
qu’on ne puiffe douter qu’il n’ait été pénétré de
la matière du feu , tout comme le métal de la boite
dans laquelle il étoit renfermé.
Voici la caufe de cet effet. Pour que le charbon
& tout autre corps combuftible fe conlume ,
il faut que le phlogiftique ou la partie inflamma-
ble puiiïe s exhaLr j car on lent aifément que ce
qui tait qu’un corps eft inflammable ,, doit etre de
la nature inde-ftruètible , & que le feu ne fait que
la didiper. Mais cette diiiîpation ne peut avoir,
lieu dans un vai fléau clos : ainfî le- phlogiftique
relte toujours applique à la matière purement ter-v
reftre du charbon, par confequent il doit toujours
refter dans le même état.
C eft-la la caufe pour laquelle des charbons
couverts de cendres tardent beaucoup plus long-
temps a fe confumer, que s’ils reftoient expofés à
Lair libre > phénomène qui , quoique connu dè
tout le monde , feroit difficile à expliquer pour ;
tout phyficien qui ignoreroit cette propriété du i
phlogiftique j & l’expérience ci-dcflus qui l î conf-
tate.
Tr-arfmutaüon apparente du fe r en cuivre , Ou en-
argent 3 & Jon . explication„
Faites difloudre du vitriol bleu dans de Feaù ,
enforte que cette eau en foit à-peu-près fatüréë j
plongez alors dans cette folution de petites lames
de fe r , ou de la limaille groffièrë de ce métâl :
ces petites lames de f e r , ou cette limaille, s’y
difloudront, & la liqueur dépofera à leur place
un limon ou une pouffièie qui fe trouvera être
du cuivre.
Si le morceau de fer eft trop gros polir être
entièrement difious, il fe colorera en cuivfe > en-
fçrte que s il n eft atteint que fuperficiellëment,
il fembjera qu’il ait éié tranfmuté en ce dernier
métal. C ’eft-là une expérience qu’on fait faire ordinairement
a ceux qui vont voir les mines de cuivre
, du moins l’ ai-je vu faire à celle de Saint-Bel
dans le Lyonnois : une c le f, plongée pendant
quelques minutes dans une eau qu’on recueilloit
au bas de la mine, en étoit retirée colorée en
cuivre.
Dans une diffolution de mercure par l ’acide
marin , plongez du fer , ou fur du fer étendez
cette diflolution , 1 e fer fe colorera en argent.
P n a vu de hardis charlatans tirer parti dè ce
jeu chimique , aux dépens, de la bourfe de gens
crédules & ignorans.
Remarque.
î l n’y a en effet ici de tranfmutation que pour
ceux qui ignorent enti< rtment la chimie. Le fer
n eft point change en cuivre 5 mais le cuivre tenu
en folution par la liqueur imprégnée d’acide vitrio-
! Üque, eft Amplement dépofé à la place du fer
dont l’acide fe charge en même temps qu’il abandonne
le cuivre. En e ffe t , toutes les fois quJcu
préfente à un menftrue tenant une fubftance quel,
conque en diflolution , une autre fubftance qu’il
diflout avec plus de facilité , il abandonne cette
première, & fe charge de la fécondé. Cela eft
fi vrai, que la liqueur qui a dépofé le cuivre étant
évaporée, donne des criftaux de vitriol vert, que
tout le monde fait être formés de la combinail'on
de l’acide vitriolique avec le fer. C ’eft aufli ce que
l’on pratique en grand dans cette mine : on met la
liqueur en queftion, qui n’eft qu’une folution affez
forte de vitriol Lieu , dans des tonneaux ou de
grands réfervoirs quarres } on y plonge de la
vieille feraille , qui au bout de quelque temps
difparoît 5 & l’on trouve à fa place un limon
qu’on porte à la fonderie , & dont on tire du
cuivre. On fait évaporer jufqu’à un certain point
la liqueur ainfi chargée de fer , ' & l ’on y plonge
des baguettes de bois , qui fe couvrent de criftaux
de vitriol vert > qui fout d’un débit courant dans
le commerce.
Cette expérience fe fera également, en diffol-
vant du cuivre dans de l’acide vitriolique , &
en étendant enfuite un peu , fi l’on veut , cette
folution. C ’ eft une nouvelle preuve que la liqueur
ne fait que dépofer le cuivre dont elle étoit
chargée.
Diverfes fubflances précipitées fucceJJîvetnent par
l'addition d'une autre dans la folution.
On a vu dans l ’expérience précéder] te , le cuivre
précipité par lé fer ; nous allons préfentement
précipiter le fer lui-même. Pour cet effet, jettez
dans la folution du fe r , un morceau de zinc :
à mefure qu’il s’y difloudra , le fer tombera au
fond du vafe i & l’on reconnoîtra aifément que
c’eft du fer , car cette pouflière fera attirafcle à
l’ aimant.
Voulez-vous prefentement précipiter le zinc,
vous n’avez qu’à jetter dans cette folution un morceau
de pierre -calcaire , dé marbre blanc , par
exemple , ou d’une autre pierre quelconqué dont
on peut faire de la chaux 5 l ’acide vitriolique
attaquera cette nouvelle matière , & laiflera
tomber au fond du vafe une pouffiere qui fera du
zinç.
Pour précipiter maintenant cette terre calcaire,
vous n’avez qu’à verfer dans la liqueur de l ’alkali
volatil fluide , ou y jetter de cet alkali volatil
fous la forme concrète ou folïde 5 la terre fera
abandonnée par l’acide, & fera depofée au fond
du vafe.
