences qui continuèrent d’amufer la compagnie
, parce qu’on ne chercha plus à les approfondir
> on fit paroître dans une même colonne trois
petites figures qui repréfentoient le mari, la
femme & l’amour ; vous voy e z , dit le magicien ,
«|ue lorfque l’amour eft entre les deux époux, il y
a un accord parfait entr’eux î c’eft un plaifir de
voir marcher enfemble le mari, la femme & l’amour
qui les conduit > un inftant après l’amour
difparut, 8 c le diable vint prendre fa place} mais,
continua le magicien, fi-tot que le diable fe mêle
du ménage 8 c s’empare de Tefprit de la femme ,
ces deux derniers vont enfemble, 8de mari en fens
contraire.
Tout le monde fe mit à rire en voyant la fin-
gulière antipathie du mari pour fa femme , quand
elle étoit fymphatique avec le diable. La rifée
générale fut aux dépens des femmes ; mais ,Mef-
fieurs, dit le magicien , nè croyez pas que les
hommes vaillent mieux j alors on vit le mari qui
fuivoit le diable , la femme fuyant à fon tour.
Nouveaux éclats de rire, mais , aux dépens des
hommes pour cette fois. Tout le monde crut que
l ’expérience étoit finie $ mais le magicien la continua,
en la préfentant fous différentes formes , 8 c
dit enfin à la petite figure : Vous avez fait le
diable dans les douze colonnes pour plaire à la
compagnie > mais à préfènt, pour honorer Pluton
te Proferpine, vos feigneyrs 8 c maîtres, & pour
juftifier aux yeux -du public le nom qu’il vous
donne , i,l faut que vous faffiez le diable a quatre ;
alors ce diable difparut, 8 c l’on vit s’élever aux
quatre coins du palais infernal quatre diablotins
q u i, lançant des jets de feu fur Pluton 8 c Proferpine
, enflammèrent les eaux du baffin circulaire
qui entourait leur trône. (D ecivemps),
Palais hydraulique.
Quatre tuyaux de verre difpofês en cotonnade
8 c furmontés d’un fronton repréfentènt le frontif-
pi,ce d’un palais. Ces colonnes tranfparentes &
remplies d’eau , lâifTent appercevoir de petites
figures de cire qui nagent dans l’intérieur, &
dont deux montent & defeendent alternativement
, tandis que les deux autres ont le mouvement
contraire, 8 c le tout fans aimant, fans roue
& fans levier. V o ic i , en deux mots, par quel
moyen on exécute cette petite merveille.
Au point A eft un baffin caché dans le corps
du bâtiment, les quatre colonnes ne font qu’un
feul & même tuyau de verre recourbé , comme
le repréfente la figure 5 c’eft à proprement parler,
un fyphon par où l’eau s’écoule du baffin A au
baffin F , qui eft pareillement caché dans le corps
du bâtiment.
L’eau ne peut ainlï pafifer d’un baffin à l’autre,
fans defeenare par la première colonne B , &
monter par la fécondé C , pour redefeendre en-
fuite par la troifième D , & remonter par la quatrième
E i mais comme on ne voit-pas alors l’eau
fe remuer , fi elle eft bien claire, les figures font
entraînées par le courant, 8 c ont des mouvemens
oppofés., dont on n’apperçoitpaslacaufe. Ces mou-
yemeas cefferoiertt bientôt,quoique l’eau continuât
de coûter, parce que les figures étant parvenues
aux extrémités fupérieures ou inférieures des
colonnes, font tro.p groffes & trop longues pour
, fiiivre le courant dans les contours du tuyau (où
l’on peut d’ailleurs pofer un diaphragme pour empêcher
les figures ae pafler ) ; mais l’eau ceffant
un inftant de couler rapidement, par le moyen
que nous indiquerons ci-deffous, les figures reçoivent
par leur gravité ou légèreté fpécifique,
un mouvement oppofé à celui qu’elles avoient
auparavant, car la première qui etoit defeendue
dans la colonne B , remonte d’ elle % même quand
l’eau s’arrête , parce qu’ayant à fa tête un petit
morceau de lièg e , elle tend à furnager : la H
conde, au contraire, qui étoit montée dans b
colonne C , defeend quand l’eau eft immobile.»
parce qu’ayant à fes pieds une épingle^ de fer,
gravité l’entraîne vers le fond > la troifième
K B t o S I
quatrième font comme la première 8 c la fécondé,
par la même rai fon.
Mais fi un inftant après, l’eau continue de couler
avec rapidité,ces figures quitteront encore leur
place, étant entraînées par le courant, pour la
reprendre enfuite, quand l’eau s’arrêtera ou lorf-
qu’eile coulera très-lentement; Tout le fecret fe
réduit donc , à préfent, à faire que l’eau coule 8 c
s’arrête alternativement. Voici le moyen qilel’on
i emploie pour produire Cette..intermittence.
1 L’eau ne cou le du baffin A au baffin F , que
parce que c e dernier eft plus bas $ fi d o n c , on fait
celui-ci affez petit pour qu’il fe renjpkffie en peu
de tems, l’eau s’ y trouvant bientôt éle v é e pref-
que à la même hauteur que dans le baffin A , ne
[pourra plus couler que très-lentement 5 voilà donc
[lecourant arrêté pour un inftant, mais fi: le baffin
F fe vuicte enfin tout-à-coup dans un autre H , qui
fera encore plus, bas , fon eau dëfcendra par ce
[moyen, 8c pe rm e ttra i ce lle du baffin A*de c.cu-
ler rapidement. O r , quand l’eau eft enfin parvenue
là une certaine hau teu r , ce baffin F fe vuide ré e llement
tout-à-coup, à l’aidé du fyphon FH ; par'
ce moyen, l’écoulement rapide 8c fon interruption,
auront lieu alternativement jufqu’ à ce que le pre-
i mierbaffinfoit entièrement vuide. (D e c r em p s ).
