
des répétitions faftidieufes. Ces répétitions fe-
roient d'ailleurs nuifibles , en ce quelles feroient
connoître , tôt ou tard , qü’ cn a des couplets
préparés.'
Si le nom des perforines qu’on veut célébrer,
ne rime point avec un de ceux qui font inférés
dans les pafle-partouts , leur chanfon eft également
toute faite 3 à l’exception d’un vers qu’il
faut faire & -fubftituer en un inuant 3 ce- qui .eft-,
très-facile 3 quand on a l’art de trouver la rime
impromptu.
Pour trouver la rime en un mitant , il faut prononcer
intérieurement toutes les lettres finales
-qui,forment cette rime , 8 c les faire précéder
fucceffivement de diverfes confonnes. Vous entendrez
alors des fons , qui feront eux-mêmes
lés mots que vous cherchez j ou qui vous rap-'
pèleront des mots plus longs, dont vous avez
befoin Par exemple > s’agit-il de rirh.r impromptu
à victoire 3 prononcez intérieurement oi;e 3 & fin tes
précéder ce fon de diverfes confonnes 3 en difimt
rapidement boire , croire , doire 3 foire 3 go ire' 3
Loire 3 moire 3 noire , poire , 8cc. par ce moyen 3-
vous prononcerez plusieurs mots français qui formeront
votre rime, tels que boire 3 loïre 3 noire 3
& les autres mots , qu’ ils foient francois ou non /
vous rappelèrent d’autres mots plus longs ; car
doire rappèlle naturellement le mot de lirdoirè ;
moire rappelé celui à*armoire & de grimoire 5 &
Loire rappelé gloire.
Quand ces mots ne préfentent pas je fens dont
vous avez befoin, pronqncez-les chacun en particulier
j en les faifant précéder des voyelles 3
a , e 3 i 3 o 3 u Par exemple , fur le mot boire 3
dites aboire 3 éboire , iboire, Ce s nouveaux mots ,
quoiqu’ils ne foient pas françois , vous rappelèrent
d'autres mots ; car éboire rappelé déboire 3 iboire
rappelé ciboire,
JLorfque, parmi ces mots , yous enverrez un
qui préfente une idée gracieufe | analogue à votre
fu je t, perdez de vue tous les autres, & celui-là
fe placera prefque naturellèment & de lui-même
au bout du vers dont vous ayez befoin.
Il eft un autre moyen plus ignoble de trouver
la rim. impromptu y c’eft d’avoir un compère
caché derrière Une c.loifon 5 ce compère à fous
fes yeux 3 le dictionnaire des rimes d e Riche]et
&■ vous feufle , en un infrànt , ’e mot dont vous
avez befoin ; on a vu des poètes improvifatèurs 3
qui employoient ce moyen fur des théâtres de
\ r . '•> ' 3 i§I ' 1 y . a •dtp ; inconvéniens que
voici : Ce- diÇiipnna ire ; eft. - <1. fhné aux - auteurs
fans gé:fie , qui composent à tête re-pofée 8 c
' ■ A n ’ Qd jj ■ ;1 } -j • ‘iiUjà j les exprefiions
poé^ques y iont mêlées 'avec un infinité de mots
technique , burieiques où-inufités. Un improyifateur
3 qui emploieroit cet ouvrage , pour-
roit donc iire quelquefois vingt ou cinquante
mots qui feroient tous excellens pour la rime
fins qu’il y en eut un feul de paffable pour le fens
d- la pjirafe 5 & le temps qu’ il emploieroit à les
j parcourir , l’empècheroit d’ atteindre fon but
| qtû eft la promptitude de 1 exécution dans fes
ouvrages j il faut donc, ou qu’ il emploie le premier
moyen que nous avons indiqué 3 pour trou-
I ver 1a rifne;, ôu qu’il-'fè fa fie un'petit diétionnaire
particulier, dans lequel il ne mettra que les mots
dont :1 peut faire ufage dans fes complimens;
‘ à. l’aide d’un vocabulaire, fait d’après ce principe
il gagnera beaucoup de temps, & quand il voudra
faire l’éloge de Julie , il ne fera pas obligé
de lire les mots boucherie , ladrerie , horlogerie ,
hémorrh-igie 3 harpie , dyffenterie 3 apothicairerie
amphibie , pâtifferie , vejfie , & cent autres qui ne
peuvent guère entrer dans l’éloge d’une femme,
il trouvera , au contraire , en un feu] infant,
les mots , jolie , amie , ravie 3 attendrie f fympa-
th.ie 3 8 c quelques autres , par lefquels on peut
aifément terminer un vers en l’honneur d’une jeune;
perfonne.
L*improvifateur en Latin,
Je crois devoir dire un mot ici d’un jeune poète
qui improvifpit: en latin , 8 c qui,, à ce que je
crois ; ne fai foit point ufagê de paffe-partouts.
' ;On le pria dans une compagnie où j’eio is , de traduire
en un vers hexamètre le prunier vers
du fameux fonnet de Desbarreaux ,
Grand Dieu tes jugemens font remplis d3équité.
Il répondit aufiî-tôt de trois manières :
O Deus omnipotens , jufiiffimus àrbiter eqiti 3
1 m . ificie ram jujlifjijne vindex,
• .................................. . . juftiffrmus uhor.
Enfuite on lui donna pour fujet d’ un vers pentamètre
j la phrafe que voici : Je vous fbuhuitt
le bonfoir. Voici fa réponfe:
Sit tibifaufba falus y nox tibi faufia fluat.
