
aj>8 C A L
Pour la .lettre p 3 trop peureux ( trop heureux).
Pour la lettre 1,. par arrêt du parlement on
a brille cent tomes ( cent hommes ) . Un homme
eft ici , quoiqu'il foit ailleurs , ( quoiqu'il ÿoiz
tailleur). Pour la lettre v , neuf villes , ( neuf lies);
neuf vers j jB ),..
Cinquième règle,.
La plupart des. adjeétifs commençant par dé
font propres a faire un calembourg de cette, maniéré
: ■ deraïfonnpble 3 défobligeant , déshonnête ,
( raifonnables, obligeans 3- des honnêtes ).
Un homme avoit dit à un autre que fes propos
étoient défagrêables celui-ci fe fâcha ; mais
le premier répliqua que les propos , dont il par-
l° it 3 étoient des- bons &\ des agréables. (N . B .
C e calembourg eft tiré de Molière )* v
Sixième règle,.
L e mot Jean, précédant un verbe à Ik-troi-
■ fieme perfonne de l'indicatif^ peut faire une calembourg
de cette manière : Jean, joue, Jean chante,
Jean pêche^ (.j'enjoue, j ’en chante ; en pêche). Mais
le calembourg le plus lingulier qu'on .ait fait
lùr le mot Jean ,_efi celui-ci : Saint. Jean-Sap-
tifte, (Singe en hatifiej.
Septième règle, .
Le mot fans fait calembourg dans une infinité
de cas; exemple j'ai trois bourfes & deux cent louis-3
\ deux fans louis f Dans un village il y a trois
clochers & deux cents cloches 3 {deux fans cloches ).
Huitième règle...
L e mot cinq fait calembourg dans une infinité
de cas ; exemple : cinq pierres, cinq hommes ,
einq loups, cinq clous , . cinq marcs 3 cinq canons 3
(S . Pierre 3 S. Corne 3 S. Loup 3 S. Claude S.
Marc y les Saints Canons ). Un homme difôit
Xouvent que fon père avoir-la croix de S. Louis ;
on lui répondit qu il étoit fils. ■ d’un favetier ,
mais- il répliqua que cela n’empêchoit pas fon
pere d avoir une croix de quarante écus ou de
cinq louis*
Neuvième régie, .
' Tous les mots qui ont un double fens font
propres à faire des pointes ; ainfi l ’on peut dire
a 1 auteur de foixante volumes .- j’aime mieux un
fouis 9ue tes f ° ixante livres. C ’eft à cette règle
qu il faut auffi rapporter l’épi gramme fui vante :
Dclille, ta fureur
Contre ton procureur
C A L
lajuftement s’allume,
Celle de mal parler $
Tout ce qui porte plume
Fut créé pour voler.
Ces deux dernières pointes font du plus mats«
vais goût j en ce que la penfée en eft fauffe
qu elle roule fur des mots à deux lignifications
totalement difparates 5 mais fi la penfée étoit
vraie ^ & fi le, mot équivoque avoit deux fens
analogues , comme font orainairemènt le fens
propre & l e fens figuré, l’épigramme feroit jufte
comme font les fuivantes de divers auteurs»
Bien que Paul foit. dans l'indigence ,
Son envie & .fa médifance
M’empêchent de le foulager.
Sa'fortune eft en grand défordre ,,
Il ne trouve plus à manger
Mais il trouve toujours à mordre.
. CHARLEYAfyj
1 L
De la. chaleur je me délivre
En lifant ton gros livre
Jufquau dernier feuillet
Tout ce que ta plume trace.-
Robinet a de la glace
Pour faire trembler Juillet.:
Maisiar©;.
I I I . .
Je ne faurois vous pardonner
Le regai qu à S. ■ Cloud Paul a fu vous donnerj
C ’eft le plus dégoûtant des efprits fades.
' Vous aimez trop les promenades ,
Iris y allez .vtjtfs promener,..
Char levai*
. I V.
Depuis deux jours o,n m’entretient
Pour fa voir d’où.-vient chantep leure-y.
Du chagrin que j’en ai je meure.
Si je lavais d'où ce mot vient*
Jç l’y renverrais tout-a-d’heure'.
de'C aill t;
' , V i ,
Pourquoi n a-t-011 pas mis ici de garde-fous ;■
Difoit un feigneur des plus fous
-Pafiant fur un pont de fa terre.
