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.cune communication avec le-gobelet Sc que dans '
ce dernier, il j f y a aucune préparation } cependant
à l’inftant déliré , celui des canifs qu’un des fpec-
ateurs a choifi librement faute par terre & les
autres reftent immobiles.
Quand on a pofé le gobelet fur la table , on
glilfe au fond un petit écu attaché par le milieu à
un petit fil de foie noire ; ce fil monte perpendiculairement
jufqu’ au plancher , & va aboutir aux
mains du compere : celui-ci tire 'le fil à rinftant
denré , & fait fauter adroitement le canif du milieu
, qui eft le feul appuyé fur le petit écu , les
autres touchant immédiatement le fond du go- -
belet. .
Nota. Si le fpëétateur , par malice ou par hasard
,. démandoit qu’on fit fauter un des autres
canifs 3 on feroit femblant de ne pas entendre duquel
des deux il vient de - par 1er ; on toucher oit
alors les deux canifs 3 comme pour' les montrer
au doigt , & pour demander fi e’eft le premier ou
le fécond : on profiteroit du moment pour appuyer
promptement fur le petit écu 3 le feul canif
défigné par le fpeéhteur , & le tour réufliroit
comnle à l’ordinaire ; mais on a rarement befoin
de cette refîburce ; parce qu’il confie par expérience
que la compagnie choifît prefque toujours
celui du milieu.^
Second moyen d*exécuter ce meme tour.
Il faut prendre un gobelet d’argent , parce, que
fon opacité cachera le moyen que vous emploierez
pour fake fauter ce canif au defîr de l’affem-
blée.
C e moyen confifte en un petit reffortd’un poucé
de large,,• fur deux pouces un quart de long;
■ Vous aurez foin d’aftujettir ce reffbrt à l’avance
avec un petit morceau de fucre , qui , fe trouvant
comprimé .entre les deux parties du réffort ,
l ’empêchera de fe détendre.
r Vous demanderez enfuite à la compagnie j en.
lui môntVant vosJtrois canifs, dont les manches
devront être de couleurs différentes 3 quel eft celui
q u e l’ on délire faire’ for tir hors dü; gobelet.
, Vous; mettrez enfuite vos trois .canifs dans le
gobelet ;en. obfervant.de, pofer la pointe :du manche
de celui defi-gfié dans un petit trou, rond ^ qui
. fe trouve fur la partie fupérteure du xeffbrt.arrête
par le morceau de fucre; & avant de retirer
votre main du gobelet dans le fond duquel il devra
y avoir quelques goûtes d’ea#3 vous en prendrez,
un. peu avec le bout du doigt 3 & la'poserez
adroitement fur le fucre , qui, venant-à fè fondre
^donnera la.liberté .au refîort defe détendre &r
de faire fauter Te canif.
Pendant que le fucre fe fondra 3 vous vous tien-
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drez éloigné du gobelet , & yous appellerez le
canif, en lui commandant de fauter hors du vafe-
ce qu’il exécutera au grand étonnement des lpec-
Cependant, rien de fi fimple que ,1e moyen qtfi
fait réuflir cëttè expérience , pour laquelle il n eft
nullement befoin de compère. ( P i n e t t i ).
Autres procédés pour faire fauter un des trois canifs à
■ volonté.
M. H ill, fuivant le récit de M. Decremps, fit
neuf fois le tour des trois canifs 3 toujours par un
procédé différent : d’abord il dit que pour faire
ce tour on n’avoit employé jufqu alors que des
moyens indignes d’ un phyficien , favoir un fil &
un fimple refiort. Je vais, ajouta-t-il, appuyer les
canifs fur les bords du gobelet, afin que tout le
monde puiffe voir qu’ils ne font appuyés ni fut
trn reffort, ni fur un petit écu tiré par un' fi].
