
nature du mélange des couleurs, il ne s'agiroiqqué
de faire les expériences fuivantes. Il faudrait taire
fleurir enfemble , dans un lieu écarté, des fleurs
Amples de meme efpèce , mais de couleur pure 5
lavoir , les unes rouges , les autres jaunes ; femer
les graines qui proviendroient de ces fleurs. Les
plantes qui en. viendroient, devroientproduire des
Seurs de couleur rouge , jaune & orangée , puif-
que l'orangé eft produit-par le mélange. dujaune
& dp rouge. Il s en trouvera même parmi le mélange
, produit de ces deux premières couleurs,
qui feront bigarrées d'orangé & de rouge.
iPour faire cette expérience avec plus de pré-
cifion , il eft bon de tâcher que les plantes neu-
rilTent en même tems & dans les mêmes jours-
Pour y réuflïr on retranche des fleurs de la plante
qui en donnerait en plus grande quantité que L'autre.
On peut faire ces expériences fur des oreilles
d'ours des renoncules, des oeillets , ou autres
fleurs. Oh doit obferver que cette fécondation
ne peut avoir lieu qu'en mêlant Amplement
enfemble lès fleurs- de même efpèce : il faut avoir
un certain nombre de plantes. Amples , & portant
graines , de couleur primitive >,tels que le rouge,
le blanc 3 l'orangé 3 le jaune 3 le violet 3 d’une
part , & de l ’autre, le bleu 3 le . violet le cra-
moi A j le blanc & le brun ,,pour obtenir des. couleurs
plus ou moins claires su foncées. S i oh veut
obtenir des renoncules couleur de fcu fre , on
plantera dans une caille des renoncules jaunes-&
blanches j & l.'on femera la graine „laquelle doit
donner des renoncules couleur de foufre,, ou panachées
de blanc. on obtiendra' des renoncules
aurores par le moyen des renoncules jaunes &
rouges & ainfi diverfes couleurs,. fuivant les-loix
naturelles du mélange des- couleurs* ■
On peut par contre-expérience faire fleurir
féparément, & éloignées les unes des autres ,
les fleurs des couleurs ei-deffus , en recueilliries.
grainës& lésfemer à part r ily ià lrëu de préfomer
qu'elles donneront chacune dés-fleurs- dé leurs
mêmes coulèurs.
Nous venons dèd iféque là manière d'obtenir
des variétés en fleurs-eft de. femer-des graines ;
ces graines » quoique cueilliés far une même plant
e , en produisent d'autres qui fdmvariées enrouleur.
. Tel'e eft la voie que préfente là nature , mais iL
eft j dit-on j un moyen artificielde Fe procurer des-
variétés dé couleur dans4le s fleurs; Il faut choifîr
une plante qui produife des fleurs blanches, &
l’on parviendra a lùî donner telle couleur que îpon
voudra. On là plànte dans un pot que Ton remplît
d'excellente terre 5 on arrofe" la plante foir & matin
avec une-eau colôréé orra-foin de la garantir
toutes les nuits des impreflîôrodë là rdfée , qui
détruiroit la couleur que la plante doit acquérir
par les fucs colores qui monteront dans la tige. Si
on a arxofe la plante , par exemple , avec de Leau
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colorée par dit Bois de Brefîlrouge, la fleur tiendra
dé cette couleur, & de fa couleur blanche
naturelle.
Maniéré d'ob tenir des fleurs doubles...
Le nombre des pétales rend les fleurs bien plus
garnies & plus; belles : le hazard offre des glantes
dont lës fleurs deviennent doubles ,-mais il y en a
quelques-unes qui ne de font que très-peu, pomme
onle voit parmi les-giroflées.- Il eft-cepèndant un
; moyen de les faire venir plus doubles ; il ne s'a-
git que de tranfplanter la plante plufieurs fois. 3>
■ comme au.printems , à l'automne ,..à la première
: & à la fécondé.année fans la laiffer fleurir : on parvient
même par ce moyen à faire porter dës.fleurs--
doubles-à des: giroflées quifont Amples.
