
qui contenoient chacun dos iels différons de plan- !
te,s j qu'on n’y voyoit au fond qu’un monceau de
cendres ; mais que, quand on les éxpofoit à une
çhaleur douce & modérée , on voyoit naître peu
à peu la figure de la plante , d’une rofe, par exemple
, fi le vaiffeau contenoit les cendres d’une
rofe 5 enfin , que le vaiffeau fe refroidiffant, le
tout difparoiffoitpeu-à-peu. Il ajoute .que le père
Kircher lui avoit affuré avoir fait la même expérience
, 8c lui avoit communiqué le .fecret, mais
qu’ il n’avoit cependant pu réuffir. L’hiftoire de ce
polonais eft auffi -rapportée par divers autres auteurs
, comme Bary dans fa Phyfique, Guy de la
Broffe dans fon livre de la Nature des P lantes.
Enfin le P. Kircher nou;s dit lui - même dans
fon Ârs Magnetiça , qu’ il avoit une fiole à long
col ,. fcellée hermétiquement 3 8c dans laquelle
étoient contenues les cefidres d’une plante qu’il
reffufcitoit quand il voulojt, au mqyen de. la. chaleur
$ qu’il fit voir ce prodige à la reine ÇhriiHne.,
qui y prit un fingulier plaifîr ; mais que la gelée
1« priva de cette curiofité préçieufe, qu’il avoit
oubliée un jour d’hiver fur fa fenëtre. Le P. Schott
dit auffi avoir vu ce miracle chimique : c’étoit félon
J ui 3 une rofe qui renaiffoit d.e,.fes. .cendresr 11
ajoute qu’un.prince ayant preiïe Kiicher .de lqien
faire une pareille, il aima mieux lui.céder la fienne
que de recommencer.
En effet, il faudroit une patience extrêrqep.our j
tenter & fuivre le procède enfeîgné par le père.;
‘Kiiçher , tant il eft long 8c minutieux. Le père ‘
Schott le rapporte tout au long dans fon livre ;
intitulé : loçofçria Nature. & Artis , 8c il l’appelle >
le fecret impérial , parce que l’empereur Ferdi-i
uand l'acheta a un chimifte, 8c le donna à Kircher.
Cet empereur étoit bienheureux ; car ce fut
auffi à lui que s’adreffa l’adepte qui avoit le fecret
de la pierre philofophale , 8c qui lui en donna la
preuve , en tran£\ïiu,ant , dit - on , devant lui
trois livres de mercure en deux livres 8c demie
dl’or.
Nous croyons pourtant devoir nous borner à
indiquer les endroits otriés curieux pourront retrouver
ce 'rare procédé ; car , indépendamment
de ce-que la defcri.ption en feroit un peu longue-,
rien au monde neparaît. moins fait pour réuffir.
Auffi Digby & une foule d’autres ont-ils échoué
en fiiivant cette voie j 8c il eft à croire que , curieux
comme ils étoient de la palingénéfie ^ ils
n’ont rien oublie.pour y parvenir.
Bobresensky dé Négrepopt. a donné auffi un
procédé pour la ré furie a i on des plantes , qui ne
paroît pas avoir été Cuivj avec plus de fncfès'j
du moins le père Schott raconte, que le P. Conrad
, fon confrère , ne réuffit point, & il foup-
çonnè que Dobreiensky s’ Itoit réfërvè le tour
de main, & n avoit pas rapporté toutes les cir-
cortftances.
Que répondre donc à ces autorités i Le voici.
Nous penfons que le. médecin polooois était un
charlatan. Nous enfeignerons en effet plus loin
une fâüffè palingénéfie, q u i, exécutée avec art &
dans un lieu convenable , pourrait en impofer à
des gens difpofés par la crédulité à voir ce qu’on
veut leur montrer. Dobrezensky de Négrepont
étoit un fieffé impofteiir : il ne fa u t , pour s’en
eonvainÇ/e, qqe ,lire-la Technka cariofa y ou les
Jocoferia Nature & À -tis du P, Schott j car il avoit
l’ impudence de prétendre qu’ il pouvoit arracher
îfoeiï à un animal, & le lui faire revenir en quelques
heures , au moyen d’une liqueur que fans
doute il débitoit pour les maux d’ yeux. Il y a plus,
c’e-ft qu’il en faifoir l’épreuve fur un coq. On peut
donc croire que celui qui mentoit auffi impu-
demmept furu-n fa it , a également menti fur
l’autre.
