
AMÉTHY STE ( fauflfe ). On voit avec plaifîr le
rouge & le violet fe confondre dans l'Améthyfté.
Echauffée doucement dans un bain de fable,
cette pierre perd fà couleur, prend la tranfparençe ■
& l'éclat du diamant j mieux que le faphir.il eft
aflez commun de voir dans les cabinets , des colonnes
, des vafes, & autres jolis petits ouvrages
de cette matière. Dans la fracture 3 on y recon-
noit la cryftallifation exagone du cryftal ; d'où
il réfulte que c'eft un cryftal colore ", qu'il n'eft
pas difficile de contrefaire 5 voici le procédé qu'en
donne Neri.
L'on prendra de la fritté de criftal faite avec
le tartre 5 mais avant qu’elle entre en fufion , on
mettra fur chaque livre de cette fritte j une once
de la poudre que l'on va indiquer} on les mêlera
bien enfemble , & on les expofera petit à petit
au fourneau , car ce mélange s'enfle. Il faut commencer
à travailler ce verre auffitôt qu'il eft purifie
8c qu'il a pris la couleur d'améthyfte. Pour
fa compofition, i f ne faut qu'une fritte de cryftal
ordinaire, 8c l'on peut en rendre la couleur claire
ou.foncée j fuivant les ouvrages que l'on fe pro-
pofe de faire. Quant à la couleur , on l'obtiendra
par le moyen de la poudre fuivante. Prenez de
magnéfie de Piémont une liv re , de fafre une
once 8c demie 5 mêlez avec foin ces deux matières
réduites en poudre ; joignez-les enfuitë"à la fritte ■
de cryftal, elles lui donneront une vraie couleur
d amethyfte. Il faut fur-tout fe régler fur la bonté
du fafre j car sTl eft d'un blêu trop foncé, la
compofîtion fera auffi de cette couleur.
' AMIANTE. L'amiante ou âsbefte eft une pierre
g r ife , ou noirâtre, ou tirant fur la couleur du
f e r , ou tirant fur le vèrd. Le corps des fibres eft
prefque toujours-d'un blanc cendré ou rouffàtre.
Les fibres même font plus ou moins longues 8c
fines. Les filamens de l'amiante de quelques endroits
de l'Italie , de Chypre 8c de l'Angleterre ,
font courts ; ceux de Corfe 8c de Candie font
longs 8c fins 5 il en eft qui ont jufqu'à un pied de"
longueur } en Ruffie , on en trouve qui font auffi
aflez ordinairement groffiers. En Suiffe , oh n'en
voit que de fort courts, aflez peu fléxibles , 8c-
point féparables. On en trouve dans l'Oberjand ,
au canton de Berne 8c dans le Vallay ; on conftruit
même dans ces lieux-là avec cette pierre des
poêles pour chauffer les chambres 5 mais les fibres
de cette pierre amiantine font toujours infé-
parables.
Les particules intégrantes 'de l'amiante font
donc des fibres'ou, des filets durs 8c coriaces. Ces
filets font difpofés tantôt parallèlementtantôt"
en faifceaux , quelquefois irrégulièrement mêlés.
Une matière calcaire ou terreufe unit cés fibres ,
8c l’eau , en amolliflant cette terre , donne lieu à
la féparation de ces fibres , quand ces fibres font
feparables. La plupart des amiantes font réfràc-:
taires ; le feu les blanchit 8c les durcit plus o«
moins. C e font les plus molles des pierres, les
plus flexibles 8c les plus légères j elles font quelquefois
aflez molles pour céder à la. preffion du
doigt, aflez flexibles pour être filées 8c ourdies
aflez légères pour furnager fur la furface de l'eau,
Mais cette mollefîe , cette légèreté 8c cette flexibilité
a des degrés d'où naiflent les différences
des efpèces , différences qui viennent fur-tout de
ce que la fubftancë amiantine fe trouve mêlée
avec d'autres matières qui altèrént ces propriétés,
ou lui en communiquent d'autres.
