
le plus borné en fait autant là-deflus que -le nageur
qui profefle la physique.
Il eft cependant deux ou trois préceptes généraux
qui épargneront à mon leêteur diverfes tentatives
: les voici.
Pour nager debout, fans le fecours des bras,
il faut écarter les jambes- le plus qu’on pourra,
8 c marcher dans cette fituation. S i, malgré cet
écart, on enfonçoit, il faudroit plier les jambes
& marcher à genoux.
Si l’on veut nager debout dans une rivière ,
il faut fe préfenter. incliné contre le courant,
afin de n’être pas culbuté par l’eau, dont la rapidité
augmente à mefure qu’elle eft éloignée du
fond.
S i , en nageant dans une eau morte, on fe trouve
arrêté par des herbes, il ne faut point batailler
pour s’én débar rafler de-force , mais s’arrêter
tout de fuite, dégager d’abord'les bras fans les
fortir de l’eau ; charger fes poümons dé beaucoup
d’ air, fi l ’on a de la peine a fe foütenir ; & pour
reprendre fa refpiration, pofer les mains horizontalement,
ainfi que les bras. On répétéira la
chofe aufli fouvent qu’on en aura befqin.
Les bras étant dégagés , on ô té lés herbes qui
peuvent s’être entortillées autour du cou i- enfuite
on fe met debout, 8c d’une' fèudé main,- tandis
que l’ autre eft à la furface dè7 l’eau, oh tire déli
catement & brin à brin, toutes les herbes qui
lont autour des jambes & des cuifles.
Votre* corps étant bien nettoyé-, le plus, sûr ,
pour vous tirer de ce mauvais .jpas * eft. de vous
étendre fur le vendre, lés cuifles & les; jambes
jointes & immobiles. Vous; vous?coulerez: à travers
les herbes en nageant des bras feulement. Si l’ef-
pace vous manque pour lei' déployér 'autour de
vou s , il faudra lès.mouvoir en chien, 8 c vous
êtes hors de danger;
Je viens de parler y pour la première rfois, du
parti qu’ un nageur peut1 tirer de l’air ^ en l’accu- .
mutant- dans fes poümons. Ce -moyen d’alléger
le corps, toutes les fois que les autres ne fuffifent
pas , eft fi naturel, que la plupart des écoliers
fe gonflent dans l’eau dès la première leçon, fans
qu’ils s’en apperçoivent eux-mêmes. '
Il me refte à donner quelques .avis aux pion- ;
geurs.
Puifque tous les hommes ne font pas également
lourds, relativement à leur volume, tous
n’ ont pas la même facilité de pénétrer dans le
fein des eaux. Bien plus, il en eft qui éprouvent
une impoflibilité abfolue de pjonger. J’ai vu -à
■ Naples un eccléfiaftique fi chargé de graille , qu’il
fe promenok dans la mer fans fe mouiller plus
haut que là ceinturé, quelques ; efforts qu’ftf^
pour enfoncer (j )».
L’expérience apprend bientôt à un plongeut
lès. moyens qui lui font les plus propres: cependant
on peut établir quelques réglés 'générales.
Pour difparoître tout-à-coup, qu’on fe mette
debout, les jambes jointes, les pieds tendus
les bras élevas ou abaillés, & appliqués ,1e iojig
du corps. Pour remonter, on fe mettra fur le
ventre ou fur ie dos, ou feulement, ôn 'écartera
les jambes & les bras, en fe tenant' deb'oüt.
■ On peut au.fli entrer la tête la première en abaif-
fant les bras & en élevant les jambes3 de forte
que les pieds foient la dernière partie du corps
qui difparoiiïe.. C ette manière, de plonger caulè
plus, d’etonnement que les autres à ceux^es fpec-
tateurs qui ne font pas inities.
Si l’on veut fe jetter dans l’eau d’un lieu élevé*,
il faut fe tenir bien dro it, .les bras collés le
long du corps, lès jambes croifées dans leur longueur
, les pieds tendus , & préfenter les orteils
les premiers. Mais je confeille aux gens du
métier, d’abandonner cet exercice-dangereux.
