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en variant de grofleur & d’ éclat. On en voit une
autre dans le cou , près du bec : celle-ci a une
période d’environ treize mois. Enfin Ton vit dans'
la même conftellation , en 1670 & 1671 , une
étoile qui difparut en ,672 , & qu’on n’a pas revue
depuis.
p Hydre poflede aufli une étoile de cette efpèce.
Elle a cela de remarquable , qu’elle ne paroît guère
que quatre mois, après lefqueis elle en refte vingt
fans paraître, enforte que fa période eft d’environ
deux ans. Elle ne paffe pas les étoiles de la quatrième
grandeur quand elle eft dans fon premier
éclat. .
Quelques étoiles enfin paroifTent s’ être éteintes
depuis Ptolémée, car il en compte dans fon catalogue,
qu’on ne voit plus aujourd’hui : quelques
autres ont changé de grandeur, & cette diminution
de grandeur apparente eft prouvée à l’égard de
plufieurs étoiles. On peut ranger dans cette clalfe
1 étoile B de l’Aigle, qui, au commencement du
fiecle dernier, étoit la fécondé en éclat, & qui
e ! actuellement à peine de la troifième grandeur-.
Telle eft encore une étoile de la jambe gauche
du ferpentaire.
Il nous refte à parler des étoiles appelées nébuleufes.
On leur donne ce nom, parce que, con-
fiderees a la vue fimple , elles ne fe préfentent que
comme un petit nuage lumineux. Il y en a de trois
efpèces. Les unes font formées de l’amas de grand
nombres d étoiles tres-voifines-, & comme entaf-
fées les unes fur les autres ; mais la lunette les fait
voir diftinétes & fans nébulofité. De ce nombre
eft la fameufe nébuleüfe du cancer, ou le
prAfepe cancri : c’ eft un amas- de i y à 30 étoiles,
qu’on compte avec la lunette. On en voit de fem-
blables en plufieurs endroits du ciel.
D autres nébuleufes font formées d’une ou plufieurs
étoiles^ diftinctes, mais accompagnées ou
environnées d’une tache blanchâtre, au travers de
laquelle elles femblent reluire. Il y en a deux de
eette ef^èce dans Andromède, une dans fa cein-
tu.rjU & l ’autre plus petite à un degré environ au
midi de la première. Telles font encore celle de
la tête du faeittaire, celle qui eft entré Sy.rius &
Procion, celle de la queue du cygne , les trois
de Cafliopée. Il eft probable que notre foleii pa-
roit fous cette forme, vu des environs des étoiles
fixes, qui font fituees vers la prolongation de fon
axe ; car il a autour de lui une atmolphère lenticulaire
& lumineufe qui s etend jufques près de la
terre. M. l’abbé de la Caille a compté dans l’hé-
mifphère auftral, quatorze étoiles ainfi environnées
de nébulofités 5 mais la plus remarquable apparence
de ce genre, eft celle dé la nébuleufe de
1 epee d Orion 5 car quand on la regarde avec le
télefcope, on voit quelle eft formée d’une tache
blanchâtre & à-peu-près triangulaire, dans laquelle
brillent fept étoiles, dont une eft etle-même
environnée d’un petit nuage plus clair que le refte
de la tache. On eft tenté de croire quë^cette taché
a éprouvé quelque altération depuis Huygens qui
la découvrit.
La troifième efpèce de nébuleufes n’eft formée
que par une tache blanche , fans que la lunette
même y fafle voir aucune étoile. On en voit quatorze
ae cette nature dans l ’hémifphère aufiral
parmi lefquelles les fumeux nuages de Magellan
voifins du pôle antarctique , tiennent le premier
rang. Ce font comme de petites portions détachées
de la voie laétée. On fe tromperoit, au refte, fifon
attribuoit l’éclat de cette partie du ciel à une mul- '
titude de petites étoiles plus entaflees que par-tout
ailleurs 5 car on n’y en voit pas un nombre fuffi.
Tant pour produire cet effet, & il y a des portions
de la voie laétée, non moins brillantes que les
autres, où il n’y a aucune étoile.