On voit dans les cabinets d’hiftoire naturelle
des bourfes, des ceintures , des jarretières/;. &
autres petits meubles d'amiante filé 5 l’hiftoire
même nous apprend qu'on brûloit les corps des
grands dans des toiles de cette matière pour confier
ver leurs cendres pures 8c féparées de celles des
bûchers 5 ces toiles jettées au feu en fortoient
plus belles, plus blanches., plus éclatantes, fans
îbuffrir d'autre altération qu'un léger déchet dans
fon poids.
L ’art de filer l’amiante confifte à le laifler d’abord
tremper dans de Teâu chaude , à le frotter
dans les mains pour en féparèr les matières étrangères,
à le carder,à le tremper dans de l’huile pour
lui donner de la fouplëffe , 8c à le filer avec de la
laine, de la filaffe ou du coton. Lorfque l'ouvrage
eft fait , on le jette au feu ; la l'aine, ou les autres
matières qui ont fervi à la filature fe confument,
8c il ne refte plus que l'amiante pure. On fait auffi
avec l’amiante du papier incombufiible.' Voyeç «
mot.
ANAGRAMME. C'eft le nom que l'on-donne
à la trafifpofition des lettres d’un nom propre ou
d’un mot q u i, par ce renverfenjent d'ordre , devient
fufceptible de plufieurs fens.. Par exemple,
dans le mot uranie, on trouvera ravine , navire,
avenir , vanier , 8cc. Voici un moyen bien Ample j
8c bien facile de connoître toutes les permutations
8c tranfpofitions que peuvent fouffrir toutes
les lettres d’ un feul mot. Par exempLe, on veut
favoir combien de fois les À lettres du mot danger
peuvent être tranfpofées 5. pour cet effet, il faut
faire la progreffion ' i , 2 , $ , 4 , y 8 c é , qui doit I
être comppfée d’autant de termes , qu'il y a de I
lettres à combiner , 8c multiplier enfuite'fucceffi-
vement tous les termes de cette progreffion, en I
difant 2 fois 1 eft 2 , 3. fois 2 font 6 , 4 fois: 6'font
24 , y fois 24 font 120, 6 fois 120 font 720 j, & I
ce dernier produit fera le nombre des permuta-1
tions que peuvent produire les fix lettres du mot I
danger. On trouvera par le même moyen, toutes
les permutations d'une multitude de chofës quelconques
, en faifant une progreffion d'autant de
nombres naturels qu'il y aura de chofes à combiner
enfemble , 8c en multipliant, comme il a
été-dit, tous les termes de cette progreffion. la
prable fuivante fera voir jufqu’à quel nombre cétte
^permutation peut aller, lorfqu’elle eft portée feu-
Tement jufqu'à la multitude 12. On a cru inutile
d'aller plus loin , parce que ne pouvant être
[ici d'aucun ufage,elle ne préfenteroit alors qu'une
quantité de nombres , que l'imagination perd de
fvue.
\Multitude. Nombre des permutations.
12
3
4
S6
I
9
10’
II
. . 1
. . 2
. . 6
. 24
. 1 2 0
• 72-0
• : 5 °4P
4032 0:
362880
3628800
39916890
479001600
I M. Ozanam , dans fes récréations mathématiques
dit qu'on fe fert heureufement des pér-
Imutations pour découvrir les anagrammes. On
|peut,.à la v érité, trouver toutes celles qui font
fpoffibles per ce moyen : mais quel eft celui qui
Ipourr0.it avoir la patience de fe fervir de cette
îméthode, pour découvrir feulement celles d'un
jmot de 8 lettres , pour lequel il faudroit remplir
fplus de 4 mains de: papier. Il eft , fans contredit,
beaucoup plus court de. les chercher, en tâtonant,
|à moins qu’on né voulût pafler fa vie entière à les
idée ouvrir par ce moyen j ce qui arriver oit infailliblement
fi l'on vouloir tirer de cette manière les
|anagrammes des'mots de 12 lettres. TI eft plusfa-
içile de trouver les anagrammes aux mots qui font
Ichargés de voyelles.
j Anagramme 'magique. V o y e a Varticle
IAimant.
doit prendre la précaution, en les colorant, de
charger moins de couleur les parties qui s’étendent
davantage, attendu que paroiflant en raccourci
dans ces miroirs, le ton de couleur qu’on
leur a donné devient alors plus foncé , & augp
mente en proportion de là grandeur réelle, dé
l’efpace qu’ il occupe à celui qui n'eft qu'apparent.