/Quoique l ’air dont on remplit fes poumons
; rende moins.lourd, 8 c p.aroifle aller contre le but
qu’on fe propofe éjn plongeant , je fuis d’avis
qu’on s’en muniffe d’une bonne dofe s’ il fe peut,
C ’eft le moyen de conferver plus long-temps fes
forces lorfqu on a du chemin à faire dans l’eau.
'Habit de t liège pour ‘'fe, foütenir fur reçu.
M. l ’abbé .de là Chapelle, s’-étant trouvé fur
le point de fàife tin -voyage de long cours, s’eft
occupé de l’ ihvention d’un moyen qui petit mettre
lès mariniers en état de fe fauver, lorfque, par
dés malheurs trop communs fur mer, ils font
obligés d’abandonner leur vailfeau & de fer livrer
a^x- flots , pour efïayer de gagner, la . jtejrre à
la, nage.
..Ce fayant, pour y réüflir, a-fait faire un habit
àJ nager/qu’il appelle un feaphandte. C ’eft une
forte dëxafaque formée par des pièçes de.liège
coufuës entré déux toiles, & qui s’appliquent
parfàiterhen t fur le dos & fur -la. poitrine, par
le moyen des courroies que l’on fait pafler. entre
les cuifles & fur lës ëpâüles. Il faut y employer1
environ dix livrels dê fiégè', pour que le coups
du nageur-fe trouvé en équilibre avec un pareil
volumé d’eau.'
[i] Je fuis perfuadé que fi une -malàdie.lc maigrif-
foit au point ae lui enlever cette faculté , il n’oferoii»
plus fe confier à l’eau fans avoir appris à nagerai il fe-
roit dans le cas d’un homme qui, ayant toujours fait
ufage d’un cqrfec de liège, fe trouveroit tout-à-coup
privé de cet inftrument.
L ’inventei*
L’inventeur en a fait l’eflai dans la Seine", pën- ’
Jant la feifon des bains'. Au moyen de 'cet habit
il s’eft abandonné fans crainte au plus fort de la :
rivière, où il fe tenoit d e b o u t la tête hors de
l’eau, fi fort à fon aife., qu’il a pu faire ufage
d’une bouteille & d’ un verre qu’il tenoit dans ,
fts mains. M. l’abbé de la Chapelle a continué
quelques années de faire ufage de fa méthode
dans la belle faifon. ,
Cette'invention heureufe en doit rappeller une.
autre à-peu-près- femblable , faite par un.officier
qui fe pro.pofoit de procurer à l’infanterie le
moyen de pafler les rivières fans pont & fans gué.
L’habit qu’il avoir imaginé pour cela foutenoit
très-bien le foldat dans l’eau j mais, pour lui donner
la-facilité dé marcher & d’agir fans toucher
le fond , il y ajouta une chaüfîure avec des feuilles
de plomb j il en fit l’oflai lui-mêmê 5 s’étant
fait tranfporter à une allez. grande diftance en
mer, il aefeendit dans les flots, & regagna la
terre en marchant dans. l’eau prefque aufli faeïle-
ment qu’il eût pu marcher à terre.
NAVIGATION. La navigation peut être con-
fidérée fous déux afpeèts. Sous l’u n , c’eft une
fcience dépendante de l’aftronomie 8 c de la géométrie.
Envifagée de cette manière ,^on l’appelle
le Pilotage, qui eft l’ art de déterminer la route
qu’on doitrenir pour aller d’ un lieu dans un autre ;
de reconnoître à chaque moment le lieu du globe
auquel on eft parvenu , 8 cc. Sous l’autre afpeêl ,
c’eft un art fondé fur la mécanique & la con-
noiffance des puiflances motrices du vajfleau : on
l’appelle alors fa Manoeuvre , qui enfeigne à donner
à cette lourde mafle qui fend les flots,la direction
convenable , au moyen des voiles 8c du gouvernail.
Nous nous bornerons ici 1 quelques problèmes
qui peuvent piquer la curiofité.