Ayant enfuite mis fur les.bords du gobelet les
trois canifs , il fit fauter par terre , fans le toucher
celui des trois qu’on avoir choifi , & à 1-inf-
tant que l’ on defira. Je penfe , dit l’efcamoteur
Pilferer , qu’il y a ici un peu de compérage !
comment cela fe peut-il, dit M. H ill, puifqueii
vous approchant du gobelet -, vous ne pouvez
voft ni fil 3 ni petit écu ? C e n’eft pas ainfî que
je l’entends , dit Pilferer ; il peut y avoir' dans
la table 3 fur laquelle.vous pôlèz le gobelet, un
aimant caché mis en mouvement par un fil tiré
par un compère ; daris ce cas , Je fil eft cache
dans les pieds do la tablé , St je ne peux l’apper-
cevoir ; mais l’aimant 3 qui,-par. ce moyen, s’approche
du canif mis en équilibre fur les bords
du verre, peut très-bien le mettre en mouvement
par fon attraction & lui faire faire la culbute.
Pilferer avoit deviné jufte ; mais .cela n’ empêcha
pas Mr Hill défaire croire pour un moment à toute
la compagnie, que Pilferer s’étoit trompé; Vous
voyez bien, dit M. H ill, ôtant la table de l’endroit
où elle étoit, pour la tranfporter au milieu
d elà chambre 3. que.cette table ne tient à rien,
& que par‘ conféquent. il ne peut pas -y avoir
dans fes pieds un fil tiré par un compère ; enfuite
pour perfuader à l ’aftemblée que Pilferer étoit
dans l’erreur, if répéta la même opération avec
les mêmes circonftances. Tout le monde crut que
Pilferer avoit donné- une. fauffe explication, &
l ’on auroit fans doute perfévéré dans cette erreur
fi Pilferer. ayoit été obligé de garder le .filence ;
mâfs-fur la ,permiffion. qu’il obtint de parler
on fu t’ bientôt détrqmpé-. Main tenant, dit-il à
M. Hill , ce n’eft plus lé compère qui a tiré le
fil, c’ëft vous-même : d’abord en ôtant la table
de fa; première place , vous avez, caffé le. fij }
Tëndroit où ,1a table, toucho.it le plancher * pour
ne pas faire appércëvoîr.çe fil en la traînant dans
la chambre ; enfuite vous avez approché; votre
pied de celui de la tablé ; y©us l’avez appuyé à
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l’inftant requis fur une bafcule, qui, par fan mou J - piiiffL facilement y appuyer le canif qu’on veut
vement,a fait remuer l’ aimant caché dans la table., faire fauter ; d’un autre côté , ce canil doit être
Nous joignons ici pour plus grande clarté un.é
figure qui doit rendre la chofe palpable," ('Voyef
fe. 9; pl. z j de Magie blanche , tojne V III dis gravures
») _ ; ■ .
Le faifeur dé, tours ,avec fon pied A , pouffe la
bafcule B ; par ce moyen il tire le fil C , à l’aide
de la poulie G , il fait tourner l’axe EF fur lequel,
le fil eft entortillé ; par .ce moyen l’aimant H ,
. tourne autour de fon pivot, comme l ’aiguille d’une:
montre, & quand il arrive fous le canif 1 3 dont la
lame eft en dehors , il lui fait faire la culbute par
fon attraction.
M. Hill, qui avoit prévu qu’on pourroit donner
cette.explication, ne fut guère embarraffé, parce
qu’il avoit en même-temps préparé la réponfe : Je
n’ai pas befoin, dit-il, pour faire fauter un canif,
d’avoir de l’aimant caché dans une table. Pour
vous en donner une preuve , fans réplique j je vais '
mettre le canif & l e gobelet fur une chaife, & '
vous verrez que l’expérience reuflira comme auparavant
; _il exécuta enfuite la même récréation fur
une chaife, Piiferer en donna l ’explication
fuivante : vous avez, dit-il,,choifi exprès une
chaife délabrée & inclinée, quin’étpit point propre
a donner au gobelet une affiette perpendiculaire;
Vous faviez bien que pour remédier à
cet inconvénient, vous feriez obligé de faire
ufage d’üne: petite planche que vous avez pofée;
■ fur la enaife fous le gobelet. Vous aviez caché
dans.l epaiJTeur de cette planché, le mouvement
dune groflé montre , qui, pbrtant'un: morceau
de fer aimanté ail bout d’une aiguille à fécondés , '
l’a fait pafferTous lé canif en moins d’une minute ^
& a produit^ par ce moyen, le même effet que '
i aimant caché dans la table, quand vous' le remuez
avec votre pied, à l’aide d’une bafcule/.M. Hill
répondit, en employant un autre moyen ; & pour
prouver que l’aimant étoit inutile dans cette expérience,
il employa tout fimplement une table de
verre, portée'Fur des pieds dé cryftal ; dans ce j
cas-la, il eft évident qu’il n’y avoit point d’ ai- :
niant ; mais la table étoit formée de deux glaces «
parallèles.^ Elle étoit adaptée &■ fixée fur une I
planche où,allo.it aboutir un pofte-vent‘ : M. Hill
pallant fur une autre planche7 du parquet dé fa •
enambre, faifôit remuer un foufflet.qui étoit dèf- .■
5 ! g ! le vent entrant dans les pieds de la table, i
pai-oit'entre les deux glaces, & fortoit par un |
petit trou fur lequel on avoit pofé un gobelet •
perce dans lé fond, pour donner paffagë au vent, i
lit youloit faire fauter étant en équi- .