■ Ledoéfeur.Hill-a publié aufilun procédé- pour
j convertir des.fleurs limples en fleurs doubles, par
| un cours régulier de culture. Lorfque ce font des
| plantes à oignon , i i faut les planten de nouveau,
■ chaque automne ,v& on doit ajouter de la marne
- au terreau que d'on mêle à la- terre naturelle pour
la rendre plus abondante en focs nutritifs. La fub-
> ftançe. marneufe augmente, , dit-on , la partie du.
■ bois des arbres , .qui formentrles Aïamens dans les.-
fleurs* Chaque plante doit occuper trois pieds de
• terre en quarré que l'on tient nets de toute autre
plante ; il faut en couper - annuellement les tiges-i
auff.-côt qu'elles* commencent' à fleurir , ait®fer-
, tous les jours légèrement la .racine pendant un-
■ mois , après -qu'on a co.upé la tige : cela -remplit:
H bourgeon pour l’année foivante-,,& lui donne
-:une fubftan.ee abondante qui fait doubler les-
. fleurs.-, i
^ Comme en prenantcês foins on..parvient à~faire-
porter-des-fleurs doublés à plufîeurs-plantes; de
1 même., Iorfqu'on lés néglige, on voit d'année-
j ; en année une plante qui ddnnoit des fleurs doubles.-
§ n'en- donner plus que de Amples...
Procédé pour obtenir fur lé meme pied dés fleurs de U
méme.efpéce &de différentes douleurs^
ô i r prend im petit morceau de foréau , que T oit
■vuide de- fa moelle ; on lé coupe èn deux dans fa
.longueur , & on y met des graines, par exemple
, dè giroflée dé diverfes;couleurs. On met ce
bâton-, dóirt'ön réunifies déux parties'avec- de la-
. fôiè ,-8c qui contient .lés graines entourées de
ferre-; on Le met dans un pot rempltde terre , telle
qu'on l’émploië jfour les fleurs', que l’on a foin
a arrofer un jour 1 un. Cés graines germent, montent
lé long du fureau ; lés jeunes tiges s'uniffent, •
s'entortillent entre elles , enforte qu'elles ne preien
tent à l 'oeiL qu-'Un féul & même pied ; lés branches
s'ent/emêlent de part & d ' a u t r e chaque
graine produifant lés fleurs qui liii font propres,
la. touffe £réfente un; mélange agréable de
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de diverfes couleurs, qui paroiffent toutes partir
de la même tige. En choififfaftt des graines de plantes
qui germent dans le même tems, & des plan,-,
.tes qui aient de l'analogie pour la conflftance des
tiges ,1e tems delà floraifon , quoique d'éfoèoe
différente, on en formeroit de petits arbrifieaux
artificiels très-curieux.
Oh peut, en foirant un autre procédé, fe p ro-.
tcurer un pied de giroflée , chargé de fleurs de di-!
verfes couleurs, mais dont les tiges feront tellement
confondues, qu’elles pourront même tromper
des yeux très-attentifs. Il faut prendre des .
branches, de.giroflée double d'autant de couleurs
différentes-qu'on en veut allier enfemble y on les
coupe, par le bas en pied de biche ; on enlève -,
d'un côté à .chacune la pellicule ou écorce tendre
qui la couvre ; on applique Ces côtés ainfl pelés
les uns contre les autres , en les liant fortement
avec une feuille de porreau. On palfe ces branches
ainfi unies dans un tuyau de fureau y de forte
qu'elles fortent par-defibu-s de la longueur d'un
pouce , ©if les plante enfuite en terre. La fève de
ces branches fe confondant du côte qu’elles font
pelées, les unit intimement, & l’on n'apperçoit
plus qu’une feule tige.. ' - - -
F l e u r s d e T h e a t r e e t d e P a r t e r r e . Le
goût de la culture des fleurs reprend faveur plus
que jamais. Les fept plantes favorites des fleuriftes
préfenteiit un fpéétacl-e varié fucceflivement de
trois décorations & quatre belles planqhe-s ;
Lès prime-veres font le premier ornement du ;
théatre-flèurifte. Qn feme la graine tous les ans : la
graine fe tire de Holl mde.
Le théâtre eft enfuite chargé d’oreilles d'ours y
les plus, belles viennent de Liège & de Flandre.
L'oreille d'ours paffee , le théâtre refte vuide;
le jardin eft décoré par une planche .de. jacinthes
doubles , bordées , panachées , & c . La Hollande
en fournit les plus beaux oignon^.