L ’autorité 4 n P. Schott ne fera certainement
pas de grand poids auprès de celui qui connoitra
fes ouvrages > c’eft la crédulité perfonnifiée.
- Quant au P. Kircher, nous avouons éprouver
quelque embarras à éluder fon témoignage : un
jéfuite n’ auroit certainement pas voulu mentir.
Mais Kircher étoit un homme à _ imagination ardentej
paffionné pour tout ce qui était fin gui ia
8c extraordinaire 3 extrêmement porté à croire ail
merveilleux. De quoi n’eft pas capable un homme
doué de ce caractère ? Il croit fouvent voir quand
il ne voit rien ; il ne ment pas aux autres , parce
qu’ il fe méat.à lui-mêmede premier.
Quelque^ palirtgénéfiftès opyéte bien- plus loin :
ils onp prétendu qu’on pouvojt. reffufciter un animal
de jes.cendres. L^P. S.çfiott préfente meme,
dans fa P lificd eu-ncfii. la figure d’un moineau
ainfi relîufcité dans -une- bouteille. Gaffarel, dans
fes Ç u r io fité s inouïes , ne manque pas d’y croire,,
& mênaè .il en tire une preuve probable de la
poffibilité de la réfurreétiqn ùniver-féue.des ebrps.
Tout cela, n’empêche pas que. ce ne fpît fine cni-
mèré plus ridicule encore que la •première., &
qu’ il feroit même aujourd’hui ridicule de réfuter
férieufement.
Enfin quel hpmme raifonnable croira aujourd’hui
, avec le p. Kircher, que les cendres d’une
plante étant Cernées fur la terre., il en naîtra des
plantes fèmbiables, ce qu'il dit. avoir éprouvé
pîufieurs fois ? Qui, fe perfuadera que des écre-
viffes ayant été brûlées, 8ç enfuite diftillées >
fui vaut un procédé du chevalier Digby , il fe
forme dans la liqueur de petites^ écreviffes; , greffes
comme des grains de millet , qu’il faut
nourrir avec-du fang de boeuf, & qu’on peut en-
fuite abandonner à elles-mêmes dans un ruiffé«u ?
C ’ eft-là cependant ce. que ce chevalier angloîS
raconte comme l’ayant éprouvé. Sans doute on
ne peut le laver délia tache d’impofture, qu’en
difant
difant qu’il a été Jnduit en erreur par quelque
circonfiance. D’ailleurs il eft conftant que le chevalier
Digby , avec beaucoup de zèle 8c de con-
noiffanees , avoit une propenfion fingulière pour
toutes les vifions de la pnyfique occulte 8c fpa-
gyrique.
Efpéce de Palingénéfie illufoire.
Voici une forte de tour de fubtilité, au moyen
duquel on pourroit perfuader à des gens crédules
la réalité de la palingénéfie.
Ayez un bocal double, de, grandeur médiocre,
c*eft-à-dire que ce vafe foit formé de deux bocaux
placés l’ un dans l’autre, en forte qu’il refte
entre deux un intervalle d’une ligne feubm>**».
d’épaiffeur. Ce vafe doit être recouvert d’un couvercle
opaque, & tellement difpofé, qu’en le
tournant dans un fens ou dans l’autre, cela rap-
? roche ou éloigne le bocal intérieur du fond de
extérieur. Dans le bocal intérieur, 8c fur une
bafe repréfentant un monceau de cendres, foit placée
une tige de rofe artificielle.Enfin, dans l’inter-^
valle entre les deux parois des bocaux , foit mife
d’abord une certaine quantité de cendres, ou de
quelque matière folide leur.reffemblant, & que h
furplus foit rempli d’une matière compofée d’ une
partie de cire blanche, douze parties de faindoux,
8c une ou deux d’huile de lin bien claire. Cette
cire compofée , quand elle fera froide, voilera
entièrement l ’intérieur du bocal j mais lorfqu’ on
le mettra furie feu avec précaution, elle fe'fondra
, & l’on pourra, en remuant le couvercle
fous prétexte ae hâter l’opération, la faire couler
dans le fond du bocal extérieur. On verra donc
alors la rofe dans l’intérieur. Les bonnes gens,
qu’on ne laiflêra pas trop approcher, crieront au
miracle ! Quand le charlatan voudra faire difpa-
roître la ro fe , il retirera le bocal du feu , & par
un nouveau tour de main , il fera refluer la cir-e
fondue 8c demi-tranfparente, dans l’épaifleur ménagée
entre les deux bocaux : cette cire fe figera
de nouveau , 8c interceptera la vue de la rofe. En
affaifonnant tout ce petit fpe&acle des paroles
convenables, il étourdira les fpe&ateurs bénévoles
, 8c ils fe retireront dans la perfuafion d’avoir
vu exécuter devant eux la chofe la plus cu-
rieufe de la phyfique 8c de la chimie réunies.
