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une troifième perfonne > mais faites enforte que
les trois fpectaceurs auxquels vous vous adreffez
ne fe montrent point cette carte l’un à l'autre ,
afin que chacun d’entr'eux ignore abfolument la
carte que l'autre a choifie4
4°. Faites tirer une fécondé carte au hafard ,
en faifant remarquer cette fo is - c i qu'on choifit
abfolument celle qu'on veut. On ne manquera
pas d’en conclure qu'on a été également libre fur
les trois choix qui ont été faits précédemment.
x y ° . Faites pofer cette fécondé carte dans le
milieu, & faites auflîtôt fauter la coupe pour la
faire paffer deffus j enfuite employez le premier
faux mélange , de manière qu’elle refte toujours
à fa même place. Je fuppofe, au refte , que cette
fécondé carte foit la dame de trefle.
6 °. En demandant au troifîème fpe&ateur le
roi de coeur qu'il a pris , faites fauter la coupe 3
& tenez les cartes comme dans la fig. 4. pl. y. ,
en le priant de pofer le roi de coeur fur le paquet
de la main gauche. Par ce moyen , le roi de coeur
fera fur la dame de trefle ; & fi vous faites fauter
la coupe encore une fois 3 ces cartes fe trouveront
fur le jeu.
7 0. Employez le fécond , le troifième & le
quatrième faux mélanges , pour faire croire
que vous ne favez plus où font les cartes choi-
fies.
8°. Enlevez ces deux cartes , & tandis que
vous donnerez à mêler le refte du je u , jettez un
coup-d'oeil dans votre main droite , pour y découvrir
la fécondé carte choifie 3 que vous ne
connoiffez point encore, & que nous avons fup-
pofé être la dame de trefle.
90. Pofez ces deux cartes fur le jeu en le
reprenant ; prenez enfuite le roi de coeur dans
votre main droite , & laiffez les autres'cartes
dans la main gauche 3 en faifant gliflfer la dame
de trefle un peu avant vers la main droite : par ce
moyen , vous ferez prêt à filer la carte quand il
en fera temps.
io ° . Dites que vous connoiffez les quatre cartes
qui ont été choifies , & affurez qu'on a pris
le roi de coeur 3 la dame de trefle 3 le fept de
carreau & l'as de pique ; ces deux dernières n'au-
aront point été prifes 3 mais il ne fera pas inutile
de les nommer , puifque par ce moyen chaque
fpeélateur entendant nommer fa carte avec trois
autres 3 croira que ces trois dernières ont été
tirées par les trois autres fpe&ateurs , d’ou il
conclura implicitement que trois perfonnes n'ont
pas tiré la même carte.
i i °. Après avoir prié les fpectateurs de ne
nommer à perfonne les cartes qu'ils ont choifies
( afin qu'on ignore que la même carte a été prife
pat trois perfonnes différentes ) 3 montrez fecret-
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tement'le roi de coeur à la première perfonne
qui l’a tiré » & priez ce fpe&ateur de dire par
oui ou non ; fi e’eft-là fa carte, il répondra oui
& aufli-tôt b aidez la carte pour quon ne puifle
plus en voir la figure.
1 Dites-lui de fouffler deffus, ou fouffler
vous-même, & affurez aufli-tôt que ce n’eft
plus fa carte : paffant enfuite au fécond fpeéta-
teur , qui a aufii tiré le roi de coe u r , montrez-
lui fecrettement cette même carte, & demandez-
lui fi c ’eft-là la fienne j il répondra o u i , ce qui
fera croire au premier fpectateur que fa carte
eft métamorphoiéë en une autre , tant il fera per-
fuadé, par les circonftances précédentes, que
quatre cartes différentes ont été tirées par différentes
perfonnes.
i-3ç . Baiffez de nouveau cette carte , pour
qu'on n'en voie plus la figure > & après avoir
fait fouffler deffus , affurez encore qu'elle eft
changée, & que c'eft celle qui a été tirée par
la troifième perfonne.
140. Montrez - la fecrettement au troifième
fpeaateur, en lui demandant fi c'eft la fienne ;
fa réponfe affirmative fera croire au fécond que
fa carte a été changée , comme celle du premier.
150. Faites femblant de croire que vous avez
fini le tour , comme fi les quatre fpeélateuw
avoient déjà vu chacun fa carte, quoique vous
ne l’ayez montrée qu'à trois ; dites en même
temps : Comment eji - i l pojftble , Mejfîeurs , que
cette carte change quatre fo is de fuite fous les yeux
de quatre perfonnes qui ont fa it des choix dijfé-
rens f
160. En prononçant ces paroles, filez la carte,
pour fubftituer au roi de coeur , que vous tenez
dans votre main droite , la dame de trefle qui doit
être dans votre gauche , félon le précepte du
numéro neuvième. En filant la carte dans ce
cas-ci, vous paroîtrez faire un gefte fans deffein,
& l'on vous foupçonnera d'autant moins de filer
la carte , qu'on vous aura vu opérer deux méta-
morphofes dans ce même tou r, fans qu'il y ait
eu de votre part aucun mouvement réel ou apparent.
170. Dites , dans cet inftant, que vous croyez
avoir montré à chacun fa carte 5 le quatrième
fpeéfateur, que vous aurez omis à deffein, ne
manquera pas de dire qu’ il n'a pas encore vu la
fienne. Alors préfentez-lui la dame de trefle du
côté blanc, & fans en faire voir la figure. Si
cette tarte a été bien filée , on doit croire que
c’eft la même que vous aviez dans la main un
inftant auparavant, & que vous avezfait changer,
en apparence, en paffant d’un fpe&ateur à l'autre.
