
vorable vous pouvez découvrir combien il refte
de cartes, faites femblant de ne pas le favoir ,
8c demandez naïvement fi les cartes qui reftent
font rouges ou noires. Cette circonftance trompe
quelquefois le fpeélateur , 8c lui fait croire que
c eft de la couleur & non du nombre que vous
avez befoin>
5°. Quand vous ne pourrez pas voir d’ un coup-
d’oeil le nombre des cartes qui. géftent , vous
pourrez y fuppléer par la ruie lùivante : demandez
combien il refte de cartes rouges ; 8c
aufli-tôt qu.’on vous aura répondu , ajoutez vivement
, comme pour interrompre celui q u i. ré-
pondoit : je me trompe. , c‘efi le nombre des noires
que j e voulois vous demander. Par ce moyen-là
pluneurs croiront que vous n’avez réellement
befoin que de conrioître les cartes noires ; 8c
comme vous connoïtrez en même-tems les rouges
, une addition bien fimple vous donnera la
fomme dont vous aurez befoin, 8c vous aurez
l’agrément de n’avoir pas négligé une circonftance
qui peut rendre le tour plus étonnant.
6°. Quand vous faurez le nombre des cartes
qui reftent, au lieu d’employer les mots Parfer
Céfar 3 & c . 5 faites ufage des mots 8c des chiffres
que voici :
Ante, Diem , Dea 3 Ifta 3 Eftin , Armis 3
1 i 3 5 & 7
Le chiffre correfpondant au nombre des cartes
qui reftent fur la table , défigne , comme dans
l'opération précédente, le mot dont il faut faire
ufage ; les fyllabes & les voyelles expriment auflï,
comme nous avons d i t , les perfonnes 8c les -
bijoux. Par conféquent, fi dans cette opération ,
il refte deux cartes, au lieu de prendre le mot j
Céfar qu’ on auroit eu dans la combinaifon précédente
, on prend le mot Diem, qui, dans cel.’e-
c i , répond àu chiffre 2 , ce qui tait voir que la
première perfonne a le troifième bijou , defigné
dans la première fyllabe par la lettre z , 8c que
le fécond bijou marqué par la lettre e , eft entre
les mains <te la fécondé perfonne à qui on
a donné deux cartes : dans ce cas , le premier
bijou ( qui eft toujours la montre) doit être entre
les mains de celle des trois perfonnes à qui on
n’a point donné de cartes. De plus grands dé- ;
tails ne pourraient qu’ obfcurcir cette explication;
ceux qui ne la trouveront pas affez claire,
telle qu’e'le eft, font priés d’obferver qu’ il ne
faut pas lire ceci en courant, comme on lirait
un roman ou une hiftoriette, mais poféraënt 8c
avec réflexion, comme on lit un livre de calcul.
Quand vous aurez connu 8c nommé la perfonne
qui a pris la montre , priez-la de demander.
elle-même ce qu’elle a pris, à la perfonne cachée
à qui vous avez parlé d’avance. Si celle-
ci n’a pas oublié fon petit rôle, elle doit répondre
tout Amplement 3la montre , 8c cette ré-
ponfe fuccinte fera croire à la compagnie que
vous favicz d’ayante ce que chacun pren droit.
Vous pouvez faire faire une femblàble queftion par
la perfonne qui a pris la tabatière, 8c comme elle
obtiendra une réponfe conforme à la vérité delà
part d’une perfonne qui n’ a aucunement affifté à
l’opération, à qui vous avez parlé auparavant,
& que vous n’ avez pas vu depuis cet inftant, on
fera intimement perfuadé , non^feulement que
vous avez prévu l’avenir; mais encore que votre
prefcience §c votre opération étoient abfolument
indépendantes du nombre des cartes qui ont refté
fur la table.
^ Au refte, ceux qui voudront mettre ces principes
à'exécution pour s’amufer avec leurs amis,
feront bien de s’y habituer par un exercice préliminaire
fait en particulier; fi l’on veut que les
tours produifent une agréable furprife , il faut
les faire avec beaucoup de facilité, en- profitant
adroitement de tous les avantages que les circonf-
tances peuvent fournir, & ne pas les répéter
trop fouvent devant les mêmes perfonnes, parce
que les. objets les plus agréables peuvent devenir
indifférens 8c même faftidieux par une poffeflïon
continue ou trop fouvent répétée ; il eft évident
auflï qü’il ne faut pas propofer de faire des
tours dans une fociété où l’on parle d’objets in-
téreffans ; mais quand la converfation eft épuifée;
on peut s’en fervir utilement comme d’un excellent
fpécifique contre l’ennui : en pareille oo
cafion on eft bien dédommagé de la peine qu’on
a eu de, s’ inftruirë, par le plaifîr qu’ on fait à
toute une compagnie. (D ecremps.)
B O E T E A U X N O M B R E S .
— Aux chiffres.
— Aux métaux.
— Aux fleurs.
— Aux énigmes.
— Aux certes. •
—- Aux dez.
Voyei à ^article A im a n t .
B O U G I E S P H O S P H O R I Q U E S .
On prendra un tube de verre , de la longueur
de cinq pouces, d’environ deux lignes de largeur
8c d’un quart de ligne d’épaiffeur ; on en
ficellera une extrémité avec un chalumeau à b
lampe d’émailleur.
