
coup le fera encore s’abaiffer, mais d’ une hauteur i
moindre que la première ; & ainfi de fuite , dans i
une proportion décroiffante. A mefure enfin qu’il
réitéra moins d’air dans le récipient, le mercure
approchera davantage de fe mettre de niveau. i
Huitième expérience.
Ayez deux hémifphères creux, de fer ou de
cuivre , de deux pieds de diamètre , qui puiffent
s adapter l’un fur l ’autre par leurs bords bien unis,
dé manière qu’enfemble ils forment un globe
creux ; que l’un des deux foit garni d’un tube pénétrant
dans fa capacité , garni d’une cle f de robinet
, Se fufceptible de fe viffer'fur le bout du
tube H de la machine» pneumatique. Chacun de
ces hémifphères doit être auffi garni d’un anneau,
au moyen duquel on puiffe fufpendre l’ un & attacher
des poids à l’autre.
Cela ainfi préparé ,■ adaptez ces deux hémif- ,
phères concaves l’ un fur Fautre , avec une ron- 1
delle de peau mouillée entre’ deux , pour que le
conta# des bords foit plus exaét. Viffez fur l e ’
bout du tube H de la machine pneumatique, celui
qui communique à l’ intérieur du globe, Se éva-
cuez-en l’air autant qu’il vous fera poffible, par
quarante ou cinquante coups de piilon , ou davantage.
Fermez enfui t e , en tournant la cle f du
xobinet, la communication delà capacité du globe
avec l’extérieur , Se retîrez-le de deffûs la roachi- i
ne* Vous fufpendrez après cela ce globe , par un '
des anneaux , à un crochet éloigné de quelques
pieds d’une muraille , & à l’autre crochet vous
attacherez par quatre chaînes un plateau quarré un
peu élevé de terre. Vous mettrez enfin des'poids
fur ce plateau, & vous verrez qu’il en faudra une
quantité confidérable. En effet, fi l’air eft bien
évacué , & que ce globe creux ait deux pieds de
diamètre, on trouvé que la force avec laquelle
ils font preffés l ’un contre l’autre, équivaut à_ua
poids de 7 milliers.
C ’ eft-là ce qu’on appelle la fameufe expérience
de Magdebourg, parce que fon auteur eft Otton*
Guerrike, bourg-meftre de cette ville. 11 mettoit
plufieurs paires, de chevaux , les uns tirant d’un
c ô té , les autres de l’autre, fans qu’ ils pufftnt parvenir
à disjoindre les deux hémifphères. Et cela
n’a rien détonnant ; car quoique fix chevaux, par
exemple, tirent une charette chargée de plufieurs
milliérs, on fait qu’ils n’exercent pas Chacun, &
l’un portant l’autre, un effort continu qui excède
beaucoup 180 livres ;; Se en tirant par façade,
peut-être n’excede-t-il pas 4 à yoo livrés. Ainfi ,
fix chevaux ne font qu’un effort de trois milliers.
Nous le fuppoferons même de quatre à cinq
milliers ,5 mais les fix chevaux, tirant en fens contraire
, ne doublent pas cette force ; ils ne font
qu’oppofer à la première la réfiftance néceffaire
» pour que celle-ci agiffe, Se ne font rien de plus
qu’un obftacle immobile auquel le globe feroit
attaché. 11 n’ eft donc pas étonnant que, dans l’expérience
de Magdebourg, douze chevaux ne par-
vinffent pas à disjoindre les deux hémifphères ;
car , dans cetté difpofition, ces douze chevaux
n’équivaloient qu’à fix ; & l’on voit que l’effort
de ces fix chevaux, évalué. au plus haut, étoit
encore fort inférieur à celui qu’ils avoient à fur-
monter,
Renverfer un verre plein de liqueur , fans quelle
s'écoule.
Verfez une liqueur quelconque dans un verre,
en forte qu’il foit plein jufqu’au bord; appliquez
deffus un quarré de papier un peu fort, qui couvre
entièrement l’orifice, & par-deffus le papier une
furface plane, comme le dos d’une affiette ou une
glace : retournez enfuite le tou t, en forte que le
vafe foit renverfé : vous le fouléverez alors, Se
vous verrez que le papier Se l’eau ne tomberont
point.