Demandez alors au quatrième fpeétateur quelle
eft fa carte , & aufli-tot qu'il aura nommé la dame
a de
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de trefle, retournez-la pour la faire voir ; l’ap -1
parition de cette nouvelle carte produira une
double furprife, parce qu'on croira, par analogie
, que cette troifième métamorphofe s'eft
opérée comme :les deux premières, fans aucune
fubftitution de votre part, & parce qu'on fe trouvera
confirmé , dans l’idée où l’on eft déjà , que
les quatre fpeélateurs ont tiré des cartes différentes
, quoique les trois premiers ayent tiré la
même.-
x i y.
Deviner la penfée d'autrui par un moyen nouvelle-:
ment perfectionné.
i° . Etalez fur table- quinze paquets . de deux
cartes chacun , & priez.les fpectateurs de penfer
chacun un paquet au hafard : peu importe que ;
plufieurs penfent le même ou non.
2®. Qu'il y -ait un paquet de deux cartes nota- J
blés, & de même couleur, telles que le roi & la
dame de coeur 5 vous êtes prefque affuré que fur y :
à 6 fpeétateurs, il y en aura deux ou trois q u i .
penferont ce paquet, parce qu'ils trouveront plus
facile de retenir dans leur mémoire le roi & la
dame de coeur, que deux autres cartes mal accouplées,
telles que le fept de carreau & l'as de
pique.
3°. Priez fecrettement quelqu'un de fe rappeler
le roi & la dame de coeur.
4°. Ramaffez toutes-les cartes, & faites un
feul paquet de tous ces paquets, différens ,
mais fans mêler les cartes de l'un avec celles de
l’autre.
5°. Remettez ces cartes une à une fur la table,
en tournant leur figure vers le c iel, & en leur donnant
la combinaifon que voici. Concevez qu'il y a
fur table les lettres & les chiffres fuiyans y
y m i f a i
4 t a t l o
j 3 h e m o h
2 v e f u l
1 1 * 3 4 S
qoe ces lettres & ces chiffres foient conçus dans le
ordre que vous avez fous les y eu x , & à la
diftance requife,pour que vous puiffiez placer une
carte fur chaque lettre ou chiffre > mettez les
deux premières cartes de votre grand paquet fur
jes deux m , les deux fuivantes fur les deux i ,
es ^eux. autres fur les d e u x / , & c . Quand vous
aurez ainfi parcouru toutes les lettres , mettez
également deux cartes fur les deux chiffres 1 ,
deux autres fur les deux chiffres 2 , &sc. 5 de
Antufemens des Sciences,
C A R j 1 j
que les rangs foient fur-tout ‘bieij marqués de
droite à gauche.
6°. Interrogez fucceflivement les fpeâateurs,
pour favoir fi les cartes que chacun a penfées fo n t,
dans le premier , dans le fécond ou dians quel- :
qu'autre rang.
70. Remarquez que fi les -deux cartes penfées
par -la même perfonne fe trouvent dans le premier
rang, l'ume fera la troifième & l'autre la uxièmey
parce que la lettre i , qui eft la feule répétée dans
le premier mot, y occupe la troifième place 8c la
fixième 5 que f i , au contraire, une des deux car-,
tes penfées fe trouvé au premier rang & l’autre-
dans lé fécond, ces deux cartes feront la cinquième,
du premier rang & la troifième du fécond, parce
que ces deux rangs n'ont rien dé .commun que la
lettre a , qui occupe la cinquième place de l’un ,
& la troifième de l'autre. Par la même raifon ,
fi les deux cartes penfées étoient dans le troifième
& le cinquième rang , ce feroit la première
de l'un & la quatrième de l'autre , parce que ces
deux^rangs n’ont rien de commun que le chiffre 3 ,.
ui occupe , comme on le voit , la première place
ans le troifîème rang, 8c la quatrième dans le
dernier. Il eft-donc facile de deviner les deux cartes
penfées , quand le fpectateur a dit dans quel
rang elles fe trouvent', puifque ce font toujours
deux cartes pofées fur le même chiffre ou fur là
même lettre.
8°. A ntfefure que les fpeétateurs vous font
connoître les rangs occupés par les cartes penfées,
nommez cès cartes fans héfiter, excepte lorfque
vous voyez que les deux cartes penfées font le roi
& la dame de coeur. Dans ce dernier cas , évitez
de les nommer, foit en affectant une diftraétion i
pour paffer aux cartes qui ont été penfées par
d'autres fpeétateurs, Toit en promettant de les
nommer un inftant après.
90. Quand vous avez nommé toutes lés cartes
penfées, excepté le roi & la damé de coe u r ,
Faites bien attention au nombre de perfonnes qui
ont penfé ces dernières cartes, & dites : I l y &
tant de perfonnes qui ont penfé deux cartes rouges.
io°. En difant le nombre de ces perfonnes ,
& en affurant que vous faviez d'avance les deux
cartes que ces perfonnes penferoient ; ramaffez
promptement les trente, cartes qui font fur la
table, 8e ayez foin de mettre fur le jeu ( faas
que cela paroiffe ) le roi & la dame de coeur.
n ° . Employez les faux mélanges, pour faire
croire que vous n'avez aucune carte en vue ,
& finiffez cependant par laiffer le roi de coeur fut
le jeu , & la dame deffous , ou vice verfa.
12°. Faites-vous bander les yeux avec trois
mouchoirs , de manière que fîx coins de ces
•mouchoirs flottent au-deffous de votre menton
la proéminence de votre n ez, en les éloignant ua
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