
ne le Cuivrons pas dans les calculs profonds j nous-
nous bornerons à traiter la matière d'une maniéré
moins exa&e , 8c plus facile à entendre.
Le cerf-volant eft , comme Ton fait , iftie fur-
face plane , & légère autant qu'il eft poflible ,
AB CD , ( fig- 3. p l . 3. Amufemens de Phyfque. )
taillée en rhombe irrégulier, c'eft-à-dire formée
de deux triangles B A C , B D C , dans lefquels
l’angle A du premier eft beaucoup plus grand
que l'angle D du fécond. Du côté A eft la tête
& D eft la queue , à laquelle on attache ordinairement
un long fil garni de flocons de papier :
on en met aufli de beaucoup plus courts aux angies
B 8c C ; ce qui fait que la petite machine , éta#t
élevée , prélente de loin le fpe&acle d'un oifeau
monftrueux qui fe balance dans les airs à l’aide
de fes ailes 8c de fa queue,
A un point' de l'axe AD , & vers le point E ,
. eft attachée une ficelle de quelques centaines de
pieds de longueur qui s’enroule fur un bâton,
pour la lâcher ou la retirer fuivant le befoin. Mais
cette corde a befoin d'être attachée au cerf-volant
d’une certaine maniéré ; car il fa u t, i 9 que d’un
point de la corde, voifin de fon attache , partent
deux autres petites cordes allant au point B & C ,
pour empêcher la machine de tourner fur l'axe
A D . 1 ?. Du même point :de la corde doit partir
une autre petite corde allant à un point voifin de
Ja têts*A 3 en forte que l'angle formé par la corde
avec l'axe A B foit aigu du côté de A , & invariable
: on en fait même paffer une quatrième de ce
point de la corde à un point voifin de D,
Les chofes ainfi préparées , quand on veut
pnettre Je cerf-volant au v e n t , on fait; tenir la
çorde à quelqu'un , & à quelques tolfes de dif-
tance ; on expofe la furface inférieure au vent ,
en lâ.çhant le cerf volant en l'air. Celui qqi tient la
çorde -fe met auffi - tôt à marcher avec, rapidité
contre le v en t, afin d’augmenter l’adipn de
l'air fui- cette furface. Si l’on éprouve une réfif-
tance confidérable , on lâche un peu 8c fucceffi-
vemept la corde ? 8c le cerf-volant s’élève : ij/uf-
fit de favpir bien gouverner 3 en lâchant ou retirant
la corde à propos ; la lâchant lorfque , par
l ’effort qu’on éprouve , on juge que le cerf-volant
peut s'élever encore ; la retirant quand on le fent
mollir. Un cerf-volant bien fait , peut A dans un
Jieu 8c un temps favorables, s’élever à 3 ou 400
pieds 8c même davantage.
Pour analyfer ce je u , 8c reconnoître ce qui s'v
pafle , imaginons que DA repréfente l'axe du cerr-
volant ( fig. 8 >pl. 3 ) auquel eft attachée la corde
E C j retenue en C par laperfonne qui le manoeuvre.
L'angle AEC doit être aigu. Que V E foit
la dire&ion du vent , dont nous fuppofons tous
les filets réunis en un feul 4 agîflant fur le centre
4e graV«4 4e fyrface dp çerf-yôlâflt > & que
nous fuppoferons , pour fimplifier , ne pas^diffé-
rer de celui du corps même, ou en être fort
près.
Que FE repréfente la force avec laquelle le
vent auquel le cerf-volant eft expofe, choqueroît
perpendiculairement fa furface ; qu'on tire EG
perpendiculaire à cette furface , 8c qu'on mene
FG perpendiculaire à EG ; qu’on fafle enfin EL
troifieme proportionelle à EF 8c EG , 8c qu'on
mene LM parallèle à GF ; alors EL repréfentera
la force avec laquelle le vent choque la furface
inferieure du cerf-volant dans le fens perpendiculaire
, 8c LM fera l’effort que ce choc exercera
dans le fens ML ou AED.