Cet effet eft produit par la pefanteur de l’air,
qui preffant fur le papier qui couvre l’orifice du
v erre, avec un poids bien fupérieur à celui de
l ’eau, doit néçefïairement le foutenir. Mais comme
le papier fe mouille, Se donne peu à peu paffage
à Feau, il arrive à la fin qu’elle tombe tout-à-
coup.
On pourra, par un moyen à-peuaprès fembla-
b le , puifer de l ’eau par un tube ouvert des deux
côtés ; car , foit un tube renflé parle milieu, &
terminé aux deux bouts, comme A B , ( fig. 2 ,
p l. 1. Amufemens de Phyfique.') pzx: deux ouvertures
affez étroites; plongez-le dans un fluide les deux
bouts ouverts, jufqu’à ce qu’il foit plein; pofez
enfuite le bout du doigt fur un des bouts, de
manière à en boucher l’ouverture : vous pourrez
retirer ce tuyau plein, fans que lé fluide s’écoule
par l’autre ouverture , & il ne fe vuidera
que lorfque vous retirerez le doigt qui bouche la
première. : ♦
Au lieu d’employer un tuyau comme celui qu’on
vjent de décrire, on pourroit employer un vafe
tel que A B , ( fig. 3, même planche 1 ) fait comme
une bouteille dont le fond foit percé d’ une grande
uantité de petits trous. Ce vafe étant plongé
ans Feau par le fond, & l ’orifice fupérieur étant
ouvert, fe remplira. Mettez enfuite le bout du
doigt fur cet orifice, & retirez le vafe de l ’eau ;
il reliera plein, tant que votre doigt reliera dans
cette fituation : retirez-le, Feau s’ écoulera aufli-
tôt.
C ’eft ce qu’on appelle la clepfydre ou l'arrofoir
d’Ariftote ; mais ni Ariftote, ni les phyficiens qui
le fui virent, jufqu àT o r r ic e lli, ne donnèrent pas
de meilleure raifon de cet effet, que celle de
l’horreur que la nature avoit, difoient-ils , pour
lé vuide.
Vuider toute l'eau, contenue dans un vafe , par le
moyen d'un fyphon.
On appelle fyphon, un tuyau forme de deux
branches A B , C D , P?- I- Amufemens
de Phyfique. ) réunies entr elles par une partie
courbe ou reéiiligne B C , cela n’importe aucunement.
Dans cette partie eft quelquefois une ouverture,
qui fertou à remplir les deux branches , ou
à afpirer le liquide dans lequel la plus courte eft
plongée , tandis que l’autre eft bouchée. On s en
fervira ainfi pour réfoudre le problème propofé.
Ayant rempli de liqueur les deux branches du
fyphon-, & les ayant bouchées avec les doigts,
vous plongerez' la plus courte dans le vafe , en
forte que fon bout touche prefque au fond ; vous
ôterez alors le doigt du bout de la plus longue,
qui fera conféquemment plus baffe que le fond
du vafe à vuider : la liqueur s’écoulera par l’extrémité,
D de cette branche , te entraînera ,
pour ainfi dire, celle du vafe jufqu’à la dernière
goutte.
C e phénomène eft encore un effet de la pefanteur
de l’air ; car lorfque le fyphon eft plein de
liqueur, Se placé comme on Fa d it, l’air agit par
fon poids fur la furface de la liqueur à vuider , &
en même temps fur l’orifice de la branche la plus
baffe. Cette dernière preffion l’emporte à la vérité
, par cette raifon, un peu fûr l’autre ; cependant,
comme cette’ branche eft pleine d’une liqueur
qui eft plus pefante que l’air , l’avantage
doit lui relier, Se cette colonne doit fe précipiter
en bas. Mais en même temps l’air qui preffe fur la
furface du fluide du vafe, tait entrer de la liqueur
dans la branche du fyphon qui y eft plongée ; ce
qui en fournit de nouvelle à la plus longue , Se
ainfi continuellement, jufqu’ à ce que toute la
liqueur foit- épuifée.