Cettè planché eft remplacée par les anémones.-: •
celles de Bayeux font les plus en réputation. A
cette planche ‘ fuccèdent les tulipes : on n'obtient
des variétés qu'en plantant.
La quatrième & -dernière planche eft celle des
renoncules femi-doubles.
Enfin '‘le théâtre reparoît orné d'oeillets : les
plus beaux fe tirent de Lille ou d'Arras. Le grand
o? ilet fe cultive à Paris, mais il eft fujet à.crever,
d faut le carter & le foutenir avec des baguettes
Ae fil de fer peint, & ne laiffer qu'un oeillet par
tig».
Le petit oeillet eft celui du pareffeux , & n'exL
8e pas une fi grande toilette : il a l'avantage de ne
pas crever. Onle tire de L ille , où l'on c-hoiAtles
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plus grands de cette petite efpèce , que i ’on pouffe
à la hauteur dequatre pieds. On laiffe fix a huit
. oeillets fur un feul pied : on préféré l'oeillet qui
fe foutient fans baguette > on eftime le blanc, bleu
& les panachés feu ; point de falete, de déchiqueté,
de dentelé, d’imbibé., de cofiné, une
feuille de chou large èc épaiffe, un blanc pur , les
pièces de couleur larges jufqu’à la moitié de la
feuille; une pièce ronde, point d'oeillet bédaudé:
voilà les corîditions qui font attacher du prix à un
oeillet; & c'eft un miracle que la nature fait en
faveur de quelques curieux-.
Les parterres fur la fin de l ’automne devenant
un peu triftes'/ à caufe des fleurs jaunes qui s’y
trouvent un peu trop multipliées & qui fem*
bleny être la-çouleur naturelle des fleurs de l ’ar-
rière-faifon -, il eff bon de faire fuivredes reines
naarguérites & lës balfamines.de quelqu’aütre fleur
d'un coloris v if qui puiffe couper la trop grande
uniformité des fleurs à pétales jaunes. La zinnia,
ainfi nommée de M. Zin , pirefeffeur de botanique
à Gottingue , quile-premier l'a cultivée, eft très-
propre à cet ufage. Elle pouffe beaucoup du pied
_& garnit ; elle a un ton de copieur fingulier, &
peut fe varier par la culture : fes feuilles font op--
pofées entières d'un rouge éclatant à leur naifiance,
& dégradant de couleur jufqu'à leur extrémité.,
où elles deviennent d'un pourpre tirant fur la
feuille mprte ; femée, elle forme des bouquets,,
& réufijt parfaitement en pleine terre.
Pour avoir des fleurs en toutes flaiflons.
La vue des fleurs eft un fpeéfacle’ fi agréable,
qu'on faifit avec plaifir tous les fecrets qui pro*
mettent de nous en faire jouir pendant l'hiver.
On propofe un moyen pour avoir dans un ap-
partémént dès fleurs de toute efpèce au plus fort
de l’hiver. Çès fleurs feront dans des caiffes qui
pourront fe placer fur des chambranles de cheminées
, des commodes , & c . & auxquelles on donnera
telles formes que l'on jugera à propos , fui-
vant la place qu'on voudra leur faire occuper. Ces
parterrès factices , que l'auteur appelle parterres-
phyfiques , feront, d it - il, cultivés par deux rço-
yens analogues. Le premier confifte dans une terre
de compofitjon ; le fécond dans le degré de cha-
leurqu'on donnera à l'eau qui rempliramne partie
de la cai.fie pour iniiter l'adtion du foleil. La caiffë
aura donc deux parties ; l'une extérieure , qui
contiendra la terré compofée dans laquelle feront
les oignons des fleurs; l'autre intérieure , qui re-
çevra l'eau chaude. La conftmdlion des caiffes
fera telle qu’ on évitera de rien Ailir dans Lappaij-
partement, foit en vuidant leur eau, foitenies
arrpfant..Chacüne de ces caiffes pourra recevoir
ùn degré de chaleur différent, favoir, celui de
l'eau bouillante, celui de l’eau bien chaude, ou
celui de l’eau Amplement tiède. D'où il r-éfulte
X x x a