Nous remarquerons d’abord que, par ce dernier
, le cerf-volant tendroit à être précipité en
bas ; mais l’angle AE C étant aigu , il en refaite
un effort dans le fens E A , qui contre-balance le
premier : fans cela le cerf-volant ne pourroit- fe
foutenir ; 8c telle eft la râifon pour laquelle çet
angle doit néceffairement être aigu, .
Prenons maintenant EH égale à EL ; 8c menant
E l perpendiculaire à l’horifon ., 8c HI perpendiculaire
à E H , nous aurons deux nouvelles
forces, dont l’une IH agira dans le fens ED , &
tendra à précipiter le cerf-volant : mais elle eft
, anéantie , ainfi que la première. ML , par lapuifa
fance en C , qui tire félon l’angle oblique AEC,
L’autre E l , fera celle qui tendra à faire monter
lë cerf-volant daps le fens vertical.
Ainfi y fi la force E l eft plus grande que le poids
du cerf-volant, il fera élevé en l’air ; 8c fi l’on
fuppofe que l’extrémité de la ficelle foit fixé en C,
il tournera autour de ce point C en s'élevant ;
mais en tournant ainfi, il arivera néceffairemenç
que le vent choquera avec plus d'obliquité la fur-s
face. AB ; en forte qu'il y aura enfin équilibre. Le
cerf-volant ne s'élèvera donc pas davantage , à
moins qu'on ne lâche la ficelle } car alors il s’éle-
; vera parallèlement à lui-même, 8c commué en
montant il rencontrera un air plus libre 8c un
• vent, plus f o r t , U tournera eticore un peu à l'en-;
tour de l’angle C j ou l’angle C deviendra plus
grand 8c plus approchant du droit.
Tel eft le mécanifme par lequel s'élève le cerfs
■ volant. Il eft aifé de voir qu'ôn peut, ççnnoiffant
la vïtefle du v en t, la furface 8c le poids du cerf-
volant , ainfi que la grandeur confiante de l'angle
A E C , déterminer la hauteur à laquelle il s'élèvera.
=
Une qüeftion qui fe préfente naturellement ici^
eft , Quelle grandeur dpit avoir l'angle AEF, pour
que la petite machine s'élève avec plus 4e facilité ?
: Nous n’en donnerons pas l’analyfe ; nou£ nous
bornerons à dire qu'en fuppofaut le yenuhorifontal
, il faut que cet angle foit de 44' * c'èft-à-
dire le même que celui que doit faire le gouvernail
d'un vaineau avec la quille , pour le faire
tourner avec le plus de facilité , dans la fappofi-
tion où les filets d'eau qui le choquent auroient
une dire&ion parallèle à la quille.
Nous remarquerons ici qu'il n'y a pas line né-
ceflité abfolue que l ’angle A E C foit invariable, Ôc
déterminé à être tel par une petite ficelle attachée
d'un point , de CE à un point voifin de ;la tête ;
mais il faut alors que le point d'attache E de cette
ficelle au cerf-volant,. ne foit pas le même’ que le
centre de gravité de la furface du cerf-volant, 8c
que ce centre de gravité foit lé plus loin qu'il fe
pourra vers le centre de la queue D. C'en pour
cette raifon que l’on ajoute à ce point D un filet
garni de flocons de papier, qui retire ce centre
de gravité vers le point D. Sûrement ceux qui
s’amufent du cerf-volant n’y ont pas été conduits
à priori : l'origine de cet appendice a été l'envie
de donner à la petite machine l ’air d'un oifeau à
longue queue , fe balançant dans les airs. Mais le
hafard les a fort heureufement fervis j car M.
Euler a trouvé , par un calcnl dont il n'eft pas pof-
fible de donner ici même l’id é e , que cette petite'
queue contribue beaucoup à faire élever le cerf-
volant.
- Figure volante.