HYGROMÈTRE. L’ air qui nous environne eft
un fluide fufcéptible d’une multitude de modifications.
La féchereffe ou l'humidité occafîonnent
différentes variations plus ou moins fenfibles qu’il
jferoit quelquefois important de connoître 8 c de
[mefurer.
On a imaginé diverfes efpèces d’hygromètre
qui avertiffent des changemens qui arrivent dans
[fon état 5 mais l ’on n’ eft pas encore parvenu à en
[conftruire qui puiffient ê :re de comparaifon comme
[le thermomètre. Nous en allons cependant indiquer
quelques-uns pour en donner l’ id ée. Il feroit
[fans doute bien important d’avoir un inftrument
| météorologique qui déterminâtd’ une manière p ré-
[cife de combien l’ humidité ou la féchereffe augmente
ou diminue d’ un tems à l’autre : mais tous
les hygromètres qu’ on a imaginé jufqu’ à préfent
ne rempliffent pas ce t objet j ils n’apprennent rien
autr® chôfe , linon que la corde qui fait la partie
elïentielle de l ’hygromètre eft fècne ou m ou illé e ,
& jamais il ne faut s’attendre qu’ils faffent cou- 1
fnoitre l’état aétuel de l’atmofphère , qui fouvent
fa perdu une grande partie de fon humidité avant
que la corde ait rien perdu de la- fienne. L’hygro-
[jnetre le plus fimple eft celui qui fe fait avec une
longue corde tendue foiblement dans une fitua-
! tion horizontale & dans un endroit à couvert de
! h pluie, quoique expofé à l’air libre. On attache
au milieu un fil de laiton, au bout duquel ou fait
•pendre un petit poids oui fert d’ index, & qui
Marque fur une échelle divifée en pouces 8 c en
Amufemens des Sciences,
lignes les degrés d’humidité en montant, 8 c ceux
de la féchereffe en defeendant. Les match ukL de
baromètre vendent des cadrans dont 1 a ig u ille indique
les degrés de féchereffe &: d’huir.iihté : ce
oui f lit mouvoir cette aiguille eft un bout de corde,
de b o y a u x q u i , fenfible à la fechereffe 8c à l ’hu-
midite , ie tord ou fe détord, 8c met l'aiguille en.
mouvement. La même caufe. produit lemême effet,
dans ces petites maifons à double portique , avec-
deux petites figures d’émail, dont l’une fort 8c
l’autre re'ntre, fi l’air eft h u m id e , c’eft l’homme qu».
fore 5 s’il eft fec,, c’eft la femme : mais ces hygromètres
font très-imparfaits, parce que la corde
renfermée comme dans un é tu i, pour leur donner
un air de myftère , ne peut pas recevoir direc-,
tement les impreffions de l’ air : d’ailleurs , combien
de gens tiennent ces petits inftrumens enfermes
dans leur appartement 5 & dans ce cas ,
la variation qu’ils éprouvent , indique non l’état
de Lair extérieur , mais celui de l’appartement.
Ce feroit un objet très-curieux-de rec herche s que
la découverte d’un hygromètre , j:el que nous l’ avons
indiqué au commencement de cet article ;
mais il ne faut pas fe promettre d’en venir à bout '
fimplement avec des cordes, par les raifons q. e
nous avons expofées.
, Nous croyons cependant devoir dire un mot
des hygromètres inventés par le père Lana. C et'
auteur dit qu’il faut prendre une groffe corde à
boyau femblable à celle dont on fe fert pour les
luths .^attachez-la par un bout à un clou que vous
enfoncerez dans un poteau 3 faites enfuite. faire
une révolution à cette corde fur une petite poulie
q'.ii fe mouvra autour, d’un.bouton de fer
planté dans un poteau pai aTde .au premier. Cette
poulie doit être, jointe à une plus cohficlérable, à
ia ' circonférence de laquelle lira' attache un
poids capable de tendre' la corde à boyau ; vous
mettrez enfuite une petite dent ou languette fur
la circonférence de cette dernière poulie. Cette
dent doit atteindre la queue d’un petit marteau
fufpendu prefqu’en équilibre par le milieu de fon
manche , 8 c trsverfé pour cela par un bouton de
fer..Ce marteau frappera fur un petit timbre, 8 c
avertira par fa chûte du changement de tems.
Si I’ôti veut fayoir , par le même moyen , lorfque
le tems devient p'us fec ou plus humide, il faut
avoir deux hygromètres conftruits de la même
manière , dont l’ un faffe aller le marteau quand
la corde de luth fe refferre , & l’autre quand elle
fe dilate. On peut cacher cette méchanique , 8 c
mettre deux cadrans, dont l’un marquera la fé-
chereffe 8 c l’humidité de l’a ir , de même que les
deux timbres.
Si vous attachez deux cordes de luth parfaitement
égales en groffeur 8 c en longueur fur une
longue planche de fapin, & que vous les fouk viex
par deux chevalets de même hauteur, il eft évident
qu elles feront à l’uniflbn 5 fi vous tende*
L U I