
cilement, comment les pointes . d’un cylindre
noté pouYoient foulever les doigts en plus ou
moins grand nombre, pour produire ces tons;
mais ce qui eft difficile à concevoir, ç ’eft la
manière dont étoit exécuté■ ce . mouvement,
affez difficile à faire, qu’on appelle le coup de
tangue , & fans lequel la flûte , quoiqu’on y inff
>ire de l’air y refte muette, ou n’articule point
es notes. Auffi M. de Vaucanfon , ainfi que
nous l’avons remarqué précédemment, convient-
il que ce mouvement fu t, dans cette machine,
ce qui lui coûta le plus à trouver & à exécuter.
On doit voir ce qu’il en d it, dans un imprimé
in-40, qu’il publia dans le tems fur ce fujet.
On a imaginé en Allemagne un inftrument bien
commode pour les compofiteurs : c’eft un cla-
veffin q u i, en même-tems qu’on exécute, marque
& note l’air qu’on a joué. Quel avantage
pour un compofïteur que la chaleur de fon imagination
entraîne, de pouvoir retrouver tout ce
qui a fucceffivement reçu de fes doigts une exif-
tence fugitive, & dont bien fouvent il lui fe-
roit impoffible de fe fou venir ! La defcription
de cette machine fe trouve dans les mémoires de
Berlin, année 177} , auxquels nous renvoyons.
D'un inftrument nouveau , appelle Harmonica.
Ce nouvel inftrument a pris naiffance en Amérique
, & eft une invention du célèbre doéteur
Francklin , qui en donne la defcription dans une
lettre au P. Beccaria, inférée dans le recueil de
fes oeuvres, imprimé en 1773.
Il eft affez commun que, lorfqu’on fait gliffer
le long du bord d’un verre à boire, un doigt
un peu humeété, on. en tire un fon affez doux,
& que ce fon varie de hauteur, félon la forme,
la grandeur & l’épaiffeur du verre. On monte
ou on baiffe auffi le ton, en mettant dans le verre
une quantité plus ou moins grande d’eau. Nous
apf Tenons de M. Francklin, qu’un M. Puckeridge,
lrlandois , s’ayffa, il y .a une vingtaine d’années,
de fe faire' un inftrument de plusieurs verres ainfi
montés à différens tons, & afiuré fur un plateau
, & de jouer par ce moyen des airs. Ce M.
Puckeridge ayant été brûlé dans fa maifon avec
fon infiniment, M. Délavai, de la fociété royale
de Londres , en fit un autre a fon,imitation,
& avec des verres mieux choifis, dont il fit le
même ufage. M. Francklin l’ ayant entendu, &
• ayant été charmé de la douceur de fes fons,
chercha à le perfectionner , & fes idées aboutirent
à l’inftrument qu’on va décrire.
Il faut faire fouffier des verres de différentes
grandeurs, d’une forme approchante de l’hémif-
phéràque , 8c ayant chacun un gouleau ou col
ouvert en fon milieu. L’épaiffeur du verre près
du b ord , doit être tout au plus d’un dixième
de pouce, & cette épàiffeur doit augmenter par
degrés- jufqu’au col , qui aura , dans les plus
grands verres , un pouce de hauteur , fur un
pouce & demi de largeur en dedans. Qùant aux
dimenfions des verres, les plus grands pourront
avoir neuf pouces de diamètre à leur ouverture,
8c les moindres trois pouces, 8c ils décroîtront
d’ un quart de pouce. Il eft à propos d’en avoir
cinq à fix du.même diamètre, pour pouvoir les
monter plus facilement aux tons convenables;
car une différence très-légère fuffit pour les faire
varier d’un ton 8c même d’une tierce.
Cela fait, on effaie ces différens verres, pour
en former une fuite de trois ou quatre o&aves
chromatiques. Pour élever le ton , il faut en
égrifer le bord du côté du col avec une meule ,
8c les effayer de moment en moment, c a r , quand
ils font montés trop haut, il n’y a plus de moyen
de les baiffer.
Tous ces verres étant ainfi gradués , il faut
les enfiler dans un axe commun. Pour cet effet,
on place dans le col de chacun un bouchon de
liège fort jufte , qui le déborde d’environ un
demi-pouce : on perce tous ces bouchons d’un
trou de la groffeur convenable, pour les enfiler
tous avec un axe de fe r , de mefure telle qu’on
ne foit pas obligé de l’y faire entrer avec trop
de force; ce qui feroit éclater les cols de ces
verres. Ils font ainfi placés l’un dans l’autre, en-
forte que leurs bords font éloignés d’environ
un pouce ,* ce qui eft à peu-près la diftance des
milieux des touches du claveffin.
Une des extrémités enfin de cet ax e , eft garnie
d’une roue d’ environ dix huit pouces de diamètre,
qui 4°it être chargée de vingt à vingt-
cinq livres, pour coniervér quelque tems le mouvement
qui lui fera imprimé ; cette roue eft
rnife en mouvement an moyen d’une pédale, 8c
par le même mécanïfrr.e qui fert à faire tourner
la roue d’un rouet à filer"; & en tournant, elle
fait tourner l’axe de verres 8c les verres eux-
mêmes , cet axe portant fur deux collets, l’ un
à fon extrémité, l’autre à quelques pouces de
la rôue. Le tout peut être enfermé dans une
boîte de la forme convenable , 8c fe pofe fur
une table propre , à quatre pieds.
Les verres répondans aux fept tons de l’octave
diatonique , peuvent être peints des fept
couleurs du prifme, dans leur ordre , 8c même
cela eft à propos, afin de reconnoître au premier,
coup d’oeil les différens tons auxquels ils
répondent.