En un mot, il faut beaucoup de foin 8c
d'intelligence, pour exécuter agréablement ces
fortes de morceaux 5 & c’eft en quoi confifte
leur principal mérite. Il s'en vend chez les marchands
de fi mal peints , qu'ils paroiflfent pref-
qu'auffi défigurés dans les miroirs que fur les
cartons.-
Il y a auffi lin moyen, aflez fîmple de tracer fur
un carton un déffin difforme qui paroiffe régulier
, étant place vis-à-vis d’un miroir à facette ,
& vu par réflexion au travers d'une ouverture
faite' au centre de ce tableau. C ’eft par le moyen
d'une lampe placée au point de vue par où l ’on
regarde ce tableau difforme. Cette lampe dois
être renfermée dans une boîte de fer-blanc 5 on
y ajufte un tuyau è’ un pouce de diamètre, 8c
de trois à quatre pouces de longueur, lequel
puifle s’allonger 8e fè raccourcir. En fe fervant
de cettte méthode, il faudra percer le carton d'1111
trou fuffifmt pour y faire entrer ce tuyau , de
manière que la lumière donnant fur toutes les
facettes au miroir , le réfléchiftè fur le carton ,
& y indique la place où chacune d'elle doit, être
tracée. On épargnera par ce moyen le temps
qu’il faut employer au deffin géométrique ; Sç fi
la lumière eu tranquille , on peut être aftiiré de
réuflir aflez bien.
On peut auffi tracer fur le miroir avec du noir
de fumée détrempé dans un peu de blanc de
plomb très-fin les traits du deffin, & l'on fe
procurera par-là encore plus promptement l'exécution
du tableau.
A ANAMORPHOSES. On donne ce nom à des
icartons peints, dont les images paroiflfent on ne
|peut pas plus irrégulières. Ces mêmes images,.
|prëfentées à un miroir prifmatique, ou pyramid
a l , ou cylindrique, ou conique, offrent à l'ceil
i 1]11 faWeau régulier , St un fujet correctement
■ geffine. Ces anamorphofes font aflez difficiles à
»aire avec jufteflfe , 8t les miroirs , en fortant des
•pains des ouvriers ne font pas parfaitement ré-
ÿguliers \ il faut donc bien enseonnoître les effets
■ ÿour deffiner les cartons. Auffi, à mefuft qu’on
paît les traits , on doit préfentér l'image au mi-
itoir , afin de voir s'ils rendent l’effet qu'on doit
fen attendre. A l’égard des cartons deflinés'pour
» e s miroirs cylindriques & coniques, nous nous
ioontenterons d’obferver ici que lorfqu'on ' veut
/peindre avec foin ces fortes d'anamorphofes,T>e
Enfuite oji remplira le plus correctement qu'il
fera poffible 3 dans chacune des facettes ainfi tracées
fur le carton , ce qui fe trouvera indiqué fur
le deffin dans chacune de celles du plan qui y
correfpondent , en obfervant qu'elles fe trouvent
non-feulement dans un fens contraire , mais auffi
du côté qui leur eft diamétralement oppofé fur ce
plan. On colorera le fujet tel qu’il doit être., 8c
on. remplira tout ce qui fe trouvera être vuide
fur ce carton d'un fujet quelconque qui puifle
déguîfer entièrement l'objet qui doit être vu
au ' travers de ce polîèdre. Voye^ aux articles
Miroirs & C a t o p t r iq u e .
ANDROÏDE. On donne ce nom à certaines
figures d'hommes qu’on fait parler & marcher par
divers refforts. On les défigne auffi fous le nom