On p eu t, en obfervant toutefois les règles ci-
defius, donner à cette machine plufieurs figures
différentes , comme celle d’un aigle , d'un vautour
, 8cc. Je me fouviens d'avoir vu un cerf-
volant repréfentant un homme. Il étoit fait de :
toile taillée 8c peinte pour cet e ffet, 8c ^tachéé
fur un chaffis legèr, conftruit de manière a foute-
nir tous les contours de la figure. Elle étoit
droite , 8c paroiffoit vêtue d’une efpece de gilet.
Ses bras difpofés en anfes de chaque côté de fon
corps, 8c fa tête ornée d'un bonnet terminé
angulairecnent, favorifoient l’afcenfion de la machiné
, qui, étant à tèrre , avoit environ 12 pieds
de haut ; mais , pour en faciliter le transport, on
pouvoir la plier en deux par le moyen de charnières
adaptées au chaffis. Celui qui guidoit cette
efpece de cerf volant, parvint à l'élever , quoique
dans un tems affez calme,à près deyoo pieds ;
8c une fois élevé , il le foutenoit en l’air , en ne
donnant qu'un léger mouvement au cordeau. La
figure avoit alors un balancement femblàble à
celui d’un homme patinant fur la glace. L'iliufion
ue caufoit ce petit fpeétacle, qui ne femble
'abord fait que pour récréer des écoliers, ne
laiffoit pas d'attirer 8c amufer un grand nombre
de curieux.
Expériences curieufes de phyfique & d ’optique
Dans un voyage par eau 3 quelqu'un propofant 1
fes difficultés fur le fyftême de Copernic, dit.»
entre autres objections, que fi la terre tournoi^
ave# la vîtefTe qu'on lui fuppofe , 8c qui doic
être bien plus grande que celle d'un boulet, de
canon , les oifeaux qui s'élèvent pour planer
dans l'a ir , fans que la terre cefTe de tourner ,
devroient la voir fuir au-deffous d 'eux , 8c ne
pourroient plus retrouver leur nid. Cette objection
parôiffoit être d'autant plus naturelle 8c
viCtorieufe, que je convins d'abord de l'avoir
lue dans les ouvrages du favant aftronome Tycho-
Brahé , qui la propofa comme une des principales
, contre le mouvement de la terre j mais
il fut très-furpris, quand je lui dis, que quand
même l'atmofphère ne tourneroit point avec notre
g lo b e , ( ce qui fait que les oifeaux fuivent le
mouvement de la terre fans s'en appercevoir) ,
ils devroient encore retrouver leur nid , ( du
moins , quand ils ne s'élèvent que pour un inf-
tant), parce qu’ils auroient un mouvement commun
avec la terre à caufe de l’impulfion qu’ils
en auroient reçue avant de s'élever en l’air. Pour
lui prouver ce paradoxe, je grimpai au haut du
mât de notre barque j là , je me fervis d’une
perche pour tenir mon chapeau élevé à fix pieds
au-deffus de moi, 8c dans un inftant où la barque
avançoit rapidement, je demandai dans quel endroit
on croyoit que tomberont mon chapeau
lqrque je le laifferois s'échapper 5 on me répondit
qu’il devoit tomber dans l’e£u, à caufe que
pendant fa chute, la barque en avançant, le laif-
feroit en arrière: mefïieurs , leur répondis-ie ,
vous allez voir le contraire; un inftant apres,
je fecouai la perche , 8c le chapeau qui tenoit à
peine, tomba au pied du mat > n'en foyez pas
furpris, dis-je; le chapeau avoit un mouvement
commun avec la barque, avant que je fecouaffe
la perche, 8c ce mouvement l'a accompagné dans
fa chute, de forte , qu'au lieu de defcendre perpendiculairement
à l'horizon ,. comme il l’a paru
a vos y eu x , il a décrit une ligne oblique, comme
vous l'auriez v u , fi vous euffiez été fur le rivage.
Pour compléter ma réponfe , quand je. fus def-
cendu du haut du mât, je leur fis la figure que
voici, 8c j'ajoutai ce qui fuit.
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Quand le chapeau commence de tomber au
bout du mât E A , il fe trouve pouffé vercica