Qu’eft-ce donc que la voie laétée, dira quelqu’
un? Je lui répondrai que je n’en fais rien ;
mais je crois pouvoir conjecturer avec quelque
vraifemblance, que c’eft une matière femblable à
celle de l’atmofphère folaire, & qui eft répandue
dans ces efpaces céleftes. En effet, fi notre fyf-
tême entier étoit rempli d’une femblable matière,
il préfenteroit aux étoiles fixes voifines la même
apparence que la voie laCtée. Au refte, pourquoi
tous ces fyftêmes difleminés dans cette partie du
c iel, font-ils remplis de cette matière lumineufe?
C ’eft ce que certainement perfonne ne faura
jamais.
| Remarquons que la fameufe étoile nouvelle de
Cafliopée prit naiflance dans la. voie laCtée. Ce
fut peut-être une quantité prodigieufe de cette
matière lumineufe, qui tout-à-coup fe'précipita
fur un centre. Mais je ne trouve pas la même facilité'
à expliquer pourquoi & comment l’étoile
difparut. Cette origine cfe la nouvelle étoile rece-
vroit quelque probabilité, s’il eft vrai qu’il y ait
dans cet endroit de la voie laCtée un vuide femblable
aux autres endroits du ciel.
§. X. Récapitulation de ce quon vient de dire fur
le fyfiême de V Univers.
Nous croyons devoir terminer ce -chapitre pat
une comparaifon fenfiblb, & propre à faire cou-
noitre , par des mefures connues & familières, la
petite place qu’occupe notre fyftême planétaire
dans l’itr.mennté de l’univers, & à plus forte
raifon la petite figure, qu’on me permette cette
expreflion, qu’y fait notre terre. Qu’elle eft propre
à humilier ces êtres orgueilleux qui, n’ôccu-
pant eux-mêmes qu’un infiniment petit de cet
atome, penfent que l’ univers a été fait pour eux I
% , f 0lîr fa^re une idée de notre fyftême comparé
a l univers, qu’on fe repréfente au milieu du jardin
des tuileries, le foleii comme un globe de
a s T
i,’ene de diamètre, p la c e a zo 3 • - '
. v lnusle fera par un globe d’ un peu moins d une
H«ne, circulant à la diftance de ; 4 pieds, du
[ Ume centre; placez à la diftance de 7J Pieds
un globule d’une ligne de diamètre , voila la
terre ce théâtre de tant de pallions & d agitations,
dont le plus grand potentat poflede a peine
un point fur la. furface, & dont un efpace , fou-
I vent imperceptible, excite entre les animalcules
qui la couvrent, tant de débats & tant d eftufion
I de fan«*. Mars, un peu moindre que la terre, I fera repréfenté par un globule d’ un peu moins
K d’une ligne, placé à la diftance de 114 pieds j
I Jupiter fera figuré par un.globle de 10 lignes de
I diamètre, éloigné du globe central de 390 pieds}
l enfin le globe repréfentant Saturne, devra avoir
[ environ7 lignes de diamètre, & être place a en-
Mais de-là aux étoiles fixes les plus voifines v la
diftance eft immenfe. On fe figurera peut-etre
que , dans notre fuppofition ,. il faudroit placer la
première étoile à 2, ou trois lieues. C e lt 1 idée
qiie je m’en étois formée d’abord, & avant que
d’avoir employé le calcul; mais j’étois dans une
erreur groffière. Il faudroit placer cette première
étoile, je veux dire la plus voifine, à la diftance
où Lyon eft de Paris, c’ eft-à-direà cent & quelques
lieues. Telle eft à-peu-près l’ idée qu’on doit
avoir de l’ éloignement où la première des étoiles
fixes eft du fojeil ; encore même eft-il probable
qu’il eft beaucoup plus confidérable, car nous
avons fuppofé dans ce calcul, que la parallaxe
de l’orbite terreftre étoit la même que la parallaxe
horizontale du foleii, c’eft-à-dire de 8/7' t- Mais il
eft vraifemblable que cette parallaxe eft beaucoup
moindre , car il eft difficile de croire qu elle eut
échappé aux aftronomes, fi elle eût été de cette
grandeur.