Palingénéfie , ou l ’art de faire revenir les morts ,
& défaire paraître dans un bocal, le^fimulacre
. d’un être détruit.
Un faifeur de tours fit voir un bocal dans*
lequel il verfa de l’eau, en nous offrant d’y faire
paroître la figure de tel mort qu’on pourroit lui
demander î quelqu’un demanda à ,voir fon grand-
père , 8c crut efre&ivement reconnoître fa figura
dans le bocal.
Amufemens des Sciences*
Pour connoître la raifon de ce phénomène,
il faut favoir que les miroirs concaves différent
des miroirs plans par leurs effets , de trois manières
j car dans un miroir plan, on voit fon
image au-dela de la glace, 8c fi la glace eft dans
une pofition verticale , l’image a la même pofi-
tio n , & paroît être de la même grandeur que
l’objet > mais c’eft tout le contraire dans un
miroir concave, car fi on place l’objet AB à une
certaine diftance du miroir C , D , E , ce n’ eft
pas au point F au-delà de la glace, mais au point
G qui eft en-deçà, qu’on verra l’image d e l’objetj
( fg . 14 , pl. 10 de Magie Blanche, tome f^ I ll des
gravures").
D e plus, cette image fera dans une politioa
rr ;iverlée & plus petite que l’objet ; par con-
laquent, fi on préfente à ces miroirs une figure
renverfée, l’image paroîtra au contraire dans une
pofition droite. Appliquons ce principe à l ’expérience
dont nous venons de parler, qui eft peut-
être une des plus agréables 8c des plus furpre-
nantes de l’optique.
Si l’ on cache dans une boîte l’objet A dans
une pofition renverfée, l’image fera réfléchiej)ar
le miroir concave B C , caché au fond de la b o îte ,
8c paroîtra dans une pofition droite vers l’ouverture
D i & fi l’on pofe un bocal vers cette ouverture
, on verra la figure dans le bocal qui
fervira d’ailleurs à boucher le trou, 8c à cacher
le miroir. (fig• I J , p l. 10. ib id .)
Maintenant fi on arrange plufieors de ces figures
autour d’un cercle, 8c que ce cercle foit fontenu
en équilibre fur un pivot, comme le carton d’un
compas de mer ; alors on pourra, foit à l’aide
d’un aimant, foit à l’ aide d’ un f il, faire tourner
ce cercle plus ou moins jpour préfenter au miroir,
& faire paroître dans le bocal telle ou telle "
figure.
Avant de faire voir la figure demandée, oit
fait ordinairement quelques queftions au fpeéfca-
teur, touchant l’â g e , le caractère 8c la phyfîo-
nomie de la perfonne dont il s’agit, 8c alors on
fait paroître dans le bocal la figure la plus analogue
à celle dont le fpe&ateur vient dè faire le portrait
i 8c s’ il fe plaint de .ee qu’il n’y a pas beaucoup
de reffemblance ( ce qui n’arrive guère ,
parce que fon imagination concourt à le ftromper
lui-même j on lui dit qu’on ne prétend pas lui
faire voir la perfonne telle qu’elle étoit en parfaite
fanté , mais pâle 8c défigurée, telle qu’elle a été
quelques inftaris avant fa mort.
Pour prouver que le bocal a une efpèce de
vertu magique, & pour diftraire le fpe&ateur ,
on lui offre alors des fleurs de différente efpèce^
on le prie d’en brûler une pour la réduire en
cendres, oji jette les cendres dans le bocal, &
^bientôt après pn «lui fait voir l’image de la fieux,
qu’il vient de brûler. Dé crème s*