le fur te bord du v erre, s’en alloit au moindre
■ ent,5 «tais les autres canifs, fixés fur le verre , *
Jarr ^W l'e s qui en ferr-oient le bord, reftoient .
Parfaitement immobiles.
lC>* -^’e ^orc^ Verre doit être plat & !
rge au moiny djune demi- ligne, pour qu’on ,■
marque d avance à l ’endroit qui doit toucher le
bord du v e ir ë , pour qu’on puiife facilement le
mettre én équilibré dés Je premier inftant, &
fans tâtonner, i 9. On peut employer , fi l’on
v eut, des canifs fournis par la compagnie; mais
comme ils n’ont point les entailles dont nous
venons de parler, pour les fixer Fur le bord du
gobelet, on emploie alors un autre moyen pour
leur donner l’immobilité néceffaire. Le bord du
„ gobelet eft enduit de colle à bouche dans deux
endroits ; & dans l’inftant où on y pofe les deux
canifs qu’on veut rendre immobiles, on y palfe
Je doigt qu’ori a mouillé un inftant auparavant, à
l’infu du fpeétateur ; foit en le portant à la bouch
e , pour y mettre un peu de falive , foit en
mettant la main dans fa poche, où on tient de
1 eau dans une éponge. 3 . Oii peut aufli fournir
foi-:même trois canifs , & faire accroire à toute,
la compagnie que ce font des canifs fournis patelle
; pour cela on en demande un grand nombre :
on Ips met tous fur une tab le , & on y mêle
adroitement les trois qu’on veut faire fervir à
l’expérience; Chacun de ceux qui ont fourni des
canifs , s’imagine alors que le fien refte fur la
table , & que c’eft celui de fon voifin qui eft
appuyé furie bord du verre ; cette idée lui vient
très-naturellement, parce que quand même il fup-
poferoit que c e font des canifs fubftitués par le
faifeur de tours , cette fuppofitioa Feroit en'elle-
mérne très-infuffifante pour rendre raifon de l’expérience.
M. Hill, ayant dévoilé lui-même le dernier
procédé qu’ il venoit d’ employer, fe fervit d’un
autre , que tout le monde trouva fort ingénieux ,
& qu’il nous expliqua lui-même au/fi-tôt qu’il
l’eût mis en pratique; il fau t, dit-il, pofer le
canif de manière que fa partie la plus 'pefante
foit hors du verre ; & pour, faire l’équilibre, on
y joint une longue; épingle à Frifër, fondée au
point À , avec de la cire à. cacheter ; ( V ’oye^ là
figure'' I'O, même'planche 2 de Magie blanche. ) : &
portantà l’autre extrémité une baile de'plomb B ,
qui fert de 'contrepoids : on làiffé négligemment
une chandelle allumée fous le point A du canif
qu’on veùt faire fauter, & la .chaleur .faifaiir alors
fondre la cire., l’épinglè entraînée dans 1s gobelet,
par le plomb B , laifîe tomber de canif au
dehors.
, .’Après- cette explication , M. Hill remit le
éanif l’épinglefur le bord du gobelet, comme
auparavant : Vous croyez., d it- il, .que c’ eft le
feu;. dg. la chandelle qui fait fondre la cire ;
foyez fur que je n’ai pas befoin, de cet agent ;
il foufla aufli-tôt la chandelle ,• & au bout d’une
minute Je canif fauta : Pilferer dit à M. Hill ,
qu’en ôtant la chandelle , il avoit laifie négligemment
fur la table trois volumes, fur lef