Vous précipiterez également, & même encore
mieux , cette terre calcaire , en verfant dans la
liqueur de l’alkali fixe en folution , comme l’eft
c h 1
ordinairement l’ alkali fixe végétal, ou en y Jetant
di l'alkali fixe minerai.
R e m a r q u e .
C’eft par un effet femblable , que lesi ëâux
dures décompofent le favon.au lieu de le diffouj
Kr laiffent tomber au fond une quantité plus
oumoins grande de terre calcaire. Voici comment
cela fe fait.
Les eaux dures ne le font ordinairement , que
oarc^ qu elles tiennent en folution de la fejemte
L du evpfe, qui n’eft qu’ une combinaison d acide
vitiiolfque avec une terre calcaire 3 foit que cette
eau ait coulé à travers des bans de felemte. foit
aue contenant des fels vimoliques | elle ait
Mûlé fur dês bans de terre calcaire 3 qu elle aura
du attaquer.
D‘un autre c ô té , le favon n’eft qu’une H
naifon affez forcée d’un alkali fixe avec 1 huile
ou une autre matière graffe ; combmaifon qui n eft
pas d’une grande ténacité.
Lors donc que l’on fait difloudre du favon
dans une eau felénirtmfe , l’ acide vitriolique de
la félénite ayant plus de tendance a s unir avec
l'alkafi fixe du favon qu’avec la terre calcaire
qui entre dans la cotnpofition de la felenite ,.
il abandonne cette terre , . fe combine avec 1 alkali
fixe , enforte que le favon eft decompole i
& comme l’huile eft immifcible avec 1 eaui,
elle s y difperfe en petits floccons , tandis,
que la terre calcaire de là félénite tombe au
fond.
Voilà un nouvel exemple de l’ufage de la
chimie pour rendre raifon de certains effets vulgaires
, que tout phyficien, qui n eft pas éclaire
de fon flambeau , ne fauroit expliquer, au grand
fcandale des hommes ignorans, qui lui feroient
volontiers la réprimande de la bonne femme a
l’aftrologue tombé dans un puits.
Avec deux, liqueurs , chac-me tranfparente , produire
U ï e liqueur noirâtre & opaque. Maniéré de faire de
bonne encre.
Ayez d’un côté une folution de vitriol ferrugineux
ou v e r t , 8c de l’autre une infufion de noix
de galle, ou de quelqu’autre matière végétale &
aftringenre , comme les feuilles de chene , bien
tiré#au clair filtrée > mélangez une ligueur avec
l’autre: vous verrez aufli-tôtle compofes obfcur-
cir, & devenir noir & opaque.
Si vous lai fiel néanmoins repofer la liqueur ,
la partie’ noire qui y é toit d’abord fufpendue ,
tombera au fond & la laiflera tranfparente.
C H I 3^3
Remarque•«
Cette expérience donne la raifon de la fo r mation
de l’encre ordinaire car l’encre que nous
employons n’eft autre chofe qu une folution de
vitriol vert, mélangée avec i’ infufion de noix de
galle, & de la gomme. La caufe de fa noirceur
n’eft autre que l’effet de la propriété de la noix
de galle , de précipiter en noir ou en bleu ronce
le fer tenu en folution par l’ eau impregnee d acide
vitriolique. Mais comme ce fer ne tarderoit pas
à tomber au fond, pour le prévenir , on y met
de la gomme qui donne à l’eau une vncoiite ium-
fante pour empêcher que ce fer , comme infiniment
atténué , ne fe précipite.
Le lecteur ne fera peut-être pas fâché de
trouver ici la manière de faire de très-bonne
encre.
Prenez 3 de noix de galle une livre 3 de gomme
arabique fix onces3 de codperofe verte fix onces,
de l ’eau commune ou de la bière quatre pintes .
concaffez la noix de galle , & faites-la mrufer a
une chaleur douce pendant 24 heures^ or ians
bouillir. Ajoutez la gomme concaffee, 8rlaulez-la
diffoudre ; enfin 3 ajoutez le vitriol vert Ig donnera
aufli.tôt li couleur noire. Vous paflerez -e
mélange au tamis 3 8t vous aurez une encre dont
vous pourrez vous fervir aufli-tôt.
Comment on féal produire des vapeurs injhmmabUs
& fulminantes.
Mettez dans une bouteille de merdiocre capacité
3 & dont le col foit un peu large 8t pas trop
long , trois onces d'huile ou d’ efpnt de v it r io l.
avec douze onces d'eau commune. 11 faut taire un
peu chauffer ce mélange , après- quoi vous y
rez à diverfes reprifas une once bu deux de limaille
de fer ; il fe fera une ébullition violente 3 « U
forcira du mélangè-des vapeurs blanches. Prefen-
tez une bougie à l’ ouverture de h bouteille ; ces
vapeurs prendront fe u . & feront une fulmination
violente ; ce que vous pourrez réitérer meme
plufieurs fois, tant que la liqueur fournira de fem-
blables vapeurs.
Il n’eft pas bien difficile d’expliquer ce phénomène
j quand on fait que 1 acide vitriolique 3 en
s'unifiant avec le fer 3 le .prive, d’ une grande quantité
de fon phlogiftique ou de fon principe inflammable.
La Chandelle philo(bpkique.
Ayez une veffie 3 dont l’orifice foit garni d’un
tube de métal de quelques pouces de longueur ,
qui puiffe s’adapter dans le col de la bouteille o.l
vous ferez le mélange de l’expérience précédente.
Après en avoir laillé for tir 1 air éxpulfe par la va