Pour jouer de cet inftrument , on s’ affied au
devant de la rangée des verres , comme au-
devant des touches d’ un claveffin ; on hume&e
légèrement k s verres, 8c faifant mouvoir la pédale
3 on leur donne un mouvement fur leur axe
commun : on applique les doigts fur les bords,
.& on en tire des fons. .11 eft aile de voir qu’on
>eut y exécuter plufieurs parties, comme fur
e claveffin.
On a vu à Paris, il y a une huitaine d’années,
cet inftrument dont touchoit une dame Angloiie.
Ses fons font extrêmement doux, 8c copvien-
dro'ient fort à l’accompagnëment de, certains réc
its , ou airs tendres 8c pathétiques. On à j’avantage
de pouvoir y foutenir les Ions autant qu’on
le veut, de les filer, de les enfler, 8cc ; 8c l’ ini-
trument mis une fois d’accord, ne peut plus
être défaçcordé. Plufieurs , amateurs de mufique,
en ont été fort fatisfaits. J’ai ouï dire feulement
qu’à la longue le fon de cet inftrument parôif-
foit un peu fade, par fa douceur extrême ; 8c
c’ eft peut-être cette raifon qui l’a, jufqu’à ce
miment, fait reléguer parmi les curiofités mu-
fi cales.
De quelques idées bigarres relatives a la muftque.
1. On n’imagineroit pas fans doute qu’on pût
compofer un air fans Lçav.oir un mot de mufi-
que, du moins delà compofition. On a donné ce
fe c re t, il y a quelques années , dans un petit
livre intitulé , le jeu de üer harmonique, ou B .dus \
melotkedicus , contenant plufieurs calculs par lef-
quels toutes perfonnes peuvent compofer divers
menuets avec [’accompagnement de oaffe, même
fans fçavoir la mufique ; in-8° , Paris , 1757. ■
On y enfeigne comment, avec deux dez jetés
au hafard, & d’après les points qu’ils donnent,
on peut, au moyen de certaines tables, compofer
un menuet 8c fa baffe.
Le même auteur a auffi donné une méthode
pour faire la même chofe au moyen d’un jeu
de cartes.
Nous nous bornons à indiquer les fources où
l’on peut recourir pour cette forte d’ amufement,
don-: la combinaifon a dû coûter beaucoup plus
de travail que la chofe ne le méritoit. Nous remarquerons
cependant encore, que cet auteur
a donné un autre ouvrage intitulé , Invention'
d une manufacture & fabrique de vers au petit métier
^ &c. i/z-8°, 1759; dans lequel, par le moyen
de deux, dez & de certaines tables, on enfei-
■ gne à répondre en vers latins à des queftions
propofees.
2. Il y a quelques années qu’un médecin de
Lorraine publia un peti t traite , dans lequel il
appliquoit ! a mufique à la connoiffance du pouls.
Jl repréfenteit le battement d’ un pouls bien réglé
par un mouvement de menuet ; 8c ceux des
différentes' autres ëfpèces de pouls, par d’autres
nie fu res plus ou- moins accélérées. Si cette manière
de pratiquer la médecine vient à s’ introduire,
ce fera une chofe fort agréable de voit
un difciple d’Hippocrate tâtant le pouls d’ un malade
au, fon d’un inftrument, & effayant des airs
analogues par leur mouvement à celui de fon
pouls, pour en reconnoître la qualité. Si toutes
les maladies ne fuient pas à la préfence du médecin
, if elt à croire que la mélancolie du moins
île tiendra pas contre une pareille pratique.
( O^anamj.
(Voye% M u s i q u e V o g a l e dans ce dictionnaire.
J .
ACROBATES (Hift. anc. j , efpèce de dan-
feuçs de corde. II y en avoit de quatre fortes ; les
premiers , fe fufpendant à une corde par le pied
ou par le c o l , voltigeoient autour , comme une
roue fur fon effieu ; les autres voloient du haut en
bas fur la corde, les bras 8c les jambes étendus ,
appuyés Amplement fur l’eftomach ; la troifième
efpèce étoient ceux qui couroient fur une corde
tendue obliquement ou du haut en bas Y 8c les
derniers ceux qui non-feulement marehoient fur
la corde tendue horifontalement , mais encore
faifoient quantité de fauts 8c de tours, comme
auroit fait un danfeur fur la terre. ( Voye£ Da n seurs
de CORDE.
ADRESSE DES MAINS. ( V o yez aux articles
Cartes , Dés -, Efcamotage , Gibecière , Gobelets »
Mufcades , &c.
A G A TH E S 8c D E N D R I T E S IM IT É E S .
On admiré un des jeux les plus agréables de la
nature dans les agathes arborifées. Les formes en
font variées à l’infini ; mais comme il eft rare
qu’elles foient abfolument parfaites , l’art quelquefois
vient à l’aide de la nature ; le pinceau en
produit même d’ artificielles, qui ne le cèdent aux
naturelles que parce que leurs arborifations font
fufceptibles de s’ effacer à la longue. M. Dufay a
fait fur cet objet plufieurs expériences inférées
dans les mémoires de l’académie.
Les pierres dures , telles que les agathes, le
cryftal de roche , ne fe diflolvent dans aucun
acide ; cependant ces mêmes acides , chargés de
parties métalliques , en pénètrent plufieurs. Si
donc l’on met fur un morceau d’ agathe blanche
de la diffolution d’argent dans l’efprit de nitre , &
qu’on expofe cette pierre au fo le il, & qu’auffi-
tôt que. la diffolution eft féchée , on la mette dans
un lieu humide , qu’ on l’expofe derechef au foleil
, l’agathe fe teindra promptement d’une couleur
brune , tirant fur,.le. rouge. Elle fera plus
foncée , 8c pénétrera plus avant fi on y remet de
nouvelle diffolution. Que l ’on ajoute à la diffo