L’un aura dê petites bongies de cire bien
oure & un Peu Plus longues que les tuyaux
5e verre dont on voudra fe fervir. Leur grof-
feur fera proportionnée à la longueur du tube ,
a . qu’on puiffe les y introduire .& les y faire
tourner aifeWnt i elles feront faites avec trois
fils doubles de coton filé un peu finement. Le
bout de la mèche fera d’un bon demi-pouce de
longueur, & ne doit point être recouvert de
On mettra dans une foucoupe , qu on remplira
d’eau, une lame de plomb de la largeur d un
pouce, longue du double & de l’ épailTeur de.
demi-ligne. On mettra le phofphore dans 1 eau
& on le coupera fur le plomb avec un couteau
bien af f i léon le réduira en petits morceaux de
la groffeur d’un grain de millet. On prendra
un de ces grains de phofphore avec des pincettes
, & on le mettra fur du papier brouillard,
plié en quatre, avec lequel on l’effuyera
bien. Après avoir effuyé les pincettes, on prendra,
fans perdre de tems* le phofphore, 8c on
l’introduira dans le tube de verre ; & fi , par
hafard, il reftoit attaché au milieu, oh le fera
aller au fond avec un fil d’archal.
On mettra enfuite environ la quatorzième
partie d’un grain de foufre bien fec Sc bien
pulvérifé, c’ eft-à-dire, la moitié du poids au
grain de phofphore; une très - petite quantité
M it i s’il y en avoit un peu trop , il ne fe mêler
roit pas entièrement avec le phofphore 8c ferait
un très-mauvais effet ; il y eft très-néceffaire ;
car il augmente non-feulement le phlogiftique
du phofphore , mais il. lui donne de la promptitude
à s’ allumer ; & étant en auflï petite quantité
, il ne peut point faire- fentir/. de mauvaife
odeur..
On prendra une bougie 8c on trempera l’extrémité
de la mèche dans de l’huile de cire bien
claire & parfaite , laquelle par fa grande fluidité
montera dans un inftant fur toute la longueur
de la mèche (qui «’ eft point recouverte de cire) j
celle-ci en abforbera plus de ce qu’ il en faudra y
mais on l’efluyera un peu avec un linge fin ,
car s’il y en avoit trop , elle noyeroit le feu du
phofphore.
On introduira la mèche dans le tube , en
tournant la bougie toujours entre les d oigts,
afin qu’elle puiffe arriver plus aifément au fond. v
H faut avoir dans une taffe de l’eau prefque
bouillante , dans laquelle on fera entrer, le fond"
du tube, ayant attention qu’il ÿ plonge à la
profondeur de trois lignés feulement, pendant
trois à quatre fécondés. Cette chaleur fervira
peut faire liquéfier le phofphore 5c le foufre.
Il ne faut pas l’y laiffer davantage, parce que'
trois fécondés de plus fuffifent pour faire pref-
que calciner le phofphore, & lui oter par conféquent
beaucoup de fa propriété de s'enflammer
'à l’air libre.
La bougie étant au fond du tube, on la tournera
8c retournera en tout fens, afin que la mèche puiffe
bien s’ imbiber du phofphore & du foufre; on
la retirera enfuite à la hauteur d’ un pouce, on
la coupera avec des cifeaux , & on la repouffera
au fond avec un fil d’ archal.
On préparera de cette façon une douzaine
de ces tubes, 8c on les fcellerâ enfuite hermétiquement
avec le chalumeau , les uns aptes
les autres, de la même manière que l’on fcelle
les thermomètres. J’ai dit de préparer une douzaine
de ces tubes , Sr pas davantage ; parce que
fi l’on en faifoit une plus grande quantité , le
phofphore, ayant pendant ce tems communication
avec l’air extérieur, perdrait beaucoup de
fa propriété de s’enflammer promptement lorf-
qu’ on tirerait la bougie du tube.
Les tuyaux ayant été fcellés hermétiquement ,
on les limera légèrement, 8c circulairement au
milieu avec une pierre à fufil, ou mieux encore
avec une petite lime ronde bien dure.
Ufage de ces bougies. -
Lorfqu’on voudra s’en fervir, on rompra te
t ibe à rendrait marqué ; on jettera 1e morceau
fupérieur, qui a le bout plus pointu, 8c l’on
tournera 8c retournera plufieurs fois .la bougie
'entre les doigts , en Enfant attention de faire
toujours toucher 1e fond du tùbe à la mèche ,
afin qu’ elle puiffe s’ imprégner de tout le phofphore
8c de tout le foufre : on la tire hors du
tube environ un pouce, on la repouffe cinq à
fix fois au fond, pour occafionner un plus grand
frottement ; on la tire enfuite totalement 8c
avec promptitude, en ayant foin de tenir la
mèche penchée du côté de la terre. .
Si l’air eft fec & chaud, la bougie s’enflammera
tout de fuite ; s’ il eft au contraire froid
ou beaucoup humide, elle fera d’abord un ]5.eu
de fumée 8c tardera quelques fécondés à s’allumer
; mais dans les grands froids, elle aura
encore beaucoup plus de difficulté à donner
une prompte flamme.
•- Pendant que la flamme fort de la mèche, on
fera tourner la bougie entre fes doigts, 8c aufli-
tôt quelle s’y fera bien attachée, on tournera
en haut, 8c on la tiendra un peu horizontale