Uft gaillard dé fe's alliés’-
Lui.dit, d’un air plaîfant, fejon fon ordinaire;
C’eft qu'on fie favoit pas que vous y païferiez»
BarratoSm
C A L
v 1. 1
A la cour le plus habile
N'a pas toujours un grand bonheur,
La charge la plus difficile
Eft celle de dame d'honneur.
de MaucROix.
C’eft d’après cette même règle que les difeurs
de mots | quand ils parlent d’un auteur qui ne
met aucune planche. gravée dans fon liv r e , di-
fent qu’il ne fait aucune figure ; mais fi cet auteur
a mis des gravures dans fon ouvrage, en
dit que c’eft un naufragé qui fe fauve à la, fa- .
veut des planches..
Dixième- réglé.
Quelquefois on fait des pointes en s’écartant
du fens réel des mots, pour ne fuivri que le
fens étymologique j l’épigramme que nous venons
de'citer lur les" garde-fous, peut fe rapporter
à cette règle. Voici un autre exemple
tiré du poème de la Magdeleine , l’ auteur voulant
dire que le repentir de fon héroïne indique
un amour infini, d it, ^ - :
que c’eft l'indicatif
D'un' amour qui s’en va jufqu’à l’infinitif.
Onzième- règle.
Quelquefois à propos d’un mot , on emploie
d’autres. mots qui ne different du premier que
de quelques lettres ; c’eft ainfi que les difeurs
de mots affe&ent de confondre le dévouement
avec le dévoiement, ils difent par affectation les
gredins de Vhôtel, au lieu ' de dire les gradins de
- l'autel ; ils parleront d’une courtifanne diffamée à
propos d’ un courtifan affamé. Ils prétendent que
la Grange-Chancet n’eft pas un auteur fans Jèl ,
félon eux , M. Trivelin doit s’appeller M. très-
vilain j ils confondent la propreté avec la propriété
, & la jufteffe avec la jufiiee. Ils affeCtent
de citer le combat des Horaces -& des Curiâces,
qu’ils appellent le combat des Horaces & des
Coriaces. A propos de Saints, ils parlent des mal
f ins $ & quand un auteur fait imprimer, ils difent
qu’il ne fait aucune impreffion ; mais ce der-
fiier-mot appartient â la dixième règle.
L’auteur du poème de ta Magdeleine dit :
Jérufalem la vit comme une péchereffe 3
Et Marfcille fouit comme une prêchereffe.
• Un prédicateur, ( le P. Coton) difoit autrefois
à Henri IV : votre feeptre eft un caducée
•par lequel les hommes font conduits, induits &
réduits.3
G A E àpp
'On peut auffi rapporter, à dette clalTe, les
vers fui vans :
A un homme , a qui on avoit prêté les oeuvres dt
Maroc.
Si quelqu’un vous les efeamote,
Je le donne au diable Aftarot ;
D’autres (ont fous de leur Marotte
Moi, je le fuis de mon Marot.
CüARLEVALo
Douzième réglé,
Quélquefois, pour changer le fens d’ un m o t,
il n’y a quà changer le mot fui vaut., comm»
dans ces trois .épigrammes :
I.
De nos rentes, pour nos péchés .
Si les quartiers font retranchés,
^ Pourquoi s’en émouvoir la bile ?
Nous n’aurons qu’à changee-de lieu 5
Nous allions à l'Hôtel de Ville,
Et nous irons à YHôtel-Qizu.
de CailEt .
I j
Ce poëte n’a pas la'maille,
Plaife , Sire , à votre bonté ,
Au lieu de le mettre à la taille,
De le mettre à la charité.
Fürïtiere.
I I I.
L’argent que tu me dois, Lépine, rends-le-moi,
Tu lais qu’èn tes beloins ma bourfe fut à toi,
Et que j’ai, pour t’aider cent fois, vendu mes hardes 5
Mais rien ne te fléchit, rien ne peut t’effrayer.
Tu,crois qu'être exempt des gardes
C’eft être exempt de payer.
de Caixly.
Je pourroîs encore citer.-une cinquantaine de
règles particulières pour la compofition des ca-
lembourgs & autres,jeux de mots; pour ne pas
abufer de la patience de mes leéleurs, jè me
hâte de venir à la règle générale qui contient
toutes les autres.
’ Règle générale pour- l'invention des jeux de mots. '/
N’ayez que très-peu d’égard au fens des paroles
, mais que votre oreille foit très-attentive
au fon & à la prononciation des mots ; tâchez
même, s’ il fe peut, d’oublier l’orthogràphe ,
! car, en général , rien ne donne plus de facilité;
à jouer fur le mot que de manquer de g-eût
J dans le manière de penfer & de parler.
P p 2.