De la ligne courbe que décrit un vaijfeati fur la furface
de la mer , enfuivant un même rhûmb de la
bouffole.
Il .eft nécefîaire , lorfqu’on eft fur le point de
mettre à la voile , d’orienter fa route , c’eft-
à'-dire de déterminer la direéïion que l’on doit
tenir pour arriver le plus promptement & le plus
sûrement au lieu où l’on veut aller 5 & lorf-
qn’on .a une fois déterminé cette direction , ou
l’angle qu’elle fait avec le méridien, on la fuit
tant que des circonftances particulières ne s’y op-
pofent pas, En fe dirigeant ainfi continuellement
pendant plusieurs jours fur le même rhumb de
la bouffole ; on décrit une ligne qui fait conf-
tamment avec les méridiens un même angle : c’eft-
là ce que l’ on nomme une loxodromie ( ou courfe
oblique ) & il en réfulte fur la fur-face du globe
une courbe particulière , dont la nature & les
propriétés ont excité l’attention des mathéraati-
Amufemens des Sciences»
ciens. C ’ eft d ’après.elles qu’ ils ont donne les règle-
pratiqtics sde la navigation j & comme ces prov
priétes font aflez remarquables , il nous a parn
a propos de les développer ici.
• Nous pré fumons, au refte , que notre leêteur
fçait ce que c’eft qu’ une bouffole , un rhumb
de vent 3 &c. enfin, ces premiers éléments d e . la
navigation ; car il ne nous Ceroit pas pôflible d’entrer
ici dans ces détails abfolument élémentaires.
Suppofons- donc maintenant que le feéleur A
A , pl, I . Amufémens de -.navigation ) , repréfente
une portion de la furface fpherique de
la terre , dont Ç eft le pôle êc AB l’équateur ,
ou feulement l’ arc d’ un parallèle compris entre
deux méridiens , comme A C , BC > que CD ,
C E , C F , repréfent;iat autant d’arcs du méridien, .
très-voifins l’ un de l’autre. ' '
Qu’un vaifleau parte du point A de l’arc AB ,
dont-le méridien eft A C - , en faifant avec ce
méridien un angle CAH moindre qu’ un droit ,
par exemple de 60 degrés ; il décrira un chemin
AH , au moyen duquel il changera continuellement
de méridien : qu’après cette eourfe AH ,
il foit arrivé en H fous le méridien AD , 8 c
qu’il continue de fe diriger en faifant l’angle
• CHI égal au premier, & ainfi de fuite j la direction
de fa route , étant conftamment inclinée de
60 degrés au méridien j il eft aifé de voir que
la ligne AHIK ne fera point un arc de grand cercle
fur la furface de la fphère. Car on démontre dans
les fphériques, que fi AHK était un pareil cercle ,
l’angle CHI feroit plus grand que CAH , & CIK
plus grand que . CHI. Il en feroit de même fi la
courbe AHIK étoit un arc d’un petit cercle de
la fphère > d’où il eft aifé de conclure que la
courbe que décrit un naviro , en fe dirigeant
toujours fuivanuiun même rhumb, eft une courbe
particulière qui va toujours en. s’approchant du
.pôle. '
I. Il eft vifible que fi l’angle loxodromiquë
eft nul , c’eft-à-dire fi le vaifleau cingle nord
ou fud , la lignedoxodromique eft un arc du méridien.
Mais fi cet angle eft droit , & que le vaifleau
foit fous l’équateur ,'îl décrira un arc de l’équateur.
Enfin, s’il eft hors de l’équateur j il décrira un
parallèle..
II. Si l’on divife la ligne loxodromiquë AKL
en plufieurs parties égales, fi petites quelles puii-
fent pafler pour des lignes droites , & que , par
les points de divifîon H , I , K , 8cc. on faffe paf-
fer autant de parallèles ou cercles de latitude ,
tous ces cercles feront égaux & également éloignés
entr’eux , enforte q u e , faifant pafler des
arcs de méridiens par les mêmes points, les portions
de ces méridiens , comme DH , M I , NK ,
Jkç, feront égales entr'elles, aufli bien que les