I. On pourroit aifément vuider de cette minière
, par le bondon, tout le vin qui eft contenu
dans un tonneau; Se c’eft ainfi qu’on s’y prend
dans quelques endroits, pour tranfvafer le vin d’un
tonneau dans un autre , fans troubler la lie qui eft
au fond.
II. On pourroit de cette manière faire paffer
Feau d’un endroit dans un autre plus bas, en paf-
l’ant par-d,effus un obftacle plus élevé que l’ un Se
l’autre, pourvu néanmoins que le lieu fur lequel
Feau devroit commencer à monter, ne fût pas
plus haut que 3 2 pieds ; car on fait que la pefanteur
de. l’atmofphère ne fauroit foutenir une colonne,
d’eau de plus de 32 pieds.. Il feroit même
à propos que cet obftacle fût au moins de plufieurs
pieds moins haut que de 32 pieds au-deffus du
niveau du fluide à élever ; car autrement Feau ns
marcherait qu’avec beaucoup de lenteur, à moins
que la branche la plus longue n’ eût fon orifice
beaucoup plus bas que ce même niveau.
C ’eft-là une forte de pompe peu difpendieufe,
u’on pourroit employer pour dériver de l’eau
’un endroit dans un autre, lorfqu’on n’auroit
pas la liberté ou la faculté de percer l’ obftacle
interpofé, pour y établir un canal de communication.
Je n’oferois néanmoins, fans en avoir fait
l’expérience, donner ce moyen comme bien fû r ,
à caufe de l ’air qui pourroit fe cantonner dans le
haut du coude du tuyau.
C ’eft encore de la propriété du fyphon que.
dépendent les jeux hydrauliques qui fuivent.
Préparer un yafe qui , étant rempli de quelque liqueur
a une certaine hauteur , la conferve, & qui la perde
toute t étant rempli de la même liqueur a une hauteur
tant fo it peu plus grande*
Ceux qui ont voulu donner à cette petite machine
. hydraulique un air plus piquant, y ont
ajouté une petite figure qu’ils ont appelée Tantale
, parcequ'elle eft dans l’attitude1 de boire ;
mais auffi-tôt que l’eau eft parvenue à la hauteur
de fes lèvres , elle s’écoule tout-à-coup. Voici
fa conftruétion.
Soit pn vafe de métal ABCD , { f ig . 4 ,-pl. 1 ,
Amufemens de Phyfique') partagé en deux cavités'
par le diaphragme ƒ F. Le milieu eft percé d’un
trou rond , propre à recevoir un tuyau MS d’environ
deux lignes de diamètre, Se dont l’orifica
inférieur doit defeendre quelque peu au deffous.
du diaphragme. On couvre ce tuyau d’un autre,
un peu plus large , fermé par en hau t, & ayant
en bas fur le côté une ouverture , en forte que ,
lorfqu’on verfera de Feau dans le vafe , elle puiflé
s’y inférer entre deux , Se monter jufqu’à l’orifice'
fupérieur S du premier ; enfin l ’on mafquera ce
mécànifme par une petite figure dans F attitude-
d’un homme qui fe baiffe pour boire , & dont
les lèvresYeront un peu au deffus de l’orifice S.
Lorfqu’on verfera de l’ eau dans ce vafe ,. elle
n’aura pas plutôt touché les lèvres de la petite
figure , que , furpaffant l’orifice S , elle commencera
a s’écouler par le tuyau SM , Se il s’éta*
blira un mouvement de fyphon , en vertu duquel
l’eau s’écoulera jufqu’ à la dernière goutte dans
| la cavité inférieure , qui doit avoir fur le côté >
vers le diaphragme , une ouverture par laquelle
l’air s’échappe en même temps.
On pourroit rendre cette machine hydrauli-
ue encore plus plaifante , en faifant la petite
gure de manière que Feau , arrivée vers fou
H h h h h z