Ainfi donc notre fyftême folaire , c’eft-a-dire
celui de nos fept planètes principales & fecon-
daires circulantes autour du foleii, eft à-peu-près
à la diftance des étoiles fixes les plus voifines, ce
que feroit un cercle de n o to ife s de rayon à un
ae 200lieues qui lui feroit concentrique, & dans
ce premier cercle nqtre terre tient-la place d’une
ligne de diamètre.
Veut-on une autre comparaifon propre à faire
fentir la diftance immenfe qu’il y a entre le foleii,
ce centre de notre fyftême, & le plus proche de
fes voifins. On fait que la lumière, fe meut avec
une rapidité telle, qu’elle parcourt la diftance du
foleii à la terre dans environ un demi-quart
d’heure, dans une fécondé 8 c demie, elle iroit a
la lune 8 c en reyiendroit, ou bien elle feroit
dans une fécondé quinze fois le tour de la terre.
Quel temps imaginerons-nous donc que la lumière
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emploieroit à venir à nous de l’étoile fixe la plus
prochaine ? vingt-quatre heures ? une femaine ?
Non ; ce font 108 jours qu’elle mettra a faire ce
trajet ; ou fi la parallaxe annuelle n’eft que de
deux ou trois fécondés, ce qui paroît allez probable
, ce temps feroit d’ un an 8 c plus.
Quel immenfe défert entre ce point habité &
fes plus voifins 1 N’eft-il pas probable qu’il y a it,
dans cét intervalle prodigieux, des planètes qui
feront à.jamais inconnues à l’efpèce humaine?«
L’aftronomie moderne a cependant découvert
que cet efpaes n’eft pas entièrement défert : on
connoït aujourd’hui foixante & quelques cometes
qui s’y plongent à des diftances plus ou moins
grandes ; mais elles n’y pénètrent pas bien profondément.
Celle de 1531, 1607, 1682, ly y p , qui
eft la feule dont la révolution 8 c l’orbite foient
connues , ne s’y enfonce que d’environ trente-fept
fois 8 c demi le rayon ^e l’orbite terreftre, ou
quatre fois la diftance de Saturne au foleii. Si
celle de 1681 a une révolution de 57 J ans, comme
on le préfume, elle s’éloigneroit d’environ cent
-trente fois la diftance de la terre au foleii , ou
environ quatorze fois celle de Saturne à cet aftre ;
ce qui n’ eft ericore qu’un point à l’égard de la diftance
des fixes les plus prochaines. Mais peut-être,
y a-t-il des comètes qui ne font leur révolution
que dans dix mille ans, 8c qui s approchent a
peine du foleii autant que Saturne : celles-ci alors
s’enfonceroient dans 1 efpace immenfe qui nous
fépare des premières fixes , jufqu’ à un cinquantième
de fa profondeur.
Si l’ on veut voir une multitude de conjectures
curieufës fur le fyftême de l’Univers, fur 1 habitation
des planètes, fur le nombre des comètes,
& c . on doit lire le livre de M. Lambert, académicien
de Berlin, qui eft intitulé, Syfiême de
Monde ; Bouillon , i7 70 ,in -8 ° . Tout le monde
connoït la Pluralité des Mondes de M. de Fon-
tenelle ; le Ccfmothèoros du célébré Huygens ; le
5 omnium de Kepler ; enfin Ylter exfiaticum du P.
Kircher. Le premier de ces ouvrages ( la Pluralité
des Mondes} eft ingénieux & charmant, mais
un peu précieux. Le fécond eft favant & profond
; il plaira aux aftronomes feiils, ainfi que
le fonge de Kepler. Quant au dernier, n’en dé-
plaife aux mânes du P. Kircher, on ne peut le
regarder que comme un ouvrage tout-à-fait pé-
dantefque 8c ridiçule.
Du calendrier, ê’ des diverfes queftions qui y font
relatives.
Toutes les nations policées tiennent compte
du temps , foit écoulé, foie à venir , par des
périodes qui dépendent du mouvement des aftres ;
6 c’eft même une des choies qui diftinguent
l’homme d v ilifé , de l’homme purement animal &
fauvaue : car, tandis que le premier eft en état de
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