Quelqu’ un ayant obfervé que le poète .venoit
d’improvifer fur des fujets très-connus,’ 8 c qu’il
, pouvoir s’y être exercé d’avance, on c h e rc h a des
phrafes finguHères, & parmi plufieurs autres, on
propofa les fix fuivantes> auxquelles,il répandit
prefque fans hé fi ter. .
i ° . J’ai mis mes, papîllottes : '
Rep. Eft meà c&f&ries craffo révolu ta p a pyrex.
I M P
j,0. Saint-Jean, donne la cle f du vin:
pép. Du clavem vint, da , qu&fo , SanSte Joannes.
2°. Ke vous laüfez pas fouflery confërvez le
pion du milieu j râfTemblez vos pions :
Rép. Sumere'Jis cautics , clavimfervare mement'Ô,
Tytire » 'coge pecus. ......................
æ° A la faint-Barnabé, la faux au pré.
Rép. Eefto Barnabe refecantur gramina.falce,
j-0. 11 n’y a pas de bénéfice fans cure :
Rép. Commoda fi fentis 3 yangas pnus emolumentis.
6°.. Attendez que yotre femm.e foit morte pour
en époufer une autre :
Rép. Non aliam duc as uxorem fuper-fîite prima.
!) Je dis alors au jeune poète que fon vers (feflo
Barnabe 3 &c.) étoit tiré d’un vieux dictionnaire
de proverbes françois & latins 5 que j’avois vu
l’avant-dernier , ( Commoda f i fentis , &c. ) dans
un ancien commentaire fur les inftitutes de Jufti-
nien ; & que le vers ( Non aliam ducas &ç. ) étoit
cite par P. Pithbu , dans fes notes fur lé décret
dè Gfatien. Quant à l'hémiftiche ( Tytire , coge
pecus j , vous1 fave^ 3 lui dis-je 3 dans quelle églo-
gue on le trouve depuis dix-huit cens ans.
Hé! pourquoi voulez-vous, me dit-il, que je
vous donne des expreflions neuves fur des penfées
communes , qui ont été exprimées de mille manières
avant moi.
Il me dit alors qu’il avoir lu beaucoup d’ouvrages
de littérature, 8 c en particulier, de poéfie
latine.,
Non-feulenient, ajouta-t-il je fais par coeur la
plupart des poètes lyriques , fatÿriques , comi-
quesft, épigrammatiftes. , ou macaroniques ( i ) j
mais j’ai appris encore , pour mes menus plaifirs ,
un livre entier , tout rempli de chiffres. Alors il
tua de fa poche un petit in-1 1 , rempli de nombres,
comme les comptes-faits de Barrême , ou
comme les tables des T.ogarithmes. Ouvrez au ha-
fard , me d it- il, je fuis prêt à vous réciter telle
page que vous voudrez; je le priai aufli tôt de
u )L e Poëme Micaroniquc eft cômpofé. de vers bu:-
iCtqu.'s, où les mots d’uo langage e , fqnt tra-
^nis & latinifés comme dans le vers fuivant :
Enflabo omnes fcadrcncy & lugirncntost
J M P ^ 3 7
réciter la page 9 5 . & il me d i t , en effet, tous
les nombres que' j avois fous les yeux. - Je lui demandai
epfUite- quel étoit le quatrième nombre
de la^ fécondé, ligne , page 1 y i il me répondit
que c étoit a u . Sa reponfe, qui étoit vraie ,
fut i ’autant plus étonnante .pour moi,, que tous
les nombres me parurent en ta liés fans aucun ordre ,
& que je rie voyois aucun fil qui pût Je guider
dans ce labyrinthe : cependant Je luis parvenu,
depuis peu, à faire le même tour devant mes amis.
-Voici mon moyen'.
J'ai écrit cerlt pages de chiffrés, qui corref-
ipoqdtent , dans mon e fprit, à des mots que je
■ fais par coeur. Chaque page répond à un ou deux
■ petits poèmes 5 chaque ligne a un v e r s , chaque
nombre,à un mot, chaque chiffre à line voveiie ;
& les voyelles a , e , / , .0 , u , expriment les
chiffres 1 , 2 ; 5 , 4 , y. Par ce moyen je n'ai
qu'à réciter intérieurement les vers que je.conçois
à chaque page , pour me rappeler les nombres oui
la compofent, j expliquerai ceci plus clairement,
en appliquant cette opération à une page de mon
livret.
La page 1 y contient les nombres que vo;ci :
~ i 4 - 4334- 4 J- 4 J34- i 1 -
5 S- 3- 4 4 - i ' 1 - 4 “ -
3. 3- 1 55- 5- 42. 4J2. 233.,
. 3- 5 5 ’ - 3- y - 4 4 - 251. yq.
3. 143'. 2. 533. 23. 12231. 23.
12. 1321. 21. 4331. 11. 2.11.
3. 22. jy y . 2122. 333. 24.
3. 12. 231. 3. 1231, 23.'
122. 4yy. 3. 231. iy . y 34y.
533- iJ2. 2. 12. 3331.
3. 225. iy . 12. 3. 2. 1. 42. 223,
2132. 22. 2. 4322. 13.
3- 34- i J 3J- 3321* J 32- I2J-
4 - 4 44J- 331- 3- 223-
Cette page de chiffres répond, dans mon efprit,
aux quatorze vers fuivans ; les fix premiers, tirés
de la théologie dé C o lle t, Tract, de Matrimoniô,
expriment, les quatorze empêchemens dirimans
du mariage,,félon les loix canoniques. Les huit
derniers annoncent les quatorze raifons pour lef-
quelles un père, peut déshériter fes enfans , félon
les loix, romaines. Voyez l'ouvrage intitulé, theo*
pkilu. rcnovatusc
| E'ror , condition votum , cogrzatio , crlmen ,
, CUli'-U dcfparct'asr, vis , 'orao , ligamen , honcflas ,